Chambre d'isolement : du point de vue des patients. Impact d'un temps d'élaboration sur le vécu des patients après un séjour en chambre d'isolement dans une unité d'hospitalisation de psychiatrie adulte( Télécharger le fichier original )par Charlotte Mouillerac Université Paris 8 - Master 1 psychologie clinique et psychopathologie 2007 |
5.6 L'ISOLEMENT À L'ÉTRANGERLes pays européens se sont dotés de législations particulières pour organiser et encadrer les procédures de placement et de soins sans consentement. Dans certains pays, la décision de contrainte est prononcée par l'autorité judiciaire. Dans d'autres, le juge intervient a posteriori. Aux Etats-Unis, en Grande-Bretagne, en Allemagne, au Canada, en Belgique, aux Pays-Bas, en Russie des textes de lois précis réglementent l'utilisation de l'isolement et de la contention. Ø En Grande-Bretagne, « l'isolement d'un malade sous surveillance dans une chambre qui peut être fermée à clé pour protéger les autres du danger »31(*) est considéré comme une mesure de sécurité, prévue par l'Acte de Santé mentale de 1983. Ø En Allemagne, le paragraphe 29 de la loi du 20 mars 1985 considère les mesures dites de sécurité particulière, qui ne sont pas considérées comme des mesures thérapeutiques : réduction de la liberté de déplacement, confiscation d'objets, séparation dans une chambre spéciale, contention. Ø Au Canada, les "mesures de retrait" (appellation canadienne de l'isolement) sont définies dans la loi comme des « mesures d'intervention visant la prévention d'une désorganisation ou d'un passage à l'acte. Le but essentiel est de permettre au patient de récupérer son auto-contrôle. Il s'agit d'une urgence appréhendée, à savoir un comportement potentiellement dangereux. »32(*) La particularité du système français est qu'il combine l'action des autorités judiciaires et administratives ainsi que celle de la commission pluridisciplinaire spécialisée qu'est la CDHP. Alors que l'isolement est régulièrement utilisé dans de nombreux services, il est absent des traités de psychiatrie, à l'exception de l'étude de Charcot sur l'anorexie mentale et, plus récemment, de l'étude de l'ANAES. En France, c'est Charcot qui, le premier, en 1890, définit l'isolement, dans un ouvrage sur le traitement de l'hystérie. Tosquelles, Daumezon et Bonnafé prendront la suite. En règle générale on reconnaît deux
rôles à la CI : isolement social et isolation
sensorielle. La majorité des études existantes sont des études rétrospectives. La plupart sont des études anglo-saxonnes, principalement nord-américaines. En France, il a fallu attendre 1993, suite à plusieurs accidents dramatiques, pour que les professionnels de la santé commencent à dresser un état des lieux. Les données épidémiologiques varient considérablement d'une étude à l'autre, étant donné la grande variabilité des conditions, l'hétérogénéité des études et la disparité des définitions données de l'isolement. En fonction de la population accueillie, de l'histoire et de la politique du service, de l'architecture des lieux ..., l'isolement prend en effet un sens différent. Les facteurs environnementaux ont été peu pris en compte dans la plupart des études. Ce que l'on qualifie d'isolement dans un service est très différent de ce que l'on conçoit comme tel dans un autre, où par exemple la porte de la CI pourra rester ouverte. Un article de Wadeson et Carpenter34(*), parle ainsi d'isolement à propos de cas où la porte de la chambre n'était pas verrouillée et où une infirmière restait auprès du patient. De plus, les recherches existantes associent souvent chambre d'isolement et contention physique. Il n'existe pas de définition consensuelle de la chambre d'isolement. Selon les lieux elle sera appelée de différentes façons : chambre d'isolement, d'apaisement, de soins intensifs, de soins attentifs, cellule, chambre de repos... Pour Mason 35(*), 6 concepts doivent être pris en compte pour définir la CI : Ø le lieu, Ø la rupture sociale, Ø la contrainte, Ø l'intensité, Ø la durée, Ø le motif. * 31 http://www.serpsy.org/piste_recherche/isolement/congre_isolement/abrham.html * 32 http://www.serpsy.org/piste_recherche/isolement/sequestration.html * 34 Wadeson, H./ Carpenter, W.T. (1976) Impact of the seclusion room experience. Journal of nervous and mental disease. vol. 163, n°5. p 318-328 * 35 Mason, T. (1992) Seclusion: definitional interpretations. Journal of Forensic Psychiatry. 3(2). p 261-270 |
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