Chambre d'isolement : du point de vue des patients. Impact d'un temps d'élaboration sur le vécu des patients après un séjour en chambre d'isolement dans une unité d'hospitalisation de psychiatrie adulte( Télécharger le fichier original )par Charlotte Mouillerac Université Paris 8 - Master 1 psychologie clinique et psychopathologie 2007 |
8.2.3 L'ÉTUDE D'AKIMI ET ALDans un article basé sur l'étude d'un cas (un jeune homme schizophrène de 23 ans) Hakimi, Dupuis et Venisse81(*) mettent en évidence ce qu'ils nomment les effets restructurants de la CI, à la lumière de concepts issus de la psychanalyse. Ø La CI va permettre au patient
« d'intégrer certaines règles, de reconnaître
certaines Ø L'objectif thérapeutique va être une « tentative de réorganisation a minima des capacités relationnelles [...], la restructuration d'une pensée désorganisée, le dégagement d'un fonctionnement autistique gouverné par le seul principe de plaisir et favorisé par des mécanismes de déni assez massif ». Ø La triangulation est réintroduite à plusieurs niveaux : Hakimi et al soulignent les difficultés de l'équipe soignante à rester solidaire dans cette épreuve de force, une partie des infirmières manifestant en effet leur incompréhension du maintien de cette mesure (4 semaines) aux effets « apparemment régressifs et dépressogènes. » A ce sujet, ils font ressortir que cette opposition de la part de l'équipe ne fait que reproduire le clivage induit par le patient entre un objet maternel « essentiellement gratifiant et manipulable à loisir » (les infirmières) et une instance paternelle forclose (l'équipe médicale). Par le biais de cette triangulation, ainsi que grâce à la confrontation du patient aux limites tangibles des murs et aux limites symboliques du cadre, l'expression d'une conflictualité structurante est favorisée, avec réintroduction de " l'autre " et assouplissement des mécanismes de clivage. La CI aura été l'occasion pour le patient de verbaliser le conflit l'opposant à ses parents et de remettre le père à une place plus appropriée dans le système familial. Ø Le recours à la loi qui s'impose au patient et aux soignants a un effet à la fois modérateur et séparateur. Ø Le rappel et l'explication des mesures légales démystifient la toute-puissance médicale. Le patient a la possibilité de demander un recours. Ø Les soignants peuvent tempérer leur culpabilité contre-transférentielle. L'articulation entre la contention (fonction maternelle de holding) et la rétention (fonction paternelle des règles et des interdits) peut aussi se révéler structurante pour le patient. Ø L'isolement permet un « réancrage dans la réalité ». Les auteurs considèrent que les demandes des patients de « toucher les arbres », « respirer l'air du dehors », sont le signe de la réappropriation d'une réalité qui s'éprouve dans le corps. Ils affirment aussi que les patients en CI retrouvent « un sens aigu du temps qui s'écoule », et sont capables de déterminer avec précision le temps qu'ils y auront passé. Ø Le cadre spatial contenant et sécurisant de la CI permet de réduire les angoisses de morcellement et d'effraction, grâce à la médiation de la relation à l'autre. Ø Un débriefing reprenant avec le patient les motifs thérapeutiques de l'isolement permet d'en faire « une épreuve symboligène et non traumatique ». Isabelle Pépier, dans ses conclusions, souligne elle aussi cette force symboligène de la CI : « C'est la loi du père qui met en oeuvre la sanction qui est le retour à l'intra-utérin, à la cellule originelle symbolisée par l'espace clos fermé, lieu de régression, fantasme de complétude narcissique, jusqu'à la diffusion, rupture de la peau commune et découverte de l'autonomie. »82(*) * 81 Hakimi, P./ Dupuis, G./ Venisse, J.L. (2000) La chambre d'isolement : un outil thérapeutique. A propos d'un cas. Revue de neuropsychiatrique de l'Ouest. n° 131. 2ème trimestre. p 9-12 * 82 Pépier, I. (1992) A propos de l'utilisation des chambres d'isolement dans l'institution psychiatrique. Thèse de médecine / Faculté de Dijon |
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