Ce mémoire porte sur la gestion des populations
animales et sur leur contribution à l'aménagement du parc
national de la Bénoué et au développement socio
économique des populations riveraines des ZIC 1 et 4 au Nord Cameroun.
L'objectif de ce travail est de fournir des informations nécessaires
pour la gestion durable de cette zone et de proposer des stratégies de
gestion intégrée profitable à tous. La démarche
méthodologique a consisté à effectuer un inventaire de la
faune sur le terrain (méthode de Distance Sampling), à
évaluer l'impact des actions humaines sur le terrain et à
exploiter les informations contenues dans les plans de tir et le document du
plan d'aménagement du parc. Les programmes Distance 5.0, Excel et
Arcview 3.2 ont été utilisés pour analyser les
données et élaborer les cartes nécessaires.
En ce qui concerne les résultats, la zone
d'étude présente une diversité animale assez riche
comprenant 24 espèces de mammifères de grande et moyenne taille.
Les effectifs et densités des deux espèces analysées par
le programme Distance (N = 4616, D= 1,7 pour le Cobe de Buffon
et N = 3922, D = 1,5 pour l'Ourébi) sont comme pour la
plupart des espèces, moins importants que par le passé. Cette
baisse des effectifs s'explique par l'accroissement de pressions sur la faune
notamment le braconnage, le pastoralisme, la destruction de l'habitat et la
pêche illégale. La structure d'âge suggère une
population animale jeune dans l `ensemble, avec un rapport de sexe relativement
équilibré. La répartition spatiale des espèces est
influencée par les facteurs hydriques et anthropiques, les zones
à forte concentration de la faune sont localisées au centre
tandis que celles à faible concentration sont proches des villages. Il
existe une corrélation significative (R = - 0,89 à 0,05%) entre
les densités d'activités humaines et la distribution de la faune.
Les résultats suggèrent que la chasse sportive ne repose pas sur
une gestion durable des effectifs et montrent que la non application ou le non
respect des actions d'aménagement, menacent sérieusement leur
conservation. Les effectifs de certaines espèces clés comme
l'éléphant, l'éland de Derby, le buffle et la girafe
tendent à diminuer dans la zone au fil du temps. L'analyse approfondie
des plans de tir a permis de regrouper les espèces animales en fonction
des pressions de chasse ; les espèces à forte pression (Eland de
Derby, Buffle etc.), à pression moyenne (phacochère, bubales,
cobe de Buffon, cobe défassa, Céphalophes, etc.), à
très faible pression (Babouin, Vervet etc.) et les espèces qui ne
devraient plus être inscrites dans le plan de tir à cause de leur
faible effectif ou de leur absence dans la zone (Damalisque, Lion,
Eléphant et Panthère). Il est proposé de réviser le
quota d'abattage pour ces espèces (baisse pour la plupart, hausse et
suspension). Ces espèces pourront continuer à sous tendre la
chasse sportive si les gestionnaires respectent les quotas proposés en
fonction des disponibilités et si la surveillance anti-braconnage est
améliorée. Une faible proportion des retombées de la
gestion des aires protégées (15%) est
rétrocédée aux populations riveraines pour réaliser
les oeuvres sociales afin de réduire la pauvreté. Il est
proposé d'améliorer leurs conditions de vie (augmenter si
possible ce pourcentage) pour qu'elles puissent protéger davantage les
ressources naturelles. Les résultats de cette étude indiquent
certes des potentialités assez intéressantes pour la
conservation, mais ces propositions devront être suivies pour que la zone
puisse résister aux multiples pressions.
Il convient aussi de mener les recherches dans le but de
mettre à la disposition des gestionnaires les informations fiables pour
une gestion rationnelle de la zone. Nous nous proposons si les moyens sont
disponibles de développer dans le site les études sur les
espèces animales phares ou menacées (Eland de Derby et Buffles)
en relation avec leur habitat. Car les menaces sur l'espèce peuvent
être dues à une mauvaise gestion de l'habitat, à une
mauvaise répartition du disponible alimentaire où même
à l'action anthropique. La réflexion pourra aussi être
focalisée sur la maîtrise de la pollution de l'eau par les
pesticides, leur impact sur les animaux sauvages et sur les populations
locales. Ces problématiques ne sont pas encore bien clarifiées
dans notre site d'étude et méritent de l'être pour une
bonne gestion des effectifs. Cette proposition fera appel à une
équipe pluridisciplinaire (forestiers, vétérinaires,
biologistes etc.). Devront être également impliquées dans
ces recherches les universités et laboratoires, les instituts de
recherche, les ONG de conservation ainsi que l'administration chargée de
la faune.