2. DETERMINATION DE LA MASSE GRASSE PAR LA TECHNIQUE
DES PLIS CUTANES
Le tissu graisseux périphérique (ou tissu
adipeux ou masse grasse) est situé à la face profonde de la
peau.
Il adoucit les saillies osseuses, atténue les heurts de
l'écorché, arrondit les surfaces, provoque des fossettes, joue un
rôle non négligeable selon son importance dans le changement
d'aspect et du volume du corps humain [4'].
Le pannicule adipeux n'est pas uniformément
réparti, il varie selon les régions du corps, d'un individu
à l'autre, d'un sexe à l'autre. Il diminue de la racine vers
l'extrémité des membres [4', 13].
Elle est généralement supérieure chez les
femmes que chez les hommes, mais ce n'est pas une obligation (notamment chez
les sportives qui en ont plutôt moins que des hommes sédentaires).
Plus encore que la quantité, c'est leur distribution qui importe. Chez
la femme, la graisse est surtout présente sur les fesses et les cuisses
(répartition dite gynoïde), chez les hommes, elle réside
principalement dans le tronc (répartition dite androïde). Ceci est
important sur le plan énergétique car les réserves
énergétiques de la graisse gynoïde sont moins facilement
utilisables que celles de l'abdomen.
Ainsi, plus les hommes, les femmes portent, sans pouvoir
l'utiliser pendant l'effort, leur graisse [13].
Les localisations courantes sont : la fesse, le flanc, la
région péritrochantérienne, l'abdomen, la nuque, la racine
du bras face postérieure [4'].
Cette masse grasse est importante à trois
titres :
- elle fait toute la nuisance du surpoids qu'on ne devrait pas
tant estimer par le poids, ni même l'indice de masse corporelle (IMC) que
par l'adiposité. Le poids a peu d'importance s'il n'est pas
ramené à la taille et plus encore à la taille au
carré où, dans le cas, il définit l'IMC.
- elle explique en grande partie le fait que dans certains
environnements alimentaires, une grande partie de la population prenne du poids
et devienne obèse ;
- elle pose des problèmes spécifiques aux
sportifs en lui occasionnant soit une surcharge néfaste, soit une
puissance bénéfique, mais aussi en participant à la
problématique de l'utilisation des lipides au cours de l'effort et
enfin, en réagissant aux différentes stratégies
diététiques de manière plus ou moins
bénéfiques. Il existe plusieurs moyens de calculer la masse
grasse d'un individu. Les plus courants sont les mesures :
anthropométriques (par les plus cutanés),
l'impédancémétrie, l'hydrodensitométrie).
2.1. - PAR BIO-IMPÉDANCÉMÉTRIE
[1', 10', 13]
Cette technique prétend calculer le taux de masse
grasse en mesurant la vitesse à laquelle se déplace
l'électricité dans les tissus, sachant que les tissus offrent une
résistance différente au passage du courant en fonction de leur
composition [1', 10', 13, 19, 22, 24].
Autrement, elle calcule le taux de masse grasse par la mesure
de la conduction électrique des tissus, sachant que les tissus
constituant la masse maigre contiennent la quasi-totalité de l'eau et
conduisent donc mieux l'électricité [24].
Cette technique n'apparaît pas très fiable du
fait d'un certain nombre de facteurs qui faussent la mesure :
- qualité des électrodes ;
- hygrométrie de la pièce :
résistivité différente des tissus de chaque individu en
fonction de l'heure, de la saison, des maladies, des médicaments
ingérés, etc..
En fait deux points montrent les limites de cette
méthode.
Si le fait d'indiquer au préalable à l'appareil,
le sexe et l'âge de la personne permet d'établir des limites de
valeur et de garantir le résultat dans une fourchette crédible,
il fait par contre grandement douter de la précision d'une telle
information...
Si un sujet mesure son taux de gras par
bio-impédancemétrie avant de pratiquer une activité
physique grande consommatrice de glycogène et donc l'eau, voire de faire
un sauna, la mesure réalisée après l'exercice sera
différente de la mesure initiale dans une proportion inacceptable
physiologiquement. Si un individu voit son taux de masse grasse varier de 2 %
après 40 mn de Squash, il est évident que la mesure est
fausse.
2.2. - PAR HYDRODENSITOMÉTRIE [10, 14, 19,
23]
Elle permet d'obtenir la densité d'un individu par
immersion dans l'eau et la masse grasse par des calculs compliqués
[6, 8, 10, 14, 19].
Ainsi Dc = C - (M x log å des 4 plis)
où :
C, M = constantes dépendantes de l'âge et du
sexe ;
La masse grasse est déduite à partir de la
formule de SIRI [22, 23] :
4,95)
Masse grasse (%) = ( ----------) - 4,50 x 100
Dc
ou par la formule de BROZEK [6] :
4,570)
Masse grasse (%) = ( ----------) - 4,142 100
Dc
Nous n'avons dans ce tableau, les équations
validées de l'estimation de la densité corporelle en fonction de
l'âge et du sexe d'après DURNIN et WOMERSLEY [8, 22].
