3.5. Ouverture extérieure
Si les années 70, ont été celles de
l'instabilité, des taux de change flottants et des chocs
pétroliers , les années 80, marquées par le «
consensus de Washington >>, sont celles, durant les quelles,
l'idéologie néoclassique était parvenue au paroxysme de
son illusion salvatrice. Elles étaient aussi celles de la gloire des
institutions financières internationales comme le FMI dont l'emprise sur
les économies alors endettés devenait importante, mais enfin, des
années de la décennie perdue pour les pays en
développement, qui ont vu leurs niveaux de vie sensiblement baisser.
Depuis le début des années 90 jusqu'aujourd'hui,
le monde est cadencé au rythme de la mondialisation comme au temps de la
guerre froide. La pensée économique est bipolarisée
vis-à-vis de son apport dans l'amélioration du sort de milliards
de pauvres dans le monde. Selon le Rapport d'Abidjan 2003 du Nouveau
Partenariat pour le Développement de l'Afrique (NOPADA)
106 340 millions de personnes soit la moitié de la
population, vivent avec moins d'un dollar par jour. Le taux de mortalité
des enfants de moins de cinq ans y est de 140 pour1000 et l'espérance de
vie à la naissance de seulement 54ans, 58% seulement de la population a
accès à de l'eau potable, le taux d'alphabétisation des
personnes de plus de 15 ans est de 41%.
Pour les plus optimistes, la mondialisation serait peut
être l'unique voie du salut pour les plus pauvres du monde et peut
être pour la RDC aussi mais pour ses détracteurs, elle n'est pas
moins que l'origine de tous les maux qui accablent ces mêmes pauvres.
D'aucuns avancent que « l'ouverture est la raison pour la quelle la
mondialisation conduit à une croissance et à une réduction
de la pauvreté plus rapide dans le pays pauvres >>.
D'aucun comme James Harold107, annoncé
déjà la fin de la mondialisation du 19ème
siècle contenait les germes de sa propre destruction et, de ce
fait, elle aurait débouché à la grande crise des
années 30. Cette phase de la mondialisation serait d'après
Harold, sur sa trajectoire d'autodestruction. D'autres, dans cette
catégorie, beaucoup plus réalistes et en même temps
alarmiste, plaident pour une mondialisation à visage humain.
'05. Ibidem
'06 .Nouveau Partenariat pour le Développement de
l'Afrique (NOPADA), Abidjan 2003, p.39
'07 Thetika ,B. (2003) Op.cit., p.67
L'objectif n'est pas de nous engager dans cette
polémique stérile, mais plutôt de rechercher, dans les
arguments des uns et des autres, des vérités économiques
qui pourront accroître les revenus des pays pauvres très
endettés. Si les économistes s'accordent presque tous à
dire que la libéralisation des échanges stimule la croissance et
fait reculer la pauvreté, on ne s'inquiète pas moins de ses
conséquences néfastes. Nous pensons qu'il est important
d'évaluer la qualité des données sur les rapports entre
l'ouverture au commerce, la croissance et le recul de la pauvreté.
Joseph Striglitz (prix Nobel d'économie 2001 et ancien
Vice Gouverneur de la Banque Mondiale) 108
ajoute à ce sujet que : « S'ouvrir au commerce
international a aidé de nombreux pays à se
développer
beaucoup plus vite..... l'élément clé
de la politique industrielle qui a enrichi la majeure partie de l'Asie
orientale et amélioré le sort des millions de ses habitants,
c'est la croissance fondée sur les exportations. Grâce à la
mondialisation, beaucoup d'êtres humains vivent longtemps aujourd'hui, et
beaucoup mieux...La mondialisation a réduit le sentiment d'isolement qui
régnait tant dans les pays pauvres et a donné à beaucoup
de leurs habitants un accès au savoir très supérieur
à celui dont pouvait jouir l'individu le plus riche de n'importe quel
pays voilà un siècle... »
Pour ce qui nous concerne, nous pensons que la
réduction des obstacles au commerce et l'ouverture à la
concurrence accroîtraient la richesse et ferraient reculer la
pauvreté en Afrique subsaharienne et singulièrement en RDC.
L'ouverture d'une économie aux échanges implique la
possibilité que peuvent avoir les ressortissants étrangers de
pouvoir effectuer des opérations sans que l'Etat n'impose des
coûts qu'il n'impose à ses propres citoyens. Ces coûts sont
les droits de douane et autres, les obstacles non tarifaires, les
réglementations sanitaires et sécuritaires. Mais malheureusement
dans les Etats riches, il existe des restrictions au commerce international,
les EtatsUnis d'Amérique, et les pays de l'Union Européenne
accordent des subventions agricoles qui influent négativement sur le
commerce des produits agricoles des PED.
L'ouverture aux échanges contribue largement à
l'augmentation de la productivité et au revenu par habitant et elle est
une importante variable explicative du niveau de la croissance du PIB
réel par habitant. En outre la libéralisation des échanges
et l'intensification de la concurrence des importations qui en découle
augmente la productivité et donc la croissance. En effet, le commerce
contribue à la diffusion des connaissances, des technologies et
innovations qui renforcent la productivité, en partie grâce
à l'importation des facteurs de production.
108 .Stiglitz,J.(2001), La grande désillusion : la
mondialisation aujourd'hui ca ne va pas, Ed. Fayard, Paris 2002,pp.28-29
Dans ce cas, les bénéfices pour les pauvres
peuvent être évident du fait que la libéralisation des
échanges réduit les rentes des monopoles et la valeur des
relations avec le pouvoir politique et bureaucratique, modifie les prix des
biens échangeables. Aussi, elle est susceptible d'accroître les
salaires relatifs des travailleurs peu qualifiés. L'élargissement
des débouchés qui résulte de l'ouverture
extérieure, peut bénéficier aux pays pauvres dont les
marchés sont exigus.
Notre propos est que l'ouverture extérieure est plus
que jamais recommandable pour la RDC en vue d'accroître son revenu et de
faire face à la pauvreté, mais il faudra encore que cette
libéralisation soit progressive et s'il faut, un peu plus rapide pour
des secteurs types. IL est souhaitable de mettre en place des institutions
financières solides, des structures juridiques et des institutions de
régulation du marché appropriées pour que les gains
attendus soient réels si la dynamique de la libéralisation ne
peut, par elle-même, stimuler ces réformes d'accompagnement.
Pour finir le gouvernement de la République
Démocratique du Congo doit prendre en compte le secteur informel car il
assure une part importante de la production, du commerce et des services. Il
sera très capital d'intégrer des éléments comme la
stabilité politique, des politiques macroéconomiques saines, des
infrastructures et la réduction de la corruption, nécessaires
pour attirer les investisseurs dans le pays tout en encourageant le commerce
intra-africain qui est susceptible de générer
énormément de ressources pour le financement de l'économie
Congolaise.
Ensuite, il devrait se soucier de la réputation de sa
politique aux yeux de la population, en faisant connaître par exemple le
DSRP, qui d'ailleurs devrait être connu de tous. Les quelques
problèmes ne semblent pas être au centre des préoccupations
font voir que la RDC a peu de chances d'atteindre l'objectif de
réduction de la pauvreté de moitié d'ici 2015. Et comme le
dit Mukoko Samba, il faut une croissance de 8% pour réduire de
moitié l'incidence de la pauvreté.
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