1.3) Evolution de la gestion des terres
Dans le delta du fleuve Sénégal, c'était la
SAED qui se chargeait de l'affectation des terres. En effet, celle-ci en
rapport avec les coopératives représentées par leur
président, affectait les terres dans les cuvettes
aménagées. Mais ce mode de distribution avait très
tôt
montré ses limites en ce sens que chaque année, la
répartition des terres était reprise et les
paysans couraient le risque de ne plus retrouver les mêmes
terres.
La SAED changea vite de méthodes afin d'instaurer un
climat de stabilité dans le mode d'affectation des parcelles. Ainsi,
elle continuait à assurer la gestion des terres jusqu'en 1987 qui marque
le renversement des zones pionnières dans la zone dite de terroir. A
partir de
cette date, la SAED n'exerça plus son pouvoir sur ces
terres dont la gestion venait d'être
confiée aux Conseils Ruraux.
Des problèmes n'ont pas manqué de surgir lorsqu'on
a voulu réhabiliter le casier. En
fait, au moment de la réhabilitation, la SAED avait
demandé aux Conseils Ruraux de
confirmer les unions comme affectataires des terres. En
réaction à cette requête, une délibération
du Conseil Rural avait affecté les terres du périmètre aux
unions hydrauliques et cela était en parfaite contradiction avec les
textes législatifs qui affectaient ces terres non pas
aux unions hydrauliques mais aux OPB ou groupements de
producteurs.
Apres l'extension, beaucoup de paramètres étaient
pris en considération dans l'affectation des terres. Ainsi pour
être attributaire d'une parcelle de 0,40 ha (appelée « kop
»
par les paysans du périmètre), il fallait
être âgé de 18 ans ou plus, être habitant d'un
des villages de l'union, appartenir à un groupement de producteurs ou
une coopérative librement
constituée.
2- Organisation de la gestion et de l'exploitation 2.1)
Organisation de la production
Le périmètre de Boundoum polarise au total sept (7)
villages : Boundoum-Barrage
(wolofs et Maures), Boundoum-Est (wolofs), Diawar appelé
Boundoum-Nord (wolofs),
Wassoul (wolofs), Ronkh (wolofs), Kheun (wolofs) et Diadiam
(Maures). Il concerne une population de 15 508 habitants repartis dans ces
sept villages. La superficie totale exploitable s'élève
à 3 098,56 ha et va au profit de 2 557 familles attributaires de
parcelles (voir tableau
ci-dessous).
Tableau 6 : la répartition des terres entre les
villages
Villages
|
Pop Totale (Hbts)
|
Familles Attributaires
|
Sup exploitables (Ha)
|
Sup/attributaire (Ha/Fam)
|
S.V
|
Boundoum- Barrage
|
4 500
|
964
|
1180,51
|
1,22
|
10
|
Boundoum- Est
|
722
|
103
|
102,6
|
1,00
|
2
|
Diawar
|
3 363
|
337
|
602,45
|
1,79
|
9
|
Wassoul
|
941
|
319
|
190,39
|
0,60
|
3
|
Ronkh
|
3960
|
479
|
629,71
|
1,31
|
9
|
Kheun
|
1307
|
116
|
186,75
|
1,61
|
3
|
Diadiam
|
715
|
239
|
206,15
|
0,86
|
3
|
Total
|
15 508
|
2 557
|
3 098,56
|
1,21
|
39
|
Source : Données SAED 2005
repartition des superficies aux villages
6%
38%
20%
6%
3%
20%
7%
1
2
3
4
5
6
7
Figure 2 : répartition des superficies aux
villages
2.2) Les organisations paysannes -
L'union hydraulique
L'union des OP de Boundoum a été
créée en 1991. Elle regroupe trente neuf (39) Sections
Villageoises (SV), six GIE et sept (7) Groupements Féminins (GPF). Son
siège social se trouve à Diawar.
Avec comme vocation initiale de piloter l'agriculture et la
gestion des aménagements hydro agricoles, l'union a vu son objet
s'étendre vers un appui aux GIE et SV membres à travers la
fourniture de bon nombre de services tels que l'approvisionnement en eau et sa
gestion, l'octroi d'intrants agricoles et de crédit, l'entretien des
canaux. L'union assure
d'autres activités :
- L'exploitation et l'entretien des stations de pompage
(irrigation et drainage).
