SECTION II. MODELE DE MISE EN
OEUVRE DU DIAGNOSTIC COMMERCIAL
Les différents modèles qui existent
présentent chacun des avantages et des inconvénients. Nous en
construirons un en empruntant des éléments à chacun de ces
modèles. Cependant, nous suivrons globalement la démarche
proposée par le modèle LCAG.
I. Environnements externe
et interne des compagnies d'assurances
L'entreprise doit analyser les
variables-clés de son macro- environnement car la concurrence est
mondiale, et celles de son micro-environnement car la source de sa
compétitivité se situe au niveau local. Ces différentes
analyses sont effectuées dans le cadre de la stratégie de
l'entreprise en vue d'améliorer ses performances. Une stratégie
souhaitable serait : « Equilibrer le portefeuille afin
d'avoir assez de vaches à lait finançant les dilemmes, dont il
faudra assurer la croissance vers les vedettes, en évitant de
traîner trop de poids mort » (HOHMANN C., 2007).
I.1. L'environnement
externe
L'environnement externe de l'entreprise présente des
contraintes et des menaces (transformation de
l'environnement susceptible de remettre en cause les positions
stratégiques et la position concurrentielle d'une firme) qui
pèsent sur les choix stratégiques, mais il offre aussi des
opportunités (phénomène susceptible de faciliter
l'atteinte des objectifs) de développement que l'entreprise doit savoir
découvrir et saisir.
Nous nous attèlerons en particulier à
étudier le cadre dans lequel évoluent les compagnies d'assurances
africaines, ce qui nous conduira à l'environnement interne d'une
compagnie d'assurances.
I.1.1. Les
externalités Sont ici concernés les
éléments qui se réfèrent au macro-environnement de
l'entreprise et ceux qui ont trait à son micro-environnement. Du fait
que l'environnement dans lequel évoluent les entreprises soit fortement
changeant, il est nécessaire qu'elles pratiquent la veille et la
prospective stratégique.
I.1.1.1. Le macro- environnement
Pour savoir quelle stratégie adopter en fonctions des
objectifs qu'elle vise, il faudrait au préalable que l'entreprise soit
en mesure de déterminer les externalités qu'elle subit. Le
macro-environnement désigne l'ensemble des grandes tendances de la
société dans sa globalité. L'entreprise subit le
macro-environnement : elle ne peut pas l'influencer. Pour
l'appréhender l'on peut se servir de l'analyse PEST des influences
environnementales. Notre étude s'est déroulée dans le
cadre d'une compagnie d'assurances. A cet effet, nous aurons : -les
politiques légales : lois du Code CIMA, politique fiscale, droit du
travail ; -les facteurs économiques : cycle
économique, évolution du PIB, pressions inflationnistes, taux de
chômage, revenu des ménages ; -l'évolution
Socio-culturelle : démographie, distribution des revenus,
mobilité sociale, changement de mode de vie, attitudes par rapport au
travail et aux loisirs, niveau d'éducation ;
-la dimension technologique : dépenses publiques
en recherche et développement, investissements privés et publics
sur la technologie, nouveaux logiciels de traitement de données,
obsolescence de l'outil informatique.
I.1.1.2. Le micro-environnement
Il peut être appréhendé par l'analyse
concurrentielle de Michaël PORTER, qui préconise l'étude de
5 facteurs : le pouvoir de négociation des fournisseurs, la menace
de nouveaux entrants, le pouvoir de négociation des clients, la pression
des produits de substitution,la rivalité des concurrents. Les
compagnies d'assurances présentent des spécificités qui
font que les fournisseurs ici n'ont pas d'influence qui serait à
même de jouer sur leurs activités. Les nouvelles compagnies,
autant que les intermédiaires d'assurances entrants, de plus en plus
nombreux, constituent une menace car leur objectif est de ravir des parts de
marché à celles qui sont déjà bien établies.
