L'exploitation forestiere et le developpement des forest communautaires au cameroun. une action collective pour la protection de la biodiversite( Télécharger le fichier original )par parfait thierry mbous institut universitaire d'etudes du developpement - Diplome d'etudes approfondies 2002 |
VI.3. La responsabilité de L'Etat camerounaisPour améliorer et accélérer le développement des industries forestières, le gouvernement camerounais a mené deux grands types d'interventions. « La première a consisté à imposer aux exploitants forestiers des contraintes de transformation. La surface des licences attribuées s'est trouvée par exemple définie en fonction du volume des installations industrielles les accompagnant. L'obligation de créer une scierie dans les concessions de moins de 100 000ha a même été complétée à partir de 1983 par celle d'installer un atelier de contreplaqué traitant au moins 60% de la production dans les plus 92 Margaret Mc Kean , Common properly In recueil de texte biodiversité : De l'action collective à la gouvernance, Marc Hufty ET Frank Muttenzer,IUED,2002t2003. 93 DLTRRIEU de MADRON hic ;FORNI Eric et al.,Le Projet d'Aménagement Pilote intégré de Dimako ( Cameroun), GRAD-Forêt,Montpellier-France,1998,p.33. importantes. Une véritable programmation administrative des installations industrielles, assise sur la fixation de normes précises ( nature de la transformation, capacité des unités industrielles, dimension des équipements) de plus en plus rigoureuses, a donc été progressivement élaborée. Il a été finalement interdit par ailleurs d'exporter sans être soi-même exploitant donc transformateur. [...I Le second volet de la politique camerounaise d'industrialisation forestière a consisté à créer de gros complexes pilotes tournés vers le marché intérieur. Il s'agissait, dans des zones forestières peu mises en valeur, d'organiser une intégration verticale la plus complète possible des activités d'une entreprise chargée de traiter l'ensemble de la ressource locale »M. Eu égard aux défaillances observées auprès du Ministère de l'environnement et des forêts ,un organisme de contrôle a été crée par le gouvernement camerounais sous le label ONADEF ( Office National Des Forêts du Cameroun) : « Cet organisme est chargé d'élaborer et de mettre en oeuvre les directives nationales d'aménagement durables des forêts naturelles du Cameroun, dont une première mouture est sortie en 1993. Le surcroît de travail imposé par la mise en place de la nouvelle législation forestière amènera probablement L'ONADEF à se diriger vers le développement de sociétés privées spécialisées dans les travaux d'inventaire aménagement. Ces sociétés seraient soumises à évaluation et obtiendraient un agrément pour opérer comme contractantes pour le compte de 1 `ONADEF, ce dernier jouant alors le rôle de coordonnateur et de superviseur »" La responsabilité de l'Etat dans la gestion des forêts au Cameroun est hautement conditionnée par les moyens logistiques et les poursuites qui résultent parfois d'une gestion illégale observée. « Selon les registres du gouvernement, au cours de la période 1997/1998, 56% des permis actifs ( 29 sur 52) continuaient à être opérationnels alors que leurs droits d'exploitation étaient périmés. L'une de ces concessions se trouve dans les limites de la réserve Campo, la seconde plus vaste région protégée du Cameroun [...I sur les 61 rapports 094 BUTTOUD.G ,Les produits forestières dans l'économie Africaine, France,1989,p258. 95 de MARRON luc ;FORNI Eric et al., Le Projet
d'Aménagement Pilote intégré de Dimako de violation enregistrés, 12 qui ne furent suivis d'aucune poursuite légale furent stoppés à la suite de l'intervention d'une personne influente »96. Le manque de logistique viable et l'absence d'un personnel qualifié sur le terrain gêne la surveillance des activités d'exploitation forestière. Et comme remarque, les agents forestiers sur le terrain font souvent appel aux compagnies d'exploitation étrangères pour être transportés sur les lieux des concessions à inspecter. Le tableau suivant nous montre une carence énorme sur le plan logistique et humain.
