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Problématique de l'inflation au travers des principaux determinants du revenu des menages. Cas d'Haiti:1975@2004.

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par Moise Ramces
Faculté de Droit et des Sciences Economiques - Licence 2008
  

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III.3) Déficit budgétaire et coût de la vie

La seconde moitié de la décennie des années 80 allait être le contraire de la situation observée durant la période 1975-1979 caractérisée par une relative stabilité du déficit budgétaire. Les années 80 jusqu'à la première tranche des années 90 se caractérisent donc par une politique expansionniste du secteur public haïtien. On y assiste en effet à la hausse effrénée des dépenses de l'Etat, alors que parallèlement les recettes se contractent d'un exercice à l'autre. Ce contexte difficile a ainsi amené la déstabilisation des institutions, gravement affecté la production et le commerce avant et après le départ du régime, entraîné la régression économique et amplifié le phénomène de la pauvreté qui n'atteint plus seulement les couches les plus vulnérables, mais s'est étendue également aux couches moyennes de la population. Le déficit budgétaire public devient si courant qu'on semble s'y habituer et n'avoir vraiment aucune volonté de l'enrayer (Cf tableau VI).

Avec la chute de nos exportations et la réduction drastique de l'aide externe, au cours des trois premières phases de la crise, les recettes de l'Etat ont considérablement régressé. Cette régression s'est accentuée avec l'effritement causé par l'exaspération de la contrebande et de la corruption fiscale. A cela, il faut ajouter la situation chaotique des entreprises publiques auxquelles la Banque Nationale s'est vue obligée de prêter main forte en finançant leurs besoins de trésorerie. Et, le fait que l'Etat dépense ou vit même au dessus de ses moyens a davantage compliqué la situation déjà précaire.

III.4) Balance des paiements et taux de change

Selon les informations disponibles sur le site Internet de la BRH, avant les années 1980, Haïti avait rarement connu des problèmes de balance des paiements. Selon cette même source, le gouvernement avait une longue tradition de prudence en matière de politiques monétaires et budgétaires. Ce qui avait permis de garantir la parité fixe de la gourde par rapport au dollar américain, établie par la convention du 12 Avril 1919, et de maintenir une stabilité relative des prix (Cf Tableau VIII de la page suivante, période allant de 1975 à 1978).

Or, à partir de la décennie des années 80, la position extérieure du pays s'est fortement détériorée. Le solde de la balance des paiements s'est traduit non seulement par une perte cumulée de 125.4 millions de dollars EU au niveau des réserves nettes que détenait la BRH, mais aussi, il ne suffisait plus à répondre à une demande croissante de devises. Enfin, Le marché parallèle de devises se développant rapidement, le régime de parité fixe ne tarda pas à s'effondrer.

Les informations tirées du Tableau VIII, ci-dessous, montrent en effet, la relation positive existant entre la quantité de monnaie en circulation, le taux de change et l'indice des prix à la consommation, qui n'ont jamais cessé d'évoluer à un rythme croissant.

Tableau VIII

Evolution de la quantité de monnaie en circulation, du taux de change et de l'indice des prix à la consommation (IPC).

Période : 1975/2004

Années

Monnaie en circulation

Taux de change (BRH)

IPC

1975

153.38

5

100

1976

186.63

5

100

1977

211.74

5

100

1978

272.63

5

100

1979

348.36

5

132.01

1980

368.66

5

147.96

1981

399.82

5

159.95

1982

475.73

5

174.31

1983

533.09

5

188.37

1984

581.94

5

204.06

1985

653.51

5

221.55

1986

751.9

5.65

196.87

1987

797.72

5.97

196.57

1988

959.38

6.38

210.93

1989

1070.14

7.49

246.78

1990

1164.52

8.71

295.5

1991

1266.39

9.16

327.98

1992

1497.1

10.17

398.67

1993

2237.7

12.39

628.29

1994

2604.5

15.32

623.44

1995

2930.36

15.04

652.56

1996

3132.09

16.94

736.27

1997

3361.98

16.84

830.02

1998

3513.57

16.97

889.79

1999

3889.08

28.33

1015.54

2000

4932.97

25.49

576.56

2001

5575.97

27.35

657.9

2002

6670.18

29.69

723

2003

8786.09

42.02

1424.53

2004

8970.49

40.17

2805.53

Sources : www.brh.net/IHSI (Institut Haïtien de Statistiques et d'Informatique)

