![](organisation-collaborative-prevision-transport-bretagne1.png)
![](organisation-collaborative-prevision-transport-bretagne2.png)
Faculté des sciences économiques
MASTER LOGISTIQUE
Organisation collaborative de la prévision de
transport dans l`industrie agroalimentaire en Bretagne.
Mémoire de stage de fin d'études
Présenté par : Yassir KOURIRI
Encadré par : Mme Sabrina HAMMICHE
Tuteur de stage : M. Jacques NEFUSSI
Année universitaire 2005-2006
SOMMAIRE
INTRODUCTION 1
PARTIE I : ENJEUX DU TRANSPORT DES PRODUITS
ALIMENTAIRES EN BRETAGNE
I. Le contexte géographique et
économique, du transport des produits alimentaires en bretagne.
4
1.1) Le contexte géographique de la
Bretagne et son impact sur le transport des produits alimentaires.
4
1.2) Le contexte économique
5
a) Le poids de l'industrie agroalimentaire
dans l'économie bretonne et son impact sur le transport.
5
b) Les coûts de transport des produits
nécessitant un transport sous température dirigée dans
l'industrie agroalimentaire
7
II. Analyse du transport sous
température dirigée en Bretagne
8
2.1) Le transport sous température
dirigée
8
a) Définition
8
b) Les différentes formes du transport sous
température dirigée
9
c) La nature des produits transportés
9
2.2) Le marché du transport sous
température dirigée en Bretagne
11
a) La demande sur la marché
12
b) L'offre sur le marché
12
c) Les contraintes du marché du transport
sous température dirigée.
14
2.3) La nature des relations logistiques
entre les IAA et les GMS et leurs impacts sur le transport sous
température dirigée.
16
a) L'organisation logistique de la grande
distribution et le transport sous température dirigée.
17
b) L'application du concept Juste-à-Temps
et ses retombés sur le transport sous température
dirigée.
18
c) L'impact sur la relation IAA-GMS sur le
transport sous température dirigée
19
Partie II : L'introduction de la
démarche collaborative entre chargeurs et transporteurs : une
nouvelle forme pour générer des gains mutuels
III. Genèse d'un projet collectif de
l'ABEA pour la mise en place de « la charte pour le transport
collaboratif en Bretagne »
22
1.1) Présentation de l'ABEA
Association bretonne des entreprises agroalimentaire
22
a) Création de l'ABEA
22
b) Priorité de l'ABEA
23
c) Actions engagées en 2005
24
1.2) La collaboration interentreprises en
logistique
24
a) Définition
24
b) Les objectifs de la collaboration en logistique
25
c) Les différentes formes de collaboration
en logistique
27
1.3) Vers la charte pour le transport
collaboratif en Bretagne
29
a) Genèse de la charte pour un transport
collaboratif en Bretagne
29
b) Présentation de la charte pour un
transport collaboratif en Bretagne ainsi que ses objectifs
32
c) La charte pour un transport collaboratif dans
les processus de collaboration interentreprises en logistique
33
d) Les actions menées par la commission dans
le cadre de la charte
34
IV. Contexte et objectif du stage
35
2.1) Etats des lieux sur l'avancement du
projet
35
a) Le kit de prévision de transport
35
2.2) La problématique du stage
36
a) Les objectifs du stage
36
b) La constitution du groupe de travail
37
2.3) La planification de la mission
38
PARTIE III : LE DEVELOPPEMENT DE LA PREVISION
DE TRANSPORT DANS LES ENTREPRISES AGROALIMENTAIRES
I. La problématique de la mise en
place de la prévision de transport
41
2.1) De la prévision à la
prévision de transport
41
a) Définition de la prévision
41
b) De la prévision à la
prévision de transport
42
2.2) La nature des prévisions
recherchées
42
a) Une prévision en poids, en nombre de
colis ou en nombre de palettes
43
b) Une prévision en dixième de
palettes.
45
c) La fiabilité des prévisions
46
2.3) Les difficultés de la mise en
oeuvre de la prévision de transport
47
a) La disponibilité des informations
historiques
47
b) Le problème de la diversité des
clients
48
c) La traduction du poids ou nombre de colis en
nombre de palettes
49
II. L'élaboration d'une
méthodologie de prévision et sa mise en place dans l'esprit des
entreprises
51
2.1) Les études statistiques
préalables à l'application d'un modèle de
prévision
51
a) L'analyse des informations historiques des
expéditions
51
b) L'analyse la saisonnalité et de la
tendance du transport
54
2.2) Présentation de quelques
modèles de prévision et leur application dans le cadre de la
prévision de transport.
55
a) La méthode du lissage exponentiel
55
b) La moyenne mobile
56
2.3) La méthode approprié pour
la prévision de transport dans l'industrie agroalimentaire.
56
a) L'intérêt d'application de chacune
des méthodes de prévision
56
b) Le contexte du transport agroalimentaire
57
c) La méthode appropriée pour la
prévision de transport.
58
III. La création d'un outil de
prévision de transport adapté aux besoins des entreprises.
60
3.1) Présentation de l'outil Excel et
son utilisation
60
a) Les coefficients événementiels.
60
b) Le fichier d'enregistrement permanent
61
c) Le fichier de calcul de prévision
62
d) Le « tunning », annonce de
prévision et écart de prévision
63
3.2) Les résultats de la mise en
place de la prévision de transport.
65
Conclusion
66
Glossaire
67
Abréviations
67
Références bibliographiques
68
Remerciements
A l'occasion de la présentation de ce travail, Je tiens
à remercier sincèrement M. J. NEFUSSI et Mme HAMMICHE pour leurs
encadrements.
Je remercie également M. T. BESSE secrétaire
général de l'ABEA et Mme A. VALET qui ont témoigné
de l'intérêt envers mon travail en étant disponible, ainsi
que M. H PITARD pour ses conseils, le temps précieux qu'il ma
consacré, et l'aide qu'il m a apporté tout au long de ce travail.
Je tiens à exprimer ma gratitude à tous les
responsables des entreprises qui ont participé au projet, pour leurs
accueils, leur collaboration et pour le temps précieux qu'ils m'ont
consacrés.
Finalement, je remercie tous ceux qui d'une manière ou
d'une autre ont apporté quelconque aide dans la réalisation de ce
travail.
INTRODUCTION
Aujourd'hui, l'économie est mondialisée et les
entreprises développent des marchés sur plusieurs continents. La
qualité de la marchandise acheminée, la qualité du
service, les délais de livraison, le suivi de la marchandise ; sont
des éléments primordiaux que les clients exigent dans un
marché de plus en plus concurrentiel.
Pour accompagner ces mutations économiques et pour
satisfaire les besoins des clients, la fonction logistique occupe une place
prépondérante dans la stratégie des entreprises. Ainsi
dans une région purement agricole et à vocation agroalimentaire,
excentrée par rapport aux grands centres de consommation tel que la
Bretagne, les enjeux à soulever sont beaucoup plus importants.
Le secteur du transport se trouve au milieu de ses enjeux et
apparaît clairement comme le secteur clé de l'économie
régionale.
En effet, les contraintes liées à
l'activité économique bretonne, de part la nature des produits
transportés et d'autre part la situation géographique
périphérique, (situation qui s'est encore accentuée avec
l'arrivée des 10 nouveaux pays dans l'Union Européenne en
déplaçant le centre de gravité de l'U.E. vers l'Est)
accroissent considérablement les coûts du transport et les temps
de parcours.
Les facteurs « temps » et « coût »
deviennent des éléments stratégiques dans la recherche de
compétitivité régionale et plus particulièrement
dans le transport sous température dirigée pour lequel les
contraintes liées à la durée de vie des produits et au
coût du transport sont beaucoup plus fortes, car avec une production
agroalimentaire régionale de faible valeur ajoutée, le prix du km
de transport compte.
L'augmentation des coûts énergétiques et
l'accroissement des flux nécessitent une évolution profonde des
relations entre chargeurs et transporteurs.
C'est dans ce contexte, l'ABEA Association Bretonne des
Entreprises Agroalimentaires à pris l'initiative et a
élaboré un projet collaboratif dans le but d'amélioration
des pratiques pour obtenir une diminution des coûts de transport par le
partage des gains de productivité entre chargeurs, constitués par
les entreprises agroalimentaires bretonne1(*), et leurs prestataires de transports2(*), constitués
principalement par les transporteurs ayant comme activité le transports
frigorifique.
Par la signature de « La charte pour le transport
collaboratif en Bretagne », les entreprises que ça soit
chargeurs ou transporteurs, ont ouvert un nouvel univers de partenariat et de
discussions qui se limitaient au paravent à un simple marchandage sur un
marché concurrentiel.
Deux thèmes majeurs ont été
soulevés lors des premières réunions entre les nouveaux
partenaires :
§ La formulation d'une prévision du nombre de
palettes à transporter
§ L'amélioration des pratiques de
traçabilité des palettes à travers un étiquetage
standardisé.
C'est dans cette optique que s'inscrit le projet sur lequel
j'ai été amené à travailler durant mon stage de 5
mois au sein des entreprises représentés par l'ABEA et sous
l'encadrement du cabinet de conseil : MAD Mission Agro
Développement engagé dans les travaux.
Ma mission est donc l'organisation et la mise en place de la
prévision de transport dans l'industrie agroalimentaire en Bretagne.
Avant d'aborder la problématique de
l'élaboration de la prévision de transport, il est
nécessaire, dans un premier temps d'éclaircir les enjeux du
transport des produits alimentaires en Bretagne à travers l'analyse du
marché du transport sous températures dirigés, ses
déterminants ainsi que ses perspectives. Dans un deuxième temps
nous allons présenter avec plus de détails le projet collaboratif
entre chargeurs et transporteurs, la charte du transport collaboratif ses
intervenants, ainsi que mon rôle dans le projet pour déboucher par
la suite sur une dernière partie qui soulève l'aspect pratique et
la méthodologie adoptée pour la réalisations des
objectifs.
PARTIE I : ENJEUX DU
TRANSPORT DES PRODUITS ALIMENTAIRES EN BRETAGNE.
I. Le contexte géographique et
économique, du transport des produits alimentaires en bretagne.
1.1) Le contexte géographique
de la Bretagne et son impact sur le transport des produits alimentaires.
La position géographique de la région Bretagne
dans l'extrême ouest de la France et de l'Europe pose de réels
problèmes de logistique.
En effet, face à une concentration des centres de
consommation et de commerce dans l'est, et face à l'élargissement
croissant de l'union européenne et son ouverture sur les pays de l'est.
La Bretagne se trouve excentrée par rapport au centre de gravité
des échanges européennes, qui se décale de plus en plus,
et relativement loin des pays (Allemagne, Italie, Benelux...) avec qui elle
échange.
En ce qui concernent le transport des produits alimentaires,
la concentration de la grande distribution, premier client des IAA bretonnes,
et à ses exigences croissantes en terme de délai commande /
livraison (de J à J+1, voir de J à J), engendre des coûts
logistiques très lourds ainsi qu'un délai de livraison
très contraint.
Toutefois, il convient à l'heure actuelle de penser la
situation géographique et les infrastructures de communication dans une
perspective européenne et internationale.
Les temps minima d'acheminement des marchandises par route
expriment bien le caractère périphérique de la Bretagne,
et notamment celle de la partie occidentale, qui compte un retard de 3 h
environ par rapport à l'est de la région (300 km entre Brest et
Vitré). Le risque est alors grand de voir se développer une
Bretagne a deux vitesses : la partie orientale, centrée sur le
pôle rennais, qui maintient sa vitalité économique
grâce à sa situation moins pénalisante, et la partie
occidentale qui n'arrive pas à contrebalancer son handicap
géographique. « La Bretagne, et plus particulièrement
l'ouest de la région devient une île par rapport au reste de
l'Europe », « Le Finistère, c'est le bout du monde. En plus,
le prix de vente du transport n'est pas plus cher qu'à Rennes alors
qu'il y a 2 h de travail en plus »
La carte suivante représente les temps de parcours pour
un camion au départ de Brest, se dirigeant vert l'est.
![](organisation-collaborative-prevision-transport-bretagne3.png)
1.2)
Le contexte économique
a) Le poids de l'industrie agroalimentaire
dans l'économie bretonne et son impact sur le transport.
L'activité du transport constitue un maillon essentiel
de l'économie bretonne tant par ses caractéristiques propres que
par son impact sur l'activité économique régionale.
En effet, première région française dans
les domaines de l'agriculture, La filière agroalimentaire compte en
Bretagne environ 400 0003(*)
emplois répartis dans 1 200 entreprises environ. Elle réalise 13
% de l'activité nationale de ce domaine.
L'agriculture et les industries agroalimentaires (IAA) sont
générateurs de flux à la fois dans les activités
d'approvisionnements propre à la production (semences, aliments pour
animaux,...), dans son noyau central (liaisons inter-usines, approvisionnement
des plates-formes, échanges interplates-formes...) et dans l'ensemble
des débouchés de la filière (livraison aux points de
consommation).
La phase aval au système productif nécessite
pour une grande proportion des produits alimentaires - les denrées
périssables - un transport sous température dirigée
assurant une parfaite maîtrise des températures de la chaîne
du froid, exigence essentielle qui permet de garantir la qualité
sanitaire des produits.
De ce fait, l'un des principaux clients du transport de
marchandises en Bretagne est constitué par les Industries Agro
Alimentaires qui occupent une place prépondérante dans
l'économie régionale avec plus de 42% des tonnages.
L'analyse des flux des produits des industries
agroalimentaires, en sortie d'usine (et à l'exception de l'alimentation
animale), permet de constater que environ 5,25 millions de tonnes de produits
périssables sont transportées depuis la Bretagne. La
répartition de cette production est la suivante :
Production
|
Part dans la production bretonne
|
Produits laitiers
|
20%
|
Viande de porc
|
16%
|
Légumes frais
|
15%
|
Produits de volaille
|
15%
|
Légumes d'industrie
|
7%
|
OEufs
|
7%
|
Viandes bovine, caprine, ovine
|
5%
|
73% de cette production est constitué de produits
frais et ultrafrais ce qui impliquent des dates de conservation
limitées, nécessitant donc des flux rapides.
15% sont des produits surgelé et congelé avec
des délais de consommation plus étendus mais nécessitant
un transport spécifique.
Compte tenu de l'éloignement de la Bretagne et la
nature des marchandises transportés, les entreprises ont
privilégié le transport routier pour répondre à ces
exigences, la route est utilisée à 92% pour atteindre les
marchés contre respectivement 6% et 2% pour le maritime et le
ferroviaire. Le transport maritime concerne principalement le transport
international.
Mode de transport
|
% de produits transportés
|
Route
|
92%
|
Mer
|
6%
|
Train
|
2%
|
Ce sont alors près de 2000 camions par jour qui
permettent aux IAA bretonnes d'approvisionner leurs clients dont plus de 1000
camions frigorifiques, d'ailleurs d'après une étude statistique
de l'INSEE datés de 2005, 20 % des camions frigorifiques français
sont immatriculés en Bretagne.
Il faut noter que les entreprises agroalimentaires sont
essentiellement constituées de PME, elles externalisent la fonction
transport à 82 % auprès des transporteurs routiers. La
performance logistique de l'industrie agroalimentaire bretonne est donc un
élément important de leur rentabilité, elle est souvent au
centre des préoccupations des dirigeants des entreprises. Minimiser le
coût du transport est au coeur de leurs préoccupations.
b) Les coûts de transport des
produits nécessitant un transport sous température dirigée
dans l'industrie agroalimentaire
Comme nous l'avons noté précédemment, la
majorité des flux de transport en Bretagne est engendrée par la
demande des IAA. Une grande partie de cette demande concerne le transport des
produits périssables nécessitant un transport sous
température dirigée.
Ce domaine de transport est soumis à plusieurs
contraintes techniques, réglementaires, ainsi qu'aux contraintes du
marché, nous les verrons en détail par la suite dans la section
2.
D'une manière générale, la nature du
produit joue un rôle essentiel dans la structuration des organisations
logistiques. En effet, la logistique des produits alimentaires
périssables doit respecter la chaîne du froid (jusqu'à
-20°C pour les produits surgelés), pendant le transport comme
pendant le stockage et la manutention, qui se font dans des entrepôts
« à température dirigée ». Ces contraintes
impliquent des installations coûteuses et des investissements importants,
que ce soit du coté du « transporteur » que du
coté du « chargeur ».
