3.4. Réformes structurelles et relance
économiques
Depuis les années 70, lorsque les pays de l'Afrique
sont devenus membres des Institutions de la Communauté Internationale,
le binôme crédit aide est resté la base logique de leur
développement. Le crédit s'est traduit par l'impasse de la dette
qui, de versement en rééchelonnements, continue d'entraver la
croissance des pays d'Afrique.
Pour réaliser la croissance d'environ 7%
envisagée dans les objectifs internationaux de développement pour
diminuer de moitié l'incidence de la pauvreté en Afrique
subsaharienne d'ici 2015 , le continent a besoin de combler un déficit
annuel de 12% de son PIB, soit 68 milliards USD. Il faudra pour ce faire
augmenter l'épargne domestique et améliorer la perception des
recettes fiscales.
Cependant, la majeure partie de ces ressources devra
être obtenue de l'extérieur du continent, c'està-dire du
reste du monde. Selon le Nouveau Partenariat pour le développement de
l'Afrique, « NOPADA » en sigle, ce sont avant tout la
réduction de la dette dans le cadre du mécanisme PPTE et
l'accroissement de l'Aide Publique au Développement (APD) qui
apporteront les ressources extérieures requises à court et moyen
terme, tandis que les apports des capitaux privés doivent être
envisagés plutôt à long terme.100
Le gouvernement devrait revoir en pro fondeur la structure de
ses dépenses en faveur des secteurs de l'éducation, de la
santé du développement rural et des infrastructures, nonobstant
les pressions des préoccupations d'ordre sécuritaire et des
exigences de la réunification du territoire national, qui ont maintenu
la prépondérance les dépenses politiques et
militaires.101
On ne peut réaliser un développement humain
durable sans l'amélioration de l'emploi. Selon le Document
Intérimaire de stratégie de Réduction de la
Pauvreté (DSRP-I), document élaboré dans le cadre du
Programme Economique du Gouvernement (PEG), l'emploi a le plus tragiquement
subi les conséquences des difficultés de l'Etat
caractérisées par la mauvaise gestion des entreprises publiques
et par l'absence de politique de partenariat et d'incitation aux
investissements. L'emploi a représenté 2% de la population totale
en 2000 et 4% de la population active, 8%, 18% et 35% en 1958,et à titre
ullistratif de cette situation, quelle différence peut-on établir
entre le chômeur et cet employé des Lignes Aériennes
Congolaises(LAC), impayé depuis 118 mois ?102
Lorsque nous prenons en compte la situation économique
de la République Démocratique du Congo qui est celle d'une
économie post-conflit mis en place depuis le début 2001 avec
l'accompagnement des institutions financières internationales, des
coopérations multilatérales et bilatérales, un programme
de stabilisation économique, ainsi qu'en avril 2002 le PEG dont un des
volet est le Programme Multiculturelle d'Urgence, de Réhabilitation et
de Reconstruction (P.M.U.R.R.). Si alors, le programme de stabilisation de 2001
avait pour objectif la création d'un environnement favorable à la
relance économique, le PMURR s'engage dans des actions de reconstruction
et de réhabilitation des infrastructures de base et de production,
particulièrement les infrastructures routières,
spécialement les routes de desserte agricole appelée à
désenclaver les zones agricoles pour faciliter l'écoulement de
leurs produits ainsi favorisée103
100 . Idem
101. Tala-Ngai , Op.cit, p.173 102.Mabi Mulumba
.Op.cit, p.4 103 . Idem ,p.4
En espérant, que la restructuration des entreprises
publiques ira dans nombre de cas, aboutir à leur privatisation. La
faiblesse du modèle de développement de la RDC ont mis en
évidence la nécessité de réaliser des reformes
profondes tant dans le portefeuille de l'Etat que dans les systèmes
financier et fiscal. La restructuration des entreprises publiques est à
envisager pour cause d'efficacité économique. En ce qui nous
concerne, nous croyons qu'une privatisation partielle serait la bienvenue, car
il faudrait tenir compte de la dimension sociale pour permettre à la
population de s'assumer. En tout état de cause, il y a lieu de penser
que la plupart de pays Africains et la RDC en particulier seraient plus
prospèrent si l'Etat se concentrait sur la mise en oeuvre des services
essentiels au lieu de diriger des entreprises publiques qui peuvent être
bien gérer par le secteur privé; la privatisation pourrait donc
s'avérer efficace. Et même si l'ouverture extérieure peut
entraîner la disparition de certaines entreprises nationales moins
efficaces face à la concurrence étrangère, on doit
s'attendre à la création d'autres entreprises, plus efficacement
bâties sur les décombres des anciennes, si ces réformes
sont bien menées.
