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Efficacité de la collecte des déchets ménagers et agriculture urbaine et périurbaine dans la ville de Yaoundé

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par Joel Sotamenou
Université de Yaoundé II - Soa, Cameroun - DEA 2004
  

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II-1-3. Les obstacles à la gestion efficace des déchets à Yaoundé

Comme dans l'ensemble des agglomérations urbaines africaines, la gestion des déchets ménagers dans la ville de Yaoundé souffre de multiples contraintes. La littérature classe toutes ces contraintes dans quatre grands ensembles :

a- Les obstacles financiers et techniques

A Yaoundé, la gestion des déchets ménagers souffre en gros de l'absence ou de la faiblesse des taxes recouvrées, de l'étroitesse de l'assiette fiscale, et du principe de l'unicité des caisses et de trésorerie qui occasionne souvent des retards de paiement ou une réorientation des fonds destinés à la collecte des déchets. En effet, les sources de financement de la filière déchet à Yaoundé sont :

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- La Taxe d'Enlèvement des Ordures Ménagères (TEOM) : elle a été fixée par les décrets n° 77/220 du 1er juillet 1977 et n° 80/017 du 15 janvier 1980 et représente 0,5% des contributions totales. Ce taux varie entre 50 et 30 000 FCFA par an pour les établissements payant patente et licence et ayant un capital inférieur à 500 000 FCFA par an pour les employés et agents des secteurs publics et privés et soumis à la retenue à la source, en fonction du salaire mensuel.

150 FCFA pour les salaires inférieurs à 15 000 FCFA

5 000 FCFA pour les salaires compris entre 150 000 et 250 000o FCFA

10 000 FCFA pour les salaires supérieures à 500 000 FCFA

- La contribution pour 40 à 60% de l'Etat ;

- La contribution pour 6 à 60% de la Communauté Urbaine de Yaoundé ;

Les conclusions de la commission interministérielle de 1995 sur l'enlèvement des déchets ménagers qui proposaient l'instauration de la TEOM indexée sur les factures d'électricité n'ont jamais été entérinées par le gouvernement, bien que les analyses de cette commission montraient que c'était l'un des moyens les plus efficaces pour mobiliser la contribution effective des ménages au financement de service de gestion des déchets. En effet, en indexant la TEOM sur les factures d'électricité, cela permettrait à la ville de Yaoundé de collecter entre 1 et 1,5 milliards de FCFA de recette par an, ce qui représente déjà 40 à 60% du coût du service (MINUH, 1995).

Comme principales limites à ces sources de financement, on peut noter :

La TEOM qui frappe outre les personnes physiques, les établissements patentables, mais ne tient pas compte de la quantité des déchets produits par chaque individu. Le faible taux de collecte des fonds qui ne se fait pas toujours dans les délais (moins de 20 % des besoins à Yaoundé). Le bas niveau de la TEOM retenue à la source pour les agents du secteur public et privé, et pour les établissements payant les patentes et les licences. Le fait que l'assiette de la TEOM ne couvre pas la majorité des ménages et surtout le secteur informel. L'évolution démographique urbaine ne fait pas partie intégrante des budgets prévisionnels de la CUY.

Les services rendus souffrent de la non maîtrise et de l'inadéquation des techniques appropriées (surtout chez les ANG). Comme obstacles techniques, on peut citer entre autres :

- L'augmentation accélérée de la population qui à son tour augmente la quantité d'ordures à collecter (100. 000 habitants en 1968 à 1.700 .00 en 2005) ;

- La répartition spatiale des bacs à ordures ne tient pas souvent compte des besoins des usagers (quantité de déchets produite par personne ou par foyer, distance à parcourir, accessibilité, habitudes diverses...), leur conception ne prend pas en compte les préoccupations d'environnement et de cadre de vie des populations avoisinantes ;

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- L'insuffisance et la sous-utilisation du staff technique au niveau des municipalités ;

- L'absence de données précises sur les ordures ménagères au niveau des municipalités.

L'une des principales causes de dysfonctionnement du système actuel est le manque de communication entre les acteurs, qu'ils soient publics ou privés, et les usagers. Les populations ne sont pas toujours au fait des opérations menées et ne peuvent donc ni respecter les directives, ni y prendre part. Les rares campagnes d'information - sensibilisation menées jusqu'ici sont restées trop partielles, formelles et bureaucratiques, sans réelles actions sur le terrain. Le mur d'incompréhension est tel, que les usagers et les autorités se rejettent mutuellement la responsabilité de l'insalubrité de la ville.

b- Les obstacles institutionnels et physiques

Le secteur de l'enlèvement des déchets ménagers souffre d'une absence de textes juridiques qui réglementent la précollecte, la collecte et le transport des ordures aux points de décharge. La ménagère qui jette ses ordures en milieu de chaussée n'a peur d'aucune pénalité.

