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Contribution à l'histoire économique du Soudan Français, le commerce colonial de 1870 à 1960

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par Djibril Issa Niaré
Université de Bamako Faculté des Lettres, Langues, Arts et Sciences Humaines (FLASH) - Maitr??se 2003
  

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CHAPITRE V :

IMPACT SOCIO-ECONOMIQUE DU COMMERCE COLONIAL

Le commerce colonial pendant le temps qu'il a existé, causa de nombreuses conséquences au Soudan Occidental. Il donna de surcroît son sceau aux sociétés qui l'ont connu. Les conséquences sont très variées.

La France dans ses politiques, mit tout en oeuvre pour maintenir l'absence d'une industrie au Soudan. Il n'y était pas de l'intérêt de la France de favoriser une profusion des unités de transformation des produits constituant l'essentiel des exportations dans ses colonies. S'il y avait eu une industrie implantée au Soudan Français, il y aurait d'abord moins de travail pour la population active de la France, il y aurait une baisse du PIB français, il y aurait également une réduction des activités des sociétés dont l'important des opérations constitue l'exportation. C'était une question de vitalité pour la France de préparer la future domination de ses colonies. Il faut reconnaître qu'elle n'écartait pas de faire face un jour à un éveil des différents territoires. Elle avait vu l'exemple un peu partout dans le monde et au cours de l'histoire des peuples demander l'indépendance : les cas des nationalismes européens (Catalogne, Pays Basque, Ecosse, Irlande, etc.), le cas des Etats-Unis d'Amérique, etc. Ces prévisions ne favorisaient guère une préparation des colonies à une indépendance vis à vis de la métropole (France). L'événement qui va alerter la France est la naissance des unités de transformation des arachides au Sénégal vers les années 40 du XX ème siècle qui amena des problèmes entre la France et le Sénégal. Cela comme si une expérience de laboratoire qui donna une ébauche de réflexion pour les colonialistes. Cela poussa les Français à donner au cacao au sein de l'espace A.O.F. une importance (introduit depuis 1908 en Côte d'Ivoire). Etant donné que les produits africains bruts transformés en Afrique revenaient beaucoup plus chers pour une fois sur le sol africain. Ce qui crée une large marge bénéficiaire pour les compagnies françaises. Et puisque des sociétés industrielles existaient déjà en France, il fallait alors pour la France d'accroître leur chiffre d'affaire, de développer leurs activités dans une Europe ou la concurrence était d'actualité et connaissait ses plus grandes rigueurs, sans laisser d'ouverture aussi petite que soit elle à l'adversaire : une concurrence rude, pure et dure. Surtout que l'Occident bourgeois impérialiste et libre échangiste prônait la production et la vente comme seule raison et seul objectif d'une entreprise qui veut éviter la disparition.

Parmi les conséquences nous pouvons aussi énumérer la conservation jalouse des facteurs de décision pour tout ce qui concerne les échanges internationaux. La France fit tout également afin de détenir le pouvoir de fixation des prix. Les prix des matières premières étaient fixés depuis l'Europe. Les Africains subissaient les décisions. L'indigène qui produit, vendait son produit au prix fixé par la métropole. Les prix venaient de la bourse de Paris ou les sociétés installées dans l'Afrique Noire Française étaient cotées. Ces structures fixaient les prix au gré des sociétés et en leur faveur. Ces sociétés une fois sur le sol africain, disposaient des marges de manoeuvre en fonction des réalités auxquelles elles font face : ainsi l'arachide achetée a Dioïla et à Bougouni était moins chère que celle achetée à Kayes la différence de prix étant compensée dans le transport puisque les matières premières étaient drainées vers la côte sénégalaise et Kayes étant plus proche de la côte que ces deux localités citées. Cela s'avère une arme redoutable pour les colons et un moyen de dépendance des colonies à elle, pour éviter toute future indépendance des colonies : c'est aussi l'effet de colonisation. Ce phénomène est surtout accentué lors des deux Guerres Mondiales, ou la France pour ravitailler les troupes aux fronts créait un type d' ''état d'urgence'' en baissant relativement les prix.

