B- Propositions.
Il nous faut faire deux types de propositions : concernant
l'organe de règlement amiable d'une part. Mais il nous paraît
également utile de faire des propositions complémentaires
concernant l'organisation actuelle, qui peut être améliorée
sur certains points.
a) Propositions quant au règlement amiable des litiges
de consommation.
A ce niveau et après analyse de tout ce que l'on a vu, il
nous est possible de faire deux types de proposition.
1. La remise en place de la Commission de Règlement des
Litiges de
Consommation.
La Commission départementale de
règlement des litiges de consommation fonctionnait bien et était
organisée de façon satisfaisante. De plus, elle fonctionne encore
dans trois autres départements telle qu'elle était construite
à son origine, signe qu'elle est propice à régler ce type
de litige.
L'avantage de la remise en route de cette structure, c'est
qu'elle bénéficie toujours d'une certaine base légale. Les
arrêtés ministériels et le règlement
intérieur type sont encore en vigueur actuellement.
Il nous paraît alors envisageable de la remettre en place,
tout en faisant quelques aménagements.
Deux points semblent importants :
· Le dédommagement des rapporteurs
professionnels:
La participation de ces acteurs est importante puisque
qu'elle permet en premier lieu d'assurer, ou tout au moins de marquer,
l'impartialité de la Commission lors de ses enquêtes. En second
lieu, les rapporteurs désignés pour l'instruction ont le
mérite et l'avantage d'être spécialistes de la
matière. Lors de l'instruction, il peut donc faire valoir ou
tout au moins comprendre et faire transparaître les aléas de la
profession qui ont conduit le professionnel en cause à agir comme il l'a
fait. Ainsi le professionnel ne se sentira pas piégé de
participer à cette conciliation.
Si leur participation est essentielle, elle est tout autant
problématique. En effet, il apparaît difficile de demander
à une personne en activité de participer
bénévolement à une telle structure, sachant que pour
certains rapporteurs leur participation était souvent requise. Il semble
qu'il faille alors trouver une solution pour dédommager ces rapporteurs
pour leur activité au sein de la Commission.
· Une liaison entre le Tribunal d'Instance et le
président de la Commission :
Les rapporteurs font un gros travail d'instruction
donnant lieu à la rédaction d'un rapport. Ce rapport donnant une
bonne idée de la situation dans laquelle sont les parties, et une exacte
position des faits. Il serait alors souhaitable que le tribunal,
éventuellement saisi après échec de la tentative de
conciliation de la Commission, puisse avoir accès à ce rapport
qui pourrait lui donner une vision claire et objective de l'affaire. D'autant
que cela pourrait éviter d'avoir recours à une expertise dans
certains cas.
Toutefois dans un souci d'impartialité, il ne parait
pas convenable que cette production se fasse par l'intermédiaire de
l'une des parties, mais qu'elle ait lieu directement entre le magistrat et le
président de la Commission.
2. L'intégration des associations dans les Maisons de
la Justice et du Droit.
Ces Maisons de la Justice et du Droit existent pour
permettre un règlement amiable des litiges (en toutes matières)
et un accès au droit. Elles ont donc vocation à agir
dans tous les domaines du droit, mais elles éprouvent un vrai manque
d'intervenants en droit de la consommation. Or les associations de
consommateurs sont les mieux placées pour intégrer ce type de
structure.
Un débat au fond pourrait être entamé pour
favoriser cette intégration aujourd'hui compromise par les
impératifs d'adhésion.
3. La création d'une nouvelle structure.
L'impératif de cette nouvelle structure de
règlement amiable des litiges est de ne pas faire de doublon avec les
associations ou avec des structures existantes (telle que la
Commission de Conciliation des Rapports Locatifs ou la Commission de
surendettement).
Elle devra en outre répondre au souci
d'indépendance, d'impartialité et de compétence de ses
membres.
a. Les missions de l'organe de règlement des litiges:
Cet organe de règlement amiable des litiges aurait deux
missions principales :
· Un relais pour les associations:
Ce serait d'abord un relais dans le sens où cela
pourrait permettre aux associations de discuter et de transmettre un dossier
qui rencontre une difficulté. Mais aussi dans le sens où il
pourrait être mis à la disposition d'associations, un
médiateur qui assurerait une fois par semaine des permanences en leur
sein. Cette disposition pallierait le manque de juristes dans les associations
qui en sont dépourvues. Le médiateur dans cette hypothèse
assurerait le travail quotidien d'un juriste d'association.
· Un lieu commun de travail pour le traitement de
dossiers individuels :
Il y aurait à ce niveau un système permettant
aux consommateurs d'adhérer directement auprès de la structure.