Source : Observatoire mondial des forêts( OMF) : Aperçu de la situation de l'exploitation forestière au cameroun.washington.2002. Cette carence en ressources humaines et de manque de moyens financiers freine très souvent les efforts déployés pour la gestion et la conservation des forêts au cameroun. Les déficiences administratives et techniques encouragent encore l'adoption d'une gestion centralisée et surtout d'une réglementation mal orientée à la prise en compte des problèmes locaux qui sont d'ordre économique, écologique, social et culturel. La nouvelle loi forestière et les enjeux % www.globalforestwatch.org /2002,p3. politique ne leur sont pas favorables vu les intérêts des uns et des autres. Les problèmes majeurs affectant les réserves de flore incluent des budgets et des infrastructures parfois très inadaptées. Les limites des réserves ne sont ni dégagées ni marquées , il y a peu de gardiens et ils sont mal équipés. Comme remarque, ces réserves n'ont pas été développées en tant qu'attractions touristiques et, par conséquent, elles reçoivent alors une priorité budgétaire et d'infrastructure plus faible que certains parcs nationaux. « En réalité, dans la zone de forêt dense, seul le parc national de Korup, la réserve de faune du Dja ( qui est aussi une réserve de la biosphère et un site du patrimoine mondial) et la section sud de la réserve de Douala-Edéa sont protégés. Ils totalisent ( si l'on compte toute la réserve de Douala-Edéa) 812 000 ha, soit 1.7 % du territoire du Cameroun »97. Face à de tels obstacles, l'Etat camerounais a mis sur pied une nouvelle législation forestière qui, si elle était parfaitement mise en pratique, pourrait améliorer la gestion des forêts, et surtout dynamiserait le secteur de l'industrie du bois et créerait une certaine motivation pour les populations locales à maintenir leurs forêts en bon état. La philosophie qui sous-tend cette nouvelle politique forestière consiste à pérenniser et développer des fonctions économiques, écologiques et sociales des forêts dans le cadre d'une gestion intégrée. Les cinq objectifs généraux sont : « Assurer la protection du patrimoine forestier et participer à la sauvegarde de 1 'environnement et à la préservation de la biodiversité ; Améliorer la participation des populations à la conservation et à la gestion des ressources forestières ; Mettre en valeur les ressources forestières en vue d'augmenter le P1B tout en conservant le potentiel productif ; Assurer le renouvellement de la ressource par la régénération et le reboisement en vue de pérenniser le potentiel productif; Dynamiser le secteur forestier en mettant en place un système institutionnel efficace et faisant participer tout les intervenant dans la gestion du secteur »98. 97 MONZA Jean --Pierre ,L'Atlas pour la conservation des forêts tropicales d'Afrique, Paris,1996,p.140. 98 DURRIEU de MARRON hic ,FORNI Eric et al,Le Projet d'Aménagement Pilote intégré de Dimako ( Cameroun).CIRAD-Forêt. Montpellier-France,1998,p.23. Parallèlement, « le plan de zonage du Cameroun méridional était mis en place, outil et expression géographique et spatiale de l'application de la nouvelle loi forestière, adoptée en janvier 1994 et dont le décret d'application a été signé en novembre 1995. Le plan de zonage du Cameroun forestier méridional s'inscrit dans le cadre d'une démarche visant la rationalisation de l'utilisation du territoire pour la zone de forêt dense. Cet exercice a permis principalement la délimitation de l'espace rural et du domaine forestier permanent dans lequel seront amorcées des actions concrètes en matière d'aménagement forestier intensif. Le domaine forestier permanent sera constitué de forêts communales et domaniales, s 'appuyant notamment sur ce plan d'affectation des terres. Les forêts domaniales comporteront des forêts dites de production définie comme des périmètres destinés à la production soutenue et durable de bois d'oeuvre, de service ou de tout autre produit forestier. Elles sont appelées à être attribuées sous forme de concessions forestières ou de ventes de coupe ( décret n° 95/531) . L'aménagement des forêts permanentes de production prévues par le plan de zonage s 'effectue sur la base d'Unités Forestières d'Aménagement ( U .F.A) »" . D'après une observation, « la méthode utilisée pour réaliser le plan de zonage repose sur la détermination d'unités écologiques qui représentent chacune une portion de territoire appartenant à une même zone bioclimatique et relativement homogène aux plans topographique, géologique, pédologique et phytogéographique. La distribution ordonnée des conditions biophysiques à l'intérieur de ces unités permet d'en définir les potentialités et contraintes, laissant ainsi présupposer une ou des formes d'utilisation particulières. Cette approche est fondée sur la reconnaissance des variables environnementales essentielles qui correspondent aux facteurs permanents du milieu tels que le climat, le relief et la géologie. À ces éléments ,viennent s 'ajouter certaines informations relatives à 1 'organisation humaine, aux potentiels agricole, forestier, minier, touristique, récréatif et autres. L'évaluation de l'ensemble de ces paramètres permet de juger des possibilités " DURRIEU de MADRON luc ,FORNI Eric et al,Le Projet d'Aménagement Pilote intégré de Dimako ( Cameroun).CIRAD-Forêt. Montpellier-France,I998,p.23. offertes par le milieu et d'en planifier une utilisation optimale »100 . Mais, face à la corruption, népotisme, au manque d'équipements, et surtout à l'absence d'un personnel qualifié sur le terrain, Cette nouvelle législation forestière ne donne guère à de résultats escomptés. |
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