6.3. Réhabilitation sur le plan forestier
Pour la forêt de la IVème série
de Mekna, l'aménagement sylvo-pastoral se définit comme un
diagnostic du milieu naturel et social, des potentialités pastorales et
sylvicoles, et débouche sur l'élaboration d'un programme d'action
adéquat permettant la réhabilitation et l'amélioration des
parcours en harmonie avec la régénération et la
conservation des formations forestières, et également, la mise en
place des bases d'un système d'entente sociale pour l'encadrement et
l'organisation des éleveurs pour une utilisation commune de l'espace
pastoral. Ainsi, le processus d'aménagement sylvo-pastoral est un
travail d'apprentissage de longue haleine dont l'aboutissement reste
conditionné par l'adhésion des éleveurs au principe
organisationnel et la mobilisation de l'ensemble des acteurs concernés
par le développement des forêts et de l'élevage.
Les traitements sylvicoles prévus par
l'aménagement forestier (éclaircies, dépressage...), sont
ouverts au parcours en respectant dans la mesure du possible les principes
habituels d'inscription.
6.3.1. Régénération des
espèces forestières
Aucune gestion durable d'une forêt ne peut être
garantie, si, pendant un temps déterminé, une partie de ce
système de régénération n'est pas mise en
défens et régénérée. Conditionnant l'avenir
même de cette ressource, cette mesure s'impose à tous. Pourtant,
celle -ci est souvent l'objet de contestation de la part des ayants droit qui
lui reprochent de distraire du parcours une surface importante et de mettre en
défens, pour une période trop longue, cet espace pastoral. Mais
cette règle n'a rien de rigide ou de rigoureux et cette surface peut
être réduite si les peuplements se régénèrent
bien et rapidement ou si les ressources pastorales en dehors de la forêt
sont importantes.
A ce niveau les concertations avec les usagers ou leurs
représentants porteront sur la taille minimale et la répartition
spatiale des parcelles à régénérer dont le choix
est à faire de manière consensuelle, que sur l'importance de la
surface de régénération. L'enjeu ici, est de sauver la
forêt sans pour autant négliger l'intérêt des
usagers.
La durée de la mise en défens, dépend
essentiellement de l'essence forestière et de la facilité avec
laquelle celle-ci fructifie et se régénère. De 15 à
20 ans pour les résineux, la durée théorique de la mise en
défens n'est plus que de 6 à 10 ans pour les feuillus
(Quercus suber).
L'ouverture des mises en défens peut, bien entendu,
intervenir plus tôt, si la régénération est acquise
avant les délais fixés par l'aménagiste.
6.3.2. Traitement forestier et pastorale
(dépressage, éclaircie)
Au niveau de chaque forêt, des actions sylvicoles sont
planifiées et exécutées conformément au plan de
gestion. Leurs objectifs sont la production de bois nécessaire à
l'économie locale, notamment du bois de feu et de service,
l'amélioration de la croissance des tiges conservées en vue d'en
tirer ultérieurement la meilleure partie, et l'ouverture des
peuplements, le prélèvement du couvert et l'éclairement du
sol si nécessaire au développement du tapis herbacé et
à l'accroissement de la production fourragère.
L'intensité des interventions est dosée de
manière à obtenir le compromis qui permet d'optimiser les
productions ligneuses et herbagère. Les expérimentations ont
permis d'adopter un itinéraire technique à appliquer pour les
taillis, défini comme suit :
· 20 ans après la coupe de
régénération et de recépage, dépressage avec
enlèvement de 1/3 du matériel.
· Le contrôle du couvert se poursuivra tous les 10
à 15 ans selon l'état de développement de chêne
liège de manière à garder un recouvrement moyen de 45
à 60%. (Options Méditerranéennes, 2000)
La mise en défens à appliquer après
chaque traitement sylvicole durera environ deux années. Cela pour
permettre d'une part au tapis herbacé de se développer et,
d'autre part, aux rejets de ne pas prendre un développement important.
La tendance actuelle est de faire des éclaircies dans les futaies et des
dépressages dans les taillis pour favoriser les individus les plus
vigoureux à houppiers bien développés capables de
fructifier abondamment (chêne-liège) pour améliorer la
ration alimentaire du bétail et pour produire ultérieurement du
bois et du liège de qualité.
6.3.3. Plantations pastorales
La plupart des milieux forestiers sont situés en pente
et leurs sols sont squelettiques peu propices à ce type d'intervention
nécessitant le plus souvent une préparation
mécanisée des sols. Les essais entrepris dans la forêt de
la IVème série de Mekna, semblent dans l'ensemble
beaucoup plus contestables et ne produisent des effets positifs
avérés qu'en situations expérimentales peu reproductibles
sur le terrain. L'application d'un système de reboisement sur des bases
bien étudiées et contrôlées est nécessaire
pour l'obtention d'un couvert végétal à densité
respectable à la production fourragère.
6.3.4. La mise en défens
Cette technique très peu coûteuse, reste un
instrument plus efficace pour la régénération et la
réhabilitation des formations forestières. Les mises en
défens s'organisent selon plusieurs modes qui ont des effets
différents sur la végétation. A titre d'exemple, le report
du pâturage au delà de la période de croissance critique
pour augmenter la vigueur et le recouvrement des espèces les plus
appétées par le bétail. Le repos annuel permet la
reconstitution des réserves des plantes et la production de semences. La
durée de mise en défens va de quelques semaines lorsqu'elle fait
partie d'un schéma préétabli permettant aux plantes
pastorales de ne pas être pâturées aux périodes
critiques, et ne doit en aucun cas dépasser deux années pour
éviter toute tension sociale avec les pasteurs. En effet, la
durée des mises en défens dépend du degré de
dégradation des parcours et de la conjoncture pluviométrique.
Elles ne démarreront en principe que lors d'une bonne année et
devraient s'accompagner d'une gestion contrôlée.
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