I - PRESENTATION DU CHAMP D'ETUDE ET DEFINITION DE LA
NOTION D'ENFANT NATUREL, FILIATION, LEGITIMATION
Il s'agit pour nous dans cette première partie de
décrire dans un premier temps notre champ d'étude à savoir
la ville de N'djamena et dans un second temps de donner une tentative de
définition à la notion d'enfant naturel, filiation et
légitimation.
A- Présentation du champ d'étude
N'djamena, ville du sud-ouest du Tchad,
capitale du pays, sur la rive droite du Chari, à sa confluence avec le
Logone, au sud du lac Tchad, près de la frontière
camerounaise.
Chef-lieu de la préfecture du Chari,
établie dans une large plaine alluviale, N'djamena est le centre
économique, administratif et culturel du pays. Port fluvial, elle est
également un carrefour routier et aérien doté d'un
aéroport international. Dominée par sa Grande Mosquée
(1974-1978), la ville, à population majoritairement musulmane, abrite
aussi une cathédrale élevée au temps de la colonisation
française. Elle accueille l'université du Tchad (1971) et
l'École nationale d'administration (1963).
Fondée par les Français en 1900
sous le nom de Fort-Lamy, la ville est un poste militaire et un centre de
l'administration coloniale en Afrique Occidentale française. Elle
devient la capitale du Tchad lors de l'indépendance du pays en 1960 et
adopte son nom actuel en 1973. En 1980-1981, au cours de la guerre civile qui a
débuté au milieu des années soixante, N'djamena est
occupée par les forces libyennes. La ville a beaucoup souffert des
conflits nationaux.
Selon les estimations de 1994, la Population de la ville de
N'djamena est de : 750 000 habitants. A l'instar de toutes les
capitales africaines, cette population n'djamenoise est composée de
toutes les diversités ethniques du pays.
Composition ethno-linguistique en 1993 :
(groupes représentant plus de 2%).
Composante ethno-linguistique
|
Pourcentage
|
Arabes
|
11,08 %
|
Ngambay
|
16,41%
|
Hadjaray
|
9,15%
|
Daza
|
6,97%
|
Bilala
|
5,83%
|
Kanembou
|
5,80%
|
Maba
|
4,84%
|
Kanouri
|
4,39%
|
Gor
|
3,32%
|
Kouka
|
3,20%
|
Sar
|
2,24%
|
Barma
|
2,10%
|
Source : RGPH (Recensement
général de la population et de l'habitat) 1993
Cette population se repartit en deux secteurs bien distincts.
L'on parle du nord et du sud de la capitale.
Cette subdivision est faite à l'image du pays ;
conséquence des guerres civiles fratricides qui ont
déchiré cet Etat après les indépendances. Le nord
de la capitale est occupé par les ressortissants du grand nord,
essentiellement musulmans, et le sud occupé par les sudistes dont la
majorité est chrétienne, et une infime partie animiste.
Dans ces deux pôles, nous assistons à deux modes
de vie bien distincts. La partie sud se singularise par son libéralisme.
Ici chacun mène sa vie comme bon lui semble ;
caractéristique de la ville. Toutes les boites de nuit, la
majorité absolue des débits de boissons, la prostitution au vu et
au su de tout le monde, bref tout ce qui est du loisir se trouve dans ce
secteur ; d'où sa domination du « secteur
chaud » de la ville. Le nord de la capitale quant à lui
est rythmé par le conformisme. La vie est régie par les normes
strictes de la religion musulmane et chaque membre subit le poids de la
société. Toute déviance ne passe pas inaperçue et
est réprimée. Dans le cadre de ce travail, c'est cette seconde
partie que nous avons choisie comme champ d'étude.
Si dans la partie sud de la ville de N'djamena le
phénomène d'enfant né hors mariage est devenu un fait
banal car un enfant illégitime peut être légitimé,
il n'en est pas de même pour la partie nord. Ici l'enfant
illégitime porte la marque indélébile des circonstances
« honteuses » de sa naissance, sa présence
dans la famille constituant une preuve de «
l'infamie » et du «
déshonneur ». Ce fait cause un problème
réel et pertinent, d'où l'attraction de notre attention pour
essayer de le comprendre. Mais avant d'observer de près ce fait social
nous ne pouvons nous en passer de sa définition.
|