c) Des maladies professionnelles et des incapacités
de travail en hausse
On constate également une forte hausse des maladies
professionnelles déclarées à la sécurité
sociale (Fig.19) sur la période et en particulier depuis 1998.
Contrairement aux indicateurs de maladie et d'accidentéisme, la
progression ne s'arrête pas en 2003, mais se poursuit jusqu'en 2005.
Cette progression est particulièrement spectaculaire, puisque la pente
de la droite de régression est de 597. Il convient, toutefois, de
nuancer ce résultat dans la mesure où un certain nombre de
modifications de la législation et de la réglementation sont
intervenues pendant la période considérée dans le sens
d'une amélioration de la reconnaissance d'un certain nombre de maladies
par la Sécurité Sociale. C'est, notamment, le cas pour les
affections péri- articulaires dont le tableau a été
modifié en 1982 et en 1991 date à laquelle de nouveaux syndromes
ont été ajoutés et ce type d'affections représente
68,3% des maladies professionnelles reconnues en 2003. Néanmoins, une
étude de la CNAMTS44, montre que l'évolution de la
réglementation n'intervient que faiblement45 dans ces
évolutions et ce, pour l'ensemble des maladies professionnelles.
Nous devons, par conséquent, souligner cette
progression des maladies professionnelles chez Casino comme une donnée
structurante de l'évolution de la santé au travail dans
l'entreprise, d'autant plus qu'en 1992 et 1993, aucune maladie professionnelle
n'a été déclarée dans l'entreprise.
La place prépondérante des TMS au niveau du
régime général s'avère encore plus forte au niveau
du secteur du commerce et de la grande distribution. Ces affections touchent,
en particulier, les personnels de caisse et de manutention nombreux dans le
secteur et bien entendu parmi le personnel Casino. Ces personnels sont soumis
à des hypersollicitations des muscles à l'origine de ces
pathologies. Nous ne disposons, malheureusement pas de statistiques
détaillées par type de maladie, ce qui ne permet pas, dans
l'état actuel des données à notre disposition,
d'approfondir l'analyse. On peut, néanmoins supposer que l'essentiel des
maladies professionnelles déclarées par l'entreprise, concerne ce
type de maladie. Par contre, le très faible nombre de salariés
considérés comme atteints par les maladies professionnelles (15
cumulés depuis 1992, contre 506 déclarés) montre bien les
difficultés à reconnaître les effets de la
pénibilité sur le travail dans l'entreprise et une faible
sensibilisation des acteurs sur cette problématique.
Le nombre d'incapacités totales ou partielles
notifiées par les services de santé au travail est
également un indicateur significatif dans l'appréciation de
l'évolution de la santé au travail.
44 CNAMTS-DRP (février 2005), « Evaluation du
nombre de maladies professionnelles réglées en 2003 sous
l'hypothèse d'une réglementation constante depuis 1991.
»
45 En effet, l'étude montre que globalement le nombre
total de maladies professionnelles réglées serait passé
,dans cette hypothèse, de 5 000 à 19 676 en 2003 au lieu de 32
003. Pour ce qui est des TMS (Tableau 57), il serait passé, dans les
mêmes conditions, de 1 342 à 19 676 au lieu de 23 672.
40,0%
35,0%
30,0%
25,0%
20,0%
15,0%
10,0%
5,0%
0,0%
< 20 20 - 25 25 - 30 30 -35 35 - 40 40 - 45 45 - 50 50 - 55
> 55
Pyramide des âges des cadres (1992 et
2005)
2005
1992
Fig. 21
Cadres
Classes d'âge
|
1992
|
2005
|
< 20
|
0,0%
|
0,0%
|
20 - 25
|
0,3%
|
0,6%
|
25 - 30
|
8,9%
|
6,6%
|
30 -35
|
18,9%
|
21,6%
|
35 - 40
|
21,1%
|
20,0%
|
40 - 45
|
19,8%
|
17,5%
|
45 - 50
|
16,4%
|
14,2%
|
50 - 55
|
12,0%
|
11,7%
|
> 55
|
2,4%
|
7,7%
|
|
40,0%
35,0%
30,0%
25,0%
20,0%
15,0%