Face à ces coûts logistiques importants se
trouve une production de denrées périssables provenant d'une
industrie agroalimentaire à faible valeur ajoutée par rapport aux
autres secteurs industriels. Aussi les contraintes liées aux
conditionnements de ces produits, et les exigences des clients, principalement
les GMS, en terme de la préparation des commandes (on parle aussi de la
palettisation4(*) des
produits), engendrant une augmentation du poids et/ou du volume
transportés, par rapport au poids et volume du produit de base.
La faible valeur ajoutée des produits
transportés, l'évolution du poids et du volume transportés
de ces produits et sans oublier les grandes distances à parcourir,
pèsent sur les coûts logistiques des IAA, notamment le coût
de transport.
Il faut prendre en compte également les
perpétuelles augmentations du prix du pétrole qui pousse de plus
en plus vers la hausse des tarifs de transport.
Une enquête menée auprès de 400
entreprises agroalimentaires a montré que 95% des entreprises se
préoccupent en premier lieu de minimiser le coût du transport. De
fait, une étude réalisée par Domier et Fender5(*) a permis de décomposer
les coûts logistiques dans l'industrie agroalimentaire, ce qui a permis
de mettre en avant la part importante des coûts de transport dans le
coût logistique total :
En % du CA du produit alimentaire
|
Transport appro et livraison
|
4,8%
|
Entrepôts
|
2,7%
|
Emballage
|
2,0%
|
Traitement des commandes et gestion
|
1,0%
|
Frais financiers et perte sur stocks
|
1,1%
|
Coût logistique total
|
11,6%
|
Il faut ajouter que ces valeurs ne sont pas exhaustives car le
coût logistique total peut atteindre les 50% pour certaines
catégories de fruits et de légumes, 8 à 10% pour les
produits ultra frais, 12% pour les produits surgelés, 5% pour les
conserves...) selon le type des produits et les choix des entreprises.
II. Analyse du
transport sous température dirigée en Bretagne
2.1) Le transport sous température dirigée
a) Définition
Le transport sous température dirigée peut
être défini comme « un transport effectué dans des
véhicules isothermes, réfrigérants, frigorifiques ou,
éventuellement calorifiques répondant aux normes et
définitions des engins spéciaux pour le transport des
denrées altérables ou non stables à température
ambiante »6(*)
b) Les différentes formes du
transport sous température dirigée
En matière de transport, il existe quatre types
d'organisation de l'offre : le camion complet, le lot ou le groupe de lots, la
messagerie et le transport dédié.
Le camion complet : est affrété
directement par les chargeurs dans le cadre de contrats traités
opération par opération. Ce type d'organisation ne
nécessite pas d'infrastructure et il existe, sur ce segment, une
multitude de transporteurs, qui pour la plupart sont de dimension modeste et
indépendants.
Le transport par lot ou par groupage de lots :
consiste à collecter des produits, éventuellement auprès
de plusieurs industriels, dans une zone géographique
déterminée, qui sont ensuite regroupés sur un site de
transit et acheminés vers les destinataires d'une même
région.
L'activité de messagerie : consiste
à assurer le transport d'envois constitués de colis
groupés de moins de 3 tonnes, provenant de différents chargeurs
et adressés à différents destinataires.
Les tournées dédiées s'appuient
sur des PME locales qui louent les services de leurs camions avec chauffeurs
à des chargeurs qui gardent ainsi la maîtrise de l'organisation
des livraisons dans un périmètre géographique
réduit.
c) La nature des produits
transportés
Le transport sous température dirigée concerne
globalement les produits périssables soumis à plusieurs
contraintes, deux d'entres elles nous paraissent essentielles :
v La non rupture de la chaîne du froid : stockage,
préparation de commande et transport sous température
dirigée.
v La durée de conservation allant de quelques jours
à plusieurs mois.
Ainsi les contraintes des délais de préparation
de commandes et d'acheminement de marchandises sont d'autant plus fortes que la
durée de vie des produits est courte.
Six grandes catégories de produits sont
concernées par le transport sous température dirigée :
v les fruits et légumes7(*) ;
v les produits carnés ;
v le lait et les produits laitiers ;
v les produits de la mer ;
v la charcuterie, salaison et plats cuisinés (frais ou
surgelés) ;
v la pâtisserie, viennoiserie et les plats traiteurs
frais ou surgelés.
Ces produits ont en commun des contraintes liées
à leur durée de vie, on peut les regrouper sous deux grandes
familles : les produits « grand froid » ou encore
« froid négatif » et les produits
« frais » appelé aussi « froid
positif »
Les produits « grand froid » sont conservés
sous température dirigée négative, et comportent d'une
part les produits congelés, d'autre part les produits surgelés et
enfin les crèmes glacées.
- Les produits congelés désignent les produits
dont la descente en froid est réalisée lentement et à
basse température (-20°C) ; il s'agit en général de
produits bruts (comme les fruits en vracs, les produits de la mer, les viandes
et les volailles) servant de matière première à
l'industrie agroalimentaire.
- Les produits surgelés désignent les produits
dont la descente en froid est réalisée de manière beaucoup
plus rapide que les produits congelés, et à très basse
température (inférieure à -30°C) ; il s'agit en
général de produits finis (comme les plats cuisinés, les
préparations élaborées mais également les
légumes et les viandes) destinés à des utilisateurs
intermédiaires ou au consommateur final.
- Enfin, les crèmes glacées constituent des
produits surgelés particuliers, nécessitant une fabrication
à plusieurs étapes (préparation du mélange,
maturation, pré surgélation, formage et surgélation
finale).
De leur part les produits « froid
positif » sont des produits conservés sous température
dirigée positive. Nous distinguons les produits ultra-frais et les
produits frais.
- Les produits ultra-frais : produits dont la date limite
de consommation (DLC) est généralement comprise entre 5 et 7
jours à partir de son conditionnement final. Le maintien des
qualités organoleptiques réclame l'usage d'une
réfrigération de 0 à 8°/12°. Les produits
concernés sont les viandes fraîches, saucisserie, produits de la
mer frais, fruits et légumes frais, pâtisserie fraîche et
certains produits traiteurs.
- Les produits frais sont conservés sous les
mêmes températures que les produits ultra-frais mais avec une date
limite de consommation (DLC) supérieure. Elle est comprise entre 7 et 30
jours à partir de son conditionnement final. Les produits
concernés sont essentiellement les produits laitiers (et oeufs), les
produits de charcuterie salaison et plats cuisinés, produits
traiteurs.
Dans le contexte breton, une étude statistique à
montrer que sur les 5,25 millions de tonnes de produits alimentaires finis
sortant des usines bretonnes, 73% sont des produits frais et ultra-frais et 15%
sont des produits « grand froid ».
![](organisation-collaborative-prevision-transport-bretagne4.png)
2.2) Le marché du transport sous température
dirigée en Bretagne
Le marché du transport sous température
dirigée a explosé au cours des trente dernières
années. Ceci est dû principalement à la demande de plus en
plus croissante des produits frais sur le marché. En
effet, avec les changements des modes de consommations, les
consommateurs préfèrent avoir des produits frais toute
l'année au détriment des produits conservés. Ceci a bien
évidemment développé la structure de l'offre sur le
marché, ce qui pourra expliquer en partie les 73% des flux
représentés par les produits frais et ultrafrais sortant des
usines agroalimentaires en Bretagne.
L'offre de plus en plus croissante sur le marché de ces
produits a engendré une forte demande du transport frigorifique et en
particulier dans la région Bretagne. Les entreprises assurant ce type de
transport sont alors de plus en plus présentes sur le marché.
a) La demande sur la marché
Le transport sous température dirigée se
caractérise par une demande constituée d'industries
agroalimentaires, de distributeurs et de grossistes qui ne possèdent pas
leur propre flotte de camions pour la livraison de leurs produits frais.
Il faut signaler que les IAA en Bretagne externalisent
à 83% l'activité de transport.
Pour les industries, les transports en amont portent sur des
matières premières transportées en camions complets
à destination des usines de transformation. Les transports en aval,
quant à eux, portent sur des produits finis à destination des
plates-formes des distributeurs ou des entrepôts des grossistes. Ceux-ci
peuvent être organisés en camions complets, pour les plus gros
industriels, mais ils sont le plus souvent effectués par lots de
quelques palettes suite à une baisse croissante des poids moyens
commandés ainsi que par le contexte des flux tendus.
Concernant les distributeurs et les grossistes, les pratiques
ne sont pas uniformes. Il existe cependant une tendance de maîtrise du
transport en amont de leurs plates-formes par l'appel de transporteurs. Il
s'agit alors de lots ou de camions complets constitués dans les bassins
de production, parfois en synergie avec les transports en aval lorsque les
localisations géographiques des fournisseurs sont compatibles avec
celles des magasins desservis par la plate-forme concernée.
b) L'offre sur le marché
Avec le développement de plus en plus croissant de la
demande du transport sous température dirigée sur le
marché, nous avons assisté depuis le début des
années 80 à un développement croissant des structures
offrant ces services, voire la spécialisation d'entreprises existantes
sur ce segment du marché.
Ces structures étaient constituées
principalement de PME.
Par la suite, vers la fin des années
80, nous avons assisté à des mouvements de concentration de ces
entreprises. Nombreuses sont les entreprises qui ont été acquises
par les grands groupes :
- Robin Chatelain Transports par Le Calvez (1986),
- Mélédo, Le Bas Froid, Le Coz et Mahé
par STEF-TFE...
La concentration des transporteurs permet au PME de disposer
de moyens financiers et organisationnels, ainsi qu'un réseau national
voire international. Pour les groupes acquéreurs, ces filiales
régionales leur assurent un développement régional, un
contrôle du marché du froid, de nouveaux relais locaux, et la
possibilité de massifier les flux depuis les grandes plates-formes...
L'enjeu pour le secteur du transport sous température
dirigée breton est d'être entre les mains de décideurs
implantés en dehors de la région.
Dans cette même logique, les PME indépendantes
risquent, dans un contexte de mondialisation, de ne pouvoir répondre aux
nouvelles demandes des chargeurs (demande nationale et européenne). Ces
petites entreprises se caractérisent par une certaine
spécialisation sur quelques denrées produites dans leur bassin
d'activité (légumes dans le nord Finistère,
surgelés en centre Bretagne, produits de la mer sur le littoral...).
Une autre tendance du transport est la spécialisation
des entreprises sur 2 ou 3 segments du marché. Les Transports Lahaye
sont ainsi spécialisés dans le transport industriel et
frigorifique alors que STAT effectue 70 % du transport de produits
manufacturés et 30 % du transport frigorifique. Robin Chatelain, quant
à lui, divise son activité en trois pôles dont l'un, son
métier de base, correspond au transport sous température
dirigée. Ces groupes ne peuvent se spécialiser uniquement dans le
transport du froid dans la mesure où les flux sont
déséquilibrés au départ de la Bretagne. Au retour,
les transporteurs ne reviennent pas systématiquement avec des
denrées alimentaires périssables. Seuls les groupes de messagerie
de dimension nationale (TFE et Néxia) sont en mesure de centrer leur
activité seulement sur la température dirigée.
En effet la diversification des activités des
entreprises de transport en Bretagne et la non limitation au transport
frigorifique s'expliquent par le déséquilibre entre les flux
entrants et les flux sortants en matière des produits périssables
en Bretagne.
Les trafics au départ de la Bretagne concernent des
denrées périssables, mais pas le fret retour. La Bretagne est,
avant tout, une région émettrice de flux sous
température dirigée.
En 2000, sept des dix plus grandes entreprises de transport en
Bretagne sont impliquées totalement ou partiellement dans le transport
de denrées périssables.
Le tableau ci-dessous présente l'ensemble de ces
entreprises :
![](organisation-collaborative-prevision-transport-bretagne5.png)
En conclusion, nous pouvons dire que la spécialisation
frigorifique, qui nécessite des investissements importants et une
logistique solide, est structurée autour d'une entreprise en position de
quasi-monopole. Le transport sous température dirigée est en
effet dominé par STEF-TFE avec 773 M d'euros de chiffre d'affaires en
2000.
Nexia (auparavant Exel Froid) se place au second rang avec un
chiffre d'affaires bien moins important (182,9 M d'euros). Ces 2 grands
nationaux ont tous un établissement dans le bassin de Rennes.
Même si STEF-TFE et Nexia dominent incontestablement le
transport frigorifique, des entreprises locales sont également
présentes sur ce marché. Se placent ainsi en tête de
classement des transporteurs logisticiens grands régionaux :
Société des Transports Gautier, Le Roy, Robin-Chatelain et
Lahaye.
Après avoir étudier l'offre du transport
frigorifique en Bretagne, ainsi que les principales entreprises
présentes sur le marché, quelles sont alors les contraintes
auxquelles ces entreprises doivent faire face ?
c) Les contraintes du marché du
transport sous température dirigée.
Les entreprises de transport souffrent de nombreuses
contraintes pesant sur le transport sous température dirigée.
Celles-ci ont toutes, plus ou moins directement, des incidences sur
l'organisation logistique des entreprises de transport :
Les contraintes techniques : deux
contraintes majeures doivent être mises en avant : la chaîne du
froid et la périssabilité du produit.
La chaîne du froid a pour enjeu de maintenir la
température lors du transport et du stockage afin d'éviter toute
rupture pouvant détériorer la marchandise. La seconde contrainte
technique réside dans la durée de vie /
périssabilité du produit transporté. Dans ce cas se posent
essentiellement des problèmes de livraison et d'organisation du
transport car l'entreposage (hormis pour les surgelés) n'est pas
possible.
Les contraintes clients : l'industrie
agroalimentaire et la GMS définissent des contraintes pesantes en terme
de délais et d'horaires. Les transporteurs étant des entreprises
de service, ils n'imposent rien. Ils sont tributaires des contraintes
définies par les chargeurs et les clients. Les horaires de ramasse sont
fixés par le chargeur alors que les délais de livraison sont
définis par les destinataires qui sont de plus en plus courts.
Ces impératifs impliquent un temps de
réactivité très court entre la commande et la livraison ce
qui conduit à des temps d'acheminement relativement courts qui
nécessitent des départs quotidiens.
Le transporteur est soumis aux exigences de la GMS (JA / JA ou
JA / JB). Il faut néanmoins noter que « la grande distribution
s'est améliorée en fixant des créneaux de
déchargement par exemple, ce qui permet de ne pas perdre de temps lors
de la livraison » La mise en place du système de flux tendus entre
les clients se heurte aujourd'hui aux limites des temps de route qui ne sont
pas compressibles et aux horaires de chargement.
Les contraintes de marché : elles sont
de différents ordres.
La Bretagne est fortement expéditrice de denrées
périssables et plus faiblement importatrice : le trafic est donc
déséquilibré puisque les marchés en frais sont
principalement au départ de l'Ouest. Ainsi, le transport retour se fait
plutôt avec des produits industriels / secs.
Une autre contrainte de marché renvoie à la
saisonnalité du transport. Par exemple, l'activité des
entreprises du Nord-Finistère, spécialisées dans certains
produits, est marquée par des déséquilibres temporels
liés à la production locale : Au niveau annuel, les faibles
quantités produites en janvier, février et mars réduisent
le transport qui ne débute réellement qu'à partir du mois
d'avril.
Cette irrégularité des volumes
d'activités s'explique également par les conditions
météorologiques qui se répercutent directement sur la
production, ou encore par la volatilité du consommateur.
Les contraintes sociales et réglementaires
: ces contraintes se sont renforcées au cours des
dernières années (contrat de progrès qui limite le temps
de travail des conducteurs, loi Aubry, décret Gayssot,
réglementation des heures de nuit...).
Le temps de conduite journalière maximum est
aujourd'hui fixé à 10 h. Dans ce cadre, la Bretagne se retrouve
d'autant plus pénalisée qu'elle est, comme indiqué
précédemment, assez distante géographiquement des bassins
de consommation nationaux et européens. Les livraisons en JA / JA
deviennent de plus en plus difficiles. Il va donc arriver un moment où
le transport ne pourra pas contenter le client. Celui-ci n'a pas conscience des
contraintes imposées aux transporteurs et souhaite juste que la
marchandise arrive dans les délais.
Les contraintes présentées ci-dessus s'imposent
à la logistique du transport sous température dirigée.
Ainsi les contraintes en relation directe avec le client demeurent celles qui
sont difficiles à surmonter.
En effet, étant donné la présence
dominante de la GMS comme principale clientèle des IAA, c'est la nature
des relations IAA / GMS qui en est responsable. Nous allons étudier dans
la section suivante la nature de ces relations en l'occurrence celles
liées à la logistique, pour étudier par la suite leurs
impacts sur le transport frigorifique.
2.3) La nature des relations logistiques entre les IAA et les
GMS et leurs impacts sur le transport sous température
dirigée.
