6.4. Réhabilitation sur le plan sol
6.4.1. Défense contre l'érosion
hydrique
La défense contre l'érosion par l'eau des
terrains de parcours doit reposer sur le principe que la goutte de pluie qui
tombe sur le sol doit être arrêtée et autant que possible
pouvoir s'infiltrer à l'endroit même où elle tombe ou au
plus près de cet endroit. Ceci implique le corollaire extrêmement
important, bien que trop souvent complètement perdu de vue que les
travaux de lutte contre l'érosion et contre ses conséquences
indirectes, doivent commencer au plus haut des bassins fluviaux et aux plus
haut même de leurs bassins de réception. Toutes les
méthodes permettent d'arrêter le ruissellement et de favoriser
l'infiltration de l'eau.
6.4.2. Défense contre l'érosion
éolienne
La défense des terrains de parcours contre
l'érosion par le vent est une opération souvent difficile. Il
peut arriver que la simple suppression du pâturage pendant quelques
années permette à la végétation de se
réinstaller sur les terrains dénudés par suite d'abus et
soumis à ce genre d'érosion. On peut aussi aider le sol à
retrouver une meilleure cohésion en lui incorporant de l'herbe, de la
paille, ou en utilisant toute autre méthode qui lui permet de conserver
une teneur en eau aussi élevée que possible. Si ces
méthodes sont insuffisantes, on ne voit guerre d'autre
possibilité que d'installer des plantations forestières d'abri,
mais il semble que le but de ces plantations soit essentiellement de permettre
l'utilisation agricole, ou tout au moins sous forme de pâturages
améliorés, des terrains qu'il s'agit de protéger.
VI. CONCLUSION GENERALE ET RECOMMANDATIONS
7.1. CONCLUSION GENERALE
Les problèmes de l'exploitation pastorale du domaine
forestier revêtent une importance capitale car ce domaine s'étend
sur des territoires où les traditions pastorales sont bien assises et
constituent parfois la base des activités des populations. Cela comporte
le maintien de relations plus ou moins étroites entre les terrains
forestiers et les terres extérieures et entraîne tous les
inconvénients imaginables lorsque se produit ou s'accentue un
déséquilibre économique à l'intérieur
et à l'extérieur du domaine par le jeu soit de
phénomène socio-politiques, soit de modification plus ou moins
rapides des structures de population traditionnelles et des relations de
complémentarité plaine-forêt. Le manque d' une discipline
dans l'exploitation de la plupart des forêts tunisiennes constitue sans
doute un des aspects les plus préoccupants de situation, le manque de
mesures dans l'utilisation rationnelle des terrains forestiers comme parcours
et les abus fréquents que les usagers commettent dans les forêts
et les maquis résultent de l'absence d'une action cordonnée et
intégrée visant à satisfaire les besoins croissants des
populations à travers un développement parallèle de toutes
les potentialités naturelles disponibles.
En outre, la situation des parcours et de l'élevage
extensif est devenue précaire et alarmante. Elle menace d'une
désertification accrue d'une année à l'autre et d'une
marginalisation proche des systèmes d'élevage extensif et semi
intensif ou du moins, elle les placera sous des conditions de production qui
ne permettent pas la mise sur le marché des produits de l'élevage
à des prix compétitifs et abordables par le tunisien moyen,
surtout dans le contexte d'une libre économie de marché.
(DGF, 1995).
Les possibilités de la substitution de l'UF pastorale
par celle provenant de l'irrigué ou de l'utilisation des aliments pour
le bétail, sont également limitées, car en plus des
limites des ressources hydrauliques, la production fourragère
rencontrera une grande compétitivité face à d'autres types
de productions inscrites au niveau d'autres stratégies nationales
visant la sécurité alimentaire.
Comme l'élevage en Tunisie est très fortement
lié aux espaces pastoraux, son avenir dépendra de la place et de
l'importance que donneront la planification la politique en matière de
gestion de ressources naturelles et des équilibres qui restent à
trouver entre les principales spécialisations agricoles et leur partage
de l'espace. Dans tous les cas, les parcours doivent être
considérés comme l'un des éléments essentiels de
l'économie nationale.
Malgré ces aspects négatifs, il y a encore de
nombreux indicateurs favorables qui laissent espérer des
possibilités relativement prometteuses pour le développement des
parcours en Tunisie. En effet, quoique dégradée, la
végétation autochtone comprend encore des espèces et des
variétés à haute valeur pastorale et qui peuvent
être réhabilitées, en laps de temps relativement court, par
la mise en repos, la gestion rationnelle et la propagation par resemis ou
repiquage d'éclats de souches, le bilan de l'eau, largement
négatif à l'état actuel, peut-être sensiblement
amélioré par des techniques simples visent l'accroissement de
l'infiltration, la maîtrise des eaux de ruissellement et la valorisation
de l'impact positif de l'animal, toujours considéré comme
transformateur d'UF en produits d'élevage et comme facteur
dégradant.
Cependant, l'organisation et la gestion adéquate des
potentialités pastorales de n'importe quelle zone peuvent permettre une
amélioration plus importante et plus durable sur une large partie des
parcours.
7.2. RECOMMANDATIONS
La IVème série de Mekna, fait partie
de toute la région de Khroumirie caractérisée par une
diversité floristique, faunistique et sociale représentée
par une population à majorité rurale et qui tire profit de la
forêt depuis son installation. En effet, l'élevage est l'un des
piliers de la vie de cette population et le parcours forestier constitue la
base alimentaire du bétail qui pâture librement en forêt
sans limites et sans réglementation.
Cependant, pour sauvegarder l'écosystème
forestier et sans rompre son équilibre, nous suggérons certaines
recommandations qu'on les juge utiles pour la bonne gestion des
potentialités pastorales et entre autre en vue d'un développement
durable de ces ressources naturelles :
· Chercher à préserver le milieu naturel de
la forêt en limitant la destruction massive des composantes
forestières (flore et faune).
· Optimiser l'utilisation des ressources naturelles
pastorales en adoptant le type de bétail à introduire en
forêt et en respectant mieux la charge animale.
· Etudier les potentialités pastorales par zones
et par strates en vue de déterminer la capacité productive de
chaque catégorie de plantes utilisées par le bétail.
· Mettre en valeur les clairières
forestières (si la superficie est suffisante) par leur resemis en
espèces herbacées ou arbustives fourragères et organiser
le pâturage à l'intérieur de ces zones.
· Améliorer le maquis par recépage des
espèces consommables par réduction d'espèces envahissantes
et peu acceptables par les animaux et par une mise en défens pour une
période déterminée.
La protection du patrimoine nécessite aussi la
transformation de l'élevage non seulement dans les zones
forestières mais sur l'ensemble du territoire. Cette transformation ne
peut pas être l'oeuvre de la seule Direction des Forêts, c'est un
problème national qui suppose la cohérence des objectifs
nationaux à moyen et à long terme. La politique de la
conservation du patrimoine est intimement liée à celle de la
production agricole en général et de la production agricole en
particulier. L'harmonisation des différents objectifs poursuivis dans
ces domaines est une nécessité impérieuse. C'est la raison
pour laquelle il paraît nécessaire de créer à
l'échelle nationale un organisme qui puisse veiller à cette
coordination, et répartir les tâches entre les différents
organismes qui sont amenés à intervenir. (DGF, 1978).
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