Chambre d'isolement : du point de vue des patients. Impact d'un temps d'élaboration sur le vécu des patients après un séjour en chambre d'isolement dans une unité d'hospitalisation de psychiatrie adulte( Télécharger le fichier original )par Charlotte Mouillerac Université Paris 8 - Master 1 psychologie clinique et psychopathologie 2007 |
6.1 LE LIEUIl existe de nombreuses disparités selon les hôpitaux et même selon les services dans un même hôpital. Donner une description de la CI qui corresponde au cas général est donc forcément réducteur. Au travers des différentes études existantes, et notamment l'ouvrage de P. Clément36(*), il est cependant possible de dresser un portrait de la CI " ordinaire ". 6.1.1 L'ARCHITECTURELe point commun de tous ces lieux est le fait qu'ils ont été conçus pour contenir l'auto ou hétéro-agressivité de patients de psychiatrie. La chambre d'isolement est donc une pièce pouvant être fermée à clé, permettant d'isoler un patient du reste du service, dans les meilleures conditions de sécurité. Elle peut être proche du bureau infirmier ou de la salle de soins, ou au sein des autres chambres. Elle est fermée par une porte munie d'une lucarne, afin que les soignants puissent effectuer une surveillance sans avoir à ouvrir la porte. Habituellement, un sas sépare le malade isolé du regard des autres patients. Le patient n'a pas accès aux interrupteurs, ni à la chasse d'eau, qui se trouvent habituellement dans le sas. Il peut avoir une sonnette, mais ce n'est pas non plus le cas partout. Si l'on trouve encore des CI " à l'ancienne ", avec un matelas posé à même le sol et un seau hygiénique, la plupart des chambres ont maintenant un lit scellé au sol et un cabinet de toilette attenant (WC et lavabo). Pour certaines, une cabine de douche est intégrée au sas. On commence également à trouver des chambres d'isolement avec cour ou petit jardin privatif attenant et bureau pour des entretiens. Dans ces (rares) chambres " grand luxe ", un siège peut être inclus dans le mur, qui permet au patient de s'asseoir ailleurs que sur son lit, et aux soignants d'adopter une posture moins " persécutrice " que debout devant le lit lors des entretiens. Dans certaines CI, la capacité de modulabilité du lieu, dans laquelle il est par exemple possible de réintroduire progressivement des meubles jusqu'à retrouver une fonctionnalité de chambre normale, permet d'accompagner les remaniements internes du patient. 6.1.2 LE CADRE DE SOINSLa mise en chambre d'isolement est réalisée sur
prescription médicale pour une période de Au cas où le patient resterait isolé plus de 24 heures, le protocole de soins qui constitue la prescription doit être révisé chaque jour par le médecin. Le protocole détermine la fréquence des temps de passage, souvent horaires, les constantes physiques à vérifier (pouls, température, tension artérielle), la durée de l'isolement, les temps et conditions de sortie, si le patient peut fumer (il est généralement interdit de fumer dans la chambre et ces temps coïncident alors avec d'éventuels temps de sortie). Les soignants ne doivent normalement pas pénétrer seuls dans la CI. Les protocoles préconisent généralement un nombre de deux soignants. Le patient est en pyjama. Il n'a souvent pas de sous-vêtements afin d'empêcher l'introduction d'objets dissimulés à l'occasion de sorties provisoires (les équipes peuvent être divisées à ce sujet). Il peut avoir un gobelet en plastique, voire une bouteille dont le bouchon est enlevé, afin de limiter les risques, la bouteille pouvant servir de projectile. Les repas sont servis en plateau, avec des ustensiles en plastiques. Le patient mange sur son lit, certains services autorisent l'utilisation d'une table à roulette, parfois d'une chaise, qui sont retirées après le repas. Parfois, les soignants assistent au repas. Si le patient est contenu, il peut être détaché pour le repas, complètement ou d'une main seulement, ou pas du tout et les soignants le font manger. Le patient sort en général progressivement de la CI. Au début il ne sortira pas du tout, puis une heure, deux, un temps de repas... sachant que ces temps peuvent être supprimés en cas de non respect du cadre fixé. * 36 Clément P. (2001) La forteresse psychiatrique. Paris. Ed Flammarion-Aubier. p 258-262 |
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