La grande distribution et son réseau de magasins
(hypermarchés, supermarchés, superettes...) constitue la
première clientèle des entreprises agroalimentaires bretonnes, en
second lieu arrivent les grossistes et les entreprises de Restauration Hors
Domicile (RHD).
Par ailleurs, les circuits de la grande distribution (GMS)
représentent en moyenne la moitié du chiffre d'affaires des IAA
bretonnes avec une proportion de 23%8(*) d'entreprises dont le ¾ du chiffre d'affaires est
réalisé avec la grande distribution.
L'organisation logistique des GMS ainsi que l'évolution
de leurs pratiques dans la matière, seront donc les plus influentes sur
l'organisation logistique des Industries agroalimentaires.
En effet, les GMS imposent de fortes contraintes logistiques
à leurs fournisseurs suite à un profond bouleversement de
l'organisation de la logistique de la grande distribution des produits de
grandes consommations au cours des dernières années en France.
Aujourd'hui, ce sont les besoins des distributeurs -
liés au marché - qui déclenchent la production des
industries agroalimentaire. Ce système favorise l'émergence d'une
organisation en flux tendus qui s'adapte à l'évolution de la
demande et réduit les stocks au strict nécessaire.
a) L'organisation logistique de la grande
distribution et le transport sous température dirigée.
Depuis 1973, le secteur de la grande distribution doit faire
face à des contraintes réglementaires sévères qui
ont eut un impact direct sur leur organisation logistique: la loi Royer de 1973
soumet à autorisation l'implantation d'un hypermarché
supérieur à 1 000 m2 afin de freiner l'expansion de la
grande distribution dans le but de protéger les petits commerces. La loi
Raffarin en 1996 abaisse ce seuil à 300 m2 pour les autorisations afin
de freiner l'essor des « hard discounter » en zone
urbaine.
La grande distribution doit alors chercher une expansion
à l'étranger et revoir l'utilisation de ses magasins : les
réserves, autrefois très importantes afin de pallier tout risque
de rupture en linéaire et occupaient donc jusqu'à la
moitié du magasin, sont quasiment supprimées
pour être transformées en surface de vente.
Des entrepôts viennent alors remplacer les
réserves magasins et se doivent d'empêcher toute rupture en
linéaire, malgré la distance qui sépare désormais
les stocks des rayons.
La compétence logistique est ainsi
transférée aux entrepôts et les GMS prennent en charge la
distribution de leurs entrepôts vers leurs magasins.
Les enseignes de la grande distribution évoluent dans
un contexte hyperconcurrentiel. Ainsi, pour répondre aux exigences du
marché et des consommateurs, la création de nouveaux produits
reste une ardente obligation de l'industrie. Si l'on y ajoute le durcissement
des contraintes réglementaires, l'on comprendra aisément le
constat suivant : entre 1980 et 2000, les surfaces de vente en (m2) ont
augmenté de 10% alors que le nombre de références a
été multiplié par 220%. Par conséquent, la place en
linéaire a été divisée par deux avec un taux de
rupture deux fois plus élevé.
Les conséquences pour les transporteurs sont une
réorganisation de leur activité. Ils sont amenés à
massifier de plus en plus les flux des industriels jusqu'aux plates-formes de
la grande distribution. Les conditions de travail des transporteurs sont ainsi
modifiées.
La part des livraisons à la GMS et aux plates-formes
distributeurs se multiplie au détriment de la distribution classique
(grossiste, détaillant).
C'est alors à travers la prise de conscience par les
enseignes de la grande distribution de l'importance de la logistique et
notamment du fait que celle-ci représente un poste lui permettant de
réaliser d'importantes économies en matière de coût
et de mieux satisfaire le consommateur, qu'est apparu le concept du
Juste-à-Temps dans la grande distribution.
En effet, les distributeurs ont alors pensé que
l'application de celui-ci était un moyen pour eux de répondre
à leur double problématique, à savoir
comment concilier la suppression des réserves en magasin, et donc
l'obligation de passer par des lieux de stockage intermédiaires, tout en
réduisant le taux de ruptures en linéaires.
b) L'application du concept
Juste-à-Temps et ses retombés sur le transport sous
température dirigée.
Comme nous l'avons vu auparavant, l'organisation logistique
des GMS a été bouleversée depuis les 20 dernières
années. L'application du principe du Juste-à-temps constitue le
résultat de plusieurs interactions pour l'amélioration et la
réalisation des gains supplémentaires tout en satisfaisant les
besoins des consommateurs et en limitant les taux de rupture en magasin.
Les produits frais sont au coeur de l'application du principe
du Juste-à-temps, car tout en étant des produits
périssables, les produits frais représentent pour la GMS des
produits stratégiques9(*) mais qui ont un taux de rupture considérable
(plus de 10%)10(*) .
Le recours au juste-à-temps pour la gestion des
approvisionnements de ces produits apparaît comme étant une
nécessité. En effet, de part les contraintes que ces produits ont
en terme de sécurité, les enseignes de la grande distribution se
doivent de les avoir en linéaires au bon moment.
Prenons le cas de fruits à forte saisonnalité
comme les fraises : si par exemple le chef de rayon met à disposition du
consommateur toute la livraison qu'il a reçu, il sera sûr, qu'au
vu des conditions de conservation de celles-ci, une bonne partie de sa
marchandise sera perdue à la fin de sa journée, ce qui se
traduira par une perte sèche pour le magasin.
C'est le témoignage d'un chef de secteur produits frais
: « De fait, les fraises bougent très vite à la chaleur
ambiante, de 20 à 22 °C, je préfère ramener quatre
colis à chaque réassort que dix, en même
temps »
Ce témoignage concernera bien évidemment la
majorité des produis frais et ultra-frais.
Ces changements organisationnels de la logistique des GMS ont
modifié les besoins de transport en terme de délai et de
fréquence d'approvisionnement / distribution, ainsi qu'en terme des
quantités transportées.
Parmi les évolutions, on a pu constater :
- La progression d'une logistique en flux tendus à tous
les niveaux de la chaîne d'approvisionnement avec pour corollaire des
mécanismes de réapprovisionnements plus fréquents et un
raccourcissement des délais entre la prise de commande et la
livraison.
- La prise en charge du transport par la grande distribution
totalement entre plate-forme et magasins, partiellement entre IAA et
plate-forme.
La diminution du poids moyen par commande,
due à l'augmentation de la fréquence des commandes de la part de
la clientèle GMS, est le facteur ayant le plus
d'incidence sur le coût de transport d'après 75% des IAA
bretonnes.
Le développement des méthodes à flux
tendus ont entraîné une diminution de la taille des
expéditions et des délais de livraison. Le respect de cette
nouvelle exigence, sans accroissement excessif des coûts de transport,
suppose la mise en oeuvre d'améliorations dans l'organisation du
transport et de la distribution
c) L'impact sur la relation IAA-GMS sur le
transport sous température dirigée
L'ensemble des évolutions en terme de l'organisation
logistique de la grande distribution pèse lourdement sur l'organisation
logistique des IAA bretonnes. De leur tour, ils répercutent les
nouvelles exigences de leurs gros clients (GMS) sur leurs prestataires de
transport.
Le résultat étant des perpétuelles
augmentations des coûts, en l'occurrence les coûts de transport, la
GMS n'acceptera en aucun cas et sous aucun prétexte la prise en charge
de ces augmentations sur les prix des produits sous menace de perte des
commandes.
C'est dans cette optique que les victimes d'une telle
stratégie sont les transporteurs qui doivent être de plus en plus
compétitifs dans un marché coûtant, éloigné
des centres de consommation.
Les commandes des GMS arrivent le plus souvent le matin pour
un départ l'après midi et avec des quantités très
variables. Les transporteurs ne disposant d'aucunes informations
préalables du fait que les annonces se font deux ou trois heures avant
l'horaire du chargement. Ils ne peuvent alors disposer d'outils d'optimisation
pour la gestion de leurs tournées et l'optimisation de leurs
chargements.
Les délais de livraison sont très courts face
à un temps de trajet important.
Devant une telle problématique et face à un
client puissant, un nouveau projet de collaboration a été
menée par l'ABEA pour le but d'améliorer les pratiques du
transport et de partager les gains correspondants. Ce projet ne regroupe pas
les IAA et GMS pour la simple raison qu'un tel engagement des GMS aura
absorbé tous les gains pouvant résulter de l'action.
La collaboration va se faire désormais entre les IAA et
les entreprises de transport. Nous verrons en détails dans la
deuxième partie de ce travail le projet collaboratif à travers la
signature de la charte pour un transport collaboratif en Bretagne.
Partie II :
L'introduction de la démarche collaborative entre chargeurs et
transporteurs : une nouvelle forme pour générer des gains
mutuels.
III. Genèse d'un projet collectif de l'ABEA pour la
mise en place de « la charte pour le transport collaboratif en
Bretagne »
Avant d'entamer la présentation du projet de l'ABEA
« la charte pour le transport collaboratif en Bretagne »,
projet qui entre dans le cadre de la collaboration interentreprises, il faudra
d'abord commencer une présentation de l'association bretonne des
entreprises agroalimentaires (ABEA). Par la suite nous allons s'interroger sur
ce que c'est la collaboration interentreprises en logistique ainsi que ces
différentes formes, ce qui nous permettra par la suite, de situer le
projet de la charte pour le transport collaboratif et de définir sa
nature parmi les formes de collaboration interentreprises en logistique.
1.1) Présentation de l'ABEA Association bretonne des
entreprises agroalimentaires
a) Création de l'ABEA
Constituée en juillet 2001 par un groupe d'industriels,
privés et coopératifs, de l'agroalimentaire, l'Association
Bretonne des Entreprises Agroalimentaires (ABEA) a contribué au "Plan
d'actions pour un développement pérenne de l'agriculture et de
l'agro-alimentaire en Bretagne" sur cinq thèmes majeurs : la
sécurité alimentaire, l'environnement, les ressources humaines,
le transport et la logistique, la veille économique et de
marchés. (Annexe n°1)
La vocation de l'ABEA est :
v D'exprimer les préoccupations, attentes et
propositions des IAA sur les dossiers d'actualité,
v D'être l'interlocuteur des pouvoirs publics et
partenaires sur les sujets économiques, sociaux et techniques en lien
avec l'agroalimentaire
v De proposer des réflexions et suggestions d'actions
visant à contribuer au développement de l'agro-alimentaire en
Bretagne.
L'ABEA
répond à une nécessité ressentie par les
entreprises - qui en ont pris l'initiative - et par les pouvoirs publics - qui
ont exprimé leur satisfaction - de trouver dans l'ABEA un interlocuteur
légitime. Son but est de faire connaître le monde agroalimentaire,
la différenciation croissante de ses produits, et les capacités
d'innovation de ses entreprises.
ABEA, réfléchir et ... agir en
faveur d'un développement pérenne des IAA.
b) Priorité de l'ABEA
L'emploi, l'évolution des compétences et
des organisations, la valorisation des métiers ;
v
Conduire des études prospectives sur les emplois et les formations,
v Agir sur l'image des métiers de l'agroalimentaire
pour attirer des effectifs,
v Agir sur les conditions de travail pour fidéliser les
effectifs en place.
v La qualité et la
sécurité sanitaire des aliments ;
v Communiquer pour modifier la perception du risque par
l'opinion publique,
Apporter un appui à la maîtrise de la
traçabilité,
v Accompagner la mise en place des démarches de
sécurité dans les entreprises,
v Organiser un appui au processus d'analyses de risque,
v Adapter, rendre plus transparente et favoriser la
connaissance de la réglementation.
La logistique : la traçabilité des
produits, l'optimisation des transports ;
v Aider les IAA bretonnes à rester compétitives
en abaissant le coût du transport,
v Aider la structuration de l'offre de transport routier,
v Développer tous les modes de transport (portuaire,
rail/ferroutage, aérien) en fonction des situations et conditions
d'usage les plus adéquates.
La protection de l'environnement ;
v Aider à la gestion des déchets organiques,
v Communiquer pour faire reconnaître l'action
environnementale des IAA,
v Accompagner les entreprises dans la mise en place du
management environnemental,
v Rendre plus transparente et favoriser la connaissance de la
réglementation.
c) Actions engagées en 2005
§ un club d'entreprises pour la prévention des
troubles musculo-squelettiques, avec l'ANACT (Association Nationale pour
l'Amélioration des Conditions de Travail) ;
§ une expérimentation sur le management des
compétences, avec ADEFIA et CCAOF ;
§ la construction d'outils pour l'accueil, l'insertion
et l'intégration des salariés avec ADEFIA et CCAOF
§ une action sur la traçabilité des
unités logistiques avec GS1, des transporteurs, chargeurs et enseignes
GMS ;
§ un programme spécifique sur la gestion des
déchets des IAA avec "Bretagne Environnement Plus" (UPIB, CCI et unions
patronales) ;
§ un panel d'actions pour l'information sur les
métiers des IAA visant les jeunes et demandeurs d'emploi avec
IFRIA, CRCI, ONISEP, ...;
§ la mise en place d'un étiquetage
standardisé pour toutes les IAA adhérentes à
l'ABEA ;
§ un projet d'anticipation des commandes de transport.
1.2) La collaboration interentreprises en logistique
a) Définition
La collaboration est la pierre angulaire d'une gestion de la
supply chain efficace. Plus l'entreprise décide de se concentrer sur
quelques compétences-clés, plus les savoir-faire et talents des
partenaires extérieurs deviennent importants. Vous dépendez
davantage de ressources que vous ne contrôlez peut-être pas
directement ou de stratégies dont vous ne maîtrisez pas le
développement.
Selon une enquête récente réalisée
auprès d'une centaine de dirigeants, lorsque les entreprises
évoluent vers une supply chain plus étendue, la collaboration
devient leur activité la plus stratégique. Or, malgré
toute son importance, la collaboration reste mal définie.
En effet, la plupart admettraient certainement qu'il s'agit
d'une activité importante, que la technologie et les relations sont
essentielles et qu'une collaboration efficace est un avantage concurrentiel,
mais rares sont celles qui seraient capables de donner une définition
claire et sans ambiguïté.
Il est difficile de définir la collaboration parce
qu'elle représente beaucoup de choses et englobe de nombreux types de
partenaires. Elle fait notamment référence a toute une
variété d'activités conjointes qui vont du partage
d'informations entre plusieurs divisions aux projets a long terme de marketing
ou de développement produit.
La définition de la collaboration qu'on peut retenir
est la suivante : « Ce sont les moyens utilisés par les
entreprises au sein d'une supply chain pour travailler ensemble et atteindre
des objectifs communs, en partageant des idées, des informations, des
savoir-faire, des risques et des gains. »11(*)
b) Les objectifs de la collaboration en
logistique
Les objectifs de la collaboration sont les plus souvent des
avantages financiers et stratégiques majeurs, accélérer la
pénétration d'un marché, accroître la
flexibilité et donner accès à des compétences dont
ne dispose pas votre entreprise. Elle permet aussi de faire des
économies et/ou d'augmenter les revenus. La collaboration modifie la
dynamique globale entre deux ou plusieurs partenaires. C'est un moyen
d'accéder à :
v Une technologie que détient une autre
entreprise ;
v Une technologie à trop forte mobilisation
capitalistique, dans laquelle une entreprise ne peut investir seule ;
v Une compétence dont l'acquisition, le
développement et la mise à jour représentent des
coûts prohibitifs ;
v Un nouveau marché fermé par des coûts
d'entrée prohibitifs ou des contraintes trop lourdes (barrières
douanières, législation, etc.)
La collaboration modifie le plus fondamental de tous les
modèles économiques : le rapport entre le coût, le
volume et le bénéfice (modèle CVB).
Une collaboration continue dans les domaines de la conception
des produits et de la planification de fabrication renforce l`agilité de
l'entreprise, tout en permettant au fournisseur d'accroître son volume
d'activité. Du point de vue économique, les deux partenaires y
gagnent.
Comme vous le voyez, la collaboration n'a rien d'une
activité altruiste. Alors qu'une « intégration parfaite
» et une « visibilité étendue » des partenaires de
supply chain peuvent sembler, à première vue, pleines
d'intérêt, une véritable collaboration est souvent
très difficile à mettre en place et n'est justifiée que si
vous pouvez en tirer un avantage financier ou stratégique. Une
collaboration n'est donc réussie que si elle représente un
avantage quantifiable pour tous les partenaires.
Malgré tous les avantages, la gestion collaborative de
la supply chain a le fâcheux inconvénient d'être l'un des
aspects les plus recherchés mais aussi les plus décevants d'une
stratégie de supply chain.
