Chapitre I. CONSIDERATIONS GENERALES
Dans le présent chapitre, nous parlerons de certaines
considérations générales qui, à notre sens, sont
nécessaires pour la compréhension du sujet sous-examen. Nous
parlerons essentiellement de l'endettement extérieur, nous
présenterons les contours et la terminologie. Dans la première
section, nous montrerons à l'aide d'un modèle
macroéconomique très simple pourquoi certains pays recourent
à l'emprunt extérieur. Dans la deuxième section par
contre, nous définirons les concepts de base. Par la suite, nous
évoquerons les causes qui ont été à la base de la
crise de l'endettement des années 80, ainsi que les conséquences
qu'elles ont fait peser sur les économies des PED, avant d'analyser la
genèse et les concepts de l'approche PPTE.
Section I. Origine de l'endettement extérieure
I.1. Justification économique de l'emprunt
La justification économique de l'emprunt
extérieur se trouve dans la possibilité qu'il donne à un
pays de réaliser sans attendre des investissements, pour lesquels ses
ressources propres sont aujourd'hui insuffisantes mais qui sont susceptibles de
générer une valeur ajoutée supérieure au montant
qui devra ultérieurement être remboursé (principal et
intérêt).
Il s'ensuit que la contribution nette de l'emprunt au
développement et à la croissance dépend de deux
éléments :
- la rentabilité atteinte dans l'utilisation des
ressources empruntées ;
- et le coût du remboursement.
Ces dernières années, dans de nombreux pays en
développements (PED), et de l'Afrique subsaharienne en particulier, ces
deux éléments n'ont pas été satisfaisants.
Parmi les raisons principales qui expliquent le recours
à l'emprunt extérieur, on peut citer la faiblesse de
l'épargne interne par rapport aux investissements projetés. En
d'autres termes, l'endettement extérieur est le fruit des besoins de
financement ressentis par le pays débiteur. Si l'épargne
nationale était abondante et suffisante pour financer les
investissements nécessaires, l'idée d'emprunter à
l'extérieur des capitaux serait une fantaisie sans
justification.4
Considérons d'abord une économie ouverte, c'est
-à - dire qui entretient de relations avec l'extérieur. La
demande globale D de l'économie est donnée par la somme ci-
après :
D= C+G+I+X-M (1)
où C représente la consommation
privée ou des ménages, G la consommation publique, I
l'investissement, X les exportations et M les
importations.
4.Nakas (1986), Le recours à l'emprunt
extérieur dans le processus du
du développement ,
PUSAF/Abidjan,l'harmattan,Paris,p.57
Les revenus perçus par les agents Y leurs permettent de
financer leurs dépenses de consommation C, de faire face aux redevances
fiscales T et de constituer des épargnes S. Nous pouvons donc
écrire :
Y=C+T+S (2)
Puisque l'équilibre macroéconomique est une
situation dans laquelle le revenu national Y suscite une dépense
nationale D qui lui est identique, on peut égaliser les relations (1) et
(2). Nous obtenons l'identité suivante :
I+ G =T+S ou I = S+ (T- G)
Après arrangement des termes, on obtient : X- M = (S - I)
+ (T- G) (3)
X- M représente le solde de la balance commerciale, S-I
est le solde du compte capital consolidé du pays et T- G le solde des
finances publiques. De manière générale, ce dernier solde
est presque toujours négatif, soit T-G<0. Dans ces conditions, si X-M
est aussi négatif, alors S-I sera nécessairement négatif :
S-I<0 ou S<I, et l'économie ressent, bel et bien un besoin de
financement.
Au regard de ce qui vient d'être dit, les
économies qui s'endettent sont celles confrontées à des
déficits extérieurs et à des déficits importants
des finances publiques Elles sont marquées pour la plupart par une
instabilité des prix intérieurs.
La réalisation de la croissance qui est une
nécessité fondamentale dans un processus de développement
n'est possible que grâce à l'investissement. Pour les pays qui
ressentent un besoin de financement, l'investissement devra être
financé en partie par l'épargne intérieure S (si le solde
est positif ceci traduit que l'épargne intérieure est
supérieure à l'investissement intérieur, ce qui permet de
prêter au reste du monde); et en partie par les transferts reçus
du reste du monde.
Ces transferts peuvent être gratuits (dons) ou assortis
des conditions de remboursement (dettes). En cas de solde négatif
(balance courante déficitaire) comme ce fut le cas des PED une demande
d'investissement supérieur à l'épargne oblige le pays
d'augmenter son endettement extérieur du montant du déficit
courant qui en résulte.
D'ou l'endettement extérieur, dans ce cas, doit
être perçu comme une réponse optimale (rationnelle) de
l'économie face à un déséquilibre
extérieur.
Pour faire bref, à cause de leur exigence en
investissement et de la faiblesse de leur épargne intérieure, les
PED se sont vus obligés de recourir aux capitaux extérieurs afin
de financer leur croissance, et briser par conséquent « le cercle
vicieux de la pauvreté ». Cependant, ce besoin légitime de
recourir à l'aide extérieure, dans un monde de plus en plus
interdépendant, ne portait pas en soi des germes d'une éventuelle
crise5 . Cette dernière est la résultante de plusieurs
facteurs tant exogènes qu'endogènes. C'est ce que nous
épinglerons dans les lignes qui suivent.
5.Thetika ,B ;op.cit. p.8.
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