- Elle dispose d'une commission « matériel » qui
a pour charge la gestion et l'entretien des locaux et des magasins de l'union,
des équipements et du matériel de bureau, du véhicule
de transport de l'union.
- La commission « commercialisation » assure le suivi
de la collecte du paddy, de son décorticage et de sa vente pour le
remboursement de la redevance hydraulique et des avances
effectuées sur intrants par l'union. Elle se charge
également de suivre les opérations de
commercialisation entre l'union et les riziers.
- La commission « adduction d'eau potable » (AEP) est
responsable de la gestion des
différents systèmes d'adduction d'eau potable
installés dans les villages du casier.
Loin de se limiter à ces différentes tâches,
l'union entretient des relations plus ou
moins privilégiées avec des partenaires comme :
- la SAED : Appui-conseil ;
- la CNCAS : Crédit de campagne ;
- la F.P.A (Fédération des
Périmètres Autogérés) : Affiliation ;
- l'union des coopératives ;
- l'union de Boundoum-Barrage ;
- etc.
Le fonctionnement de l'union repose essentiellement sur la
redevance hydraulique payée par les OPB comme source unique de
financement. En plus de cela, il y a les organes de décision qui sont
au nombre de trois : le bureau exécutif de 12 membres, le conseil
d'administration
composé de 53 membres et l'assemblée
générale d'environ 203 membres mandatés par
les différentes sections villageoises.
- Les OP de base
Les OP de base sont chargées de la maintenance des
aménagements terminaux, l'acquisition et la gestion du crédit
et la mise en valeur agricole. Ces différentes tâches sont
définies par un contrat qui lie les OP de base à leur Union.
Suivant cette logique les organisations paysannes de base assurent les
fonctions suivantes : - Recenser les expressions de besoins, dresser des
demandes de crédit qu'on soumettra au visa technique de la SAED et
négocier le crédit nécessaire auprès des structures
de crédit locales ; - Rendre compte l'Union de tous les
éventuels problèmes de leurs membres et de leur organisation
(par exemple retard au niveau de l'approvisionnement en semence, etc.) ; -
distribuer les intrants et recouvrir les exigibles auprès des membres
débiteurs ; - maintenir en état les aménagements
terminaux, c'est-à-dire ceux qui sont à l'intérieur de
la maille hydraulique de leur groupement ; - etc.
2.3) Les relations avec les partenaires
extérieurs a) L'accès au
crédit
A la suite de Peter Torekens, dans un film réalisé
par Jean Michel D'Estaing sur la riziculture au niveau de la vallée du
fleuve Sénégal, nous pouvons dire que le crédit est d'une
importance capitale pour le démarrage de la campagne.
Pour le cas de Boundoum, l'union ne prend pas de crédit.
Ce sont les sections villageoises qui le font. Sur ce crédit, elles
paient à l'union le service de l'eau. Mais pour être
bénéficiaire du crédit, il faut remplir un
certain nombre de conditions : être dans une
organisation reconnue juridiquement (GIE), avoir un compte au
niveau de la CNCAS,
disposer du visa technique attesté par la SAED, etc.
Il y a également d'autres conditions d'accéder au
crédit qui, cependant, sont jugées
très subjectives : par exemple il faut que la banque ait
confiance en l'individu.
Ce crédit doit être obligatoirement être
remboursé même en cas de calamité majeure ou agression
agricole (péril acridien, attaque d'oiseaux, etc.) d'où la
nécessité pour les paysans
de la cuvette de disposer d'un fonds de calamité.
Malheureusement il n'y en a pas à Boundoum.
b) Relation avec la SAED
La SAED est la société de développement
qui encadre l'union. Après le transfert de 1991, elle ne s'est pas
totalement désengagée. En fait, il y a un contrat de concession
qui la lie avec l'union des OP de Boundoum. Mais ce contrat est d'une
durée indéterminée. Elle a à sa charge trois
missions :
- Encadrement technique et formation des membres de l'Union
;
- Encadrement de la Section Villageoise pour l'entretien et la
gestion du périmètre ;
- Contrôle périodique de la gestion technique et
financière de l'Union.
D'ailleurs un conseiller agricole représentant la SAED
est basé à Boundoum-Barrage.
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