CHAPITRE III :
LES ITINERAIRES, LES MOYENS DE TRANSPORT ET LE CADRE
MONETAIRE
Le commerce colonial faisait intégrer la presque
totalité des régions du Soudan Français. Il
s'opérait par diverses manières et se pratiquait sur plusieurs
itinéraires d'ordre très varié. Les différents
acteurs agissaient en réseau qui disposait d'une logistique et des
systèmes bien structurés
1-Les voies de communication
Pour arriver à leur fin, les différents acteurs
empruntaient plusieurs voies de communication. Elles permirent d'atteindre
les localités aussi proches qu'éloignées de la
côte. Il était dans le dessein des Européens d'employer
tous les moyens possibles pour distribuer leurs produits. Pour cela, il faut
reconnaître que certaines voies ont été
réhabilitées, d'autres ont connu une extension et d'autres
également furent créées dans le cadre des politiques de
développement des infrastructures.
Trois principaux types de voies de communication
étaient fréquentés à savoir : la voie
ferroviaire, la voie fluviale et la voie routière
a-La voie
ferroviaire :
La voie ferroviaire fut la première voie de
communication classée selon le volume de marchandises
transportées. Elle fut sine qanun pour le commerce colonial. Sans elle
il n'y aurait pas l'épanouissement du commerce pratiqué par les
Européens au Soudan Français. Force est de reconnaître que
l'essentiel des produits importés et exportés arrivait du
Sénégal et partaient vers le Sénégal. Pour cela
la France a préparé les moyens indispensables à cette
entreprise. Les infrastructures ont été créées
La principale voie ferrée traversant le Soudan
Français était le Thiès-Dakar, construit entre 1883 et
1903, et devenu le Dakar-Niger en 1923. Le chemin de fer tout en assurant
l'importation et l'exportation des marchandises et des personnes, il
désenclava le Khasso et rendit possible l'échange Dakar-Bamako.
Il traversait des régions aussi différentes et
variées : du pays wolof à Koulikoro passant par le
Khasso. Il fut l'une des causes de la prépondérance de Kayes. Il
faut reconnaître que Kayes était incontournable pour la
pénétration des Français. Le chemin de fer dispose de
plusieurs atouts, à savoir : la capacité importante de
marchandises et des personnes à embarquer, la régularité
et la vitesse de motricité. Il était une entreprise
organisée en régie disposant d'une logistique, d'un personnel et
d'une administration. Il fut surtout capital pour les périodes de traite
agricole qui concerna essentiellement les arachides, le coton, le
karité, etc. Il était prévu, selon la conception du
chemin de fer Dakar-Niger de faire dépendre le Soudan Français de
la côte ou siégeaient les structures dirigeantes de l'AOF,
paraissant comme le moyen qui assurait l'épanouissement de ses colonies.
b-La voie fluviale
Apres la voie ferrée, la voie fluviale apparaît
comme la voie importante pour la pratique du commerce colonial dans le Soudan
Français. Elle traversait plusieurs régions. On dénombre
deux grands cours d'eau qui se prêtent à la navigation. Il s'agit
du fleuve Sénégal et du fleuve Niger.
Le fleuve Sénégal offre une possibilité
de navigation de Saint-Louis à Kayes. L'on voyait pour cela des
bateaux à vapeur fréquenter cette voie venant de Saint-Louis,
arrivant à Kayes. Elle fut la porte d'entrée des Français
dans Soudan Français. Quant au fleuve Niger, il offrait deux directions,
à savoir : la direction Sud et la direction Nord. La direction Sud
celle allant de Bamako à Kouroussa. Elle permit de commercer avec la
Guinée. La direction Nord était celle allant de Koulikoro
à Tombouctou. Les compagnies Maurel et Prom et Messagerie africaine
étaient très fréquentes sur cette voie.
Sur les cours d'eau, l'on rencontrait surtout les pirogues
traditionnelles improprement appelées `'pinasses'' Ce moyen de
locomotion est le principal connu dans tout l'espace
sénégalo-nigérien dont l'origine remonte à
l'antiquité. L'essentiel du commerce des empires ayant existé
dans la vallée du Niger se faisait à bord de ces embarcations.
Djenné et Tombouctou leur doivent leur éclat. Elles permirent en
dehors du commerce, la mobilité et le transfert des peuples dans des
régions allogènes : les Songhay (Dravi, Touré, etc.)
à Djenné, les Bamananw (Bouaré, Katilé,
Pléa) dans le Boré. Le succès de ces pirogues
réside dans leur grande capacité d'embarcation. Avec
l'arrivée des Européens, elles connurent l'application des
progrès de la mécanique, mais à une époque tardive.
De nos jours encore elles restent le principal moyen de transport des
marchandises et des personnes sur le fleuve Niger, les bateaux étant
opérationnels seulement pendant la crue.
c-La voie routière
La voie routière est la plus vieille voie de
communication dans tout le Soudan Occidental. Les voies commerciales datent
du Moyen Age. Avec le commerce colonial, elles permirent surtout d'acheminer
les marchandises vers les destinations finales et furent la voie salutaire
pour les localités éloignées difficiles d'accès.
De même que des marchés ont été créés,
des voies routières furent créées dans le cadre de
développement des voies de communication par les Français. Il
existait des voies rudimentaires construites par les indigènes sous la
demande des Français. Beaucoup de nos voies actuelles sont la
réhabilitation des anciennes voies médiévales traversant
tout le Soudan Sénégalo-Nigérien aboutissant à
l'Afrique du Nord.
Sur ces voies on retrouvait et des piétons, et des
animaux. Avec l'arrivée des Français des rares camions
étaient présents sur ces différentes routes. L'état
de ces routes ne permettait pas assez la fréquence des camions pour la
périphérie. L'essentiel des voyages sur la route se faisait
à dos d'animaux en caravane. Le voyage en caravane est une des formes de
voyage très anciennes. Elle est beaucoup plus ancienne que la
colonisation. Probablement elle date de l'antiquité également. La
majorité des routes sont d'origine militaire. Elles furent
forcées en certains endroits pour des campagnes militaires. Avec la
colonisation leur réhabilitation se faisait généralement
en latérite pour les cas de celles qui étaient
considérées comme les plus modernes.
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