En effet, les promesses d'une collaboration efficace
étaient basées sur celles des technologies liées à
Internet et des ses avantages en termes de visibilité et de partage des
informations. La bulle Internet des années 1990 a donné naissance
à des centaines de logiciels censés permettre une interaction
parfaite et une visibilité infinie entre les partenaires de supply
chain.
Certainement, cet outil fonctionne. Mais le succès ou
l'échec d'une relation collaborative ne dépend pas uniquement de
la technologie ni de processus régissant son utilisation. Ils sont
également conditionnés par deux autres éléments qui
sont le partage d'informations et le partage des gains.
Avantages des collaborations les plus souvent
cités
Clients
|
Fournisseurs de matières
|
Prestataires de services
|
· Réduction du niveau de stock
· Augmentation des revenus
· Baisse du coût de gestion des commandes
· Marge brute supérieure
· Prévisions plus précises
· Meilleure affection des budgets marketing
|
· Réduction des stocks
· Baisse des coûts d'entreposage
· Baisse des coûts d'acquisition des
matières
· Baisse du nombre de ruptures des stocks
|
· Baisse des coûts de transport
· Livraisons plus fiables et plus rapides
· Réduction des besoins en capitaux
· Dépréciations réduites
· Baisse des coûts fixes
|
§ Meilleur service client
§ Meilleure utilisation des ressources humaines
|
L'information est au coeur de toute collaboration. Pour
collaborer efficacement, tous les partenaires doivent fournir des informations
à jour, exactes et complètes - c'est-à-dire toutes celles
qui sont nécessaires pour atteindre leurs objectifs communs. Chaque
partenaire doit en outre respecter les exigences de confidentialité et
de sécurité des autres. Une confiance mutuelle est indispensable.
Et, chose tout aussi importante, chaque partenaire doit s'engager à
partager les gains tirés de la collaboration - pas nécessairement
un partage équivalent, mais un partage équitable. Une relation
collaborative ne peut réussir si les gains mutuels ne sont pas
clairement définis.
c) Les différentes formes de
collaboration en logistique
Les partenaires potentiels pour une gestion collaborative de
la supply chain peuvent se repartir en trois grands groupes :
v Les clients
v Les fournisseurs de matières
v Les prestataires de service (notamment en charge de la
logistique)
Bien que chaque groupe nécessite une gestion
légèrement différente, les relations sont établies
et gérés de façon comparable.
Les collaborations ne sont pas identiques, les relations ente
partenaire de supply chain présentent parfois des
caractéristiques très différentes tout en restant des
relations de collaboration.
Il existe en effet plusieurs niveaux d'intégration au
sein d'une relation collaborative, et donc différents types de
collaboration :
La collaboration transactionnelle, la collaboration
coopérative, la collaboration coordonnée et la collaboration
synchronisée.
Le schéma suivant présente ces formes de
collaboration :
Non viable
2. Collaboration coopérative
Faibles retours sur investissement
Collaboration limitée
3. Collaboration coordonnée
Nombreuses relations
Relations peu nombreuses
1. Collaboration transactionnelle
4. Collaboration synchronisée
Collaboration étendue
La collaboration transactionnelle :
La collaboration transactionnelle a pour objectif de garantir
l'exécution efficace des transactions entre partenaires. Cela ne veut
pas dire que les relations transactionnelles n'ont aucune valeur
stratégique, mais, dans ce type de collaboration, les partenaires se
préoccupent rarement de réduire les coûts de la supply
chain ou d'accroître les revenus. Ils veulent surtout à fluidifier
les transactions, en éliminant par exemple les renégociations
incessantes. La collaboration transactionnelle s'applique principalement
à des relations entre clients et fournisseurs portant sur l'achat de
matières communes.
Exemple : un client et un fournisseur se mettent d'accord
sur un prix fixe pour un produit donné, pour une période
donnée et à partir d'un volume donné. L'acheteur
bénéficie ainsi d'un prix fixe pendant toute la durée
d'accord et s'engage en échange à acheter une quantité de
produits minimale. Cela aide également le fournisseur à planifier
sa production.
La collaboration transactionnelle correspond au modèle
de collaboration le plus élémentaire et, de
loin, le plus courant.
La collaboration coopérative :
Dans les relations coopératives, le niveau de partage
d'informations est plus élevé. Les partenaires de supply chain
fournissent par exemple des confirmations automatiques, échangent des
informations sur les prévisions, le stock disponible, les commandes ou
encore l'état des livraisons. De façon générale, un
partenaire envoie des informations que l'autre partenaire revoit et utilise
pour travailler. Les informations peuvent être transmises manuellement ou
électroniquement d'un partenaire à l'autre, ou publiées de
manière que à ce que le destinataire puisse y accéder
(flux tendus).
En règle générale, le type et le format
des données fournies sont standardisées. L'EDI est la
méthode de communication la plus utilisée.
La collaboration coordonnée :
Dans une relation coordonnée, les partenaires de la
supply chain travaillent plus étroitement ensemble et chacun s'appuie
d'avantage sur les capacités de l'autre. Une relation coordonnée
nécessite donc un flux d'informations dans les deux sens, ainsi que des
processus d'exécution et de planification étroitement
synchronisés.
L'infrastructure et les processus nécessaires à
ce type de partage d'informations étant plus complexe que ceux du
modèle coopératif, la collaboration coordonnée est
généralement réservée à des partenaires de
supply chain plus stratégiques. A la différence des
collaborations transactionnelles ou coopératives, la collaboration
coordonnée exige un haut niveau de négociation et de
concession.
La GPA (Gestion Partagée des Approvisionnements) est
une méthode de collaboration coordonnée très courante
où le fournisseur est chargé de veiller à ce que le client
ne manque jamais de matière. Dans certains cas le fournisseur
gère le stock du client à l'aide des prévisions et
données de consommation. Dans d'autres, le fournisseur utilise les taux
de consommation réels et le niveau de stock pour déterminer s'il
faut réapprovisionner. Dans tous les cas, le succès de la GPA
dépend d'une transmission efficace des données, la preuve d'une
collaboration coordonnée.
La collaboration synchronisée :
La collaboration synchronisée correspond au plus haut
degré de collaboration. Dans ce modèle, les relations
dépassent le simple cadre des activités de supply chain pour
recouvrir d'autres grands processus de l'entreprise : projets de recherche
et développement communs, développement de fournisseurs et
développement de propriété intellectuelle.
Le partage d'actifs physiques et intellectuels peut même
aller jusqu'au partage de personnel. Les collaborations synchronisées
sont souvent appelées alliances stratégiques. Dans ce type de
collaborations, les informations sont
développées conjointement et non pas simplement partagées
ou échangées
Après avoir donner une idée
générale sur les différentes formes de collaboration
interentreprises en logistique, ainsi que sur les différents niveaux
d'intégration, nous allons maintenant présenter le projet de
l'ABEA pour le transport collaboratif en bretagne.
Nous essayerons par la suite de situer le niveau
d'intégration de cette collaboration sur la base de ce que nous avions
étudié ci-dessus.
1.3) Vers la charte pour le transport collaboratif en
Bretagne
a) Genèse de la charte pour un
transport collaboratif en Bretagne
C'est au sein de l'ABEA que les dirigeants ont pris conscience
de la nécessité d'engager une réflexion approfondie sur la
fonction logistique dans les IAA.
Au début de l'année 2003 une étude est
commanditée à l'Observatoire Economique des IAA de Bretagne.
Cette étude est soutenue sur les plans financiers et techniques par le
Conseil Régional, la Chambre d'Agriculture Régionale, et la
Direction Régionale de l'Equipement de Bretagne, et l'ABEA.
Les résultats de cette étude12(*) présentés en
janvier 2004 ont permis de soulever les principales entraves aux
développements des industries agroalimentaires bretonnes :
Le coût du transport vient en première position
parmi les préoccupations des industriels agroalimentaire, des
anticipations sur l'augmentation de ce poste de charge sont incontournables.
Plusieurs raisons sont mises en avant et que nous avons
déjà soulevé lors de l'étude du marché du
transport frigorifique dans la première partie et qui se
résument comme suit :
· Une baisse du poids moyen par commande,
· Une généralisation des colis comme
unité logistique,
· Un accroissement des palettes multicouches,
· Une augmentation du rapport volume / poids
transporté,
· Une augmentation des distances.
· Une baisse du nombre de camions
Le coût de l'énergie n'est pas encore pris en
compte explicitement. Les délais de livraisons et le taux de services
sont aussi des sujets de préoccupation. Enfin, dans la même
étude, d'autres thèmes apparaissent : la
traçabilité, la performance de la supply chain, le
développement commercial et les besoins en ressources humaines.
Face à l'augmentation des coûts, les entreprises
apparaissent globalement impuissantes. Peu de solutions sont mises en place ou
même envisagées. Lorsque des projets sont à l'étude,
les principales actions concernent la création de stocks
déportés avec de nouvelles infrastructures de stockage ou de
production. Les solutions sont plus de nature
« industrielle » que « logistique » ou
« collaborative ». Par exemple, la mutualisation du
transport est citée, mais elle est jugée
« irréalisable en l'état », c'est pourtant la
principale voie de réduction des coûts présentée.
Ainsi au sein de la profession un débat est
engagé sur la question de la réduction des coûts de
transport. Est-ce qu'il faut :
· Cibler le transport amont ou le transport
aval ?
· Raisonner par métiers (cuves, messageries,
complets) ou par type de clients (Industrie alimentaire, GMS, Hard Discount,
RHF, ...) ou de manière globale ?
· Créer un GIE de transport pour massifier les
flux ?
· Créer une bourse du fret ?
· Négocier collectivement avec tous les
transporteurs ou par transporteur ?
· Mutualiser la logistique malgré sa
capacité de différenciation pour les entreprises ?
· Investir dans des outils informatiques
(prévision, transfert de données, partage d'informations) de
manière collective ?
· Créer un dispositif collaboratif nouveau qui
articule un pool d'industriels et un ensemble de transporteurs tout en
maintenant la liberté d'actions de chacun ?
Il apparaît progressivement que une stratégie
d'abaissement des coûts de transport ne peut être portée par
une entreprise. Un abaissement significatif des coûts de transport
suppose à la fois que de nouvelles relations s'établissent entre
un chargeur et ses prestataires de transport, par exemple des échanges
d'informations sur les quantités à transporter, mais aussi que
ces nouvelles relations se généralisent à l'ensemble des
chargeurs et transporteurs.
Pour les promoteurs de ce changement, il faut vendre aux
adhérents de l'ABEA et à leurs prestataires de transport
l'intérêt de : « s'associer sur le long terme pour
maîtriser les coûts de transport ».
Ainsi à la suite de l'étude de l'Observatoire
des IAA en Bretagne, la Commission logistique de l'ABEA élabore un
projet ambitieux, sur une durée de trois ans, qui vise à
créer les bases d'un transport collaboratif pour réduire les
coûts de transport.
La première étape de ce projet est
organisationnelle, cette étape a pour objectif de construire un
dispositif nouveau qui permette un travail collaboratif. Concrètement,
il s'agit de rédiger une « Charte pour le transport
collaboratif en Bretagne » et de mobiliser les différents
acteurs publics et privés autour de cette charte13(*).
b) Présentation de la charte pour
un transport collaboratif en Bretagne ainsi que ses objectifs
En juillet 2004, la Commission logistique de l'ABEA propose un
dispositif associant les chargeurs (donneurs d'ordres) et les transporteurs
(prestataires). Ce dispositif est décrit par la « Charte pour
un transport collaboratif ». Dans ce document (annexe 2)
l' « ABEA propose à ses adhérents chargeurs et
leurs prestataires transporteurs volontaires, un dispositif de collaboration
interentreprises constitué par l'adhésion à une charte de
bonnes pratiques, la participation à des commissions techniques
paritaires pour le partage des gains de productivité, avec l'arbitrage
d'un comité paritaire élu. ». Cette
« Charte » va structurer le processus d'élaboration
d'un transport collaboratif en Bretagne.
L'objet de la « Charte » vise
explicitement et exclusivement « l'amélioration des pratiques
par les chargeurs et les transporteurs signataires de la Charte, dans le but
d'obtenir une diminution des coûts de transport par le partage des gains
de productivité entre chargeurs et prestataires.
Les objectifs de la charte peuvent se résumer comme
suit :
v La réduction du coût de transport
v La consolidation du tissus des entreprises bretonnes
prestataires de transport
v La constitution par cette
« association » chargeur-transporteurs, une force
représentative face aux clients.
La « Charte » définit la
gouvernance du dispositif pendant le projet : le fonctionnement du
dispositif repose sur :
· Un « Comité d'arbitrage »,
composé à parité de quatre représentants des
chargeurs et de quatre représentants de transporteurs, élus pour
un an, dont un président, membre d'ABEA, élu par ces six membres.
Ce comité traite de tout litige touchant à la qualité
d'adhérent des sociétés : entrée, exclusion,
adhésion et renouvellement...
· De « Commissions Paritaires »
thématiques qui doivent construire et suivre les engagements de
progrès et définir la valeur des gains de productivité.
Ce dispositif doit générer des engagements pour
les deux parties :
· Pour les chargeurs : de nouvelles pratiques
permettant d'améliorer la productivité du transporteur,
· Pour les transporteurs : une mesure des gains
obtenus et une réduction des tarifs de transport.
Le caractère paritaire des commissions donne
l'assurance d'un traitement équitable aux deux parties.
Le dispositif est doté d'un règlement
intérieur conçu sur une base paritaire favorisant le travail
collaboratif, la préservation des intérêts particuliers, et
le partage équitable des gains obtenus par la collaboration.
Tourné vers l'action, ce dispositif comporte un volet financier (une
cotisation annuelle) pour assurer l'administration du dispositif.
c) La charte pour un transport
collaboratif dans les processus de collaboration interentreprises en
logistique
Nous avions vu précédemment les
différentes formes de collaboration interentreprises en logistique.
En ce qui concerne la qualification du projet de l'ABEA dans
le contexte de la collaboration interentreprises en logistique, nous constatons
qu'il représente un nouveau projet de son genre qui marquera l'histoire
de la logistique agroalimentaire.
En effet, on a souvent assisté depuis longtemps
à un développement des processus collaboratifs qui lies
directement les fournisseurs à leurs clients voire dans certains cas
leurs prestataires logistiques mais pas souvent les prestataires de
transport.
La GPA (Gestion Partagé des Approvisionnements) ou
bien le CPFR 14(*)(Le
Collaborative Planning, Forecasting and Replenishment) sont des meilleurs
exemples dans le domaine de la collaboration clients-fournisseurs.
Par ailleurs, dans un contexte agroalimentaire breton, comme
il est démontré dans la première partie, les GMS ont un
poids beaucoup plus important que les PME de l'industrie agroalimentaire
bretonne. Ceci ne peut pas annuler la possibilité d'une
éventuelle collaboration mais qui sera sans gains pour les chargeurs.
Les GMS absorberons sans doute l'ensemble des gains.
La collaboration entre chargeurs et transporteurs bretons en
agroalimentaire peut être qualifié dans un premier temps comme une
forme de collaboration coopérative avec de grandes possibilités
d'évolutions vers une collaboration coordonnée.
Ceci va être conditionné des résultats
obtenus et qui seront effectifs dans les prochaines années.
d) Les actions menées par la
commission dans le cadre de la charte
Après la signature de la charte, dans un premier temps
par 14 transporteurs et 20 « chargeurs » entreprises
agroalimentaires.
Une première réunion a permis de lister les
sujets les plus intéressants qui, par des actions collaboratives peuvent
constituer des éléments de gains de productivité, donc des
économies de coûts.
Les sujets évoqués par les deux parties sont les
suivants :
v La Gestion des palettes européennes ;
v Le poids des palettes (problèmes des emballages,
palettes mono-référence)
v Annonce et anticipation des volumes de transport en nombre
de palettes
v Etiquetage standardisé des unités
logistiques
v Les litiges, application des contrats types
v Les problèmes liés à la facturation
v La diminution des temps d'attente par le respect des heures
de mise à quai et des départs
v Uniformisation des techniques de relevé de
température en surgelé
v La gestion des retours des produits refusés
Après plusieurs discussions sur le potentiel de chacun
des sujets, deux d'entre eux semblaient les plus opportuns. En
effet, sur trois critères qui sont le pragmatisme, la
simplicité et la potentialité des gains, les
sujets ressortis sont :
v L'étiquetage standardisé des palettes
v L'anticipation des volumes de transport
De cet effet, deux commissions ont vu le jour : une
Commission Paritaire portant sur « l'anticipation du volume de
marchandises à transporter » et une commission portant sur
« l'étiquetage standardisé des unités
logistiques ».
