E. CONCLUSION
Au terme de l'analyse de l'extrémité
méridionale du Forum Traiani, nous pouvons conclure que cette
zone peut difficilement remplir la fonction de Templum Divi Traiani.
Tout d'abord, les superstructures sont à dater, grâce aux
données épigraphiques, du vivant de l'empereur. Or ce dernier
recevait seulement la consécration post-mortem. Il faudrait
alors attribuer au site une autre fonction préalable. Toutefois, nous
avons pu démontrer que tant par sa planimétrie, que par l'emploi
de certains marbres ou encore pour de par son iconographie, il est difficile de
lui conférer un véritable rôle d'aedes. Aussi, au
jour d'aujourd'hui, la liste des constructions d'Apollodore de Damas est
dépourvue d'édifices religieux : volonté ou
coïncidence ? laLa question peut être posée. Mais il est
un fait certain que le secteur, étant immanquablement prévu dans
le projet originel, devait jouer un certain rôle dans la conception
globale du complexe. Il semble peut probable que l'on puisse parler simplement
d'une fonction d'apparat. De même, la particularité des
découvertes in situ jettent une somme d'interrogations quant
à son utilité. Nous avons noté un rôle certain
d'entrée et de communication entre les deux Fora. De par une
politique militariste et expansionniste de l'Optimus Princeps, nous
croyons pouvoir supposer l'exposition, dans les portiques, des butins issus du
trésor de Décébale comme outil de propagande. Il restait
alors à s'interroger sur la destination originelle de la niche qui
occupe le mur de délimitation méridionale. Elle pourrait bien
contenir une statue peu probablement d'un des membres de la famille
impériale (ce qui semble peu probable), mais il pourrait s'agir d'un
trophée, d'une effigie de l'empereur ou d'une divinité comme la
Victoire Jupiter ou plus particulièrement Jupiter la Victoire. Avec
l'exaltation du maître de l'Olympe associé à la Victoire
qui domine l'iconographie, nous serions face à une cohésion
symbolique et idéologique forte. L'aula pourrait alors
être investie du rôle de sacellum Iovis. Il restait alors
à se pencher sur la particularité première de
l'aula, à savoir la cavité centrale bordée de
l'épigraphe reprenant la titulature impériale. Quand bien
mêmeMême si les données sont lacunaires, le
dénivellement pourrait servir de bassin d'eau stagnante.
Sur la base de ces constatations, l'interprétation des
deux types d'émissions monétaires prend une tout autre tournure.
L'effigie d'un temple octostyle ne peut plus être rapprochée de la
nouvelle reconstitution tridimensionnelle du site. Par contre, l'illustration
préalablement interprétée comme un arc triomphal serait
à chercher dans la façade tripartite. Dès lors, les
sculptures qui surplombent l'attique viendraient répondre à
celles qui ornent les avant-corps de la Basilica Ulpia.
L'établissement d'un véritable dialogue architectural se lit dans
une correspondance décorative. Décoration qui elle-même
prône une valorisation de l'idéologie militariste qui
caractérise l'Empire de Trajan. Par là même et par les
tentatives d'interprétation fonctionnelle des monuments
archéologiques nouvellement déblayés, on nous se nous
rattachonse une fois encore aux quartiers généraux des camps
militaires, les principia.
Toutefois, notre question de départ, à savoir
« qu'entend-t-on par Templum Divi
Traiani ? », reste toujours sans réponse. Mais
l'analyse a permis d'exclure toute filiation avec ce secteur méridional.
Il convient donc désormais de se tourner vers l'autre
extrémité du complexe pour voir si elle nous permet de faire la
lumière sur ce concept.
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