III/ Le réglage de l'implant cochléaire
Digisonic® a/ Principe
Le réglage de l'implant a pour but de
sélectionner les électrodes fonctionnelles et de
déterminer pour chacune d'entre elles les seuils d'énergie
électrique qui produiront une sensation liminaire et une sensation
confortable.
Une étude (E. Truy, S. Gallégo,
C. Berger-Vachon & L. Collet, 1995) a montré que la
désactivation des électrodes qui n'apportent pas d'information
supplémentaire améliore la performance des sujets, même
dans les cas les plus défavorables ou le nombre d'électrodes
actives est déjà réduit (cochlées
ossifiées). Le point clé de l'adaptation d'un implant est donc de
ne conserver que les électrodes susceptibles d'apporter une information
différenciée et harmonieuse. Chaque électrode doit
correspondre à une sensation de hauteur tonale
différenciée et transmettre un nombre de pas en sonie suffisant
et équilibré entre les différents canaux.
Le nombre d'électrodes différenciées
détermine les plages fréquentielles, et les pas de sonie
définissent les limites de la plage énergétique acoustique
correspondante.
b/ Chronologie du réglage
Deux paramètres du réglage doivent être
distingués. Le premier comprend tout ce qui a trait à la
stimulation électrique : seuil de détection, seuil de confort,
nombre de canaux, nombre de canaux ouverts par trame ... Le second comprend
tout ce qui se rapporte à l'information acoustique : répartition
fréquentielle, gain, compression, seuil de déclenchement...
1/ Réglage des paramètres
électriques
Mesure des seuils
La première étape d'un réglage consiste
à ajuster les paramètres de l'interface bio-électrique
entre le patient et l'implant cochléaire pour chaque
électrode.
Cela se traduit dans un premier temps par :
- La détermination des seuils de perception (Min)
- La détermination des seuils de confort (Max)
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REGLAGE DE5 SEUILS Man du patient BEETHUOEM
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1
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ner . e.,:-:
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. -2
00 881 00 801 00 001 00 001 08 801 00 801 00 081 00
081 00 801 80 001 00 001 08 001 08 081
ee 081 ee 801
|
.ln 019 820 024 822
824
826
825 824 028 818 BOO 088 800 888 MO
|
037 041 039
043
048
049 846
044 035 025 808 01:10
cee eee eu
|
do
06 06
04 86 86 86
05 e5 05 03 In In
In In
ln
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eM00
|
010 858 080 0% a . 2
sh ·rz: Type etbe - r? : Réglage gaine -
FO: Modification globale des seuils
Biton: Stim alternée - Ctr1.11: Blette
référence - Ffe. Remi d la uoix
Fi: I. - F3: Bal - F5: Ulm f - F9: Sauu - F18 :
Fin
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1MW-Cifrai,114(1-lalt1 1171`4
|
REGLRGE MU SEUIL, Mon du pdt Lund LEETHOL Il
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IS
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019837 828041
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BO I, 9- .sur
les électrode=1
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039
|
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Min 10 gp 5ex 70. 02 Max
128%
QI MM MM MM MM MM MI Taper sur une tourne pour
arrêter la etimulaticm
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043
848 849 046
els
035 025
|
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080
|
1
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ee eet
09 eet
88 001
|
BOO
ace
880
|
888 080 088
(ne
|
1 1 I I
|
FI.
|
Sh ·F2:
Alt.12.
e 038 048 869 0 800 180 · =
2
Type etim - F7 . Réglage gaine - Fe. Modification
globale dee eeull
Stim alternée - Ctrl ·: Electe
référence - F6: Emma à la uoix
I. - F3: Bal - IS: Uieu f - F9: Sein - F18 : Fin
1
· » ·
|
Figure 19 : Ecran de réglage
des seuils Min et Figure 20: Balayage des canaux à
différents
Max pour une amplitude donnée niveaux
Equilibre en sonie de chaque canal
Une fois les seuils déterminés, on
réalise un équilibre de la fonction de sonie entre les
différents canaux. On utilise pour cela un balayage de toutes les
électrodes ou une stimulation alternée entre deux
électrodes différentes à un pourcentage de la dynamique
donné (0, 10, 30, 50, 70, 90, 100, 120 %). Le patient indique les
variations de sonie évoquées par le balayage des
électrodes.
La chronologie est la suivante:
- On équilibre les Maxima (100%) en diminuant le niveau
des électrodes les plus fortes et en augmentant le niveau des
électrodes les plus faibles pour qu'elles soient toutes perçues
au même niveau de sonie,
- On équilibre les Minima (0%) en augmentant le niveau des
électrodes qui ne sont pas perçues pour qu'elles soient toutes au
même niveau,
- On équilibrage les seuils à 30% et 70 % de la
dynamique en jouant sur les Minima et les Maxima.