Nous nous intéressons durant ce travail qu'aux travaux
effectués par la commission anticipation.
IV. Contexte et
objectif du stage
2.1) Etats des lieux sur l'avancement du projet
a) Le kit de prévision de transport
Le choix de la mise en place de la prévision de
transport est l'un des éléments clés du processus
collaboratif qui permettra demain une réduction importante des
coûts de transport. Car, comme nous l'avons
montré dans la première partie, les transporteurs subissent
toutes les contraintes liées à l'organisation logistique en
Juste-à-Temps de la grande distribution. En recevant les commandes de
transport 2 ou 3 heures avant les heures de chargement, les entreprises de
transport ne disposent pas d'informations pertinentes leur permettant une
meilleure optimisation de leurs coûts de prestations.
Une prévision en nombre de palette sera calculée
par le chargeur et transmise au transporteur à j-1 à midi avec
une fiabilité de 90%, ceci va lui permettre de mieux optimiser le
chargement de ses camions (Nombre de palettes par ramasse) ainsi que
l'optimisation de ses tournées (Nombre de palettes par destination).
Il reste à prouver que la formulation d'une
prévision fiable est possible et ne nécessite pas
d'investissements importants pour les industries agroalimentaires.
Pour cela, l'ABEA et la commission
anticipation ont fait appel à un cabinet de conseil spécialiste
dans le domaine : Mission Agro Développement, financé en
partie dans le cadre de l'opération DRE conseil régional
« renforcement de la fonction logistique des IAA » à
hauteur de 40%.
Des séries de tests ont été
effectuées. Elles ont abouti à des
résultats objectifs. Un kit a été conçu et
destiné aux entreprises ABEA et leurs transporteurs. Il
comporte Une méthodologie, Un plan des actions à mener pour
sa mise en place, des exemples de calculs de prévisions, des
modèles de tableaux transposables en fichiers Excel.
La prévision de transport n'est pas le calcul exact du
volume de palettes à transporter, mais la meilleure estimation du nombre
de palettes à transporter compte tenu des incertitudes et du temps
consacré à la prévision.
La prévision porte sur le nombre de palettes (80 x 120)
au sol à transporter pour un transporteur avec une fiabilité de
90%.
Trois types de prévisions ont été
définis :
v Prévision de volumes de ramasse en nombre de
palettes
v Prévision de volume de traction sur une destination
pertinente en nombre de palettes
Les destinations pertinentes sont les agences des
transporteurs ou points de masse.
v Prévision de volume de transport sur une destination
en nombre de palettes
L'objectif fixé par l'ABEA est la mise en place de la
prévision de transport dans 100% des entreprises adhérentes.
C'est dans ce cadre, avec la commission
« anticipation du volume de transport», que se
situe mon stage de 5 mois au sein des entreprises adhérentes à la
charte pour le transport collaboratif de l'ABEA.
2.2) La problématique du stage
a) Les objectifs du stage
Après l'intervention du cabinet de conseil et
après la rédaction du kit de prévision de transport qui
comportait une méthodologie sur la mise en place de la prévision,
j'étais amené à mettre en pratique, au sein des
entreprises agroalimentaires participantes en Bretagne, la prévision de
transport.
En collaboration étroite avec les responsables
logistique et/ou transport des entreprises participantes, et sous l'encadrement
de l'ABEA et du cabinet de conseil MAD, mon intervention concerne
l'élaboration d'une méthodologie de calcul de prévision en
nombre de palettes à transporter à j-1 avec un taux de
fiabilité de 90% ainsi que sa mise en place dans les organisations.
Les principaux objectifs du stage sont de :
v Créer une relation dans un cadre professionnel avec
les responsables logistique et/ou transport dans les entreprises.
v Comprendre le fonctionnement de la logistique
agroalimentaire, ainsi que l'organisation de l'activité de transport.
v Comprendre La nature des relations existantes entre
transporteurs et IAA ainsi que les pratiques usuelles en matière de
transport.
v Etudier les contraintes logistiques et transports
spécifiques à chaque entreprise
v Analyser les besoins spécifiques de chacune des
entreprises
v Collecter les informations nécessaires pour la mise
en pratique du projet
v Etudier les séries statistiques constituées
des historiques des livraisons, cela concerne les livraisons des
dernières années (1 à 3 ans) par tournée de
ramasse, par plateforme ou bien par agence de réseau.
v Tirer des méthodes de prévision fiables pour
chaque entreprise.
v Regrouper l'ensemble de ces informations sous un outil Excel
simple et accessible à tous les niveaux de l'entreprise.
v Assurer le démarrage de la mise en place de la
prévision.
v Etudier la fiabilité des résultats et les
possibilités d'améliorations.
Néanmoins, il faut signaler que l'objectif principal
reste de favoriser le partage d'expérience entre les entreprises tout
au long de la mise en place du projet.
b) La constitution du groupe de
travail
Après avoir fixé les objectifs à
atteindre durant le stage, il a fallu engager un groupe d'entreprises
agroalimentaires adhérentes à la charte pour la mise en place de
la prévision de transport (ANNEXE 3).
La stratégie de l'ABEA été axée,
au départ des travaux, sur l'application du projet de collaboration sur
seulement une dizaine d'entreprises. Ces entreprises doivent
représenter les différents domaines d'activités
agroalimentaires. Chacune des entreprises choisira un seul transporteur pour la
collaboration.
En se basant sur une liste d'éventuelles entreprises
intéressées par la mise en place de la prévision et
après une prise de contact avec chacune d'elles, 10 entreprises
implantées dans les 4 départements de la Bretagne ont
été engagées dans le projet.
Les tableaux ci-dessous représentent les entreprises
participantes, leurs secteurs d'activités ainsi que les transporteurs
avec lesquels elles souhaitent collaborer dans un premier temps.
RAISON SOCIALE
|
SECTEUR D'ACTIVITE
|
Entreprise de transport en collaboration
|
BONDUELLE TRAITEUR
|
Plats cuisinés, salades...
|
STG
|
BRETAGNE LAPINS
|
Abattage et découpe de lapins
|
TFE
|
COMABOKO
|
Surimi et crevettes
|
TFE
|
GROUPE CECAB
|
Produits frais (viandes, oeufs, légumes...)
|
TFE
|
GROUPE EVEN
|
Produits laitiers
|
NEXIA
|
GROUPE STALAVEN
|
Plats cuisinés, salade...
|
CORRE
|
HENNAF
|
Plats cuisinés...
|
TFE
|
LES CREPERIES JARNOUX
|
Crêpes
|
TFE
|
LOBODIS
|
Commerce de café équitable
|
TFE
|
SAVEL
|
Abattage et découpe des volailles
|
POSTIC
|
2.3) La planification de la mission
Le commencement de la mise en place effective de la
prévision de transport dans les entreprises participantes est
conditionné par la création d`un contexte et un environnement
favorables à la collaboration entre « chargeurs et
transporteurs ». C'est dans ce cadre que nous avons
élaboré une méthodologie qui consiste à suivre
certaines actions pour débuter la mise en place de la
prévision.
Les étapes à suivre sont les suivantes :
1) Définir le responsable du projet chez le chargeur
(Responsable logistique, transport, ou achat), si possible la personne qui sera
chargée d'effectuer la prévision de transport.
2) Choisir (dans une première phase de test) un
« transporteur - partenaire » pour la prévision
de transport.
3) Identifier le responsable du projet chez le
transporteur.
ï Nom
ï Fonction
ï Coordonnées (Tel, Email, ...)
4) Transmettre le « Kit de prévision de
transport » à ce responsable, chez le
transporteur.
5) Organiser une réunion commune
ï Valider le contenu du « Kit »
ï Définir les informations attendues
ï Définir les destinations pertinentes
ï Définir les modalités de transmission des
informations
ï Préparer le paramétrage du fichier
Excel
6) Identifier la localisation des sources d'informations
nécessaires au « fichier historique ».
7) Identifier le matériel informatique qui sera le
support des fichiers de prévision.
8) Définir les besoins en matière d'aide
à la mise en oeuvre de la prévision de transport.
9) Transmettre
ï Coordonnées du responsable du projet chez le
chargeur
ï Coordonnées du responsable du projet chez le
transporteur
ï Relevé des décisions de la réunion
« Chargeur - transporteur »
ï Sources d'informations disponibles
Après avoir préparer les entreprises au projet,
et après avoir matérialiser la relation
« chargeur - transporteur » à travers
l'organisation des réunions ainsi que la nomination d'un responsable de
projet chez les deux parties, commence alors la réalisation du
projet.
Nous pouvons distinguer 3 phases :
La première phase consiste à accompagner les
responsables de projet chez les chargeurs, en l'occurrence les
responsables logistique et/ou transport pour la réalisation des actions
citées ci-dessus.
La définition des informations attendues par le
transporteur ainsi que les destinations pertinentes étaient le point le
plus délicat pour les deux parties. Nous verrons au cours de la
dernière partie comment a été notre réaction face
à ce point.
La deuxième phase consiste à élaborer
une méthode de prévision fiable, qui permettra le calcul d'une
prévision fiable de transport concernant les destinations
pertinentes.
La troisième phase sera l'élaboration d'un
outil sous Excel, il doit être, simple, facile à utiliser et
adapté aux attentes des chargeurs.
Nous verrons avec plus de détails dans la partie
suivante, les différentes phases de réalisation du projet.
PARTIE III : LE
DEVELOPPEMENT DE LA PREVISION DE TRANSPORT DANS LES ENTREPRISES
AGROALIMENTAIRES.
I. La problématique de la
mise en place de la prévision de transport
La mise en place de la prévision de transport dans les
entreprises agroalimentaires participantes parait dans un premier temps, comme
une tache facile qui nécessite une courte période1.
Hors, elle est loin de l'être. En effet, dés les
premières réunions avec les entreprises, il a fallu plus de deux
mois rien que pour convaincre les deux partenaires à y croire
réellement. Certes, l'engagement des entreprises prouve cette
conviction, mais elle reste basée sur une
théorie et des paroles difficiles à mettre en évidence sur
le terrain.
Le passage à la pratique soulève donc de grandes
difficultés qui ont, sans doute, des retombées sur la
réalisation des objectifs fixés.
Avant de passer aux difficultés rencontrées, il
faudra tout d'abord :
1. Définir ce que c'est la prévision de
transport dans le projet, ainsi que ses particularités par rapport
à la prévision de la demande
2. Analyser les attentes des entreprises participantes et
définir la nature des prévisions souhaitées.
2.1) De la prévision à la prévision de
transport
a) Définition de la
prévision
La prévision recouvre l'ensemble des méthodes
très diverses qui ont en commun de chercher à réduire
l'incertitude liée à la non-connaissance du futur. Elle est aussi
une « Fonction qui permet d'estimer la demande future des biens et
services offerts par l'entreprise, cette fonction est établit soit
mathématiquement (données historiques), soit intuitivement
(connaissance du marché), soit en combinant les deux méthodes
»15(*)
La prévision doit être perçue par les
acteurs comme un outil d'aide à la décision et non une
finalité à subir. En effet,
l'apport d'un système de prévision se situe à deux
niveaux :
1. Dans la durée : à la suite de nombreuses
émissions de prévisions, par sa capacité à
réduire significativement la marge d'incertitude.
2. Ponctuellement : savoir anticiper les retournements de
conjoncture ainsi que savoir prédire, si un retournement observé
récemment, a un caractère durable ou non.
L'entreprise peut attendre beaucoup de la prévision si
elle est bien utilisée. Il faut, par
ailleurs, éviter la vision passéiste
qu'entraîne le sentiment de croire que la la firme subira
inévitablement ce qu'elle prévoit. Bien au contraire, la
prévision est un outil d'aide à la décision : elle
doit servir l'entreprise à agir sur son futur et non à le
subir.
b) De la prévision à la
prévision de transport
Il existe peu de travaux sur la prévision de transport.
D'après les quelques références bibliographiques
trouvées, on peut déduire, que dans ses différents
contextes, la prévision de transport est une prévision à
horizon très court. Elle entre aussi dans le cadre de
la prévision d'activités quotidiennes dans le domaine de la
prestation de service.
La mise en place de la prévision de transport
représente un intérêt particulier pour le transporteur dans
la mesure où ce dernier souhaite connaître quotidiennement le
nombre de palettes qu'il va transporter pour un certain nombre de destinations.
En outre, compte tenu de la nouveauté que
représentent les engagements prescrits dans la relation entre le
transporteur et le chargeur, il est nécessaire de procéder
à des expérimentations pour produire des connaissances et des
références reconnues par les opérateurs.
La méthode de prévision utilisée est
fondée sur une analyse très fine de séries chronologiques
au niveau mensuel, hebdomadaire et journalier. Elle combine donc entre une
approche endogène (décomposition de chroniques) et exogène
(recherche de variables explicatives externes) :
météorologie, variation promotionnelle, variables liées
aux événements exceptionnels. Il ne s'agit pas de ventiler des
prévisions mensuels en prévisions hebdomadaires qui seront
éclatées par jour, mais plutôt de déterminer des
saisonnalités propres a chaque composante.
Nous allons voir avec plus de détails au cours de la
section suivante le fondement de la méthode retenue dans le cadre de la
collaboration « chargeur-transporteur ».
2.2) La nature des prévisions recherchées
La détermination des informations
prévisionnelles recherchées par les transporteurs a
été fondée sur la capacité de celles-ci à
améliorer la performance des entreprises de transport. En effet, pour
améliorer leurs performances et réduire leurs coûts, les
transporteurs se basent essentiellement sur l'obtention des informations leurs
permettant une optimisation des tournées de livraison ainsi que le
chargement des camions.
Deux types de prévisions ont été
demandées par les transporteurs lors des réunions avec leurs
chargeurs :
v Une prévision du volume du transport par ramasse
(lieu et heure précisés).
v Une prévision du volume du transport par destination
pertinente
Une destination pertinente, du point de vue
du transport, est une destination pour laquelle la
prévision représente un intérêt pour le
transporteur. Elle pourra être un point de masse (une plateforme de
distribution), une agence du réseau transport ou bien le client
final.
Ainsi :
v L'annonce doit être faite la veille de la
ramasse à 12H en distinguant les produits frais et les produits
congelés.
v Les prévisions doivent être effectivement
réalisées à 90%.
Après la définition de la nature des
informations prévisionnelles qui seront transmises aux transporteurs par
les chargeurs, se pose le problème de l'unité de mesure de ces
informations. Serait-ce le poids en kg, le nombre de colis ou bien le
nombre de palettes ?
Si c'est le nombre de palette, est ce que c'est des palettes
au sol ? Et pourra-t-on connaître la taille de ces
palettes ?
Il existe d'autres « unités de
transports »16(*) dans le domaine agroalimentaire, c'est le cas des
rolls17(*), Mini-chariots
frais, Chariots rolltainer, les boxs...
a) Une prévision en poids, en
nombre de colis ou en nombre de palettes
Plusieurs discussions ont été engagées
entre les partenaires sur ce sujet. Les résultats ont montré des
divergences de points de vue concernant ce sujet. C'est alors la nature des
marchandises transportées qui a été
l'élément clé de la définition des besoins des
transporteurs en prévisions.
En effet, les différentes catégories des
produits agroalimentaires transportés nécessitent des moyens de
manutention et des unités de transport différentes. Les
unités de transport utilisées sont le chariot, le mini-chariot
frais, le rolltainers, le rolls avec toutes ces formes, le box...et la palette,
ce qui implique des camions hétérogènes dans certains
cas.
Prenant l'exemple du groupe laitier EVEN18(*). Le transport des produits
laitiers nécessite plusieurs unités de manutention de taille et
de volume différents. Le calcul d'une prévision par
« unité de transport » est alors
irréalisable. Dans ce cas de figure, il était alors judicieux de
prendre le poids comme référence des prévisions sans
indiquer les unités de transport utilisées. Le transporteur a
affirmé, qu'a travers la connaissance d'une prévision en poids,
il peut disposer d'outils lui permettant l'optimisation du coût. C'est le
cas aussi du groupe CECAB.
Pour les entreprises qui conditionnent leurs produits, de
poids différents, dans des cartons homogènes, les exemples ont
montré que le nombre de colis était plus significatif comme base
de calcul de la prévision. C'est le cas d'entreprises ayant comme
activités : les salades, les plats cuisinées, les salades de
fruits...Le cas du groupe STALAVEN est le bon exemple. En effet, vu la
disparité du rapport poids / volume des produits transportés, il
est plus facile de connaître le nombre de cartons que le poids d'une
palette client (destination pertinente).
