La Loi SRU : une loi en péril ? Controverses et difficultés d'application( Télécharger le fichier original )par Caroline Levron Université Paris X-Nanterre - Science sociale, sociologie-économie 2007 |
Première partieLa mixité sociale : un objectif devenu inévitablemais difficile à mettre en place1.1. Le logement social de 1945 aux années 19701.1.1. Les années 1950 : l'âge d'or1.1.1.1. Les logements insalubres...Au sortir de la guerre, le pays doit faire face à une première « crise » de logement, le patrimoine immobilier ayant été fortement endommagé : 500 000 habitations ont été détruites et près d'un million sont plus ou moins dégradées1(*). A cette pénurie s'ajoute les conséquences des politiques précédentes qui n'avaient pas pris en compte l'exode rural massif. En 1946, un plan de reconstruction de l'économie est annoncé ; il touche aussi la question du logement, le but étant d'améliorer les conditions de vie des Français. Ce plan est amené à durer jusqu'en 1954 et se révélera insuffisant. Parallèlement, à la fin des années 1940, s'ouvre la période des Trente Glorieuses, marquée par des taux de croissance exceptionnels. Par la hausse régulière des revenus, le rapport à la consommation évolue et les ménages entrent dans la « société de consommation ». Les besoins secondaires (biens électroménagers, voiture, loisirs...) prennent une part de plus en plus importante dans le budget ; la question du logement ne déroge pas à la règle et devient le premier poste de consommation des ménages. On veut l'équiper, le rendre plus facile et agréable à vivre ; ces envies se traduisent par une forte demande en habitation et encourage leur construction à prix bon marché. Mais c'est surtout la période de croissance démographique qui est le principal facteur de la crise du logement. A partir de 1945, le baby-boom voit la naissance de plus 800 000 enfants par an jusqu'au milieu des années 19602(*) (les effets du baby-boom se prolongeront encore quelques années) et auquel il faut ajouter l'allongement de l'espérance de vie grâce aux progrès de la médecine. Parallèlement, l'indépendance des colonies françaises à partir des années 1950 entraîne le retour de quelques 2 millions d'expatriés. Et surtout la prospérité économique est à l'origine de nouveaux besoins de main-d'oeuvre. L'immigration provinciale reprend en Ile-de-France et le pays ouvre ses frontières aux étrangers, en autorisant le regroupement familial. Entre 1946 et 1975, la population française accroît de 12 millions d'habitants, dont 10 millions depuis 1954. Dès lors, la crise du logement s'accentue. Aux squats, hôtels meublés ou wagons devenus des habitations permanentes s'ajoutent les anciens logis surpeuplés et sous-équipés, manquant de sanitaires intérieurs ou non alimentés en eau courante. En même temps, les bidonvilles apparus dans les années 1920 continuent de se développer avec l'afflux des populations algériennes et portugaises. Ne trouvant pas de location dans les grands ensembles, une centaine de bidonvilles regroupant 40 000 personnes voient le jour autour de Paris, jusqu'à ce que soit impulsée la politique de résorption du Premier ministre Jacques Chaban-Delmas, durant les années 1970. Des phénomènes similaires apparaissent autour d'autres grandes villes de France comme à Lyon. Depuis leur développement dans l'après-guerre, 200 000 personnes ont trouvé refuge dans ces bidonvilles. Afin de résorber ces logements insalubres, l'intervention de l'Etat s'impose au début des années 1950. * 1 Source : Ministère de l'Emploi, de la Cohésion sociale et du Logement. * 2 Source : INSEE. |
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