Il sera donc d'une nécessité impérieuse
d'accompagner les travailleurs ainsi libérés de même que
ceux déjà en chômage suite à la fermeture soit de
leurs entreprises en leur fournissant les moyens de se prendre en charge pour
faire reculer l'informel et la pauvreté et contribuer à la
création d'emploi plus humain. Mabi Mulumba104
propose à ce sujet que cet accompagnement prenne la forme d'un
fonds de financement aux conditions allégées pour ceux qui
manquent des capitaux ou d'une assistance technique en gestion.
104. Ibidem, p.4
3.4.1. Participation des pauvres au processus de
croissance
L'allégement de la dette n'étant pas une fin en
soi, le problème fondamental est celui d'amorcer un développement
humain durable par la création d'un environnement favorable aux
investissements créateurs d'emplois décents et ainsi renouer avec
la croissance. Pour y parvenir
Il faudra mettre de l'ordre dans la gestion des finances
publiques et orienter les ressources financières disponibles vers les
secteurs économiques rentables ou vers ceux à effet
multiplicateur ou d'entraînement sur d'autres.
Il est indispensable que l'on offre aux pauvres la
possibilité de participer au processus de croissance économique
en leur donnant accès à des moyens et en accroissant la
rentabilité des actifs dont ils disposent déjà. On peut
citer comme intervention de type immédiat les réformes agraires
,les programmes de réinstallation, les possibilités de
crédit spécial et le programme de formation. A plus long terme,
les investissements dans la mise en valeur des ressources humaines sont
indispensables à la fois pour accroître la rentabilité du
travail et promouvoir la mobilité sociale.
La création d'un mécanisme d'octroi des
crédits aux petits planteurs par exemple avec une amélioration de
la vulgarisation agricole destinée aux petits exploitants. Mais
également une extension de l'adduction d'eau dans les zones pauvres par
la remise en état des routes rurales, pour faciliter l'accès aux
marchés à partir des zones rurales éloignées et
pour encourager le développement du système de micro
marché dans le secteur structuré. Le Nigeria par exemple est
parvenu à relier toutes les grandes villes par des routes
asphaltées ce qui favorise les échanges et en même temps
diminue le prix des produits. Nous pensons que ce sont là les projets
qui devraient être soutenus par la Banque Mondiale et le Fonds
Monétaire International, en matière de population, de
santé, de nutrition et d'éducation.
La lutte contre la pauvreté et la croissance ne
porteront leurs fruits que lorsque des progrès cohérents auront
été réalisés simultanément sur beaucoup des
fronts, sinon tous. Cette lutte en République Démocratique du
Congo exige une large gamme d'actions qui se renforcent mutuellement sur les
problèmes aussi disparates que la dette, l'environnement, le role de la
femme le développement institutionnel, la sécurité
alimentaire et les services sociaux de base.
Comment renouer avec la croissance et lutter efficacement
contre la pauvreté dans un lorsque le Congolais moyen qui, dans son
imaginaire habituel croit ferme en un Congo riche, ce dernier étant
comme foudroyé en apprenant que la Communauté Internationale
classait son pays, malgré ses immenses potentialités parmi les
pays le plus pauvres de la planète et très endettés. La
lutte contre la pauvreté exige des actions visant à provoquer des
changements politiques aux niveaux macro et micro sectoriels, et à
soutenir une mise en oeuvre efficace des programmes et projets au niveau
micro.
Parce qu'il ne faut pas imputer tous les maux du pays à
l'endettement extérieur. Celui-ci n'est pas un obstacle qui s'impose le
plus fondamentalement à la croissance économique; il n'est qu'un
facteur limitatif parce que son remboursement recourt à des fonds qui
auraient pu financer des investissements nécessaires à la
croissance.
Si la dette extérieure paraît aujourd'hui
insupportable par tête d'habitant, surtout en ce qui concerne le
coût du service, c'est parce qu'il y a eu d'une part cessation de
paiement depuis plusieurs années , après 11 ans de rupture et
d'autres part, persistance d'un marasme économique favorisé par
une instabilité politique prolongée. 105
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