Le Forum de Trajan à Rome. Templum Divi Traiani. Etat de la question et tentative d'interprétation. I. Commentaires et analyse( Télécharger le fichier original )par Claire Richard Université Catholique de Louvain (Belgique). Faculté de Philosophie et Lettres. Département d'Histoire de l'Art et d'Arché - Licence en Histoire de l'Art et Archéologie 2005 |
B. LE TERME DE TEMPLUMComme nous avons pu le voir, les études ont établi les fondements de leurs hypothèses de reconstitutions architecturales d'un Templum Divi Traiani sur des sources essentiellement littéraires qui le mentionnent comme tel. Cependant, il serait est intéressant de dégager ce que couvre concrètement ce terme de templum. Pour ce faire, si je me tourne vers un ouvrage de référence tel que le Dictionnaire Latin-Français de F. GAFFIOT106(*), je note que l'on parlera de « templum » comme d'un « espace circonscrit, délimité ; espace tracé dans l'air par le bâton de l'augure comme champ d'observation en vue des auspices » ou encore comme d'une « enceinte, circonscription ». Ce terme se distingue donc de celui d'« aedes » qui renvoie à un « temple » ou à une « maison, demeure ». On peut donc en déduire que le mot « templum », en latin, ne désigne pas un bâtiment dans le sens d'un templum Italicum sine postico (temple canonique), mais une aire sanctifiée par une procédure rituelle. Nous pouvons nous référer également aux propos de Varron (L. L.Sur la langue latine, VII, 8) qui rejoignent la définition de F. GAFFIOT. « In terris dictum templum locus augurii aut auspicii causa quibusdam conceptis verbis finitus. » Pour F. CASTAGNOLI, l'« aedes » correspond à la demeure de la divinité, il s'agit d'un édifice fermé sur lui-même, et il conviendra de parler de « templum » pour désigner une aire définie par un rituel qui peut, certes, contenir un temple (dans le sens d'aedes), mais également être ceint de portiques, présenter un autel ou toutes autres structures architecturale107(*)s. Il poursuit en présentant différentes options planimétriques : temple isolé par un quadriportique, temple adossé ou inséré dans un des côtés brefs du quadriportique, temple au sein d'un temenos fait de trois portiques, ou encore temple dans un temenos fermé par des portiques seulement sur les longs côtés. J. E. STAMBAUGH précise alors que le terme peut se rapporter à une structure civique (recours aux augures pour entériner une décision de l'état) tout comme à un lieu saint. Toutefois, il est préférable de parler d' « aedes » pour désigner la demeure d'un dieu où domine sa statue ou des trésors, cependant il se peut que l'on use du terme de « templum », mais dès lors il renvoie spécifiquement au bâtiment en lui-même108(*). Bref, nous sommes en possession de deux inscriptions de dédicace qui proviennent des extrémités septentrionale et méridionale du Forum, ainsi que de sources antiques qui nous font mention d'un « Templum Traiani », ce bâtiment doit être rattaché immanquablement au Forum de Trajan. Cependant, aux vues de l'analyse du véritable sens du terme templum, il ne faudrait pas rechercher ici une authentique aedes, octostyle, périptère sine postico espérée par les premières découvertes colossales du XVIème siècle, mais un espace rituel dont la planimétrie peut dès lors être variable et ne pas répondre à une typologie définie de lieu cultuel. On Nous comprenonsd désormais d'autant mieux le non-sens de cette volonté inéluctable de placer un temple archétype au nord du site ou encore au sud comme R. MENEGHINI l'avait proposé dans un premier temps. De même, on peut se rappeler les tentatives d'attributions monétaires sur la base de ces mêmes données (voir chapitre précédent). Nous allons donc dès maintenant tenter d'analyser les deux extrémités du complexe et leurs récents changementsnouvelles reconstitutions planimétriques pour architecturaux pour essayer de dégager ce que couvre ce concept de « templum » pour le site qui nous concerne. * 106 GAFFIOT F., Dictionnaire Latin-Français, Paris, Hachette, 1934, 1720 p. : s. v. templum et aedes. * 107 CASTAGNOLI F., 1984, p. 3-20. * 108 STAMBAUGH J. E., 1977, p. 557. |
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