2 Histoire de
Saint-Martin
2.1 Avant et après la colonisation
espagnole
Les premières traces de peuplement remontent avant
l'arrivée des européens. L'île de Saint-Martin était
habitée par les Arawaks, issus de la forêt amazonienne
d'Amérique du Sud et venus à Saint-Martin en pirogue.
Le nom d'Arawaks qu'on leur a donné ne
désigne pas un peuple en particulier mais une famille linguistique
à laquelle se rattachent de nombreuses populations amérindiennes
d'Amazonie.
Les Arawaks y découvrirent le grand
étang salé, dont le produit du sel restera une des principales
ressources du lieu jusqu'au début du XXè siècle.
Sualouiga (« Terre de sel »)
était le nom donné au territoire en raison de sa richesse en
sel.
Oualichi, autre qualificatif de l'île,
signifiait « terre de femmes », vraisemblablement en
rapport avec le déséquilibre démographique, en faveur du
sexe féminin [16].
Les pacifiques Arawaks furent ensuite envahis par
d'autres indiens plus belliqueux : les Kalinas
ou Caraïbes.
Les Tainos furent les derniers habitants amérindiens de
Saint-Martin [128].
Saint-Martin fut découvert par Christophe Colomb le 11
novembre 1493, qui lors de son retour vers l'Hispaniola (dit le deuxième
voyage), la baptisa Saint-Martin, parce que c'était le jour de la
fête de Saint Martin évêque de Tours, mais une autre version
voudrait que l'île tienne son nom d'un colon français, Saint
Martin.
Christophe Colomb évita d'accoster sur l'île de
peur des indiens qu'il supposait féroces.
Par la suite, l'île de Saint-Martin ne fut guère
exploitée par les Espagnols, mais elle commença néanmoins
à figurer comme possession espagnole sur les cartes du Nouveau Monde.
Beaucoup d'européens évitèrent l'île jusqu'à
ce que le trafic maritime s'intensifia au nord des Petites Antilles, ce qui
invita les explorateurs à s'intéresser à cette île
verdoyante et à ses lagons salés.
Le XVIè siècle fut une période noire pour
l'île en raison des pillages effectués par des pirates, corsaires
et flibustiers qui réduisirent les Caraïbes autochtones en esclaves
et les déportèrent en masse vers les îles voisines. Tout au
long du XVIè siècle, Saint-Martin fut visitée par les
Espagnols, les hollandais, les Portugais, les Anglais et les Français
à la recherche de mouillages ou de ports protégés [84].
Entre 1627 et 1631, la Hollande prit l'initiative de
s'installer à Saint-Martin avec comme objectif d'y exploiter les
gisements naturels de sel dont elle avait besoin pour elle-même et ses
établissements sur le continent nord-américain. La Hollande y
construisit un premier fort, ce qui provoqua une vive réaction de la
part de l'Espagne. Une occupation militaire espagnole s'ensuivit à
partir de 1638. En 1638, l'officier français Saint Martin prit
possession de l'île au nom et en vertu d'une commission du Roi de France
[143].
Finalement, en 1648, les Espagnols abandonnèrent
complètement l'île de Saint-Martin, jugée trop petite et
économiquement sans intérêt. Ils firent sauter leur fort,
brûlèrent et démolirent toutes les maisons d'habitation,
crevèrent toutes les citernes et firent tous les dégâts
qu'ils purent imaginer pour ôter à toute autre nation la
facilité d'y tenter quelque nouvel établissement. Les seuls
habitants qui y demeuraient étaient Hollandais et Français
[84].
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