3. LES EFFETS DE L'EROSION
L'érosion éolienne concourt à la
désertification des zones sources et constitue l'une des causes de
l'appauvrissement des sols. Elle se traduit par la déperdition en
substances nutritives due à la disparition de la fraction organique du
sol. On assiste alors à une altération des
propriétés du sol quant à l'infiltration et à la
rétention des eaux de pluie et à une perte en micro-organismes
jouant un rôle essentiel dans la fixation de l'azote nécessaire
aux végétaux supérieurs. Les dépôts
éoliens par sédimentation, gravitation ou impaction, ou
associés aux eaux de pluie fertilisent les zones puits, qu'elles soient
continentales ou océaniques. Les aérosols constituent de ce fait
une source d'enrichissement des sols.
À l'échelle globale, ils ont un impact
climatique qui se manifeste par la réduction du rayonnement solaire
absorbé par la surface du sol. Ceci a pour conséquence une
diminution, voire une suppression de la convection associée aux flux de
chaleur sensible et latente dans l'atmosphère, entraînant ainsi
une réduction des précipitations En réduisant la
portée visuelle, les aérosols constituent une gêne pour la
navigation aérienne. Ils introduisent également des perturbations
importantes dans la détection satellitaire des paramètres de
surface (température, albédo, indice de
végétation...) et constituent un problème d'environnement
non négligeable. L'étude de l'érosion éolienne peut
permettre, d'une part, de mieux comprendre le processus de la
dégradation des sols et, d'autre part, d'envisager la mise en oeuvre
d'une politique judicieuse de suivie, de conservation et d'aménagement
rationnel des terres.
Le mécanisme de la mise en suspension des
poussières a été étudié par un grand nombre
de chercheurs. Bagnold (1954) a fait des études portant sur le calcul du
flux horizontal de particules dans des zones de génération de
poussières. Il a montré que ce flux est proportionnel au cube de
la vitesse de friction du vent au sol
Bérenger et Bernet ont étudié la
fréquence d'occurrence de la chasse sable en fonction respectivement de
la vitesse moyenne du vent à Reggane en Algérie et de la vitesse
maximale du vent à Faya Largeau au Tchad. Les résultats
statistiques qu'ils ont obtenus montrent que l'aptitude d'un vent à
provoquer la déflation est nulle au-dessous
d'un certain seuil de l'ordre de 5 à 8 m/s et qu'elle
augmente ensuite très vite avec la vitesse
Gillette et al. (1998) ont déterminé le flux
vertical d'aérosols d'un terrain érodable au Nebraska à
partir de la mesure à deux niveaux 1 et 2 de la vitesse horizontale du
vent et des concentrations en particules. Ils ont noté que le flux
vertical est proportionnel au carré de la vitesse horizontale moyenne du
vent, au gradient de concentration en particules et inversement proportionnel
au gradient de vitesse lié au frottement. Gillette a repris l'expression
de Bagnold et l'a améliorée en prenant en compte le facteur
seuil. Bertrand a défini, à partir des résultats
statistiques de Bérenger, une courbe d'efficacité relative du
vent en fonction de la vitesse. Cette efficacité, notée E, mesure
l'aptitude du vent à soulever la poussière par unité de
temps et de surface. C'est une fonction croissante de la vitesse du vent au sol
à partir d'un certain seuil qui est le même que celui de la
fréquence d'occurrence de la chasse sable.
Un modèle plus récent de calcul du flux de
poussières et de la vitesse-seuil, établi sur la
paramétrisation de la granulométrie des sols et la partition de
l'énergie entre la fraction de surface érodable et les obstacles,
a été proposé par Marticorena et al. Ils ont montré
que la production du flux de poussières dépend principalement de
la force de cisaillement et de la vitesse seuil, deux grandeurs fortement
liées à l'état de surface.
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