Compte tenu du lien étroit existant à moyen terme entre l'offre de monnaie et l'évolution du niveau des prix, la Banque de la République d'Haïti (BRH) s'est évertuée à mener sa gestion de façon à donner à la monnaie locale une progression permettant d'assurer que ni les prix ni le taux de change ne subissent de pressions à la hausse60(*).

Toutefois, ces objectifs ne sont pas toujours atteints. Suite à des raisons conjoncturelles et politiques, la Banque de la République d'Haïti (BRH) n'a pas toujours été en mesure de réagir à temps face aux fluctuations extrêmes du cours de change ou à de forts mouvements de l'offre ou de la demande de liquidités. C'est notamment ce qui est arrivé durant la période comprise entre 1991 et 1994, temps de crises politique et économique graves. En effet, durant cette période, le taux de change de la monnaie nationale par rapport à la devise américaine s'est détérioré au point de franchir les fourchettes suivantes : 19.33 gourdes entre 1991/92 contre 27.71 gourdes 1993/94, pour 1 dollar EU.

Durant cette même période, le niveau du coût de la vie a augmenté dans les rangs de 726.65 et 1251.73 correspondant à une émission croissante de monnaie, soit des valeurs de 2763.49 MG et 5534.86 MG (Cf tableau VIII).

En effet, sur la première moitié des années 1990, époque marquée par une progression accélérée du déficit budgétaire, la BRH a augmenté l'offre de monnaie dans des proportions qui dépassaient les besoins réels de l'économie. De fait, la période a enregistré une forte croissance des moyens de paiement alors que depuis 1989 le PIB affichait une croissance négative.

Sur la seconde moitié des années 1990, la banque s'est attachée à adapter son financement du déficit du secteur public aux promesses d'aide des bailleurs de fonds internationaux. Au cours de la période, le taux d'inflation est passé d'une moyenne de 7,9% entre 1975 et 1980 ; 8,3% entre 1980 et 1985; 7,1% entre 1985 et 1991 à 28,6% entre 1991 et 1994.

Au retour à l'ordre constitutionnel, à la fin de l'année 1994, la Banque Centrale s'est donnée plus de flexibilité dans la conduite de la politique monétaire. Elle accorde désormais une attention soutenue aux fluctuations du cours du change sans pour autant axer sa politique sur des objectifs rigides. Elle ne limite pas sa perspective au court terme et ne réagit pas à chaque fois qu'une fluctuation se produit dans le comportement des indicateurs économiques dont elle suit l'évolution (inflation et taux de change, notamment).

Les résultats de cette politique ont été concluants dans la mesure où le taux d'inflation est revenu en moyenne annuelle de 39,3% pour l'exercice 1994, à 27,6% en 1995, 20,6% en 1996, 16,2% en 1997 et 12,7% en 1998 et proche de 8% en 1999. De même, l'effort de stabilisation du taux de change s'est révélé positif, le prix de la gourde restant la plupart du temps en deçà de la barre de 17 gourdes pour 1 dollar EU.

Cependant, malgré une telle politique, le niveau du coût de la vie (IPC) et de la masse monétaire ne cessaient jamais d'augmenter pour tout le reste de la période considérée (1995/2004).

Le chapitre IV de ce travail s'applique alors, à l'aide du modèle économétrique élaboré dans le cas d'Haïti, à quantifier l'évolution du coût de la vie au regard des principaux déterminants du revenu des ménages.

* 60 Se référer au site Internet de la BRH : http//www.brh.net

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