Par ailleurs, il est plus facile d'opter pour le poids dans le
cas des entreprises transportant des produits homogènes quelque soit la
taille des cartons. C'est l'exemple de l'entreprise Bretagne Lapins qui a comme
activité principale l'abattage et la découpe du lapin.
L'estimation du poids moyen et du nombre moyen de colis par
palette et par destination nécessite une simple étude
statistique, voir un petit sondage auprès des personnes qui
opèrent sur les quais d'expéditions de l'entreprise
Le tableau ci-dessous présente les
« unités de prévision de transport»
définies par les entreprises participantes à la mise en place de
la prévision.
RAISON SOCIALE
|
Unité de prévision de transport
|
BONDUELLE TRAITEUR
|
Nombre de colis exprimé en nombre de palettes.
|
BRETAGNE LAPINS
|
Nombre de colis exprimé en nombre de palettes
|
COMABOKO
|
Poids exprimé en nombre de palettes
|
GROUPE CECAB
|
Poids
|
GROUPE EVEN
|
Poids
|
GROUPE STALAVEN
|
Nombre de colis exprimé en nombre de palettes
|
LES CREPERIES JARNOUX
|
Nombre de palettes
|
LOBODIS
|
Nombre de palettes
|
SAVEL
|
Nombre de colis exprimé en nombre de palettes
|
b) Une prévision en
dixième de palettes.
L'unité de transport qui sera utilisée, dans la
plupart des entreprises, pour l'élaboration des prévisions est
alors la palette. La question qui se pose est alors, comment avoir une
prévision en nombre de palette ?
Nous avons montré auparavant que le calcul de la
prévision se ferra en poids ou en nombre de colis transportés,
ceci selon les spécificités de chaque entreprise. La conversion
en nombre de palettes se ferra sur la base de l'estimation du poids moyen ou du
nombre de colis moyen par palette et par destination. Ce qui implique
l'obtention d'un nombre exprimé en dixième de palette.
Les transporteurs ont tous manifesté un grand
intérêt pour ce type d'informations qui n'existait pas dans le
passé (que ça soit une petite palette ou une palette
complète, elle était considérée comme une palette
au sol). Désormais, les transporteurs pourront avoir
une estimation de la taille des palettes à transporter.
La connaissance de la taille des palettes est un
élément majeur pour l'optimisation du coût de transport et
ce à travers une meilleur optimisation du chargement des camions et des
tournées de livraison.
Pour ce qui est de l'optimisation du chargement des camions,
les transporteurs, à travers cette information, pourront distinguer les
palettes pouvant être gerbé des palettes complètes. Ainsi,
ils peuvent avoir une meilleure estimation du nombre de camions
nécessaire pour un nombre de palettes au sol.
En ce qui concerne l'optimisation des tournées de
livraison, les transporteurs pourront , à travers une meilleure
modélisation, réduire le nombre de kilomètres parcourus
ainsi qu'étudier l'affectation des clients aux tournées.
L'optimisation des tournées à travers la répartition de
petites palettes sur plusieurs tournées par exemple sera
désormais possible. L'élaboration des
prévisions en décimal de palette est alors un
élément important pour une meilleure optimisation des
coûts, mais comment gérer ces informations ?
Les logiciels de gestion du transport ne prennent pas souvent
en compte des nombres exprimés en dixième de palette, ainsi il
n'existe pas une différence entre par exemple 0,5 et 0,6 palette.
Plusieurs solutions sont envisageables et chaque transporteur a choisi ce
qui lui convient concernant l'utilisation de ces informations
prévisionnelles.
Elles se résument comme suit :
- Caractériser les dixièmes de palette en
distinguant les petites palettes et les palettes moyennes des palettes
complètes. Un nombre compris entre 0,1 et 0,3 pal sera une petite
palette ; de 0,4 à 0,6 sera une palette moyenne et un nombre
supérieur à 0,7 sera une palette complète.
- Arrondir les chiffres à 0,5 pal si le nombre est
inférieur ou égal à 0,5 et à 1 palette s'il est
supérieur à 0,5.
- Ne prendre en compte que les décimales
inférieures à 0,6 et arrondir à 1 palette complète
ceux qui sont supérieurs à ce chiffre.
c) La fiabilité des
prévisions
La fiabilité des prévisions dans notre travail
est la base de l'optimisation du coût de transport. En effet, dans un
premier projet de « la charte pour un transport collaboratif en
Bretagne», les transporteurs ont sollicité des prévisions
avec un taux de fiabilité de 90%.
Lors d'une étude préliminaire portant sur la
faisabilité de la prévision de transport dans l'industrie
agroalimentaire bretonne, les résultats obtenus ont montré qu'il
est possible de faire des prévisions de transport mais que la
fiabilité de ces prévisions est fragile, notamment pour les
périodes comprenant des jours fériés et des
promotions. Par ailleurs, le taux de fiabilité de 90%
reste réalisable à plusieurs niveaux :
§ A long terme : à travers
l'élaboration quotidienne des prévisions, les entreprises auront
une parfaite compréhension des comportements de leurs clients
(destinations). c'est lors du démarrage de la mise en place de la
prévision que les entreprises rencontreront des difficultés
à réaliser les performances souhaitées.
§ Au niveau de la ramasse : il est évident
que atteindre 90% de fiabilité par prévision est très
difficile à réaliser. La multitude des clients ainsi que leur
diversité entraînent des comportements commerciaux très
variables et difficiles à maîtriser.
Par l'agrégation des taux de fiabilité des
prévisions par client, nous obtiendrons alors un seul taux de
fiabilité qui sera plus stable. L'objectif de 90% sera plus facile
à réaliser dans la mesure où, des erreurs de
prévision sur certains clients vont être compensé par la
meilleure fiabilité des prévisions concernant les autres clients
(notamment les clients réguliers avec des commandes stables). Ce taux de
fiabilité qui prend en compte l'ensemble des prévisions,
représente la fiabilité de la prévision du volume de
transport par ramasse.
L'orientation des transporteurs n'est pas tout à fait
claire concernant la fiabilité des prévisions attendues, mais
selon eux, avoir un degré de fiabilité d'au
moins 90% par prévision et par destination est l'objectif idéal.
2.3) Les difficultés de la mise en oeuvre de la
prévision de transport
Après avoir pris connaissance de ce qui est la
prévision de transport, ainsi que la nature des informations
prévisionnelles recherchées par les transporteurs dans le cadre
de « la charte pour un transport collaboratif en
Bretagne », nous allons maintenant, à travers cette section,
présenter les difficultés rencontrées lors de la mise en
place du projet de la prévision de transport des produits
agroalimentaires.
a) La disponibilité des
informations historiques
Par définition, l'historique est une
série chronologique composé de valeurs ordonnées dans le
temps à périodicité constante, il doit réunir les
propriétés suivantes :
§ Il ne se compose que d'informations connues qui sont
effectivement réalisées ;
§ Il est représentatif de ce que l'on cherche
à prévoir et reflète sa réalité; par
exemple un historique des commandes ne permet pas de prévoir le
transport.
§ Il est homogène dans le temps, dans notre cas,
cela veut dire que les relations commerciales avec le client, pour lequel nous
allons prévoir le transport, doivent être de même nature
tout au long de la période constituant l'historique, aussi il devrait
être pris en charge par le même transporteur durant cette
période.
§ Il comprend un nombre minimal d'observations, il parait
logique de dire que plus l'historique est long, meilleure sera la
qualité de l'analyse et par voie de conséquence, la
prévision. La longueur minimum d'un historique, c'est-à-dire son
nombre de valeurs, est variable selon le but recherché et la
périodicité des données.
Il ne sert à rien de vouloir remonter trop loin dans le
temps, en effet des modifications de la structure chronique, telles que la
tendance ou la saisonnalité, apparaissent avec le temps et risquent de
venir perturber la prévision à court terme.
La disponibilité des informations historiques est le
premier problème que nous avions rencontré lors du commencement
des travaux. En effet, une meilleure
estimation de la saisonnalité, des coefficients de variation par rapport
aux événements singuliers (promotions, jours fériés
et événements exceptionnelles) et des tendances,
nécessitent dans notre cas un historique représentatif d'au moins
3 années d'activités.
La majorité des entreprises agroalimentaires
participantes ne gardent aucune trace des expéditions et si elles le
font, ils sont sous forme de bordereaux de livraisons archivés sous
forme de supports papiers.
Il a fallu alors contacter, les services informatiques des
entreprises disposant d'un ERP, voire contacter les
entreprises de transport, pour la constitution des bases historiques. Ces
dernières, à l'aide des progiciels de gestion de transport, ont
pu extraire l'historique des expéditions à une année et
par destination (client).
Nous allons alors se baser sur une année pour
l'analyse des variations (saisonnières et événementielles)
et des tendances.
Les informations historiques collectées étaient
exprimées en poids, ou en nombre de colis expédiés. Une
information historique en nombre de palettes est très difficile à
avoir dans la mesure où le transport est facturé en poids
transporté.
Dans certaines entreprises, un historique en nombre de
palettes était disponible, mais il ne reflète pas la
réalité du transport. En effet,
il est exprimé en nombre de palettes au sol sans distinguer la taille de
ces palettes.
b) Le problème de la
diversité des clients
Après la réception des données
historiques des expéditions de chaque entreprise, nous avons
constitué les séries chronologiques qui feront l'objet des
études statistiques. Un premier travail sur le choix des destinations
pertinentes qui feront l'objet de la prévision est primordial.
Dans ce cadre, nous nous sommes confronté au
problème de la diversité des clients. En effet, chaque entreprise
livre chaque jour une cinquantaine voire une centaine de clients
hétérogènes.
Parmi ces clients formés de plateforme de
distributeurs, de grossistes ou bien d'industriels, la plupart sont des petits
clients non réguliers livrés en petites quantités et de
manière aléatoire. L'élaboration d'une prévision
correcte concernant ces derniers est irréalisable dans la mesure
où nous ne disposons pas d'informations nous permettant de savoir quant
et combien ces clients vont commander.
Plusieurs méthodes ont été
utilisées pour remédier à ce problème. Il serait
objectif, de choisir les clients qui représentent 80% du poids des
expéditions. Cette analyse pourra être affinée par une
étude de la moyenne et de l'écartype ainsi que la
régularité des commandes.
Seuls ces clients feront l'objet de la prévision. Ils
sont généralement des plateformes, des industriels et quelques
grossistes. L'élaboration d'une prévision du volume de transport
pour chacun d'eux est indispensable.
En ce qui concerne les petits clients irréguliers, ils
vont être agrégés et traités comme s'ils
étaient un seul client.
Il faut ajouter que les clients qui ne sont pas
affectés en permanence à un transporteur, ne font pas l'objet
d'une prévision de transport dans cette phase du projet.
Le schéma suivant illustre la méthode retenue
pour le traitement de la diversité des clients :
![](organisation-collaborative-prevision-transport-bretagne6.png)
c) La traduction du poids ou nombre de
colis en nombre de palettes
Une autre difficulté a surgi lors de cette
étude, c'est la conversion du poids ou du nombre de colis en nombre de
palettes. Nous avons cité dans la chapitre précèdent, que
les informations attendues par les transporteurs doivent être
exprimées en nombre de palettes.
L'élaboration d'une prévision en nombre de
palettes nécessitera une conversion du poids ou du nombre de colis
prévisionnel en nombre de palettes et ce selon la nature des produits
transportés et les particularités de chaque entreprise. Le calcul
du poids moyen ou du nombre de colis moyen par palette et par client est par
ailleurs indispensable.
En effet dans la réalité des relations client -
IAA, plusieurs contraintes se posent dans le cadre de la gestion des
livraisons, en l'occurrence la composition des palettes. C'est le cas par
exemple des GMS qui obligent ses fournisseurs d'effectuer des livraisons en
palettes mono-produits.
Globalement, nous avons relevé différentes
typologies de palettes qui sont :
§ Les palettes multi produits
§ Les palettes multi clients
§ Les palettes non gerbées
Nous allons donner des exemples de conversions du poids ou du
nombre de colis en nombre de palettes selon la nature de ces
dernières :
Palettes mono client
n Un seul client par palette (calcul du poids moyen par palette
et par client)
![](organisation-collaborative-prevision-transport-bretagne7.png)
Si gerbée : le nombre de palettes est égal à
: 0.4 + 2.3 + 1.8 = 4.5 pal
Si non gerbée : le nombre de palettes est égal
à : 1 + 3 + 2 = 6 pal
Palettes multi clients
n Estimation du poids moyen par palette et par client
![](organisation-collaborative-prevision-transport-bretagne8.png)
Donc pour les clients X, Y et Z : 0.2 + 0.3 + 0.4 = 0.9
palette
Après avoir défini la prévision ainsi que
sa nature dans le projet collaboratif en Bretagne, nous avons explicité
les difficultés rencontrées ainsi que les réflexions mises
en avant pour les surmonter.
Les entreprises ont alors préparé le terrain
pour le commencement des travaux d'analyse statistique et
économétrique des séries chronologiques qui respectent les
conditions favorables aux calculs des prévisions.
Nous allons maintenant au cours du deuxième chapitre
élaborer une méthodologie de calcul des prévisions qui
satisfait d'une part, les besoins des entreprises en terme de
difficultés de mise en place, et d'autre part les besoins de
transporteurs en fiabilité.
II.
L'élaboration d'une méthodologie de prévision et sa mise
en place dans l'esprit des entreprises
Durant ce chapitre nous allons évaluer
différentes méthodes de prévision, par la suite nous
allons définir des fenêtres d'application pour enfin choisir une
méthode de prévision appropriée aux besoins des chargeurs
et des transporteurs.
Il s'agit dans un premier temps de modéliser la
demande de transport à travers l'analyse des informations historiques
afin de construire un certain nombre de séries chronologiques
représentatives nous permettant d'estimer les coefficients de variations
par rapport aux événements singuliers ainsi que les tendances.
Dans un deuxième temps, nous avons
sélectionné plusieurs méthodes de prévisions
basées sur des données historiques (lissage exponentiel, moyenne
mobile.) pour étudier ensuite leurs applications dans le projet de la
prévision de transport.
La méthode de prévision choisie a
été implantée par la suite sur un outil informatique (sous
Excel) que nous avons conçu. Les différentes méthodes de
prévision ont alors été testées dans l'ensemble des
entreprises participantes et les résultats obtenues ont
été étudiés par la suite.
2.1) Les études statistiques préalables
à l'application d'un modèle de prévision
Après l'identification des clients qui forment 80% du
volume annuel transporté et après une analyse fine des moyennes
et des écartypes, nous avons sélectionné pour chacune des
entreprises les destinations pertinentes ( points de masse, plateformes de
distributions, industriels et grossistes ) qui ont fait l'objet de calcul des
prévisions.
Des séries chronologiques qui remontent à une
année d'historique sont alors élaborées.
A travers, l'étude statistique de ces séries
nous allons définir la méthode de prévision
appropriée. Ceci ferra l'objet de cette première section.
a) L'analyse des informations
historiques des expéditions
L'étude des phénomènes économiques
a distingué divers types d'évolution, qui peuvent
éventuellement se combiner :
La tendance : correspond à une variation
lente s'effectuant dans un sens déterminé qui se maintient
pendant une longue durée.
La composante saisonnière : correspond
à des variations s'effectuant régulièrement au cours de la
semaine, du mois, du trimestre, ... peuvent être considérés
comme événements saisonniers, les vacances scolaires, les jours
fériés fixes dans l'année (le jour de Noël, le
premier Mai...)...
Les variations liés aux évènements
singuliers : correspond à des variations qui ne
présentent pas un caractère régulier, ça pourra
être une promotion, un jour férié non fixe dans
l'année (Lundi de pacques, assomption...) ou bien des
événements exceptionnels (une grève, un changement
météorologique...
La prévision se compose alors d'un volume normal, d'un
volume lié aux événements saisonniers, d'un volume
lié aux événements exceptionnels et un volume qui exprime
la tendance.
Avant d'entamer l'analyse des séries chronologiques,
chacune des entreprises doit mener une réflexion objective. Cette
réflexion doit se baser sur les connaissances des différents
agents de l'entreprise, plus particulièrement le service commercial pour
identifier l'ensemble des variables endogènes et exogènes
affectant directement la demande de l'entreprise en transport.