L'on assiste aussi à la multiplicité des intervenants dans le secteur de l'enlèvement des ordures sans réellement connaître qui fait quoi. Au niveau étatique, presque tous les départements ministériels se retrouvent impliqués dans la gestion des ordures ménagères même si cela se fait à des degrés divers. C'est le cas avec les :

- Ministère de l'Administration Territoriale et de la Décentralisation (MINATD), tuteur des collectivités ;

- Ministère de l'Agriculture et du développement rural (MINADER), responsable du control des engrais ;

- Ministère de l'Energie et de l'Eau (MINEE), responsable des problèmes de nuisance et de rejets industriels, notamment du contrôle de la pollution, des déchets industriels et de l'assainissement;

- Ministère de l'Environnement et de la Nature (MINEN), responsable de la protection et de la gestion de l'environnement ;

- Ministère du Développement Urbain et de l'Habitat (MINDUH), responsable de la planification urbaine et de la gestion de l'hygiène et de la salubrité ainsi que de l'esthétique urbain ;

- Ministère de la santé publique (MINSANTE), impliqué dans les aspects sanitaires des ordures ménagères ;

- Ministère de l'Economie et des Finances (MINEFI), responsable en partie des financements des activités liés aux déchets.

Au niveau des collectivités locales, il existe depuis et toujours un conflit de compétence entre les communautés urbaines et les communes urbaines d'arrondissement. La loi n° 87/015 du 15 Juillet 1987 portant création des communautés urbaines accordait aux communautés urbaines la compétence

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en matière d'hygiène et salubrité alors que pendant ce temps, les communes urbaines d'Arrondissement se chargeaient de l'enlèvement et du traitement des ordures ménagères.

Le décret n° 97/205 du 07 Décembre 1997 portant organisation du gouvernement accorde au Ministère de la Ville la compétence en matière de développement social des quartiers, de l'hygiène et de la salubrité ainsi que de la supervision de la collecte, de l'enlèvement et du traitement des déchets urbains. En attendant le décret d'application de la loi n° 2004/018 du 22 juillet 2004 fixant les règles applicables aux communes qui confère les compétences de gestion des déchets ménagers et de l'insalubrité aux communes, plus de précision sur les compétences de la CUY et des CUA s'impose, car ce flou institutionnel n'est pas de nature à rendre aisée la gestion des déchets urbains.

Selon Tanawa et al (2002), les actions des différents acteurs de la gestion des déchets à Yaoundé sont résumées dans le tableau ci-dessous :

Activités

M inistères Techniques

M unici p alités

Institutions De recherche

AN G

So ciétés Privés Et GIC

B ailleurs De fonds

U sagers

Acteurs institutionnels

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Définition du contenu du concept de propreté urbaine

Définition des normes de salubrité

Contrôle du respect des normes au niveau local

Collecte des impôts pour la propreté urbaine

Gestion des crédits de la propreté urbaine

Identification des priorités locales

Financement des actions locales

Gestion du service de la propreté urbaine

Collecte, transport et mis en décharge des déchets urbains

Valorisation des déchets

Evaluation des quantités de déchets produits

Etablissement des politiques locales en matière de

propreté urbaine

 

Collecte des données pertinentes et études spécifiques de la planification de la propreté urbaine

Suivi des indicateurs de la propreté urbaine

Fixation de la TEOM

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Légendes : XX Cas de figure ayant existé dans le passé et qui n'a plus cours aujourd'hui X Situation actuelle

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Il faut toutefois mentionner le déficit de frontières nettes à l'exercice des responsabilités des différents intervenants par des lois et textes particuliers. Les imprécisions notées sont source d'incompréhension, de luttes d'influence, de contre-performance dans la gestion des ordures ménagères. Le déficit de coordination de l'action des différents intervenants et la multiplicité des centres de décision sont source de fuite de responsabilité ou de lutte de compétence.

Comme obstacles physiques, on peut citer entre autres :

- Le relief accidenté constitué d'un ensemble de collines et de vallées d'altitude variant entre 700 et 1200m, Yaoundé étant communément appelée « la ville au sept collines » ;

- L'insuffisance des voies de desserte qui désenclavent certains quartiers et les privent du service d'évacuation des ordures ménagères (à Yaoundé, seulement 30% de routes sont bitumées) ;

- L'extension continue du périmètre urbain qui allonge les distances de collecte d'ordures (1250 ha en 1968 à 18 000 ha en 2000) ;

- L'habitat non structuré héberge 60% de la population de la capitale et le taux d'urbanisation de la ville de Yaoundé est de 49%9, ce qui rend difficile l'accès des camions de ramassage dans certaines zones.

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"Il faut répondre au mal par la rectitude, au bien par le bien."   Confucius