Les « douna » sont les populations dites
étrangères. Ce sont les allochtones, les migrants de la zone.
Leurs arrivées datent des années 1960/1970 et se sont
déroulées par vagues successives :
· La première vague de peuplement: 1960/70
à 1985 ;
Elle concerne les premiers migrants composés d'ethnies
karaboro, bobo, peul et mossi. Cette vague de migration est consécutive
aux sécheresses qui ont affectés le pays en 1973/74 et en
1983/1984. Elles ont plus affecté les régions Nord et Centre du
pays. Les Bobo et les Karaboro sont venus respectivement de la province du
Houet et de la Comoé (plus précisément des
départements de Tiéfora et de Banfora), par contre les Mossi sont
principalement venus des provinces du Yatenga et du Zandoma. L'arrivée
des Peul a surtout été stimulée par l'aménagement
de la zone pastorale de Sidéradougou. Ces premiers migrants ont
formé des villages tels que Hobaga, Faraba, Sounsoun, etc.
· La seconde vague de peuplement: 1985 à
1995 :
Les zones de provenance des migrants de cette vague sont la
« vieille zone cotonnière», qui est la «région
ouest et nord-ouest du Burkina Faso, au nord de Bobo- Dioulasso. Avec les
sécheresses des années 70 et 80, et le développement du
coton, des mouvements importants de migration ont eu, principalement lieu
à partir du plateau central mossi, densément peuplé et
frappé par la sécheresse. Encouragées par L 'Etat, ces
migrations ont entraîné de rapides et profondes évolutions
économiques et sociales : accroissement démographique des
villages, création de nouveaux hameaux de migrants, extension
des
cultures et saturation des terroirs »
(Paré et Tallet, 1999 ; cité par Paul Mathieu et al.
2003 :3). Suite à la dégradation des ressources
naturelles, à la saturation foncière et au manque de
pâturage, ces migrants ont quitté la vielle zone cotonnière
pour ensuite migrer vers le Sud-ouest, notamment dans la province de la
Comoé dans l'espoir d'accéder à de nouvelles terres de
culture et au pâturage. C'est dans ce contexte que de nombreux migrants
en provenance de ladite zone, et appartenant principalement aux groupes
ethniques mossi, samo et peul sont venus s'installer à
Dèrègouè. 44% des chefs d'exploitation agricole
enquêtés ont quitté cette zone, notamment dans les
localités de Kouka, Bondokuy, Bama, Padéma, etc. Cependant,
certains migrants de cette vague avaient pour zone de provenance le «
plateau mossi ». Cette vague a été suivie par un fort
mouvement de populations.
· La troisième vague de peuplement: 1995
à 2005 ;
Cette troisième vague se situe dans une période
d'intensification des flux d'immigration à
Dèrègouè. Sur le total des 102 migrants
enquêtés, 61% se sont installés à cette
période avec leurs familles respectives (Cf. graphique n°4). Par
ailleurs, ces immigrations se sont accentuées davantage à la
deuxième moitié de cette période. En effet, 29% des
migrants de cette troisième vague de peuplement sont arrivés
entre 1995 et 1999 et 77% entre 2000 et 2005. Ces migrants sont à
majorité composés de mossi et viennent principalement de la
Côte d'Ivoire et de la « vieille zone cotonnière ».
La troisième vague de migration marque le retour
important de burkinabé installé auparavant en Côte d'
Ivoire. Nombre d'entre eux se sont installés dans la province de la
Comoé. Á ces derniers se sont ajoutés d'autres migrants en
provenance des provinces des Banwa, du Houet, du Kénédougou, de
la Sissili, etc. 30.5% des migrants enquêtés installés
à Dèrègouè ont pour zone de provenance la
Côte d'Ivoire contre 43% en provenance de la « Vieille zone de
colonisation agricole » (Cf. graphique n°5 et carte n°2). Les
années 2000 marquent un tournant décisif dans l'histoire du
peuplement de la zone d'étude, et partant de la province de la
Comoé. Elles caractérisent la période d'arrivée
massive des migrants en quête de terres de culture.
1970-1985 1985-1995 1995-2000 2000-2005
Côte d'Ivoire "Vieille zone cotonnière" "Plateau
Mossi" Comoé et Autres
Graphique n°4
Répartition des migrants enquêtés
selon la période d'installation
(en %)
Source : enquête de terrain : 2005-06
Graphique n°5
Répartition des migrants enquêtés
selon la zone de
provenance (en %)
Source : enquête de terrain :
2005-2006