Chapitre 2
LA DIFFUSION NEUTRONIQUE APPLIQUEE A LA DYNAMIQUE
MOLECULAIRE
2.1. Les neutrons et la diffusion neutronique 35
2.2. Dynamique moléculaire du sucre en solution aqueuse
par QENS 41
2.2.1 Dynamique moléculaire du D-glucose
2.2.2 Dynamique moléculaire du D-fructose
2.3. Conclusion générale du chapitre 2 70
CHAPITRE 2
LA DIFFUSION NEUTRONIQUE APPLIQUEE A LA DYNAMIQUE MOLECULAIRE
2.1. LES NEUTRONS ET LA DIFFUSION NEUTRONIQUE
2.1.1. Le neutron et les interactions
rayonnement-matière
Le neutron, découvert en 1932 par James Chadwick, est
une particule subatomique qui présente une charge électrique
nulle, une masse m = 1,675.10-27 kg (~ 1836 fois celle de
l'électron), un spin 1/2 et un moment magnétique X =
-1,9132 41n* .80,81,82,83 L'énergie d'un neutron E est
reliée à sa vitesse v
par la relation E = 1/2 m.v2. A cette
particule est associée une onde plane de vecteur d'onde k , de longueur
d'onde 2 et d'énergie E :
Longueur d'onde :
|
h
|
Energie :
|
E
|
h2 h2.k2
|
m.v
|
2m22 2m
|
2 h.k
k
Vecteur d'onde : k = Moment : » = =
h .
2
où h est la constante de Planck, et h = h / 2= 1,
055× 10-34J.s est la constante de Dirac.
A cause de leur charge électrique nulle, les neutrons
n'ont pas d'interactions électrostatiques avec le nuage
électronique de l'atome à la différence d'autres
particules comme les rayons X ou les électrons. En revanche, ils sont
sensibles aux nucléons du noyau et c'est avec eux qu'ils interagissent
par des forces « nucléaires » de courte portée (~
10-12 cm). Et comme les neutrons sont 100 000 fois plus petits que
la distance noyau-noyau, leur probabilité d'interaction est de fait
relativement faible, ce qui leur permet de pénétrer la
matière en profondeur. (Figure 10) Les longueurs d'onde associées
aux neutrons froids et thermiques sont de l'ordre de grandeur des distances
interatomiques présentes dans les solides ou les liquides denses (1 <
l < 800 Å), et leurs énergies sont comparables à celles
des mouvements moléculaires (10-13 < t <
10-7 s). (Tableau 2) Les neutrons sont donc un outil de choix pour
sonder la structure et la dynamique atomique de la matière
condensée.
Tableau 2 : Caractéristiques des neutrons à
différentes énergies sélectionnées.80
* in est une constante physique appelée
magnéton nucléaire 1 un= 5,050 783 43×
10-27 A.m2.
Figure 10: Interactions matière-rayonnem ent pour des
neutrons, des rayons X et des électrons.
La force d'interaction nucléaire entre un neutron lent
et un noyau est caractérisée par une grandeur appelée
longueur de diffusion b. Cette grandeur définit la zone autour de
l'atome dans laquelle le neutron va pouvoir interagir avec le noyau: il y a
interaction lorsque le neutron pénètre dans la sphère de
rayon b centrée sur l'atome. A la différence des rayons X, le
signe* et la valeur de b varient de manière
irrégulière en fonction du numéro atomique Z et de la
masse atomique A, ce qui rend les neutrons particulièrement sensibles
à la présence d'atomes légers comme l'hydrogène par
exemple.
Mais la situation est en réalité bien plus
complexe car les interactions ne sont pas uniquement d'origine
nucléaire, mais également magnétique. Comme le neutron
présente un spin 1/2, il est sensible au spin nucléaire du
noyau I. Dès lors que le noyau du centre diffusant possède un
spin I, la longueur
de diffusion b peut prendre les valeurs b ou b correspondant
aux états I + 1/2 ou I - 1/2 du système respectivement. Dans
la pratique, les neutrons sont diffusés au hasard soit avec une longueur
b soit
avec une longueur b et il est donc nécessaire de
définir une longueur de diffusion moyenne. Pour
un élément donné, constitué de différents
isotopes a, d'abondance ca et de spin nucléaire
Ia, la longueur
de diffusion moyenne b vaut alors:
c
b I b I b
a ( 1)
a a a a
a a
2 1
I
Il est intéressant de constater que les longueurs de
diffusion de deux isotopes sont généralement très
différentes. (Cf. Tableau 3) Ainsi une simple substitution isotopique
permet de moduler les
* Pour certains éléments ou isotopes, b peut
prendre des valeurs négatives: b(Ti) = -3,370×1012 cm,
b(46Ti) = 4,72×1012 cm.
intensités de diffusion en augmentant
l'intensité relative des zones d'intérêts et en diminuant
celle des zones moins intéressantes. Il est alors possible de
caractériser de manière très sélective les
constituants d'un système sans en modifier de manière importante
leurs propriétés physico-chimiques.
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