L'enfant apprenti au Bénin( Télécharger le fichier original )par Camille Raoul FASSINOU Université d'Abomey Calavi (UAC Bénin) - DEA en droit de l'homme 2006 |
CONCLUSION GENERALEDans un contexte de sous développement, avec un niveau d'économie faible, l'apprentissage des jeunes doit être une préoccupation des pouvoirs publics et s'insérer dans une véritable politique nationale de formation des ressources humaines indispensables à l'édification de l'économie nationale. On ne peut aborder un sujet aussi délicat et penser élucider tous ses contours dans l'intérêt de ce dernier. Il n'est pas facile de conclure l'exposé d'un sujet aussi complexe. Dans la dialectique protection/droit de l'enfant, l'équilibre est difficile à respecter. Nul doute que tant d'encre ont coulé sur les papiers et tant de discours sont prononcés en ce qui concerne les droits de l'enfant, au risque même de transformer le thème, nanti au surplus de l'étiquette "politiquement correcte" en une sorte de langage international de la bonne conscience. Pourtant, la situation des enfants travailleurs dont les enfants apprentis s'aggrave de jour en jour et demeure préoccupante. Le plus grave défaut de la situation actuelle nous paraît être le décalage entre les mécanismes protecteurs et les vrais dangers qui guettent l'enfant apprenti. Il est opportun pour l'amélioration sensible du sort de cet être fragile que l'on affuble de commentaires et d'expression aussi divers que variés, de le protéger contre l'incroyable irresponsabilité de certains adultes. Il faut avoir le courage de trancher parfois contre les droits des parents dans l'intérêt supérieur des enfants. Il est temps si l'on veut aider les enfants apprentis à dénoncer le phénomène de leur dévalorisation par rapport aux élèves d'en utiliser les différents canaux de communication. Il faut que les parents et tuteurs comprennent que l'enfant doit suivre une éducation de base obligatoire et qu'à défaut de poursuivre leurs études après 14 ans, c'est un droit légitime des enfants d'apprendre un métier valorisant pour leur avenir dans des conditions idéales que de les soumettre à des formations les prédestinant à la misère après avoir enduré une kyrielle de souffrances et d'aberrations. Le mécanisme de protection des enfants apprentis est confronté à un ensemble de difficultés. Il ressort de nos analyses, que le phénomène de la pauvreté constitue un incitateur au recours à la main d'oeuvre infantile nécessaire dans le cadre de l'exploitation dans les ateliers. Puisque le phénomène persiste, il faut collaborer avec les jeunes enfants apprentis pour améliorer leurs chances d'avoir un avenir sécuritaire et heureux. Parallèlement, il faudrait oeuvrer activement à la réduction de la pauvreté et améliorer les conditions qui obligent les enfants à franchir les portes des ateliers d'apprentissage. L'inconvénient majeur de ce système réside dans la qualité de la formation qui est dispensée et dans l'absence de protection des enfants apprentis. Le système d'apprentissage tel qu'il est aujourd'hui, apparaît comme une institution qui a conservé certaines de ses anciennes caractéristiques malgré l'évolution. Le contenu de la formation retardant ainsi sa méthode ne répond pas aux exigences de l'apprentissage moderne. Des mesures doivent être prises pour permettre d'une part aux enfants apprentis de n'accéder aux ateliers qu'après les 14 ans révolus et de recevoir une formation de qualité et d'évoluer dans de bonnes conditions de travail et d'autre part pour permettre aux maîtres artisans d'élargir leurs horizons professionnels. Il faut moderniser cette méthode pour parfaire la formation, car il faut pouvoir disposer d'un temps record ; le principe étant désormais un rendement appréciable en peu de temps. Pour cela, il faut que dans la méthode qui est essentiellement pratique, l'on associe la théorie. Il faut une méthode duale, c'est-à-dire pratique et théorique car, la méthode de formation professionnelle duale est une voie d'accès à la connaissance au profit du plus grand nombre dans les domaines technique et professionnel avec les possibilités d'accroître le niveau de performance technologique des bénéficiaires. Il faut vaincre les résistances traditionnelles de ceux qui assimileraient difficilement l'enfant à un sujet de droit capable de l'exercice des libertés que lui reconnaisse la communauté et bénéficiaire de protections particulières. Il faut des projets de sensibilisation pour expliquer le bien fondé des mesures révolutionnaires que l'on est obligé de prendre, et préparer les parents à comprendre et admettre que le citoyen de demain, pour être rentable pour la société et être à l'abri des besoins, doit être bien formé aujourd'hui. Car une prise de conscience s'impose sur le caractère intolérable du travail des enfants apprentis. Ces derniers évoluant dans des situations contraires aux droits et à la convention internationale du travail. Toutefois, il faudrait aller toujours plus loin que la simple juxtaposition de textes et montrer une plus grande volonté concrète de protéger les enfants en gérant plus rationnellement le peu de ressources matérielles et humaines disponibles dans le cadre de stratégies plus appropriées, moins coûteuses impliquant le mieux possible les populations car, dans les pays confrontés à de nombreuses difficultés socio-économique, c'est finalement par la sensibilisation des population aux violations des droits de l'enfant que constituent certaines pratiques qui ont cours dans tous les secteurs de la vie sociale qu'il est possible d'espérer une meilleure reconnaissance et protection de l'enfant béninois et africain95(*). Il ne suffira pas uniquement de mettre en place un arsenal juridique reconnaissant la protection à l'enfance béninoise mais de mettre en oeuvre des mesures concrètes pour rendre effective une telle protection. Car il existe des lacunes certaines au niveau de la législation qui exige que des solutions soient trouvées pour se conformer avec les engagements pris pour garantir les droits de l'enfant dont les enfants apprentis. Il est temps de briser le nid du silence et de rompre avec notre attitude d'indifférent, car le problème des enfants apprentis est le problème de nous tous. Il faudrait promouvoir la lutte contre les abus dont ils sont victimes. C'est le moins que nous puissions faire pour ces enfants apprentis pour les soulager et les faire participer positivement au développement de notre pays. Enfin, il est vrai que nous n'avons pas tous la possibilité de lancer un fonds pour les enfants ou de sauver la vie de million de ces enfants. Mais nous avons tous un rôle à jouer pour garantir une enfance à chaque enfant. La réalisation des droits de l'enfant apprenti implique des responsabilités. Il appartient à chacun d'entre nous et non pas seulement aux parents et autres membres de la famille, aux tuteurs, aux éducateurs, et aux gouvernements de faire en sorte que les critères de l'enfance énoncés dans la convention que nos gouvernements ont approuvés en notre nom, soient appliqués pour chaque enfant. Chacun peut apporter une contribution différente selon ses capacités et ses ressources. Ainsi, il incombe donc aux Etats et aux sociétés, aux communautés et aux familles, aux particuliers et aux organisations internationales, de contribuer activement à la réalisation des droits de l'enfant apprenti. * 95 MAMADOU (Dieng), « Les difficultés d'application des conventions en matière de droits de l'homme en AFRIQUE : le cas de la convention sur les droits de l'enfant au Bénin », Avril 2001 actualité et droit international, www.ridi.org/adi. |
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