10,0%
5,0%
0,0%
40,0%
35,0%
30,0%
25,0%
20,0%
40,0%
35,0%
30,0%
25,0%
20,0%
15,0%
10,0%
15,0%
10,0%
40,0%
35,0%
30,0%
25,0%
20,0%
15,0%
10,0%
5,0%
0,0%
5,0%
0,0%
5,0%
0,0%
Pyramide des âges des Emp. Ouv. Coéf. 150
et plus (1992 et 2005)
< 20 20 - 25 25 - 30 30 -35 35 - 40 40 - 45 45 - 50 50 - 55
> 55
< 20 20 - 25 25 - 30 30 -35 35 - 40 40 - 45 45 - 50 50 - 55
> 55
< 20 20 - 25 25 - 30 30 -35 35 - 40 40 - 45 45 - 50 50 - 55
> 55
< 20 20 - 25 25 - 30 30 -35 35 - 40 40 - 45 45 - 50 50 - 55
> 55
Pyramide des âges des Emp. Ouv. Coéf. <
150 (1992 et 2005)
Pyramide des âges des maîtrises (1992 et
2005)
Pyramide des âges tous salariés (1992 et
2005)
2005
1992
2005
2005
1992
1992
2005
1992
Fig. 22
Fig. 23
Fig. 24
Fig. 25
Maîtrise
Classes d'âge
|
1992
|
2005
|
< 20
|
0,0%
|
0,0%
|
20 - 25
|
4,4%
|
11,3%
|
25 - 30
|
25,7%
|
24,1%
|
30 -35
|
17,7%
|
19,4%
|
35 - 40
|
15,5%
|
11,7%
|
40 - 45
|
15,4%
|
10,8%
|
45 - 50
|
11,1%
|
9,3%
|
50 - 55
|
8,5%
|
8,3%
|
> 55
|
1,7%
|
5,0%
|
|
Emp. Ouv. coef. 150 et plus
Classes d'âge
|
1992
|
2005
|
< 20
|
0,5%
|
3,9%
|
20 - 25
|
11,2%
|
14,6%
|
25 - 30
|
21,9%
|
9,8%
|
30 -35
|
19,4%
|
11,2%
|
35 - 40
|
16,1%
|
13,5%
|
40 - 45
|
12,5%
|
16,0%
|
45 - 50
|
9,5%
|
13,4%
|
50 - 55
|
5,8%
|
10,8%
|
> 55
|
3,1%
|
6,8%
|
|
Emp. Ouv. coef. < 150
Classes d'âge
|
1992
|
2005
|
< 20
|
9,0%
|
10,5%
|
20 - 25
|
36,5%
|
39,9%
|
25 - 30
|
19,3%
|
16,5%
|
30 -35
|
11,7%
|
10,2%
|
35 - 40
|
8,7%
|
8,1%
|
40 - 45
|
6,3%
|
6,6%
|
45 - 50
|
3,9%
|
4,7%
|
50 - 55
|
2,7%
|
2,2%
|
> 55
|
1,8%
|
1,3%
|
|
Tous salariés
|
1992
|
2005
|
< 20
|
3,5%
|
3,8%
|
20 - 25
|
19,1%
|
15,7%
|
25 - 30
|
20,7%
|
11,9%
|
30 -35
|
16,5%
|
12,6%
|
35 - 40
|
13,6%
|
13,2%
|
40 - 45
|
10,9%
|
14,6%
|
45 - 50
|
8,0%
|
12,2%
|
50 - 55
|
5,2%
|
9,8%
|
> 55
|
2,5%
|
6,1%
|
|
Source : Bilans sociaux Casino 1992 - 2005 et calculs
personnels
On constate, tout comme pour les maladies professionnelles,
une hausse considérable et continue, sur l'ensemble de la période
considérée, avec une pente de la droite de régression de
99,3. Ce résultat, permet de revenir sur l'évolution de
l'absentéisme dans la mesure où l'incapacité permanente a
une incidence sur celui-ci. En effet, la notification de l'incapacité
permet d'externaliser le problème pour l'entreprise, puisque les
salariés concernés ne seront plus comptabilisés dans
l'effectif46, alors qu'ils sont du fait de leur maladie ou accident,
en situation d'absentéisme le plus souvent permanente. Ainsi, cela a eu
pour effet de baisser le volume d'un absentéisme qui aurait
progressé encore plus vite si le nombre d'incapacités
notifiées n'avait pas augmenté pendant la période. On peut
même s'interroger, sur le lien éventuel entre la réduction
de l'absentéisme constatée entre 2003 et 2005 et une progression
plus marquée, dans la même période, du nombre
d'incapacités notifiées, d'autant plus que ce sont les absences
de longue durée (plus de 30 jours) dont la baisse a été la
plus importante.
On voit, ainsi, que les arrêts maladies (longue
durée ou répétés), peuvent être
utilisés par le corps médical, en tant qu'alternative à la
notification d'incapacité selon des critères propres au contexte
local du jeu d'acteurs que constituent l'attitude du médecin du travail
et du médecin traitant, le comportement du salarié, le
positionnement des organisations syndicales dans les IRP et, notamment, dans
les CHSCT47 et la politique de l'entreprise (LORIOL in OMNES et
BRUNO, 2004, p. 259 et suivantes). Le docteur RAMAUT, décrit,
également (2006), ce mécanisme, à partir de son
expérience de médecin du travail dans un hypermarché de
2000 à 2006.
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