S'il apparaît qu'une électrode ne peut pas
être équilibrée correctement avec les autres on peut
envisager sa suppression ou une augmentation globale de l'amplitude des
impulsions si la dynamique est importante.
Différentiation tonotopique des électrodes
Il est indispensable de mesurer la hauteur tonale de chaque
canal. Pour cela chaque électrode est comparée à la
précédente à 50 % de sa dynamique. Le patient indique
quelle est la plus aiguë. Une électrode perçue identique
à la référence sera inactivée car elle n'apporte
pas d'information différentiée.
En pratique, tant que le nombre d'électrodes actives n'est
pas inférieur à 8, le codage du spectre de la parole reste
satisfaisant.
Ces différentes étapes nous permettent d'obtenir
toutes les informations nécessaires à l'interface
bioélectrique.
2/ Réglage des paramètres acoustiques
Le principe de la seconde étape est d'ajuster les
paramètres permettant l'adaptation du signal acoustique au signal
électrique.
Répartition fréquentielle
Le paramètre le plus important à régler
est le domaine spectral attribué à chaque électrode
(figure 16). Des valeurs sont données par défaut avec
répartition des fréquences selon l'échelle Bark
(linéaire puis logarithmique). Il est parfois utile, surtout avec
l'implant multi porte-électrode et l'implant du tronc
cérébral, de pouvoir les modifier et les adapter aux
spécificités du patient. Il s'agit de trouver un compromis entre
l'intelligibilité que peut apporter une répartition
fréquentielle donnée et la sensation de distorsion qu'elle peut
engendrer.
Gain par électrode
Il est possible de modifier le gain acoustique pour chaque
canal fréquentiel. Cela permet d'équilibrer chaque canal en
énergie acoustique et donc d'éviter les phénomènes
de masquage. Ces modifications sont réalisées à partir des
suggestions du patient mais aussi avec le Digiscope® qui
reproduit sur l'écran du PC en temps réel, l'énergie de la
stimulation pour chaque électrode.
1C Version .4 A
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FIEGLNGE DES SEUILS Nom du patient BEETNMEM DIGIUDDE
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in MIX
819 037 020 041 024839 022 043
024 048 826 049
025 046 024 044 020035 018 825 808 008 1 080 MEI 1 800
000 1 000 009 I 080 800 1
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n
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n
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n
50%,
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n
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n
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n
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WA
15 14 13 12 11 10 9 8 7 6 5 4 3 2 1
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(C)1796 Lubordtolroo MXM - Notlbc, - Eton,'
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Figure 21: Système
d'évaluation objective des réglages: Digiscopee
Seuil de déclenchement
Le patient a la possibilité de modifier le niveau de
déclenchement de l'implant cochléaire en fonction de
l'environnement sonore, 9 seuils différents sont disponibles par pas de
2 dB. Lors du réglage il est possible, en fonction du souhait du patient
(beaucoup ou peu d'information), de faire varier cette gamme de 32-48 dB
à 52-68 dB.
Fonction de compression
La modification de cette fonction a deux utilités
- Elle permet de linéariser la fonction de sonie et donc
de réduire les distorsions de l'enveloppe du signal.
- Elle permet d'ajuster le niveau sonore moyen et donc d'adapter
le réglage au seuil de tolérance du sujet implanté afin de
réduire la fatigue auditive.
Essai à la voix
Ce test incontournable donne toutes les informations
subjectives afin d'ajuster les paramètres acoustiques du réglage.
Les paramètres électriques précédemment
mentionnées ne doivent plus être modifiés.
3/ Ajustement à la voix des paramètres
électriques
Tonalité
Il est possible d'ajuster la hauteur tonale moyenne en faisant
varier la fréquence moyenne de stimulation (de 200 à 400 Hz) afin
de d'obtenir pour le patient des voix plus naturelles.
Sélectivité
Cette fonction permet de choisir le nombre d'électrodes
activées par trame (1 à 6 pour le réglage 'A', 1 à
15 pour le réglage 'N') et donc d'adapter la quantité
d'information envoyée au patient implanté à ses
capacités auditives du patient implanté. Cette fonction permet
aussi de jouer sur la sonie moyenne.
cl effet du réglage sur la
compréhension
A titre d'exemple, nous avons voulu montrer l'effet des
modifications du réglage sur la compréhension de la parole.
Huit sujets implantés cochléaires ont
participé au protocole. L'expérimentation consiste à
simuler des détériorations dues au réglage et de mesurer
pour chacune d'elles le niveau de compréhension. Le matériel
phonétique utilisé pour la reconnaissance est composé de
listes de Lafon de 34 mots tri- phonémiques
générées par un ordinateur via un haut parleur de bonne
qualité à un niveau d'environ 70 dB SPL.
Trois types de dégradation du réglage ont
été choisis.
1- Réduction de la dynamique électrique.