La procédure de traitement du dossier serait alors la suivante : un
Médiateur de la consommation solutionnerait le litige en
coopération avec les associations participantes réparties en
groupe de travail.
Il pourra également être envisagé
d'établir un calendrier de permanences alternées par
demi-journées pour que les associations puissent toujours être
présentes sur le site, et assurer des permanences gratuites pour les
consommateurs (comme ce qui existe pour les avocats ou les associations
présentes dans les Maisons de la Justice et du Droit).
Il faut en outre ajouter que l'organe aura également
pour fonction de rassembler les associations participantes pour faire un point
sur les dossiers traités (mais uniquement sur le point juridique posant
problème) afin de mettre en commun la vision du problème
envisagée, les techniques utilisées, et éventuellement les
difficultés rencontrées.
Il peut aussi être ajouté comme mission de cette
structure, le traitement des litiges relevant de la Boîte Postale 5 000.
En effet, la structure pourrait être destinataire des demandes BP 5 000
et les régler selon la procédure actuelle, mais avec l'ensemble
des associations participantes. Sachant qu'une campagne de publicité de
cette institution devra être relancée.
L'administration n'ayant plus à sa charge ces dossiers,
et n'ayant plus à reverser aux associations une subvention, elle
pourrait en contrepartie verser une contribution à la structure
notamment pour la rémunération du médiateur qui se
chargerait du secrétariat et du premier traitement du dossier.
Pour la solution du litige, la demande serait distribuée
au groupe de travail correspondant.
Par contre dans l'optique de ne pas faire doublon avec le
travail d'autres institutions, il serait « interdit » de travailler
sur un dossier qui relèverait d'une autre structure de règlement
amiable ; au plus, le médiateur pourrait seulement aider à la
constitution du dossier de saisine de cette structure.
b. Son organisation : Elle a été
sous-entendue précédemment.
En l'état actuel des choses, sa forme juridique ne
pourrait être envisagée que sous la forme associative. En effet,
c'est le modèle le plus adopté - et le plus adapté - par
les structures de règlement des conflits, telle que la Chambre Arbitrale
de Toulouse. Cette forme a l'avantage de présenter des facilités
et une souplesse de mise en place et de fonctionnement.
Elle serait composée d'abord logiquement d'un bureau
(président, vice-président, trésorier...) qui ne serait
pas forcément exclusivement formé des associations mais auquel
pourrait être associée l'Administration.
Ensuite dans son fonctionnement quotidien, elle serait
organisée en groupes de travail chapeautés par un ou plusieurs
médiateurs.
Les groupes de travail seraient en revanche exclusivement
constitués de membres des associations participantes (dans la mesure du
possible, par des juristes des associations). Ces groupes seraient
composés en fonction de la spécialisation des personnes
participantes, sachant que les associations devant être
représentées à parts égales (une personne ne
pouvant être présente dans plusieurs groupes).
Les spécialisations de ces groupes correspondant aux
grands domaines de litiges récurrents : logement,
téléphonie, ...
Le/les médiateurs devront impérativement
répondre à une certaine compétence. Il apparaît
nécessaire que l'organe pour avoir une certaine légitimité
doive fonctionner avec des juristes maîtrisant la matière
juridique.
Pour remplir les conditions d'indépendance
nécessaires de la structure, il paraît utile de préciser
que ce médiateur soit lui-même indépendant et impartial.
Pour ce faire, il doit remplir toutes les conditions nécessaires et
demandées pour être médiateur. Il faudrait en outre qu'il
soit un tiers vis-à-vis des acteurs actuels (exclure la
possibilité d'un membre ou ancien membre d'une association, ou d'un
agent de l'administration...).
c. La procédure de règlement du litige:
Le règlement se ferait comme on l'a dit au sein des
groupes de travail. Mais il apparaît nécessaire de préciser
quelque peu la procédure.
D'un point de vue juridique, il serait utilisé la
médiation comme mode alternatif pour le règlement du conflit. En
fait, le médiateur ferait un bref rappel de la loi, des dispositions
légales qui font défaut et qui justement ont
entraînées le litige. Mais pour faire des propositions et engager
le dialogue, il faut que le professionnel ait été en mesure de
donner sa version des faits, et qu'il puisse y avoir, si besoin, une
confrontation de ces faits.
Mais il faut savoir que la médiation n'est pas un
outil figé, il pourrait également y avoir règlement en
équité. Il doit pouvoir être rendu possible de laisser les
parties se rapprocher seules pour trouver un accord. Ce n'est qu'à
défaut d'entente que le médiateur proposerait une solution.
La force de ce mode de règlement serait sa souplesse.