Un questionnaire a été élaboré
pour cet effet et les réponses ont permis de lister les variables
suivantes :
Les variables saisonnières :
§ La saisonnalité de la demande
§ Les jours fériés stables
§ Les variations climatiques
§ Les vacances scolaires
§ Quelques promotions
Les variables événementielles :
§ Les promotions en générale
§ Les jours fériés non stables
§ La croissance interne de l'entreprise
§ Les variations climatiques exceptionnelles
§ Référencement ou
deréférencement
A partir de la liste des événements, une
première étape d'identification des observations
anormales19(*), dans les
séries chronologiques, à été réalisée
afin de les corriger et de neutraliser leurs effets. Ensuite, un taux de
variation lié à chacun de ces événements pourra
être calculé. Il sera utile par la suite pour la correction de la
prévision.
Il faut signaler que certaines observations anormales, tel que
les promotions, peuvent être programmées aux
mêmes dates, d'une année à l'autre. Il est
évident que, dans ce cas de figure, l'impact des promotions va
être implicitement intégré dans la saisonnalité.
Par ailleurs, Il existe plusieurs méthodes qui servent
à identifier les observations anormales. Parmi ces
méthodes, on trouve la méthode de l'intervalle
de confiance, le test de moyenne et la détection par régression.
Toutefois, aucune de ces méthodes ne donne entière satisfaction
et restent lourdes à mettre en oeuvre,
nécessitant ainsi, des connaissances confirmées en
statistiques.
Quant à la correction des valeurs anormales
identifiées, elle nécessite le remplacement de celles-ci par
d'autres valeurs. Ils existent également plusieurs méthodes
permettant de déterminer ces nouvelles valeurs. Parmi ces
méthodes, on trouve l'intervalle de confiance, la valeur estimée
par prévision (en appliquant un modèle de prévision sur la
série) ou bien l'intervention humaine.
Dans notre cas, c'est la compétence du gestionnaire
dans le domaine qui nous a permis d'identifier les valeurs anormales
appelées aussi les points aberrants ainsi que leurs valeurs de
remplacement. En effet, le gestionnaire est le mieux
placé, par sa connaissance de cause, pour connaître la part
d'anormalité qui existe dans une observation.
Une autre méthode a été utilisée
par les entreprises pour le remplacement des points aberrants et le calcul des
coefficients de variation correspondants. Cette méthode consiste
à calculer la moyenne des valeurs, avant et
après l'événement. La valeur anormal sera
alors remplacée par cette moyenne.
Exemple d'une série chronologique d'un client de
l'entreprise Bretagne-lapins :
Semaine
|
Poids total Logidis
|
Poids corrigé
|
Impact promo
|
1
|
2164
|
2164
|
|
2
|
2246
|
2246
|
|
3
|
4634
|
2069
|
45%
|
2069 = (2246 +1892)/2
1892
|
|
|
|
5
|
1702
|
1702
|
|
6
|
1472
|
1472
|
|
7
|
2030
|
2030
|
|
8
|
2033
|
2033
|
|
9
|
3467
|
1975,5
|
57%
|
10
|
1918
|
1918
|
|
11
|
3744
|
1853,5
|
50%
|
12
|
1789
|
1789
|
|
13
|
1631
|
1631
|
|
14
|
1988
|
1988
|
|
15
|
2000
|
2000
|
|
16
|
1860
|
1860
|
|
Taux de variation lié aux promotions
|
50%
|
Le tableau ci-dessus représente le poids
expédié chaque semaine vers une plateforme GMS Logidis.
L'observation de cette série nous a permis d'identifier
des valeurs anormales (points aberrants), qu'il a fallu alors expliquer puis
corriger.
Après une requête auprès du service
commercial de l'entreprise, il s'avère que ces valeurs sont liées
à des événements promotionnels. Nous nous sommes alors
basé sur la moyenne des valeurs, avant et après
les promotions, pour le calcul des valeurs corrigées.
Ceci nous a permis d'estimer le coefficient de variation d'une promotion chez
Logidis. Ce coefficient pourra être utilisé par
la suite pour corriger la prévision d'une journée de
promotion.
Après la correction des séries chronologiques
des événements ne présentant pas un caractère
saisonnier, nous obtenons une série qui ne tient en compte que des
variations saisonnières et de la tendance.
Le calcul des coefficients saisonniers ainsi que l'estimation
de la tendance sont alors possibles.
b) L'analyse la saisonnalité et
de la tendance du transport
Après la correction des séries chronologiques en
éliminant les événements exceptionnels et
irréguliers, la première étape consiste à
déterminer la saisonnalité hebdomadaire voir la
saisonnalité quotidienne de la demande du transport par destination
pertinente. La deuxième étape consiste à
désaisonnaliser la série chronologique en divisant les valeurs
des observations par leurs coefficients saisonniers correspondants. Ainsi, va
apparaître La tendance de la demande du transport.
En ce qui concerne les règles de
calcul, il n'existe pas de méthode parfaitement
satisfaisante d'estimation des coefficients saisonniers. En effet, quelque soit
la méthode retenue, le risque d'incorporer,
dans la saisonnalité, des fluctuations dues
à des valeurs aberrantes est toujours présent.
Lors du calcul de la saisonnalité, il convient de faire
un certain nombre de choix concernant le type de coefficients saisonniers. Ces
derniers peuvent être additifs ou multiplicatifs, fixes
ou glissants (évolue d'une année à l'autre).
Pour le calcul de la tendance, il est nécessaire de
faire appel à la statistique mathématique. La méthode la
plus utilisée est la méthode par régression. Le but est
d'estimer une tendance à l'aide d'un polynôme : xt
= a0 + a1t + a2t2 +
a3t3...
E retenant le polynôme de degré 1 :
xt=a1t+a0, on considère que la tendance
est linéaire et peut être représentée à
l'aide d'une droite correspondant à l'ajustement des moindres
carrés.
2.2) Présentation de quelques modèles de
prévision et leur application dans le cadre de la prévision de
transport.
Il existe de nombreuses méthodes de prévision
ayant chacune des avantages et des inconvénients. L'activité de
prévision débute donc par le choix d'une méthode convenant
aux objectifs fixés et aux critères des données et des
coûts. Cependant, bien que l'importance du choix d'une méthode de
prévision dans les nouvelles stratégies des entreprises est
reconnue, ce sujet n'a pas fait l'objet de beaucoup d'études.
Nous allons dans cette section présenter deux
méthodes de prévision différentes que nous avons
testé pour la mise en place de la prévision de transport dans les
entreprises agroalimentaires en Bretagne.
a) La méthode du lissage
exponentiel
Les techniques de lissage exponentiel ont été
introduites par HOLT en 1957 et surtout par BROWN en 1962. Le lissage regroupe
l'ensemble des techniques empiriques qui ont pour caractéristiques
communes d'accorder un poids plus important aux valeurs récentes de la
chronique.
Selon la nature de la série chronologique, il existe
plusieurs niveaux de lissage exponentiel.
Le modèle applicable pour la prévision de
transport des produits alimentaires est le modèle de lissage exponentiel
double appelé également lissage exponentiel avec variation
saisonnière et trend (tendance).
L'application de ce modèle consiste à calculer
une prévision qui prend en compte la variable saisonnière et le
trend.
Le calcul préalable des coefficients saisonniers se
fait sur la base de la série chronologique lissée en utilisant la
moyenne mobile d'ordre n. Plus l'ordre de la moyenne mobile est
élevé, plus les fluctuations sont réduites et plus la
série devient courte.
L'estimation du trend se fait par la courbe de
régression en calculant la pente de la courbe
désaisonnalisée de la demande.
Par la suite, le calcul de la prévision consiste
à appliquer la tendance sur la série, le nombre obtenu est alors
multiplié par le coefficient saisonnier correspondant.
Les coefficients saisonniers et la tendance peuvent être
corrigés dans le temps.
b) La moyenne mobile
Comme son nom l'indique la moyenne mobile est un indicateur
qui fait la moyenne des dernières observations.
Le calcul préalable des coefficients de variations
liés aux événements singuliers et des coefficients
saisonniers ainsi que la neutralisation des points aberrants sont
indispensables pour le calcul de la prévision.
La prévision d'un jour n sera alors la moyenne des
observations allant de (n-1) à (n-x) (x l'ordre de la moyenne mobile).
Cette prévision sera corrigée par les coefficients de variation
si un événement se présente le jour de la
prévision.
Après avoir présenter les méthodes de
prévision sélectionnées, nous les avons testé dans
les entreprises agroalimentaires dans le cadre de la prévision de
transport. Les résultats obtenus vont être
traités dans la section suivante.
2.3) La méthode approprié pour la
prévision de transport dans l'industrie agroalimentaire.
Après l'étude des séries chronologiques
présentée dans la section 2.1 et après avoir
présenter les deux modèles courants de prévision. Nous
avons testé ces modèles pour prévoir le volume de
transport dans les industries agroalimentaires bretonnes.
a) L'intérêt d'application
de chacune des méthodes de prévision
Chaque jour des camions chargés de produits finis
quittent les usines pour livrer les clients, ceci oblige les chargeurs à
suivre réaliser des prévisions quotidiennes de transport.
Dans ce sens nous allons étudier l'application des
méthodes de prévision déjà
spécifiées.
L'utilisation du modèle de lissage
exponentiel :
L'utilisation du modèle de lissage exponentiel
nécessitera une analyse des séries chronologiques
composées d'observations journalières, ceci dit des séries
d'au moins 365 observations pour seulement une année. Le calcul des
coefficients saisonniers par jour de l'année est alors
nécessaire.
Par ailleurs, dans a mesure où les entreprises
souhaitaient une méthode simple, il parait très lourd de
gérer l'ensemble des séries pour l'élaboration d'une
prévision journalière par destination.
Nous avons pensé alors à utiliser le
modèle de lissage exponentiel pour le calcul d'une prévision
hebdomadaire, voire mensuelle. Cette prévision sera ventiler par la
suite sur les jours.
La répartition par jour se fera sur la base de calcul
des poids des jours dans le mois ou de la semaine de l'année
précédente.
Un test a été réalisé sur des
séries d'un client du groupe STALAVEN (Annexe 4)
Nous avons calculé des prévisions mensuelles en
nombre de colis transportés en 2005 sur la base des informations
historiques de 2003 et 2004.
Les prévision mensuelles obtenues ont été
comparés avec ce qui a été réalisé pendant
cette année. Les taux de fiabilité mensuels obtenus
étaient très satisfaisants.
Le vrai problème réside dans la ventilation des
prévisions mensuelles en prévisions journalières. Les
écarts étaient très considérables.
L'utilisation de la moyenne mobile
L'application de la moyenne mobile pour le calcul de la
prévision a été très acceptée par les
entreprises agroalimentaires participantes.
La prévision est alors la moyenne des 3 ou 4
dernières observations journalières, ceci après
neutralisation des points aberrants et le calcul des coefficients de
variations.
La simplicité des calculs et leur réalisation en
un minimum de temps étaient les éléments les plus
recherchés par les entreprises.
Par ailleurs la fiabilité des prévisions
était en jeu, il a fallu alors rechercher des méthodes et des
solutions pour respecter les engagements en terme de fiabilité.
b) Le contexte du transport
agroalimentaire
Une nouvelle observation statistique des séries
chronologiques a montré l'existence d'une corrélation entre les
livraisons d'un jour spécifique de la semaine de certains clients,
particulièrement les GMS.
Par exemple les livraisons des lundis sont supérieures
aux livraisons des mardis.
Ceci est influencé par la politique d'approvisionnement
des plateformes de grande distribution.
Les tableaux ci-dessous, tirés de l'historique des
livraisons du groupe STALAVEN à une plateforme GMS, montrent que les
livraisons des lundis sont inférieures à celles du mercredi,
ainsi il existe une bonne corrélation entre les livraisons relatives
à chaque jour de la semaine.
DATE
|
JOUR
|
NB de cartons
|
19/09/2005
|
Lundi
|
77
|
26/09/2005
|
Lundi
|
87
|
03/10/2005
|
Lundi
|
66
|
10/10/2005
|
Lundi
|
70
|
17/10/2005
|
Lundi
|
67
|
24/10/2005
|
Lundi
|
67
|
29/10/2005
|
Samedi
|
80
|
07/11/2005
|
Lundi
|
47
|
14/11/2005
|
Lundi
|
59
|
21/11/2005
|
Lundi
|
52
|
DATE
|
JOUR
|
NB de cartons
|
21/09/2005
|
Mercredi
|
104
|
28/09/2005
|
Mercredi
|
106
|
05/10/2005
|
Mercredi
|
100
|
12/10/2005
|
Mercredi
|
98
|
19/10/2005
|
Mercredi
|
94
|
26/10/2005
|
Mercredi
|
109
|
02/11/2005
|
Mercredi
|
106
|
09/11/2005
|
Mardi
|
97
|
16/11/2005
|
Mercredi
|
79
|
23/11/2005
|
Mercredi
|
81
|
Cette observation a été
généralisée sur l'ensemble des plateformes et les
grossistes à la suite de l'étude des historiques des livraisons
de ces derniers par les différentes entreprises.
c) La méthode appropriée
pour la prévision de transport.
L'existence de corrélation entre les livraisons d'un
jour spécifique de la semaine, et la grande part que représentent
les GMS et les grossistes dans le volume du transport (plus de 80%) sont les
éléments clés qui ont favorisé la mise en place de
la prévision de transport dans les entreprises agroalimentaires.
En effet, en se basant sur les livraisons des 3
dernières semaines, les entreprises seront capables de prévoir
80% du volume de transport avec des taux de fiabilités remarquables.
La méthode de prévision retenue repose sur la
combinaison de trois facteurs :
· Un « volume
normal » compte tenu du contexte (un jour dans une semaine,
une semaine, un mois) et de la situation de l'entreprise (nombre de clients,
état de l'activité).
L'estimation de ce « volume normal » est
effectuée à partir des statistiques de transport récentes.
Par exemple, la prévision du jeudi de la semaine S à partir de la
moyenne des volumes de transport des semaines S-1, S-2, S-3.
· Une « variation
évènementielle » qui dépend
d'évènements particuliers : jours fériés,
promotion, forte variation climatique, début ou fin de congé,
....
L'estimation des variations du volume de transport normal est
effectuée à partir de statistiques historiques de transport de
mois ou d'années antérieurs. Ces historiques permettent
d'analyser les conséquences de ces évènements sur le
volume : report de transport ou au contraire augmentation du volume
normal.
Par exemple, un jeudi férié peut conduire
à une augmentation des livraisons du mercredi et du vendredi. Souvent un
évènement a des conséquences prévisibles sur une
période de trois semaines (S-1, S, S+1).
· Un « tunning » qui
est l'ajustement fin de la prévision à partir de
l'expérience pratique des opérationnels (commerciaux et
logisticiens). Ce « tunning » est effectué au
dernier moment sur la base d'un dialogue entre opérationnels qui
finalisent la prévision.
La mise en oeuvre pratique nécessite la création
de deux fichiers :
· Un fichier d'enregistrements permanents
Ces enregistrements sont effectués quotidiennement
à partir des transports réalisés, ils prennent en
compte :
v La date
v La tournée de ramassage
v La température (frais, congelé)
v Le client
v La localité de livraison
v Le tonnage
v Le nombre de palettes au sol
v Le transporteur
· Un fichier historique des
transports effectués sur les deux ou trois années
précédentes avec des informations identiques.
La méthode de prévision étant maintenant
définie, il faut élaborer un outil informatique sous Excel qui
nous permettra de réaliser un suivi quotidien des prévisions.
III. La création d'un outil de prévision de
transport adapté aux besoins des entreprises.
Durant ce chapitre, nous allons présenter la
dernière phase de la mise en place de la prévision de transport
dans le cadre de la collaboration « chargeurs
transporteurs ».
Cette phase est consacrée à la création
d'un fichier sous Excel, facile a utiliser, flexible et adapté aux
niveaux de connaissances des opérateurs dans le domaine de la
prévision.
Le fichier réalisé a été
modifié une multitude de fois afin de l'adapter aux attentes et aux
exigences de chaque entreprise.
Nous allons présenter tout au long de ce chapitre, la
version finale de l'outil qui a été conçu, sa
configuration, son utilisation ainsi que les possibilités
d'amélioration.
3.1) Présentation de l'outil Excel et son
utilisation
Nous avons définit à la fin du chapitre
précédent, les fondement de la méthode de
prévision choisi pour la prévision de transport.
Elle repose sur :
§ Disponibilité des informations historiques
§ L'estimation des coefficients
événementiels
§ Le calcul du volume normal et de la prévision
§ Le « tunning »
Nous nous sommes basé sur ces éléments pour
la conception de l'outil, ce dernier est composé de 4 volets :
v Un volet pour répertorier les événements
influents sur le transport par entreprise et par destination.
v Un volet d'enregistrement permanent.
v Un volet de calcul de prévision
v Et un volet « Tunning »
a) Les coefficients
événementiels.
