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La gestion et la gouvernance des déchets dans la ville-province de Kinshasa

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par Evrard NKENKU LUAKA
Université de Kinshasa - Gradué en Sciences Economiques et de Gestion 2005
  

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3.2 Urbanisation et gouvernance dans la ville de Kinshasa

Ce chapitre porte principalement sur les déchets solides, liquides et industriels. La gestion des déchets désigne le stockage, la collecte, le transfert, le recyclage et l'élimination finale des déchets. Les déchets solides comprennent les ordures ménagères, les déchets solides non dangereux (à l'exclusion des boues et des déchets semi solides) provenant d'établissements industriels et commerciaux, les déchets provenant d'établissements publics (notamment les déchets non pathogènes des hôpitaux), les déchets des marchés, les résidus de jardin et les balayures de rue. Les déchets liquides comprennent les eaux grises et les eaux d'égout non dangereuses produites par les ménages et les établissements commerciaux et industriels urbains. Les déchets industriels comprennent les déchets liquides et solides dangereux produits par les établissements commerciaux et industriels, y compris les déchets pathogènes des hôpitaux.

A Kinshasa, la gestion des déchets est importante du point de vue de la gouvernance. Les densités élevées de la population et la concentration d'activités économiques en milieu urbain signifient que les déchets produits ne peuvent pas être éliminés efficacement de façon individuelle. Les déchets constituent un enjeu d'intérêt public puisqu' on peut s'en débarrasser sur les terres privées ou publiques, créant du coup une nuisance ou un danger environnemental ou sanitaire possible qui touche la société, même si les ménages et les entreprises qui produisent les déchets jugent avoir fait leur devoir en s'en débarrassant. La gestion des déchets bénéficie à l'ensemble de la collectivité et chaque résident peut profiter du service sans que cela soit au détriment des autres. Ainsi, la gestion des déchets est de toute évidence du domaine public et constitue une question d'intérêt public ; les citoyens s'attendent donc à ce que les administrations responsables de la gestion des déchets prennent les mesures nécessaires pour garder l'environnement propre.

A cet égard, le partage des pouvoirs, des responsabilités et des ressources et les relations entre chaque niveau d'administration et les relations entre les administrations et la société civile deviennent importants. La réussite des autorités dans le domaine de la gestion des déchets, comme, au demeurant, dans d'autres secteurs, est tributaire de la disponibilité des ressources et d'une bonne gouvernance, et rend l'État crédible aux yeux du public. En contrepartie, leur échec suscite l'hostilité et crée un fossé entre le public et l'État, ce qui a d'importantes répercussions pour la production de ressources, la démocratie, la transparence et la responsabilité.

Les problèmes qui découlent de l'urbanisation rapide en Afrique menacent la gouvernance des centres urbains en général, et celle de la ville de Kinshasa, en particulier. Les difficultés variées et complexes que connaissent nos villes et villages d'Afrique, et particulièrement les problèmes liés aux déchets urbains et à l'insuffisance de l'infrastructure et des services sociaux, remettent en question la capacité de gouvernance des pays africains.

Qu'entend-on par gouvernance? Il existe un nombre croissant de publications et de documents inédits sur les « problèmes de gouvernance ». La gouvernance a trait au rôle de l'État dans la société, à la gestion, bonne ou mauvaise, des activités socio-économiques dans les secteurs public, privé et communautaire, ainsi qu'au degré de participation de la société civile à la gestion de la société dans son ensemble. Pour la Banque mondiale, la gouvernance représente la manière dont le pouvoir s'exerce dans la gestion des ressources économiques et sociales d'un pays en vue de son développement27(*). Elle peut être bonne ou mauvaise, selon la façon dont ce pouvoir est exercé. La bonne gouvernance peut être définie comme la présence d'un bon gouvernement dont la direction est compétente et légitime, dont le pouvoir et l'autorité ont un fondement légal (un mandat issu de la volonté de la population), qui a une vision d'avenir et un programme sociopolitique progressiste que la population juge acceptable et qui est mis en oeuvre avec honnêteté, transparence et responsabilité. Pour exercer une bonne gouvernance, le gouvernement doit tirer sa légitimité des citoyens, envers qui il a des comptes à rendre.

Le discernement, la transparence, la responsabilité, la légitimité, la crédibilité, la prévisibilité et la fiabilité, combinées à la confiance et à la stabilité de la société, représentent les aspects marquants d'une bonne gouvernance. Celle-ci nécessite également des institutions efficaces et responsables, le respect de principes démocratiques, un processus électoral fiable, un gouvernement représentatif et responsable et des rapports ouverts et légitimes entre la société civile et l'état Une bonne gouvernance donne lieu à l'institutionnalisation des politiques, programmes et stratégies de gestion urbaine qui permettent d'éliminer ou d'atténuer les problèmes qu'entraîne l'urbanisation rapide. Dans le contexte africain, il faut donc déterminer dans quelle mesure la gouvernance est adaptée aux phénomènes d'urbanisation et de croissance des villes. Le débat sur la gouvernance se limite souvent à des généralités (souvent abstraites). Il est temps d'opérationnaliser certains des nouveaux concepts établis en s'appuyant sur un ensemble de repères concrets.

La documentation et les connaissances pratiques sur les aspects techniques, administratives et institutionnelles de la gestion des déchets en Afrique ne cessent de s'approfondir. Cependant, les cadres d'action et les stratégies de mise en oeuvre doivent aller de pair avec de nouvelles formes de gouvernance en vue d'améliorer l'efficacité et l'efficience et de favoriser la participation de la population à la prestation des services. On relève un intérêt croissant à l'égard des partenariats entre le secteur public, le secteur privé et la collectivité, mais cet intérêt procède surtout de questions techniques ou financières, plutôt que des aspects politiques, sociologiques et environnementaux en cause. Les démarches technofinancières n'ont pas débouché sur les méthodes organisationnelles et institutionnelles nécessaires pour permettre aux citoyens de comprendre le service et d'y participer pleinement, car elles sont dénuées de cadre conceptuel et stratégique clair.

Nous sommes d'avis que le débat sur la gouvernance ne s'intéresse pas suffisamment aux problèmes concrets touchant la prestation des services, et que les discussions sur l'amélioration de la gouvernance dans le secteur de la gestion des déchets (et même dans l'ensemble du secteur des services) sont dépourvues du cadre conceptuel et stratégique nécessaire pour habiliter la population aux plans organisationnel et institutionnel.

* 27 Ibidem

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