L'accès de la République Démocratique du
Congo au point de décision de l'Initiative PPTErenforcée est le
fruit d'efforts d'ajustement soutenus du gouvernement, dans un contexte
politique difficile marqué par la partition du pays à cause de la
guerre et par la dégradation des indicateurs économiques et
sociaux depuis plusieurs dizaines d'années.
Puisant les grandes lignes de son action dans le discours
d'investiture du chef de l'Etat du 26 janvier 2001, le gouvernement a mis en
place, avec le concours des services du FMI et de la Banque Mondiale, deux
programmes économiques successifs. Le premier dénommé
Programme Intérimaire Renforcé (PIR), de juin 2001 à mars
2002, visant essentiellement à casser l'hyper- inflation et à
créer les conditions propices à la relance de l'activité
économique. Et le second, communément appelé, Programme
Economique du Gouvernement (PEG), couvrant la période 2002-2005, vise la
consolidation de la stabilité macroéconomique et la relance de la
croissance économique en vue de réduire la pauvreté.
Fondé essentiellement sur l'exécution
équilibrée des opérations financières de l'Etat, la
maîtrise de l'expansion monétaire et la mise en oeuvre des
reformes structurelles, les deux programmes ont permis :
· la reprise de la coopération avec la
communauté financière internationale après 11 ans de
rupture ;
· l'exécution sur base caisse des
opérations financières de l'Etat, qui se sont soldés par
des excédents en 2002. Néanmoins, il importe de relever le faible
niveau d'exécution des dépenses d'investissement dont la
réalisation est tributaire au décaissement des ressources
extérieures;
· la réalisation en 2002 d'un taux de croissance de
3%, après 13 années de contraction du PIB et de 3,5% en 2003;
· la réduction sensible du taux d'inflation qui est
passé de 511,2% à la fin 2000, à 135,1% à fin 2001
puis à 16% à fin 2002, et à 4,4% à fin 2003.
86
C'est au vu de ces résultats et des efforts entrepris
par le gouvernement en vue de la réunification du pays et de la
réconciliation nationale que les conseils d'administration du Fonds
Monétaire International et de la Banque Mondiale ont
décidé à l'issue de leurs réunions tenues
respectivement les 23 et 24 juillet 2003, d'une part le décaissement en
faveur de la R.D.C. de la 3ème tranche de la FRPC de plus ou
moins 37 millions de USD, au titre d'appui à la Balance des paiements et
d'autres part, son accession au point de décision de l'Initiative
PPTE.
86 .MASSANGU MULONGO. ,Op.cit p.3
L'accession de la R.D.C. au point de décision
constitue un événement majeur qui devrait positivement affecter
les perspectives de croissance du pays. Cette décision comporte
plusieurs retombées. D'abord sur le plan externe:
· l'annulation de 90% du service total de la dette
extérieure de la R.D.C. pendant la période intérimaire de
2003 à 2006. Cet allégement a permis une réduction du
service de la dette de l'ordre de USD 36 millions en 2003, et permettra une
réduction de 100 millions en 2004 et 173 millions en 2005;
· l'allégement du service de la dette de USD
1,031 milliard (environ USD 831 millions en VAN), sous forme d'une
réduction de 90% du service de la dette sur les crédits de l'IDA
de 2003 à 2005;
· l'allégement de la dette envers le FMI de
près de USD 0,472 milliard en VAN sous forme d'une réduction
annuelle moyenne du service de la dette d'environ 50% jusqu'en 2012;
· l'annulation à hauteur de 80% du stock de la
dette au point d'achèvement en cas de succès du programme. Dans
ces conditions, la dette passerait de USD 8,404 milliards à 1,557
milliard en VAN, soit une réduction de USD 6,311 milliards. Ce stock de
1,557 milliard correspond à 2,568 milliards de USD en terme nominal.
87
Il y a lieu de rappeler que la République
Démocratique du Congo, avait bénéficié d'une
annulation de près de 4,6 milliards en 2002 lors de son passage au Club
de Paris, avec la possibilité d `accéder aux nouvelles ressources
extérieures pour la reconstruction du pays.
Sur le plan interne, le ressources provenant de
l'allégement additionnel du service de la dette du fait de l'accession
au point de décision, doivent être affectées aux
dépenses de lutte contre la pauvreté recensées dans le
(DSRP-I) Document Intérimaire : la santé, l'éducation, les
infrastructures de base, l'approvisionnement en eau potable et en
électricité. Les principaux objectifs du gouvernement, à
travers le DSRP - I soumis aux partenaires et qui devra être
finalisé avant le point d'achèvement, sont des trois ordres
· restaurer la paix et promouvoir la
réconciliation nationale;
· assainir l'environnement macroéconomique et
stabiliser l'économie;
· assurer la sécurité alimentaire,
éducation et la santé.
Tous ces trois axes sont pris en compte dans le programme
triennal du gouvernement appuyé par la FRPC. 88
L'accession de la RDC au point de décision de
l'initiative PPTE est le résultat d'un processus de deux ans et demi qui
est passé par des décisions et mesures courageuses et parfois
impopulaires prises par le gouvernement. L'une des mesures les plus importantes
et peut être les plus difficiles a été celle d'autoriser la
Banque Centrale du Congo d'abandonner à partir du 27 mai 2001 le
régime du taux de change fixe au profit de celui à taux
flottant.
87 .MABI MULUMBA Evariste (2004), L'accession de la RDC à
l'Initiative PPTE et la relance
économique, Kinshasa, p.4
88.Ibidem
En principe, dès le mois de septembre 2002 le
gouvernement aurait dû revoir la structure de ses dépenses en
faveur des secteurs de l'éducation, de la santé du
développement rural et des infrastructures, n'eussent été
les pressions des exigences de la réunification du territoire national,
qui ont maintenu la prépondérance les dépenses politiques
et militaires.
L'allégement de la dette n'est pas une fin en soi. Le
problème fondamental est celui d'amorcer un développement humain
durable par la création d'un environnement favorable aux investissements
créateurs d'emplois décents.
On ne peut atteindre un développement humain durable
que par l'amélioration de la situation de l'emploi. Selon le Document
Intérimaire de Stratégie de Réduction de la
Pauvreté, document élaboré dans le cadre du Programme
Economique du Gouvernement, « l'emploi a plus tragiquement subi
les
conséquences des difficultés de l'Etat
caractérisées par la mauvaise gestion des entreprises publiques
et l'absence de politique de partenariat et d'incitation aux investissements
»89.
Le défi du gouvernement de transition sera notamment
de conduire la nation au point d'achèvement de l'initiative PPTE afin de
permettre à la population de jouir pleinement du fruit des sacrifices
consentis durant la mise en oeuvre de ces programmes.
89.Ibidem