2) Le processus d'artificialisation du milieu
Le processus d'artificialisation dans le delta du fleuve
Sénégal peut se résumer sur trois principales phases :
la reconversion des cuvettes de décrue en cuvettes rizicoles, la
création de la digue de protection et l'artificialisation du
régime hydrologique interne.
2-1) Des cuvettes de décrue aux cuvettes
rizicoles
Beaucoup de casiers rizicoles du Delta faisaient l'objet de
cultures de décrue avant d'être destinés à la
riziculture. Ces casiers étaient tributaires des marigots tels que le
Gorom, le Kassack, le Lampsar, le Djeuss, etc. En raison de la forte
quantité de sel induite par les transgressions marines du
1er quaternaire, une partie importante de ces cuvettes
n'étaient pas favorables à la riziculture (Maïga M.,
1995).
L'artificialisation a consisté à transformer ces
cuvettes en casiers rizicoles. Pour ce faire, on a réalisé un
ensemble de digues et de canaux dont le but était de rendre les hauteurs
de plans d'eau dans le fleuve, les chenaux et les cuvettes
indépendants les uns des autres sous réserve d'une
hiérarchisation correcte de ces niveaux.
Ainsi, on cultivait du riz en pratiquant la submersion
contrôlée qui consistait à faire pousser la plante par
la pluie et à la faire développer par la crue du fleuve dont
l'entrée dans les cuvettes était assurée par un
système de digues et de vannes.
2-2) L'endiguement du Delta
Le deuxième événement phare de
l'artificialisation progressive du Delta est la création de la digue
de protection. En effet, en 1964, sous l'initiative de la MAS, une digue longue
de 82 km a été édifiée sur la rive gauche du
fleuve Sénégal. Elle était équipée
d'ouvrages pour le contrôle de la submersion dès les
premières heures de la crue. Donc l'aménagement
consistait à dresser des endiguements de protection contre la crue et
surtout à la mise en place d'ouvrages vannés pour la
régulation de l'eau à l'entrée et également en
empêchant la pénétration de la langue salée qui
émanait de la mer en période de décrue.
Cette digue représentait alors l'un des
éléments importants d'un dispositif évolutif qui a
été parachevé en 1986 par la fermeture du barrage de
Diama.
2-3) L'artificialisation du régime hydrologique
interne
Le régime hydrologique interne renvoie à
l'ensemble des marigots présents dans le Delta et qui constituent des
défluents pour le fleuve Sénégal. Certains ont fait
l'objet d'aménagements et ont acquis un régime artificiel. Il
s'agit du Gorom, Djeuss, Ngalam, Djoudj, Kassack, etc. Avec
l'artificialisation de leur régime leurs eaux sont destinées
principalement à l'irrigation au niveau des aménagements hydro
agricoles. Selon le rôle qui leur est dévolu, nous pouvons en
distinguer des adducteurs et des émissaires :
Un adducteur est un aménagement structurant dont l'objet
est l'adduction d'eau à des aménagements terminaux. Parmi ces
adducteurs on peut citer le Gorom Amont, Gorom Aval, Lampsar, Kassack,
Diovol, Ngalam et trois marigots au sud de la RN2 (voir carte2).
Un émissaire de drainage se définit comme un
aménagement structurant dont l'objet est l'évacuation des eaux
de drainage des aménagements terminaux. Les émissaires que
l'on rencontre dans le Delta sont : le Noar, le Natché, le Krankaye,
le Mbeurbeuf, le Ndiael et l'émissaire du Delta (voir carte 2).
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