Pour tout le cadre général, il sera renvoyé
au cadre réglementaire de ce mode (voir la partie théorique
ci-dessus).
Il est en outre important de souligner que le
médiateur devra autant que possible traiter le dossier en concertation
avec les parties, présentes lors des séances. Mais à
défaut de présence physique, il ne faudrait pas que la
procédure soit bloquée. Le traitement de l'affaire par
écrit doit rester possible. Mais il serait souhaitable que ce soit la
médiation en présence des parties qui soit le plus souvent
usitée.
d. L'intégration du Centre Technique Régional
de la Consommation :
Cette dimension de l'organisation de la structure est importante
puisque le Centre Technique Régional de la Consommation pourrait se voir
confier toujours les
mêmes tâches que celles qu'il remplit
actuellement. Il pourrait ainsi continuer à constituer une base
documentaire pour l'ensemble des associations. Mais le fait qu'il soit
intégré à cette structure serait un avantage, car il
serait sur place et donc plus accessible.
Il faudra quand même faire attention à ce qu'il
permette une veille juridique efficace pour les juristes, en disposant des
moyens nécessaires à cette fonction (compétence,
matériel...).
e. Critique du projet :
Il peut apparaître difficile de faire adhérer les
associations à ce système, surtout dans le contexte actuel
où elles sont toutes opposées à un tel projet. Cependant
il faut noter que les principales craintes des associations peuvent être
comblées.
En effet, les différentes associations ont peur qu'une
telle structure concurrencerait leur activité et entraînerait une
baisse, voire une suppression des subventions versées par
l'Administration. Mais il est possible de fonctionner de la manière
suivante : il peut être envisageable de créer un système
d'adhésion partagée. En effet, on envisageait un système
d'adhésion directe des consommateurs auprès de la structure, mais
la cotisation versée par le consommateur pourrait être
redistribuée pour partie aux associations participantes. Ainsi les
associations se verraient intéressées à la mise en place
et au fonctionnement du projet.
b) Propositions complémentaires.
Outre ces propositions pour un organe de règlement
amiable, il nous paraît également nécessaire de faire
quelques propositions pour améliorer ce qui existe déjà en
matière de règlement amiable.
Concernant d'abord le Comité
Départemental de la Consommation : il faut dire que sa fonction initiale
est d'informer et de favoriser un dialogue entre les partenaires
économiques susceptibles d'aboutir à la conclusion d'accords
collectifs. Toutefois, aujourd'hui on a pu constater qu'il ne
remplissait pas son rôle : une réunion par semestre (insuffisant),
tous les acteurs destinés à y assister ne viennent pas
(professionnels) et le contenu n'est pas fixé selon les interrogations
de chacun, mais seulement en fonction des priorités de l'administration
organisatrice.
Ce que l'on peut proposer, c'est d'une part de modifier
quelque peu la composition de ce comité en faisant participer
également les juristes des associations accompagnant leurs
présidents.
D'autre part, il faudrait aussi modifier la fixation de
l'ordre du jour. Ainsi, il faudrait faire participer les différents
membres à cette élaboration en leur demandant les sujets qu'ils
souhaiteraient aborder. Cela entraînerait plus de dynamisme, une
réelle implication et une participation plus forte de ces membres. En ce
sens, l'Administration devrait faire un effort de mobilisation et de
sollicitation auprès de ces acteurs.
Concernant ensuite la Direction de la Concurrence,
Consommation et Répression des Fraudes : il a été
constaté en premier lieu que l'Administration avait une difficile
communication et concertation avec les autres acteurs du droit de la
consommation, alors qu'elle devrait être leur premier interlocuteur.
La DRCCRF a un rôle important en droit de la
consommation dans la régulation du marché tant dans la
prévention que dans la protection des consommateurs. Mais le faire sous
un point de vue uniquement répressif, c'est insuffisant. Elle devrait
plus s'impliquer dans cet effort de prévention, par exemple par la mise
en place d'un département de la communication pour mieux relayer
l'information et même délivrer des formations auprès des
professionnels et des associations. Cependant, la mise en place d'un accueil
des publics est déjà un premier pas vers cet effort qu'il
faudrait confirmer.
En second lieu, il faut dire un mot du site Internet de la
direction. Celui-ci est très complet et accessible, il est très
étoffé, mais il faudrait qu'il soit mieux organisé.
L'information est présente, mais il faut parvenir à la trouver.
On peut citer l'exemple d'un consommateur profane qui chercherait la liste des
associations de consommateurs. Dans le même sens, beaucoup de personnes
appellent pour savoir quels sont les interlocuteurs à contacter pour un
problème. Pourquoi ne pas mettre des exemples de litiges avec leurs
solutions-types.
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