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Les multinationales pétrolières et la protection de l'environnement en Afrique Centrale

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par Levy Cardel PAYIMA
Université de Limoges - Master 2 en Droit International et Comparé de l'environnement 2006
  

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Paragraphe 1 : Les codes de conduite

Selon une étude de l'Organisation pour la Coopération et le Développement Economique, on peut définir ces codes privés comme l'énoncé par la société « des normes et des principes régissant la manière de conduire son activité »32. Les codes de conduite sont des instruments à caractère intentionnel qui définissent des objectifs à atteindre mais, leur valeur juridique reste discutable.

a) Le caractère intentionnel des codes de conduite

Longtemps, l'industrie du pétrole comme toutes les autres formes d'industrie se sont développées en dehors des « préoccupations environnementales » 33. Ce n'est qu'à partir des années 70, suite aux catastrophes comme l'échouage d'Amoco Cadiz que la communauté internationale, suite à la pression des ONG et des organismes internationaux, a senti l'urgence de lutter pour la protection de l'environnement.

La pression des organismes internationaux (OCDE), régionaux (Conseil de l'Europe) et des ONG (Greenpeace, .....) a poussé les multinationales pétrolières à adopter les codes de conduite. Ceux-ci définissent les intentions ou des objectifs à suivre en matière de droits de l'homme et de protection de l'environnement. Cependant, ces documents sont souvent rédigés par des spécialistes de droit enfermés dans leurs bureaux, sans avoir mis pied sinon pour une courte durée dans un champ pétrolier.

Dans cette course aux codes de conduite, c'est Shell la première à avoir adopté un code de conduite. La position de Shell traduit les dénonciations faites à son endroit dans le Delta de Niger. Shell fut succédée par TotalFinaElf en 2000.

32 - Codes de conduite : étude exploratoire sur leur importance économique. Groupe de travail du Comité des échanges de l'OCDE.

33 - loi du 10 juillet 1976 sur la protection de la nature, art. 2

Dans sa préface au code de conduite de TotalFinaElf, monsieur Thierry DESMARET, Président Directeur Général du Groupe énonce que « Nos valeurs de base sont le professionnalisme, le respect des collaborateurs du Groupe, le souci permanent de la sécurité et de la protection de l'environnement ainsi que la contribution à l'essor des communautés qui accueillent nos activités ».

Ces codes, chartes ou déclarations de principes, les intitulés varient, ressemblent souvent à des textes pour les consommateurs qu'à un outil de marketing destiné aux syndicats ou aux associations tiers-mondistes ou de défense de l'environnement. Dès lors, à côté des modèles avancés par les entreprises elles-mêmes ou encore proposés par des organisations non gouvernementales, sont apparus des codes proposés par des institutions gouvernementales, à l'instar de ceux élaborés par le Bureau International du Travail (BIT) ou encore, plus récemment, le Parlement Européen, ou encore, le code de conduite des multinationales de l'Organisation pour la Coopération et le Développement Economique.

b) Valeur juridique des codes de conduite

La valeur juridique des codes est un élément important lorsqu'on veut parler de la responsabilité des multinationales pétrolières. Doit-on les placer au même titre que des lois auxquelles elles sont tenues, ou bien encore que de simples intentions ou de simples objectifs à atteindre dépourvus de la force obligatoire ou contraignante ? Sinon, quelle est la valeur de ces codes ?

La réponse à toutes ces interrogations nous amènent à analyser le comportement de ces multinationales sur le terrain, en Afrique centrale en particulier, à travers les différents cas sus évoqués (Oléoduc Tchad / Cameroun, le champ de Gamba, les terminaux de Kribi et de Djeno). De l'examen de ces cas fait dans la première partie de ce travail et les conclusions sont très décevantes.

C'est pourquoi, l'on ose croire que ces codes, comme dit plus haut ne répondent qu'à un souci d'image suite aux dénonciations dont elles sont la cible, non pas à une volonté réelle de protection de l'environnement et de tous les autres objectifs qu'elles se sont fixées. Tout ceci découle du contexte et du processus de leur élaboration.

Les code sont élaborés par les multinationales pétrolières elles-mêmes et se concentrent généralement sur des questions précises ci-dessus évoquées. Volontaires, le non respect des principes érigés dans ces codes n'est pas « sanctionnable »34en droit. Néanmoins, le droit ne considère pas que le caractère juridiquement sanctionnable d'un document soit la condition nécessaire et suffisante de son fondement en droit. Dans son intervention à la session du Tribunal permanent des peuples sur les conditions de travail dans le secteur textile, René De SCHUTTER cite Giorgio SACEDOTI à propos de la portée des codes de conduite. « La théorie juridique, écrit ce dernier, s'est libérée du préjugé selon lequel la sanction est une donnée essentielle pour reconnaître à une règle un caractère juridique. La théorie du droit international s'est libérée à son tour d'un autre préjugé selon lequel il n'y aurait de droit que là où il y a une procédure formelle de création de la règle, bien établie à l'avance... »35

34 - Anne PEETERS, Les codes de conduite, instrument de régulation des multinationales ?

Le meilleur ou le pire

GESEA Asbl, 1999

35 - En Afrique la mise en cause d'un pétrolier est synonyme d'atteinte à l'Etat. Cf. la répression de Shell contre le peuple Ogoni au Nigéria appuyée par les forces de l'ordre de cet Etat

Il ressort que les codes de conduite peuvent bien servir de base pour engager la responsabilité des multinationales pétrolières.

Cependant, qui peut intenter une telle action et devant quel juridiction compte tenu de l'implication de ces multinationales dans la gestion de ces Etats d'Afrique centrale, mais aussi et surtout de la faiblesse de la société civile et de la faible mobilisation des ONG.

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"Les esprits médiocres condamnent d'ordinaire tout ce qui passe leur portée"   François de la Rochefoucauld