3.2. Les émissions annuelles
Les déserts apparaissent comme une des principales
sources de poussières désertiques du monde, et la
désertification importante de cette région en fait une zone
d'étude très intéressante pour les émissions
d'aérosols. A partir de mesures de flux de dépôt
d'aérosols minéraux ,dans l'océan, des vents et des
précipitations, Duce (1995) montre que c'est dans le Pacifique Nord au
large de la Chine et dans l'Atlantique Nord au large du Sahara que les
dépôts éoliens sont les plus importants (tableau 2). Vu les
extrapolations requises, il faut néanmoins rester prudent quand à
la comparaison quantitative entre les événements de
poussières en Chine et au Sahara, l'information intéressante
étant que ce sont sans doute les deux principales sources
d'aérosols désertiques.
Ocean
|
Mean Flux (g m-2 yr-1)
|
Deposition (Tg yr-1)
|
North Pacific
|
5.3
|
480
|
South Pacific
|
0.35
|
39
|
North Atlantic
|
4
|
220
|
South Atlantic
|
0.47
|
24
|
North Indian
|
7.1
|
100
|
South Indian
|
0.82
|
44
|
Global
|
2.5
|
910
|
|
Tableau 2 : Estimation des
dépôts de poussières minérales dans les principales
zones océaniques
(D'après Duce, 1995).
Zhang et al. (1997), ont également essayé
de déterminer la production de poussières depuis les
déserts de Chine à partir des dépôts
d'aérosols évalués dans cinq régions (les
déserts sableux chinois, le plateau des Loess, les régions
historiques de retombée du nord-est et du sud-est, le Pacifique nord).
Ils estiment cette production totale entre 500 et 1100 Tg. an-1. Cela
représente environ la moitié de la production globale de
poussière estimée par des mesures de concentrations
atmosphériques à ~1500 Tg. an-1 (IPCC, 2001).
3.3. Transport
Au cours de leur déplacement, une fois en suspension,
les poussières subissent une profonde homogénéisation.
Suivant les courants aériens, elles sont aussi bien transportées
vers l'est, le sud de l'Afrique, L'Europe que vers les Caraïbes.
D'Almeida (1986) considère que 60% des poussières sont
émises vers le golfe de Guinée, 28% vers l'Atlantique et 12% vers
L'Europe.
Ces poussières se déplacent en fonction des
grands courants de la circulation atmosphérique. Le plus connu est
l'alizé continental ou l'harmattan qui souffle en permanence de
l'Ethiopie vers L'Atlantique ou vers le golfe de Guinée. Une fois sur la
côte Atlantique, L'air saharien s'élève au-dessus de l'air
maritime et continue vers l'ouest entre 1500 et 3500 mètres d'altitude.
C'est le Saharan Air Layer qui s'étend entre les latitudes de
15°N à 25°N. Les poussières mettent alors de 5 à
6 jours pour atteindre les côtes américaines (Prospero,
1981). Sur la figure 14, nous pouvons voir que ce déplacement varie
suivant les saisons. Celui-ci dépend en fait de la situation
météorologique qui règne sur l'Afrique. En hiver, la zone
de convergence intertropicale (ZCIT) qui est une zone dépressionnaire
aux environs de l'équateur, se positionne sur le golfe de Guinée
et l'Harmattan souffle donc vers cette direction. L'été, la ZCIT
remonte vers la latitude 20°N et l'anticyclone des Açores se
positionne alors vers le sud ouest de l'Europe. Les zones sources qui sont
alors activées sont celles proches du massif du Hoggar.
Lorsque ces poussières se déplacent vers
l'Europe, ce qui est fréquent durant les mois d'été (Dulac
et al, 1992) les trajectoires sont beaucoup moins prononcées et plus
sporadiques. Elles dépendent du passage de dépressions
cycloniques sur L'Europe (Coudé-Gaussen et al, 1987; Bergametti et al.,
1989). Si le centre dépressionnaire se situe sur les côtes
européennes de l'Atlantique nord, les poussières peuvent
atteindre
l'Espagne ou même la France. S'il s'agit du
Sirocco, elles se dirigeront vers la Tunisie et l'Italie. Le Khamsin (vent du
Sahara oriental) les entraînera vers le Soudan, l'Egypte ou le Sinaï
(Yaalon et Ganor, 1977).
Peu d'études ont été faites sur le
transport à l'intérieur même du Sahara, principalement
à cause des difficultés matérielles à
réaliser de telles observations (voir figure 14).
Figure 14 : Trajectoires des
poussières sahariennes à l'intérieur du continent
africain. D'après (Dulac et al., 1992; Coudé-Gaussen et al.,
1987; D'Almeida,1986; Bergametti et al., 1989).
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