Conclusion
Au terme de notre étude, nous aboutissons à
quelques constats majeurs. Les deux sites de coopératives
maraîchères étudiés évoluent quasiment dans
les mêmes conditions environnementales. Ils disposent tous les deux des
mêmes composantes fonctionnelles car ils sont régis par des grands
principes coopératifs. Ils font face à des contraintes
environnementales similaires, mais les alternatives de contrôle varient
d'un site à l'autre.
La capacité inégale de chaque site
maraîcher coopératif à gérer ses dépendances
nous amène à énoncer l'hypothèse selon laquelle
les stratégies par lesquelles les sites de coopératives
maraîchères contrôlent les contraintes ou incertitudes
environnementales contribuent de manière différenciée au
développement de la filière maraîchère.
Il semble ainsi que le site maraîcher coopératif
de Kimbanseke soit plus efficace que celui de N'djili pour ce qui est du
contrôle des ressources mises en exergue dans la présente
étude. La dynamique organisationnelle impulsée dans le site de
Kimbanseke est le résultat des stratégies anticipatives
développées par celui-ci afin de pallier les
contraintes environnementales et de développer les
activités maraîchères en son sein. À l'inverse,
l'assimilation précaire des principes coopératifs, la
méfiance des maraîchers vis-à-vis du comité de
gestion, l'inexistence d'une école au champ et l'absence
d'autofinancement constituent pour le site de N'djili autant de facteurs
régressifs.
Nous ne prétendons nullement à
l'exhaustivité par rapport à ce thème. Il restera à
étudier, dans le cadre de recherches ultérieures, les autres
dépendances et contraintes environnementales auxquelles fait face la
filière maraîchère kinoise, notamment la
problématique foncière, la difficulté de
commercialisation, les tracasseries administratives et les multiples vols dans
les sites de coopératives de Kinshasa.
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