2-2- EVOLUTION DES CONDITIONS DE VIE DES FEMMES RURALES
BENINOISES.
Le mouvement vers la reconnaissance et le soutien du
rôle des femmes dans la production, la transformation et la vente des
produits agricoles et l'économie familiale a été
amorcé à travers le monde par une série de manifestations,
notamment les instruments juridiques internationaux. Déjà en
1945, la charte des Nations Unies sur les droits fondamentaux de l'Homme,
reconnaissait la dignité et la valeur de la personne humaine,
l'égalité des droits de l'homme et de la femme. L'année
internationale de la femme (1975) a sensibilisé l'opinion et
amené bon nombre de décideurs politiques et Organisations
Internationales à prendre l'engagement d'éliminer la
discrimination à l'égard des femmes.
La Décennie des Nations Unies pour les femmes
(1976-1985) qui l'a suivie a été couronnée en 1985 par
l'adoption des stratégies prospectives d'actions de Nairobi pour la
promotion de la femme.
La Conférence de BEIJING de 1995 a permis l'adoption de
la plate forme d'action mondiale.
Au plan régional, le Plan d'action de Lagos
adopté en 1980, suivi des Conférences Régionales tenues
à ARUSHA en 1984, à LOME et à ABUJA en 1989 ont
contribué de manière notable au progrès des idées
et réalisations enregistrées dans le domaine de la mobilisation
en faveur des femmes dans les pays africains en général, et sur
les efforts d'amélioration du statut et des conditions de vie des femmes
au BENIN en particulier.
L'évolution de la situation de la femme
béninoise des années 1980 à nos jours fait
apparaître la persistance de maintes contraintes aux plans juridique,
politique, éducatif, sanitaire, socioculturel et économique.
L'environnement social valorise plutôt l'action de
l'homme. Des efforts certains ont continué d'être
déployés à travers un processus de création d'un
cadre institutionnel par des concertations entre divers partenaires à la
promotion de la femme ; ce qui aboutit à la création en juillet
1993 de la Commission Nationale d'Intégration de la Femme au
Développement (CN/IFD). Les points focaux de l'IFD, au niveau de quinze
(15) Ministères techniques aux prises directes avec de dispositif de
promotion de la femme, travaillent pour la prise en compte de la dimension
`femme' dans l'élaboration et la mise en oeuvre des programmes d'action
de chacun des départements Ministériels et la diffusion des
politiques globales et sectorielles élaborées par l'ensemble des
acteurs nationaux et partenaires au développement.
2-3- PROBLEMATIQUE ET HYPOTHESES
2-3-1- PROBLEMATIQUE
Depuis plusieurs décennies, le monde entier s'est
penché spécifiquement sur la résolution des
problèmes sociaux à travers de nombreuses conférences
internationales aux fins d'améliorer les conditions d'existence des
hommes et des femmes.
La complexité du phénomène de la
pauvreté et ses conséquences désastreuses sur la
société ont amené les gouvernements et les organisations
internationales à entreprendre des études pour en cerner les
contours.
Les résultats de celles conduites par la Banque
Mondiale ont montré que, de 1995 à 2000, la proportion de pauvres
est passée de 28,9 % à 29,6% (Rapport sur le développement
dans le monde 2000/2001: «combattre la pauvreté». Editions
ESKA). Dans le souci de réduire la pauvreté, le Bénin
s'est doté depuis 1999 d'un Document de Stratégie de
Réduction de la Pauvreté (DSRP) qui a identifié les grands
axes suivants:
1- le renforcement du cadre macroéconomique à
moyen terme,
2- le développement du capital humain et la gestion de
l'environnement,
3- le renforcement de la gouvernance et des capacités
institutionnelles,
4- la promotion de l'emploi durable et le renforcement des
capacités des pauvres à participer au processus de
décision et de production.
Le renforcement de la gouvernance est donc un facteur essentiel
pour le développement d'une nation.
Outre ces initiatives, le Bénin s'est aussi inscrit
dans une autre vision du développement: le développement local
c'est-à-dire le développement à la base et par la base;
d'où l'avènement de la décentralisation en 2003.
Malheureusement, force est de reconnaître qu'aujourd'hui
le développement demeure encore un rêve dans la plupart des
communes du Bénin, malgré les gros efforts fournis et les
innovations apportées par les dirigeants.
De façon spécifique, la commune d'Adjara; cadre
géographique de notre étude; située à quelques
encablures de la ville de Porto-Novo dans le département de
l'Ouémé, est confrontée à l'épineux
problème de développement local et ce, malgré
l'intervention depuis des années d'un nombre important d'Associations de
développement.
Les raisons de cet échec sont multiples. Entre autres
raisons nous pouvons citer les inégalités hommes/femmes
observées dans tous les domaines du développement et
spécialement dans le domaine de la gouvernance.
Or, l'égalité et l'équité
constitueraient des conditions indispensables à une gestion judicieuse
des affaires de la cité et par ricochet du développement à
la base.
Cette situation interpelle les politiques mises en oeuvre et
appelle à une stratégie davantage axée sur le
développement rural et de la promotion de la
femme.
L' Organisation des Nations Unies pour la Femme (UNIFEM),
ainsi que d'autres institutions ont, en collaboration avec plusieurs
états et gouvernements du monde, établi des lois et des
conventions visant à protéger la femme et à promouvoir
l'application du genre à divers niveaux.
C'est dans cette optique que «... Le Bénin a
participé et adhéré à la plupart des conventions
relatives à l'épanouissement de la femme et à son
intégration au développement». (Sierra, G. 1997,8). Aussi
pour améliorer la condition de la femme victime des coutumes, le code
des personnes et de la famille d'une part et les réformes judiciaires et
sociales d'autre part ont été élaborées. La
volonté du Bénin à promouvoir la femme se traduit en outre
par l'élaboration en 2001, d'une Politique Nationale de Promotion de la
Femme (PNPF) qui est entrée dans sa phase d'exécution le 10
juillet 2002.
En ce qui concerne la commune d'Adjara; la valorisation de la
gent féminine est un souci majeur des autorités locales car elle
représente 52% de la population communale selon les statistiques du RGPH
3. Ce souci des autorités de la commune d'Adjara se traduit par le
Projet: Accroissement du taux de représentation des femmes dans la
plupart des structures de prise de décision; du Plan de
développement de la commune. Ainsi en 2008, la commune compte atteindre
un taux de représentativité des femmes de 25% en moyenne au sein
des structures de prise de décisions (Conseils, commissions,
comités). (Source : PDC, Adjara, 2004, p91)
Mais malgré tous ces efforts, les femmes en
général et surtout les femmes d'Adjara demeurent absentes dans
les organes de décisions.
Face à cet état de chose trois interrogations
transparaissent: Quelle conception les populations d'Adjara se font-elles de
la femme?
L'absence des femmes au sein des instances de décisions
constitue-t-elle un frein au développement de la commune?
Comment corriger l'absence des femmes dans les instances de
décisions? Pour répondre à celles-ci, nous avançons
les hypothèses suivantes:
|