Le cas des courtiers est encore plus patent. Bien qu'étant une
activité récente, elle a pris le pas sur le marché des
compagnies et agents bien établis. Sa force étant basée
sur la possibilité qu'elle a de rechercher le meilleur rapport
qualité/prix auprès d'un panel d'assureurs afin de satisfaire les
clients qui ont recours à elle. Les clients, dans le cadre de
l'assurance, ont un pouvoir énorme. D'eux dépend la fonction de
demande de l'entreprise, mais également celle de son offre. Surtout
lorsqu'ils font partie de la grosse clientèle qui souscrit des sommes
importantes. Par conséquent, ils ont un pouvoir certain de
négociation. L'on verra ainsi le paiement de certaines primes
d'assurance se faire de manière échelonnée, des contrats
bénéficier de réductions. Dans le chapitre
précédent nous avons proposé des moyens permettant de
mesurer l'offre et la demande. Les produits de substitution ici
constituent également une menace. En effet, à titre d'exemple,
l'assurance vie peut voir ses parts de marché stagner en raison des
parts de marché accaparées par les cotisations pour pension
retraite. Le marché camerounais comporte actuellement 26 compagnies
d'assurances, hormis les intermédiaires d'assurances, ce qui fait qu'il
est fortement concurrentiel. Cependant, dans le cadre de ce travail, nous ne
nous attarderons que sur les compagnies d'assurances dommages étant
entendu que notre stage s'est déroulé dans une compagnie de ce
type.
I.1.1.3. La veille
stratégique
La veille stratégique recouvre l'ensemble des
techniques mises en place par l'entreprise pour détecter le plus
tôt possible, les signes précurseurs de changements importants de
son environnement pouvant déstabiliser son activité et permettre
d'anticiper ainsi les risques. C'est le « radar » de
l'entreprise.
On distingue :
-la veille passive : qui consiste à être
à l'écoute de toute perturbation sans but déterminé
à priori ; -la veille active : pour laquelle il
s'agit de chercher des informations très précises.
I.1.1.4. La prospective
stratégique
A partir des informations collectées, l'entreprise
s'efforce d'obtenir une vision cohérente des enjeux futurs. Pour ce
faire, elle élabore un scénario d'évolution de
l'environnement à partir duquel elle bâtit sa réflexion
stratégique. Sa stratégie sera donc conçue en fonction du
scénario auquel elle croit, en considérant les incertitudes qui
subsistent.
I.1.2. Les
opportunités et les menaces
Comme tout autre domaine, celui de l'assurance présente
des opportunités et des menaces qu'il est bon de connaître avant
de se lancer dans l'élaboration d'une stratégie de relance
d'activité.
I. 1.2.1. Les opportunités
Le domaine de l'assurance est en plein essor. Le fait que de
nombreuses structures d'assurances voient le jour ici et là parle
suffisamment pour exprimer les potentialités offertes tant par le
marché que par le contexte socio-économique dans lequel ces
structures évoluent. Le marché de l'assurance
présente de nombreuses opportunités aussi bien en Afrique que
dans les autres continents. En effet, l'assurance constitue l'un des supports
de l'activité économique et commerciale. En Afrique, près
de 600 opérateurs intervenaient sur le marché en 2004. De plus,
bien que le volume des primes réalisé par l'assurance demeure
très marginal sur le plan mondial (environ 1% du chiffre d'affaires
mondial), il est en progression tel que cela apparaît dans le tableau
suivant :
Tableau 2.2.Chiffre d'affaires de l'assurance dans
le monde (en milliards de USD)
Cotisations
|
2000
|
2001
|
2002
|
2003
|
2004
|
Total
|
%
|
Total
|
%
|
Total
|
%
|
Total
|
%
|
Total
|
%
|
Amérique
|
953
|
39
|
994
|
41,1
|
1095
|
41,6
|
1159
|
39,2
|
1217
|
37,5
|
Europe
|
780
|
31,8
|
767
|
31,8
|
847
|
32,2
|
1036
|
35
|
1198
|
36,9
|
Asie
|
647
|
24,6
|
595
|
24,6
|
629
|
23,9
|
685
|
23,2
|
736
|
22,7
|
Afrique
|
25
|
1,02
|
25
|
1,03
|
25
|
0,95
|
32
|
1,08
|
38
|
1,17
|
Océanie
|
39
|
1,6
|
35
|
1,45
|
37
|
1,41
|
46
|
1,56
|
55
|
1,7
|
Monde
|
2444
|
100
|
2416
|
100
|
2632
|
100
|
2958
|
100
|
3244
|
100
|
Source : LOWE R., 2006
Le continent, du fait des différentes initiatives qui y
sont engagées (notamment les objectifs du millénaire pour le
développement), voit sa situation s'améliorer (LOWE R., 2006). Le
tableau suivant présente ainsi son taux de croissance et son taux
d'inflation de 2003 à 2006 :
Tableau 2.3. Taux de croissance et taux
d'inflation de l'Afrique
Eléments
|
2003
|
2004
|
2005
|
2006
|
Taux de croissance
|
4,60%
|
5,10%
|
5%
|
5,40%
|
Inflation
|
10,60%
|
7,70%
|
7,50%
|
et 6 %
|
Source : LOWE R., 2006
I. 1.2.2. Les menaces
Les menaces sont nombreuses. Avec ses 600 opérateurs,
le marché de l'assurance en Afrique connaît de nombreux
problèmes. Le cas du Nigéria est à noter dans la mesure
où, avec ses 110 sociétés directes, le capital minimal
fixé par les autorités de régulation fait qu'au moins 2/3
des compagnies pourraient se retirer du marché (LOWE R., 2006). Dans la
zone CIMA, le problème pourrait également se poser, cela lorsque
l'autorité de contrôle aura décidé d'augmenter le
capital minimal. Ces mesures affecteront alors les compagnies privées.
