3.2. PASTORALISME ET DOMAINE FORESTIER
3.2.1. Définition des termes
Dans son rapport général édité en
1978 sur les aspects socio-économiques du pastoralisme dans le domaine
forestier, la Direction Générale des Forêts a défini
le terme de pastoralisme comme un élevage extensif de bovins, ovins et
caprins pratiqué par des populations sédentaires habitants au
sein du domaine forestier. La population est sédentaire et le
bétail vagabonde dans un rayon de 5 km et même plus autour des
habitations aux quelles il revient le soir pour y passer la nuit.
De son côté, Neffati M. lors de son intervention
à l' I.A.V. Hassen II (Rabat - Maroc) en 1999 a défini
le terme pastoralisme comme étant l'exploitation de la
végétation spontanée, non cultivée et peu ou pas
entretenue, par des animaux pâturant, élevés à des
fins de production.
Quant au domaine forestier, il est défini comme
étant les terrains boisés, ou non qui ont été
classés d' après la loi dans le domaine forestier de l'Etat. Il
est composé d'un ensemble de terrains, aux limites parfois
imprécises qui sont boisés, couverts de maquis ou de garrigue ou
nus. Tous ces terrains sont censés être forestiers ou à
vocation forestière (D.G.F.1978).
3.2.2. Législation forestière et
pratique pastorale
Il existe une législation forestière portant sur
le pâturage dans le domaine forestier. Cette législation n'est que
peu appliquée et implique indirectement, avec les pratiques pastorales
et le nombre croissant de cheptel, la dégradation du couvert
végétal des zones forestières.
3.2.3. La réalité économique et
sociale
La très forte résistance qu'opposent les
problèmes pastoraux dans le domaine forestier provient de leur
caractère économique et social.
A une forte densité de population dans les Mogods et la
Khroumirie, s'ajoute l'exiguïté des superficies cultivables et
cultivées. Le caractère dispersé de l'habitat dans les
zones forestières, son éparpillement, fait qu'il n'y ait
pratiquement pas de zone forestière qui ne soit parcourue par le
bétail quand elle n'est pas mise en défens. Cet état de
fait n'est cependant pas dépourvu de base juridique puisque la loi (code
forestier) reconnaît un droit d'usage au pâturage pour les
populations forestières.
3.2.4. Le bétail et les pratiques
pastorales
L'impact du bétail sur le domaine forestier
ne dépend pas uniquement de son importance, mais aussi de son
organisation en troupeaux, de la composition et du nombre de chacun d'eux, des
techniques de pâturage, d'élevage, des soins, etc....
La quasi-totalité de ce bétail est d'origine
forestière c'est-à-dire qu'il y est né. Il est
sédentaire, son alimentation provient presque exclusivement de la
végétation forestière. Cette étroite
dépendance rend le bétail extrêmement sensible aux mesures
conservatoires (mise en défens) qui peuvent être prises
localement.
La pression du bétail est patente mais difficilement
mesurable à cause en particulier de la très grande
difficulté de son identification, du caractère parfois saisonnier
et fluctuant du pâturage. Le bétail qui pâture en
forêt est composé d'une multitude de petits troupeaux
gardés la plupart du temps par des enfants ou parfois de femmes. Dans
certains endroits, les bovins sont lâchés en forêt sans
surveillance pendant plusieurs mois. C'est une pratique qui commence à
plus ou moins disparaître de nos jours.
En forêt, les bovins sont séparés des
autres espèces animales (ovins, caprins) c'est-à-dire qu'ils
pâturent seuls et non avec les caprins ou les ovins, alors que les
troupeaux d'ovins et de caprins sont relativement fréquents mais la
proportion d'ovins est très faible. Le troupeau composé
exclusivement d'ovins se rencontre rarement en forêt.
3.2.4.1. Alimentation et parcours
La caractéristique principale de l'élevage
pastoral réside dans la proportion de nourriture prélevée
directement par le bétail sur la végétation naturelle. Il
existe une grande variété de plantes (herbacées et
ligneuses) qui sont consommées. D'une façon
générale, les habitants ont une bonne connaissance de ces plantes
et de leur « appétibilité » selon les
espèces animales.
L'espèce caprine est certainement la mieux
placée à utiliser plus que les autres la végétation
forestière.
L'accroissement de la population, celle du cheptel,
l'extension des mises en défens, des défrichements et des
cultures ont réduit l'espace pastoral en grandes proportions. Cette
réduction est si importante que la possession du bétail devient
de plus en plus liée à la propriété privée
du sol.
3.2.4.2. Les techniques pastorales
On pense souvent que le bétail dans les zones
forestières n'est pas l'objet des techniques particulières
d'élevage et qu'il est mené sans aucune règle. Il est
cependant certain que le bétail est mené selon certaines
techniques peu rationnelles mais au hasard. On peut dire que dans les zones
forestières, il y a eu régression des techniques d'élevage
par la suite de la petite taille du troupeau, de la transformation de l'espace
pastoral et plus généralement du changement social et
économique.
3.2.4.3. Pastoralisme et milieu naturel
Quelque soit le jugement que l'on peut porter sur la
dégradation du milieu naturel, sur l'absence de rationalité au
niveau national de l'exploitation pastorale de la végétation
forestière, on peut reconnaître que l'exploitation pastorale est
l'activité qui valorise le mieux la végétation
forestière à l'échelle d'un ménage ou d'un groupe
de ménages.
L'élevage pastoral dans les zones forestières
n'est pas un phénomène nouveau, il est donc une activité
très ancienne mais dont le caractère et l'impact sur la
végétation forestière se sont transformés.
L'activité pastorale a été exercée de tout temps au
dépit de la végétation sans pour autant constituer un
problème.
3-2-4-4- Les améliorations
pastorales
Les améliorations pastorales sont liées aux
unités sylvo-pastorales. Chaque amélioration, qui est en fait une
ressource fourragère supplémentaire devra correspondre à
une mise en défens portant sur une superficie qui est supposée
produire l'équivalent d'unités fourragères
supplémentaires mises à la disposition des usagers par
l'amélioration.
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