Nous avons réduit la dynamique de 50 % de sa valeur sur
toutes les électrodes actives en fixant le seuil de déclenchement
(Min du réglage) à 0, 25 et 50 % de la dynamique (respectivement
Dl, D2, D3) (Figure 22).
0%
DO
D1
D2
D3
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25 % 50.% 75 % 100 %
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Figure 22 Modification de la
dynamique électrique lors du réglage.
2- Réduction du nombre d'électrodes actives.
Nous avons réduit le nombre d'électrodes actives
de 50 % en fixant la première électrode à
différents niveaux de la cochlée (Al la base, A2 25% de la base
et A3 à 50 % de la base) (figure 23). Le spectre acoustique
utilisé reste identique mais la répartition fréquentielle
est comprimée. Cela correspond à une transposition en
fréquence avec une dégradation de la résolution
fréquentielle.
1 5 10 15
A0 4eMMBR=WW
Al
A2 =D=D=D=M=M=M=D=D
A3
carrés pleins=électrodes
actives; carrés vides= électrodes inactives
Figure 23 : Nouvelles
répartitions fréquentielles.
3- Simulation d'un canal cassé.
Nous simulons des électrodes cassées (C1 0-10%,
C2 25-35%, C3 45-55%, C4 70-80%, C5 90-100%), ce qui provoque une lacune dans
le spectre acoustique transmis (fréquences les plus aiguës pour Cl,
fréquences les plus grave pour C5) (figure 24).
1 5 10 15
CO =3=eeWM=Wea'n'en=ea=
Cl Z=BM=MR=M=IM=
C2 =M=R=Z=D=De
C3 Z=B=M=M=Wa=nea=
C4 Aile11411.1.1111141114114:=Cinalizi
C5
ceieii=a111111111.1111afflee[3=D=
Figure 24 : Simulation de
l'électrode cassée.
La mesure de l'intelligibilité est mesurée 14 fois,
dont 3 avec le réglage d'origine et 11 avec un réglage
modifié.
La figure 25, représente les variations du pourcentage
de reconnaissance phonétique en fonction des différentes
conditions expérimentales. Afin d'évaluer la diminution de
l'intelligibilité, nous avons effectué une comparaison de
pourcentage entre les performances de chaque réglage
dégradé et celles obtenues avec le réglage d'origine.
· Réglage normal
m Réglage modifié
·
D)
C
|
100 80 60 40 20
100
80
|
;'12. 60
|
D)
|
|
'Tg 40
C
|
|
20
|
D1 02 03
Réglage
· Réglage normal
m Réglage modifié
*** *** ***
· · ·
9
|
Al A2 A3
Réglage
· Réglage normal O Réglage modifié
·
** *** * **
100 80 - 60
·
40 - 20 -
Cl C2 C3 C4 C5
Réglage
Figure 25 : Performances moyennes
des 8 sujets implantés en fonction du type de réglage
utilisé : modification de la dynamique (Haut), répartition
fréquentielle (milieu), simulation d'électrodes cassées
(bas).
Les trois types d'altération de réglages
réalisés mettent en évidence l'importance de
différents paramètres de réglage sur la reconnaissance :
respect de la dynamique , du nombre d'électrodes actives, de
l'intégrité fréquentielle du signal.
1- Modification de la dynamique électrique
Nous avons une dégradation de l'intelligibilité
dans les trois cas, mais elle n'est statistiquement significative que pour la
première condition. Une distorsion de la dynamique électrique du
réglage influe donc sur la compréhension, surtout si le niveau de
sonie moyen est inférieur (condition D1, p<0.05) ou supérieur
(condition D3, p<0.1) à la normale.
2- Réduction du nombre d'électrode
Une modification de la répartition
fréquentielle dégrade considérablement
l'intelligibilité (p<0.001) dans les trois cas. Ceci montre que le
recodage via l'implant cochléaire des informations fréquentielles
demande au patient un temps d'adaptation. La répartition
fréquentielle d'un réglage ne doit pas être modifiée
trop fréquemment.
3- Simulation d'électrodes cassées
La perte d'information acoustique simulée par mise
à zéro de quelques électrodes détériore la
reconnaissance phonétique quelque soit leur position (Cl p<0.05, C2
p<0.01, C3 p<0.001, C4 p<p<0.05, C5 p<0.01). Cela montre qu'il
est impératif de contrôler la fonctionnalité de toutes les
électrodes. Cela peut parfois être difficile chez les enfants
implantés cochléaires mais une approximation du réglage
peut comme le montre la figure 25 (partie du bas) dégrader fortement la
compréhension et donc induire un retard dans le développement du
langage chez de l'enfant.
Conclusion
Le principe de fonctionnement de l'implant cochléaire
et plus particulièrement celui de l'implant cochléaire
Digisonic® impose une grande rigueur dans la qualité des
réglages. L'utilisation d'un programme de réglage très
ouvert permet, via des techniques psycho-physiques, d'adapter pour chaque
sujet, l'information traitée et envoyée.
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