Age (année)
|
Densité (g/ml)
|
Homme
17 - 19
20 - 29
30 - 39
40 - 49
= 50
|
Dc = 1162,0 - 3,30 log å des 4 plis
Dc = 1163,1 - 63,2 log å des 4 plis
Dc = 1142,2 - 54,4 log å des 4 plis
Dc = 1162,0 - 70,0 log å des 4 plis
Dc = 1171,5 - 77,9 log å des 4 plis
|
Femme
16 - 19
20 - 29
30 - 39
40 - 49
= 50
|
Dc = 1154,9 - 57,8 log å des 4 plis
Dc = 1154,9 - 71,7 log å des 4 plis
Dc = 1142,3 - 63,2 log å des 4 plis
Dc = 1133,3 - 61,2 log å des 4 plis
Dc = 1133,9 - 64,5 log å des 4 plis
|
Les 4 plis cutanés sont : le bicipital,
tricipital, sous-capulaire, supra-iliaque.
2.3. - PAR LES PLIS CUTANES
La mesure des plis cutanés, largement utilisée
en anthropométrie, permet, en théorie, de distinguer masse grasse
totale et sous-cutanée et donc de déduire la masse grasse
viscérale [10'].
Elle se pratique avec une pince à pli cutané
(adipomètre). La somme des différentes mesures permet de
constater dans le temps par exemple, un amaigrissement. Des équations
permettent également de calculer la masse grasse avec une marge d'erreur
de 3 à 5 % par rapport à la mesure de la densité
corporelle [24].
La mesure doit être réalisée par un
opérateur entraîné (coefficient de variation personnelle
inférieure à 5 %).
La méthode des plis cutanés a pour
avantage : sa simplicité de mise en oeuvre et son coût
très faible.
Ceci a conduit au développement de nombreuses
équations prédictives spécifiques de sous-populations
particulières (enfants, adolescents, sportifs..).
2.3.1. - Localisation des plis cutanés
[1', 3, 4, 9, 10, 12, 16, 17,
20, 21, 24]
Les sites classiques de mesure des plis cutanés
sont :
- le pli vertical à la face postérieure du bas
droit, en son milieu entre l'acromion et l'olécrâne
(triceps) ;
- à la face antérieure du bras droit en son
milieu (biceps) ;
- à deux centimètres à droite de
l'ombilic (abdominal) ;
- le pli sous-scapulaire : à 2 travers de doigt
sous la pointe de l'omoplate, le pli cutané est formé et
orienté en haut et en dedans formant un angle d'environ 45° avec
l'horizontale ;
- le pli supra-iliaque : à mi-distance entre le
rebord inférieur des côtes et le sommet de la crête iliaque,
sur la ligne médio-axillaire, le pli est formé
verticalement ;
- au tiers supérieur de la ligne médiane
verticale de la cuisse à mi-chemin entre le ligament inguinal et le
dessus de la rotule (cuisse).
Les mesures sont réalisées par convention duc
ôté dominant. Elles ne prennent pas quelques minutes.
2.3.2. - Modalité des mesures de plis
cutanés [21, 24]
La procédure à suivre pour mesurer
l'épaisseur d'un pli cutané consiste à saisir fermement un
pli cutané entre le pouce et l'index, en prenant soin d'inclure le tissu
sous-cutané et d'exclure le tissu musculaire sous-jacent.
Les mâchoires de la pince doivent exercer une tension
constante de 10 g/mm2 (10 KPa) aux points de contact avec la
peau.
On fait ensuite une lecture de l'épaisseur de la double
couche de peau et de tissu sous-cutané sur le cadran de la pince. On
enregistre la lecture en millimètres dans les deux secondes qui suivent
l'application complète de la tension de la pince ; toutes les
mesures sont prises du côté droit de l'individu en position
verticale. Il faut faire un minimum de deux à trois mesures à
chaque endroit et utiliser la moyenne de ces mesures.
Il est important de faire contracter les muscles sous-jacents
pour ne prendre que le tissu adipeux dans la pince.
La somme des plis cutanés indiquera la variation
adipeuse :
- attendre 5 secondes avant de lire la pince ;
- pratiquer 3 lectures et faire la moyenne des mesures, pour
réduire le pourcentage d'imprécision et d'erreur due à une
manipulation inhabituelle ;
- toujours, afin de réduire les imprécisions,
les mesures sont transformées en indices dans une table.
2.3.3. - Analyse des mesures d'épaisseur des
plis cutanés
Les plis cutanés peuvent être utilisés de
deux façons :
- la première consiste à additionner les
différentes mesures et à utiliser la somme comme indice relatif
d'adiposité qu'il suffit de suivre pour constater un
amaigrissement ;
- équations de calcul de la masse grasse.
Les équations dépendent en grande partie de
facteurs spécifiques au patient comme l'âge, la race, le sexe...
De ce fait, la mesure des plis cutanés présente une marge
d'erreurs de 3 à 5 % par rapport à la mesure de la densité
corporelle [21].
D'autre part, les erreurs dues à une mauvaise
manipulation de la pince à pli cutané peuvent dépasser les
200 % et l'expérience de la manipulation de la pince à plis
cutanés est très importante.
Ces équations sont souvent utiles pour donner un ordre
de grandeur à l'adiposité des sujets d'un groupe.
L'utilisateur désireux d'utiliser cette méthode
et soucieux d'obtenir des résultats corrects, devra réaliser de
nombreuses mesures afin qu'il réussisse à reproduire sa mesure
chez le même sujet [24].
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