Pour parler de ces moments de crises, il faut surtout noter la raréfaction de la liquidité monétaire, alors que l'indigène doit s'acquitter de ses obligations fiscales. Il se retrouve dans une situation ou il est obligé de donner une partie de ses récoltes à la place de la monnaie. Et là encore il revenait aux autorités coloniales de fixer les équivalences entre cet impôt exceptionnellement en nature et la somme d `argent imposé. Ce qui ne pouvait qu'accroître la pauvreté sinon la misère de l'indigène.

Une des conséquences également du commerce colonial fut la spoliation des terres soit disant `'vacantes'' par un décret de 1935. L'administration devant le fait que les cultures créent une spéculation attribuant des terres soit au commandant de cercle ou aux maisons de commerce, pour les permettre de les mettre en valeur. Cette administration respectait la voie tracée par la politique colonialiste de la France. Et ces terres n'étaient pas parmi les moins riches, en réalité. Cet acte s'inscrit dans le lot des actes d'arbitraire que commettait la France à cette époque. Après tout la colonisation ne respectait pas avec rigueur les textes que les métropoles elles-mêmes avaient écrits, les exigences philanthropiques et humaniste du XX ème siècle n'étaient pas au centre de leur préoccupation. La colonisation dans sa logique, devrait exploiter les ressources aussi humaines matérielles que spirituelles des clonies concernées.

Les autorités coloniales par prétexte avaient décidé de créer des greniers de semences de prévoyance pour les campagnes suivantes, on les appelait : les `'sociétés de prévoyance''. Elles étaient installées au niveau des cercles et les commandants en étaient les présidents de leurs assemblées générales. Ces commandants utilisaient les réserves à des fins de commerce.

Pour clore la partie, nous évoquerons l'une des conséquences les plus durement ressenties. Le commerce a éprouvé le besoin de construire les infrastructures pouvant soutenir une fluidité importante et permettant des échanges entre les régions. Parmi ces infrastructures, il faut citer les routes les ports, les voies ferrées et les ponts. Ces différentes voies sont jalonnées de cimetières. Le bilan humain de ces ouvrages est très lourd, on peut les qualifier de travaux forcés7(*). Ces infrastructures sont les fruits des sacrifices consentis dans la douleur et dans la force.

Les commandants pour satisfaire leur soif de produire pour eux-mêmes au besoin du commerce colonial, passaient par des actes d'arbitraire. Les autorités coloniales avaient estimé que les indigènes manquaient d'argent en liquidité, et les obligeaient à effectuer des travaux dans les champs de coton des commandants. Ces commandants tiraient un grand profit de ces pratiques. Cela était surtout favorisé par les maisons de commerce qui se chargeaient de l'exportation de ces cultures africaines qui encourageaient beaucoup la spéculation.

Un autre phénomène qui devrait obliger les indigènes à vendre leurs produits à prix relativement bas, est le paiement de l'impôt de capitation (l'impôt per capita). Cet impôt le deuxième pilier des recettes budgétaires après les droits de douane. La chose qui pouvait manquer surtout au sujet moyen était l'argent liquide. Cela est attesté par la comparaison entre la valeur des exportations à celle de l'importation, nous verrons que les exportations dépassent de loin les importations. C'est à dire que le but principal des maisons de commerce était de drainer les richesses de l'Afrique vers le vieux continent.

CHAPITRE VI :

* 7Joseph Ki-Zerbo, `'L'histoire de l'Afrique Noire, d'hier à demain'' Editions Hâtier, Paris 1878, P433 : « Les routes, les ports, les voies ferrées, à l'absence de matériels (on limitait au maximum l'achat des machines), ont été construits à la main par des hommes et des femmes. Celles-ci passaient des semaines et des mois à damer les routes comme le plancher de leur case. Nul ne peut compter le nombre d'heures de travail ainsi systématiquement extorquées. » 

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"Un démenti, si pauvre qu'il soit, rassure les sots et déroute les incrédules"   Talleyrand