La concurrence constitue également une menace car les
compagnies se neutralisent l'une l'autre. Elle concerne essentiellement les
opérateurs qui interviennent sur le marché.
I.2. L'environnement
interne
Le diagnostic interne a pour
objectif d'analyser les forces et les faiblesses de l'entreprise. Cependant,
l'entreprise doit avant tout se connaître. Cela lui permettra, au regard
de sa position de se comparer à la concurrence et de connaître
véritablement la position qu'elle occupe sur le marché.
L'entreprise doit savoir qui elle est pour déterminer qui elle veut
être. Pour cela, elle doit connaître son métier, ses
activités et sa position par rapport à ses concurrents les plus
menaçants. I.2.1. Le métier
et les activités de l'entreprise
Pour autant que cela puisse paraître simpliste, le
métier de toute compagnie d'assurances est de pratiquer l'assurance des
choses et/ou des personnes.
Lorsqu'une entreprise intervient sur plusieurs marchés,
la segmentation de ses activités en DAS lui permet d'obtenir une vision
synthétique de celles-ci. A partir de cette meilleure
compréhension de l'existant, l'entreprise est en mesure d'effectuer des
choix stratégiques et de procéder à des arbitrages en
terme d'allocation de ressources. Dans une compagnie d'assurances, les segments
sont représentés par les branches d'activité de la
compagnie. Si l'on prend le cas de l'assurance IARD, l'on a notamment les
branches suivantes qui sont en réalités des DAS :
- maladie et accidents
- dommages
- transports
- automobile
Les DAS peuvent être appréhendés via les
différentes démarches que nous avons proposées au Chapitre
I.
I.2.2. Evaluation
par rapport à la concurrence
Les compagnies d'assurances ont des spécificités
qui font qu'elles ont de manière générale des forces et
des faiblesses qui leur sont propres. Pour les connaître elles doivent
connaître leurs facteurs clés de succès. Pour ce faire,
elles peuvent lister un certain nombre d'éléments qui, sur des
bases objectives, se révèlent être la clé de leur
réussite réelle ou éventuelle.
Afin de répondre à cette préoccupation et
d'évaluer sa position concurrentielle, l'entreprise peut se servir d'un
tableau retraçant les facteurs clés de son secteur
d'activité. Ainsi, elle attribuera d'abord une note à chaque
facteur, aussi bien à son entreprise qu'à ses concurrents les
plus menaçants. Il s'agira ensuite d'additionner ces notes pour chacun
des protagonistes puis de tirer les conclusions qui s'imposent. L'on a
ci-après un tableau retraçant des exemples de facteurs
clés de succès :
Tableau 2. 4. Les facteurs clés de
réussite de l'entreprise et de la concurrence
Facteurs clés de réussite
|
Entreprise
|
Concurrent 1
|
Concurrent 2
|
Concurrent 3
|
Qualité des produits
|
|
|
|
|
Réputation/image
|
|
|
|
|
Compétences techniques
|
|
|
|
|
Efficacité de la publicité
|
|
|
|
|
Approche de la clientèle
|
|
|
|
|
Ressources financières
|
|
|
|
|
Compétitivité relative des coûts
|
|
|
|
|
Compétitivité des prix
|
|
|
|
|
Cote d'évaluation globale
|
|
|
|
|
Source : auteur
Une telle analyse aidera l'entreprise à comprendre
comment améliorer sa position par rapport à chacun de ses
concurrents.. Les notes faibles indiquent quels volets de l'exploitation
devraient être gérés plus efficacement de façon
à améliorer la position concurrentielle de
l'entreprise.
|