7.2 VIOLENCE DE
L'INSTITUTION
Aujourd'hui encore, la psychiatrie reste partagée entre
un idéal de soin et une fonction de contrôle social.
L'institution psychiatrique prend totalement en charge le
patient. L'important est que des relations diversifiées et soignantes
(parfois médiatisées) puissent se nouer, en respectant
l'individualité du patient qui ne doit pas se sentir envahi ou
oppressé.
C'est souvent davantage le désir des soignants que
celui des patients qui est moteur. La psychose s'accompagne d'une anosognosie
qui complique la relation de soins. Il faut beaucoup de temps et de confiance
pour que le désir du patient émerge et qu'il prenne en charge son
propre suivi. Une grand part des soins, surtout dans les premiers temps, se
fait sous contrainte, ou du moins sans que le patient ne participe pleinement
aux décisions le concernant.
Un malade hospitalisé n'a pas la possibilité de
refuser un traitement imposé, comme c'est par exemple le cas aux USA. Et
il n'est pas rare que les soignants doivent avoir recours à
l'intimidation ou à la force pour faire prendre un traitement à
un patient qui le refuse.
De la même façon, les mises en CI se passent
souvent avec appel de renforts.
L'opposition passive ou active des patients, le manque de
moyens, les rechutes fréquentes, l'absence de solutions
d'hébergement et de soins de suite, les insultes fréquentes, le
manque de reconnaissance sociale, rendent la tâche des soignants
difficile et peuvent parfois conduire à des mouvements d'humeur ou de
découragement qui compliquent encore la relation.
Même en dehors des hospitalisations sous contrainte, le
patient a-t-il réellement le choix du traitement, des activités
thérapeutiques (quand il y en a), du suivi extra hospitalier, du projet
de vie, de l'hébergement... ?
La sectorisation impose une unité, un médecin,
des infirmiers, un psychologue référents, sans qu'il soit
possible d'en changer, même en cas de mésentente. Les plaintes du
patient à ce propos seront vraisemblablement interprétées
comme découlant de son transfert ou d'un délire de
persécution.
Le patient a dans les faits besoin des autres mais cette
dépendance forcée peut occasionner des mouvements de
rapproché dangereux, dans lesquels la bonne distance ne se
découvre qu'au fil d'essais et échecs successifs.
Devenir soudain dépendant, perdre le contrôle de
sa vie, avoir le sentiment de ne plus être considéré comme
un sujet... tous ces sentiments sont dramatiques pour un jeune qui
décompense alors qu'il commençait sa vie d'adulte. Le risque est
toujours de déclencher un passage à l'acte violent, dans une
tentative de reprise de contrôle.
Le patient oscille entre l'angoisse d'intrusion et l'angoisse
d'abandon, qui toutes deux constituent des facteurs de risque en matière
de passage à l'acte violent.
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