Chapitre 4
ETUDE STRUCTURALE DES GELS DE SILICE CONTENANT DU
D-GLUCOSE A DIFFERENTS NIVEAUX D'HYDRATATION
4.1. Etude structurale par la méthode de variation de
contraste 97
4.2. Evolution de la structure des gels en fonction du taux
d'hydratation - Effet protecteur des sucres 103
4.3. Conclusion générale du chapitre 4 111
CHAPITRE 4
ETUDE STRUCTURALE DES GELS DE SILICE CONTENANT DU D-GLUCOSE SOUS
CONDITIONS « NORMALES » ET A DIFFERENTS NIVEAUX D'HYDRATATION
Comme nous avons pu le voir, certains sucres permettent la
conservation en l'état des édifices biologiques, et plus
particulièrement des membranes. La première étape de notre
étude était de déterminer une matrice de confinement
susceptible de pouvoir recevoir des solutions de sucre. De ce point de vue, les
gels de silice aqueux répondaient parfaitement aux impératifs de
concentration d'une part, mais également au mimétisme
d'échelle d'autre part. La matrice siliceuse de ces systèmes
modèles a également l'avantage de pouvoir se déformer sous
l'effet de la déshydratation. Il est alors possible d'utiliser ces gels
pour étudier de manière théorique les effets de la
biopréservation des sucres. Pour ce faire, nous allons dans un premier
temps étudier de manière beaucoup plus détaillée la
structure de ces gels, puis, dans un deuxième temps, nous regarderons
les effets de la déshydratation sur leur réseau de silice ...
4.1. ETUDE STRUCTURALE PAR LA METHODE DE VARIATION DE
CONTRAST
Comme nous avons pu le voir dans le chapitre
précédent, les mesures de diffusion aux petits angles nous ont
permis de déduire des informations structurales importantes sur ces
gels, mais ont également soulevé un certain nombre
d'interrogations, comme notamment la remontée en intensité SANS
des gels contenant les solutions de sucre. Quelques hypothèses ont
été évoquées pour expliquer ce comportement
à petits Q :
(i) la présence de larges
inhomogénéités dans l'échantillon,
(ii) des zones « riches en sucre », qui pourraient
correspondre à une démixtion,
(iii) une gélification incomplète
Afin de répondre de manière définitive
à ces questions, nous avons réalisé une nouvelle
série d'expériences de diffusion de neutrons aux petits angles,
une technique qui est particulièrement bien adaptée à nos
systèmes hydrogénés. Pour ce faire, nous avons
utilisé la technique de variation de contraste, qui est tout à
fait unique aux neutrons, et employée fréquemment dans les
systèmes bicouches/eau/sucre.124,125,126 Mais avant toute
chose, commençons par décrire brièvement le principe de la
méthode.
4.1.1. Principe de la méthode
Les neutrons voient un mélange de diffuseurs ayant des
longueurs de diffusion différentes et dont les positions dans l'espace
fluctuent de manière aléatoire. Ces fluctuations de
densité de longueur
de diffusion (SLD) contribuent à l'intensité
diffusée.118,119,127,128
La section efficace différentielle de
s'écrit alors de façon identique à celle
d'un gaz :
n(b2 --b2 )+
b EEeie71-rj)
n n i=1 j=1
d
d
nndo- diffusion = EEbbeiQ(ri ej)
i j
di=1 j=1
Nous retrouvons bien ici les sections efficaces
cohérente
b2coh b et incohérente
b2inc b2 -- b 2
2
définies précédemment.
La diffusion incohérente correspond à toutes les
contributions dues à des fluctuations de longueur de corrélation
d'une taille très inférieure aux longueurs Q~1,comme
des fluctuations de composition isotopique ou de densité de solvant. La
soustraction de ces contributions incohérentes conduit à la
section efficace de diffusion cohérente :
do-coh 2 n n
iQ(r-rj)
b E
d i=1 j=1
Si l'on considère une solution dont le soluté
occupe une fraction volumique x, et le solvant une fraction x0. La
densité moyenne de longueur de diffusion s'écrit p
px + p0x0 avec p b v .
Pour un élément de volume i de
l'échantillon, l'écart à cette densité moyenne
devient :
p i(pxi p0x0i) -- p
pAxi + p0Ax0i ,
où xi représente l'écart à
la concentration moyenne en soluté.
Si le milieu est incompressible alors xi 1 et il s'en
suit que x0 = 1 -- x et Ax0i = --L xi
, d'où
Api = (p --
p0)Axi . La fonction de corrélation des
fluctuations de SLD est alors :
p
iApj = (p -- p0)2 xixj
Il est alors possible de d'exprimer la section efficace de
diffusion cohérente de la manière suivante :
coh
d d
)
2 (p p0)2 L L
Ax Ax eiQ
i j
v
(ri -rj)
Il faut retenir de cette expression que l'intensité
diffusée est directement proportionnelle au facteur de contraste entre
le solvant et le soluté v2 (p -- p0 )2
.
De manière plus imagée, une particule sera d'autant
mieux observée que son facteur de contraste est
important. En diffusion de neutrons, il est possible de
modifier ce facteur en jouant avec le ratio H/D.* Prenons deux
objets en solution qui présentent des SLD différentes. En jouant
sur la SLD du solvant, via différents ratios H2O/D2O, il est possible de
masquer l'un des deux objets. (Figure 39)
Figure 39 : Schéma de principe de la technique de
variation de contraste. Les cercles sont des particules de
densités différentes. En jouant avec la
densité du solvant, il est alors possible de regarder l'une ou l'autre
des particules.
|