B- Les difficultés et les perspectives de la mise en
oeuvre de la nouvelle politique de maintenance dans le casier
1- Les blocages de la mise en oeuvre de la nouvelle
politique de maintenance 1.1) Les problèmes rencontrés par les
entreprises dans l'exécution des travaux
Au niveau du casier de Boundoum, la mise en oeuvre de la
nouvelle politique de
maintenance est rendue difficile par un lot de
problèmes. D'abord, les entreprises adjudicataires des marchés
de travaux sont souvent confrontées à des difficultés
notables dans l'exécution de ces derniers. Ces problèmes sont
relatifs à la fréquence des pannes (Scrapers,
Grader, pelle hydraulique, et camions qui occasionnent des
arrêts de chantiers de l'entreprise) ; la vétusté des
engins ; le ravitaillement des engins en carburant pose également
problème (ICA, 2005).
Par ailleurs, dans les FOMIIG la réhabilitation des pistes
était souvent contraignante dans la mesure où les
carrières étaient situées à des endroits
très lointains. Ce qui réduit sans conteste le nombre de
rotations journalières des camions.
En outre, dans certains sites on note des difficultés
d'accès. A titre d'exemple, tous les travaux qui devaient
s'opérer dans l'émissaire du Delta, en 2006, n'ont pas pu
être réalisés en raison notamment du fait que les
producteurs de Boundoum drainaient leurs eaux (d'où des
sols humides) et il en est résulté
d'énormes problèmes pour l'entreprise THAYTOU
d'y accéder. L'entreprise attend jusqu'à présent une
période favorable pour y faire intervenir ses
engins (SCIEPS, 2006).
1.2) La facturation et le recouvrement : facteurs
bloquants de la mise en oeuvre des fonds de maintenance dans le casier de
Boundoum
Facturation et recouvrement sont aujourd'hui des facteurs qui
entravent la réussite de
la nouvelle de maintenance des aménagements hydro
agricoles dans le périmètre.
a) La facturation
En 2003, l'année où on a commencé
l'application de la nouvelle politique de maintenance (Th. Diallo, com. Orale,
mercredi du GIRARDEL), débute également des malentendus entre DAM
et producteurs. En effet, la publication des factures à recouvrer en
février 2004, avait suscité le courroux des
paysans de l'union des OP de Boundoum qui avançaient l'idée
selon laquelle ils n'avaient pas mis dans leurs expressions de besoins
la redevance FOMAED. Donc ces derniers n'étaient pas bien
préparés et par voie de conséquence le règlement
a été faible voire nul.
Lors du conseil des délégués tenu au village
de Ndiaye en 2003, une décision de taille fut alors prise : 50% du
montant facturé devait obligatoirement être payés et pour
le reste, le remboursement était prévu ultérieurement.
D'une manière globale, les problèmes liés
à la facturation dans la zone, selon M.
Mamadou Wane (chef de service de la clientèle de la DAM)
sont : - la collecte des données pose un réel problème
: les données ne sont pas toujours fiables. Ce
qui entraîne l'annulation de certaines factures ;
- la détermination des superficies redevables semble
être une équation sans solution ; - il n'est pas toujours
aisé de localiser tous les usagers ;
- le refus catégorique de certains usagers de prendre
les factures ;
- l'acheminement des factures : ça doit se faire main
à main sans quoi certains usagers n'hésiteront pas à
dire qu'ils n'ont encore rien reçu.
b) le recouvrement
A ce niveau, ce qu'il faut surtout noter c'est que les usagers
commencent le plus souvent à payer la redevance mais pour la plupart du
temps ils proposent le remboursement en
nature (riz paddy) ce qui est contraire aux aspirations de la
banque (CNCAS) qui préfère
plutôt le paiement en espèce.
Le taux de recouvrement est relativement faible pour l'ensemble
de la zone du Delta (Délégation de Dagana). Cette situation
découle en grande partie du fait que bon nombre d'usagers ne
s'acquittent plus de leurs redevances.
L'union de Boundoum n'est assujettie qu'au service de drainage.
Ici, contrairement
aux autres types d'aménagement (PPNT, PIV, PIP), la
facturation est en fonction de la superficie affectée. Donc, que les
gens cultivent ou non la facture reste la même. Le tableau
suivant montre la situation du recouvrement de 2003 à
2006 dans le casier.
Tableau 6 : Situation du recouvrement de 2003 à
2006 dans le casier de Boundoum.
Secteur
|
Usager
|
Année
|
Montant
|
Montant
|
Solde en
|
Taux en %
|
|
|
|
facturé en
|
réglé en
|
FCFA
|
|
|
|
|
FCFA
|
FCFA
|
|
|
Delta
|
Union de
|
2003
|
49 539 840
|
36 833 800
|
12 706 040
|
74%
|
central
|
Boundoum
|
2004
|
49 539 840
|
47 003 960
|
2 535 880
|
95%
|
|
|
2005
|
49 539 840
|
--
|
49 539 840
|
00%
|
|
|
2006
|
49 539 840
|
--
|
49 539 840
|
00%
|
Total
|
198 159 360
|
83 837 760
|
114 321 600
|
42%
|
Source : DAM 2007
L'analyse du tableau ci-dessus montre de bons taux de
recouvrement durant les premières années de mise en application
de la nouvelle politique de maintenance (74% et 95%
respectivement en 2003 et 2004). Pour les années 2005 et
2006, il n'y a pas eu de
recouvrement. Cette situation peut trouver son explication sur le
fait que les deux dernières
campagnes ont été catastrophiques et une telle
situation ne permettait pas aux paysans de
rembourser leurs dettes. D'ailleurs à travers le
célèbre mouvement dénommé Forces
Paysannes, ces derniers tendent la main aux autorités
étatiques afin que leurs dettes soient
annulées (voir annexes).
Cependant il convient de souligner qu'il existe une typologie
dans le comportement des clients (producteurs) de la DAM :
- un client qui peut et veut payer mais qui se contente de dire
tant que la DAM ne viendra pas chez lui il ne paierait jamais ;
- un client qui veut payer mais qui ne le peut pas faute de
moyens financiers ; - un client qui peut payer mais qui n'est pas satisfait
du service fourni ; - un client qui peut payer mais qui refuse par mauvaise
foi.
En définitive nous pouvons déduire que c'est
l'avenir même du FOMAED qui est rendu incertain, au regard de la
situation qui prévaut actuellement. De même, la DAM est un
service autonome, donc qui va bientôt se prendre en charge.
Mais avec ce rythme de
recouvrement, force est de reconnaître qu'elle est loin
de voir un tel souhait se réaliser. Partant de là, c'est la
nouvelle politique de maintenance qui risque d'échouer dans cette
partie
du Delta si des solutions ne sont pas trouvées.
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