Après l'estimation, des coefficients de variation
liés aux variations événementiels, un tableau est
crée pour répertorier ces informations.
La plupart des entreprises se sont basées sur les
compétences humaines de leurs différents services, le recours au
service commercial et service prévision (s'il existe) est le plus
courant. D'autres entreprises ont choisi d'analyser les séries
historiques des dernières années pour l'estimation de ces
coefficients.
L'intérêt derrière la création d'un
répertoire des coefficients de variation événementiels est
de rendre possible leur mise à jour en permanence.
b) Le fichier d'enregistrement
permanent
Le fichier d'enregistrement permanent est composé de 6
feuilles chacune correspond à un jour de semaine. Dans chaque feuille,
les jours sont classés en lignes et les clients en colonnes.
Exemple de la feuille Lundi
![](organisation-collaborative-prevision-transport-bretagne9.png)
Chaque colonne client est composée de 4 sous
colonnes :
§ Poids réel ou nombre de colis réel selon
l'entreprise
§ Evénement
§ Taux de variation
§ Poids ou nombre de colis normal
La colonne poids réel doit être
alimentée quotidiennement par l'entreprise, elle comporte le poids ou le
nombre de colis réellement expédiés au client.
Si aucun événement ne se présente, aucune
autre saisie ne sera effectuée, le poids réel sera
considéré comme le poids normal. Or, si un
événement particulier s'est réellement
présenté ce jour là, il faut remplir la colonne
événement. Ceci se fait par liste déroulante sur la base
des événements déjà listés ayant un impact
sur le transport.
Le choix d'un événement implique un calcul du
volume normal qui se ferra sur la base du taux de correction saisi dans la
troisième colonne.
Comme nous l'avons noté auparavant, le taux pourra
provenir du service commercial (l'impact d'une promotion sur le volume
habituel) ou bien des résultats de l'étude statistique (l'impacte
des promotions en (n-1))
Il ne faut pas oublier que le calcul d'une prévision
d'un jour donné nécessite un historique qui reprend les 3 ou 4
dernières semaines. La moyenne mobile d'ordre 3 ou 4 des volumes normaux
constitue donc la prévision.
Dans notre outil, la prévision sera affichée
automatiquement sur feuille prévision lundi dans le volet fichier de
calcul de prévision.
c) Le fichier de calcul de
prévision
Le fichier de calcul de prévision est composé
également de 6 feuilles correspondant aux jours de la semaine du lundi
au samedi.
Le fichier de calcul de prévision a la même
structure que le fichier permanent, il a pour but, le calcul automatique des
prévisions en volume normal sur la base de ce qui a été
réalisé les dernières semaines.
Feuille prévision lundi
![](organisation-collaborative-prevision-transport-bretagne10.png)
En saisissant et en corrigeant ce qui a été
réalisé, le fichier de calcul de prévision affiche la
prévision en volume normal. Si aucun événement ne se
présente, rien ne doit être ajouté, par
contre, la correction de la prévision est
nécessaire si un événement se présentera le jour
pour lequel nous allons calculer la prévision.
Le fichier de calcul de prévision ne contient que des
informations prévisionnelles, alors que le fichier permanent ne contient
que des informations réelles.
A long terme, le fichier d'enregistrement permanent permettra
de comprendre les comportements des clients de l'entreprise vis-à-vis du
transport. Il facilitera ainsi l'étude des coefficients
événementiels.
d) Le « tunning »,
annonce de prévision et écart de prévision
Avant de parler du « tunning » et des
écarts, cette partie de l'outil de calcul de prévision, permet de
faciliter le travail de transmission des informations prévisionnelles
aux transporteurs. En effet, elle contient un tableau qui regroupe l'ensemble
des informations attendues par ce dernier. Ces informations sont : les
destinations, le nombre de colis ou le poids prévisionnel par
destination ainsi que le nombre de palettes correspondant. Peut s'ajouter a
ceci la nature des produits transportés (frais, congelé ou
surgelé).
L'alimentation du tableau se fait automatiquement depuis le
fichier de calcul de prévision. L'opérateur doit seulement
changer la date du jour pour lequel il souhaite effectuer le calcul, puis
cliquer sur le bouton qui contient le libellé du jour correspondant. Par
une fonction recherche, les valeurs sont ainsi affichées.
![](organisation-collaborative-prevision-transport-bretagne11.png)
Après l'obtention des différentes
prévisions que nous avons appelé prévision avant
« tunning », vient alors l'étape du
« Tunning ». Nous l'avons défini auparavant comme
étant l'ajustement de la dernière minute de la prévision
basée sur l'expérience pratique des opérationnels
(commerciaux et logisticiens).
L'opérateur va ainsi ressaisir les prévisions
dans la colonne prévision après « tunning »
en modifiant celles susceptibles d'être ajustées.
Les informations seront transmises par la suite au
transporteur à j-1 avant 12H.
Après la réalisation de la prévision et
sa transmission au transporteur, vient alors la phase d'analyse de la
fiabilité des prévision et l'étude des écarts.
Deux colonnes pour cet effet sont alors ajoutées dans
la dernière feuille de l'outil.
La colonne appelée
« Réalisé » : dans celle ci, les poids
réellement expédiés doivent être enregistrés.
Ceci permettra le rapprochement avec les informations
prévisionnelles.
C'est dans la deuxième colonne appelée
« Ecart » qu'apparaissent les erreurs des
prévisions, le degré de fiabilité pourra être
calculé.
L'analyse des écarts est indispensable pour
l'amélioration de la qualité des prévisions. Une
prévision ne se juge pas dès le premier essai. Que le
résultat soit favorable ou défavorable, il est nécessaire
de faire un essai suffisamment long pour que les écarts faibles ou forts
dépassent le stade de la coïncidence pour atteindre celui de la
signification statistique d'un véritable degré de
précision.
3.2) Les résultats de la mise en place de la
prévision de transport.
Après la définition de la méthode
appropriée pour l'élaboration de la prévision de transport
et après la diffusion de l'outil réalisé dans les
entreprises agroalimentaires participantes, une première phase de test
est en cours de réalisation.
Pendant cette phase aucune information officielle ne sera
transmise aux transporteurs, seuls les entreprises de transport souhaitant
participés aux tests peuvent être impliquées.
A priori, après une visite de quelques entreprises
participantes, les résultats sont plutôt favorables, et les
responsables s'impliquent de plus en plus dans le projet.
La mise en place de la prévision de transport ne porte
pas seulement sur l'aspect technique, c'est aussi un état d'esprit qui a
mobilisé plusieurs services (du cotés du transporteur que du
coté du chargeur) ce qui a créé une nouvelle interface de
la relation chargeur-transporteur.
Les résultats des tests ne seront officiels que le 27
septembre 2006 lors d'une réunion avec les entreprises participantes
avec à la clé une dizaine de nouvelles entreprises
désirant s'engager dans les travaux.
Parmi les perspectives du projet, La création de sites
interactifs (afin de limiter les problèmes posés par la
maintenance), l'évolution des outils et le partage de données de
prévision entre transporteurs et chargeurs. On retrouve ici la
problématique initiale de la commission anticipation de l'ABEA.
Conclusion
La signature de « la charte pour un transport
collaboratif en Bretagne » est un grand pat que les entreprises
agroalimentaires et les entreprises de transport ont affranchi dans les
domaines du transport et de la logistique des produits alimentaires en
Bretagne.
La mise en place effective de la prévision de transport
dans les entreprises agroalimentaire est le premier projet de son genre dans
l'industrie agroalimentaire. C'est à travers ce projet que la notion de
la collaboration commence à s'installer et à prendre une grande
place dans l'esprit des entreprises.
Mon stage au sein des entreprises agroalimentaires de l'ABEA,
consistait à organiser la mise en place de la prévision de
transport dans une dizaine d'entreprises agroalimentaires participantes.
Derrière cette mission se trouve la
problématique de la logistique des produits alimentaires dans un
contexte économique dominé par les distributeurs. En effet, le
résultat des déséquilibres des rapports de force entre les
IAA et GMS, pèse plus particulièrement sur l'organisation de
l'activité de transport dans la région. Les entreprises de
transport sont les plus touchées et les IAA payent le prix.
L'objet de ma mission n'est pas alors la prévision de
transport, elle consiste à favoriser la collaboration entre chargeurs et
transporteurs face aux exigences des distributeurs. Ceci à travers la
mise en place de la prévision de transport.
A travers les visites des entreprises et à travers
l'étude des difficultés de chacune dans le domaine du transport,
j'ai touché durant mon stage de plus près, les problèmes
liés à la logistique des produits alimentaires en Bretagne.
Les résultats de la mise en place de la
prévision de transport sont très satisfaisants.
Désormais toutes les entreprises agroalimentaires
participantes à l'action dispose actuellement d'un outil adapté
de calcul des prévisions.
Glossaire
Ø Chargeurs : Terme commun
désignant un industriel, une personne physique ou morale confiant une
marchandise à acheminer à un transporteur pour compte d'autrui.
Dans ce travail les chargeur sont représentés par les entreprises
agroalimentaires
Ø Unité de Transport (UT) :
une Unité de Transport est une unité indivisible et
indissociable confiée à un même transporteur à une
même date.
Cela peut être un carton, un roll, un box, une palette,
deux palettes gerbées ; mais cette UT ne comportera qu'une seule
étiquette « transport ».
Ø Agence de réseau :
établissement assurant l'enlèvement, l'acheminement et la
livraison de colis sur une zone ou plusieurs départements.
Ø Conditionnement : enveloppe
matérielle du produit qui le protége et le met en valeur
Ø DLC (date limite de consommation) :
date limite indiquée sur l'emballage d'un produit
au-delà de laquelle il est conseillé de ne plus consommer le
produit.
Ø Expédition : terme commun
désignant un ou plusieurs colis en provenance d'un même
expéditeur pour un même destinataire.
Ø Gerbage : Opération
consistant à superposer des contenants à l'aide des chariots
à bras porteurs appelés Gerbeurs.
Ø GMS : Grandes et moyennes
surfaces, concept développé par l'institut français du
libre service (IFLS) qui regroupe les différentes enseignes qui ont
adopté et développé des formes de commerce
organisées autour principalement du supermarché et de
l'hypermarché.
Ø Palettisation : action de charger
des marchandises sur une palette. Généralement, terme
employé pour définir l'emploi de palettes lors de manutentions.
Abréviations
ABEA : Association Bretonne des Entreprises
Agroalimentaire
GMS : Grandes et moyennes surfaces.
DLC : Date Limite de Consommation
Références
bibliographiques
& Articles
& Un projet collectif et collaboratif en Bretagne :
le projet de l'ABEA sur la prévision de transport de produits
alimentaires, Jacques NEFUSSI, juillet 2006
& La bataille des prix, L'Officiel du transport,
N°2362, B. BARBEDETTE, 16 juin 2006.
& La lettre de l'ESLI, Faciliter la relation chargeurs et
transporteurs, Septembre 2006
& Le transport sous température dirigée en
Bretagne. DRE Bretagne 2002.
& Magazine Points de Vente N° 888 du 10 juin 2002,
« Rupture en linéaires, la nécessaire collaboration
industrie-commerce », Stéphane Vigliandi
& Cours
& Cours de M. CARIOU : Prévisions des
besoins
& Cours de M.SOMECK : Gestion de projet logistique
& Ouvrages
& Avantage Supply Chain : S Cohen, J Roussel
& Organisations et besoins logistiques des IAA bretonnes,
J.L Perrot et V. Parcé, Service économie de la chambre
régionale d'agriculture de Bretagne, Avril 2004
& Prévision des ventes : Théories et
Pratiques, R Bourbonnais et J L Usunier, 3ème édition,
Economica 2001.
& Supply chain Management: M Christopher, 3ème
edition, Village mondial 2005
: Sites Web
· www.iifiir.org Transport
frigorifique : progrès défit
·
www.industrie.gouv.fr/observat/chiffres/pdf/panorama/chap10_21.pdf
ANNEXE 1 : Fiche d'identité de l'ABEA
FICHE D'IDENTITE
OBJET
|
ABEA représente les
entreprises agroalimentaires bretonnes, privées et
coopératives.
|
VOCATION
|
Ü Faire prendre en compte les préoccupations,
attentes et propositions des industriels bretons par les pouvoirs publics, les
partenaires techniques et économiques.
Ü Valoriser concrètement les hommes, les
métiers et les entreprises des IAA.
Ü Exprimer le point de vue des dirigeants sur les axes
stratégiques ABEA
- Protection de l'environnement, et valorisation des
déchets ;
- Qualité des produits, sécurité des
aliments ;
- Organisations logistiques et transport ;
- Emploi-formation, management des compétences,
accueil/intégration, ... ;
- Prévention pour la santé et la
sécurité au travail ;
- Innovation Produits, Process, Services.
|
Moyens d'Action
|
Ü Participation des entreprises adhérentes :
Journées techniques, Assemblée des adhérents, Petits
déjeuners des dirigeants, Commissions techniques (cf. plan d'action).
Ü Partenariats techniques, pluridisciplinaires,
constitués avec les organisations professionnelles
spécialisées (ADEFIA, ADRIA, CCAOF, CCI de Bretagne, IFRIA,
l'Observatoire économique des IAA, l'AFAB, le Syndicat des conserveurs
bretons, UNILOUEST,...) et les réseaux de compétences :
PBQ+, PBE+, PBRH+.
Ü Communication des positions des dirigeants aux
pouvoirs publics (Etat, CESR, Conseil régional, collectivités
locales..).
Ü Commande et pilotage de travaux prospectifs
(filières animales/CRCI, Sécurité des aliments/CRB,
organisations logistiques/OEIAA...), ....
Ü Définition de plans d'action pour
l'amélioration des pratiques. Avec le soutien de la Charte pour le
développement pérenne de l'agroalimentaire breton avec notamment
le concours des services de l'Etat (DRAF, DRTEFP, DRE...) et du Conseil
Régional de Bretagne.
|
Adhérents
|
194 entreprises agroalimentaires (secteur privé et
coopératif) soit
47 000 salariés et un CA de 13 milliards d'euros
IV. Répartition des adhérents
selon ...
... Le secteur d'activité
(salariés) ... La taille
Abattage, transformation de volailles 13% < 100
salariés 51%
Abattage, transformation de viandes 20% 100
à 499 salariés 39% de boucherie
Charcuterie, salaison, plats cuisinés, 17%
> 500 salariés 10%
... La
localisation
Lait 13%
Poisson 5% Côtes d'Armor 21%
Légumes 11% Finistère 29%
Paneterie, pâtisserie, biscuiterie 3% Ille et Vilaine
22%
Alimentation animale 15% Morbihan 28%
Divers (oeufs, boissons, ...) 3%
|
CONSEIL D'ADMINISTRATION
|
Paul GUERAULT
|
GROUPE CECAB
|
56
|
|
Jean-Paul CHAPIN
|
ETS JEAN CHAPIN
|
35
|
|
Jean CLANCHIN
|
TRIBALLAT
|
35
|
|
Christian COUILLEAU
|
GROUPE EVEN
|
29
|
|
Yves FANTOU
|
FANTOU
|
35
|
|
Gérard KAUFFMANN
|
FROMAPAC
|
35
|
|
Jean Bernard SOLLIEC
|
COOPAGRI BRETAGNE
|
29
|
Vice-Président
|
Christian GUYADER
|
GROUPE GUYADER
|
29
|
|
Michel HOUDEBINE
|
HOUDEBINE SAS
|
56
|
|
Pierre IMHOFF
|
NÉOLAIT/PROVIMI
|
22
|
|
Yvon LE BOLLOC'H
|
PROVIALYS/LDC
|
56
|
|
Christian TACQUARD
|
LOC MARIA
|
35
|
Président
|
Monique LENORMAND
|
CLAUDE LÉGER
|
35
|
Trésorier
|
Michel MAGUEUR
|
GROUPE SILL
|
29
|
|
Thierry MEURIOT
|
STALAVEN
|
22
|
Vice-Président
|
Jean-Charles OISEL
|
LE GOUESSANT
|
22
|
Secrétaire
|
Adolphe THOMAS
|
GROUPE EVIALIS
|
56
|
|
Bernard THEPOT
|
BONDUELLE TRAITEUR - CAUGANT
|
29
|
|
Philippe HERPIN
|
ELEFA - LA MARGELLE
|
56
|
|
Rémi BILGER
|
CRCI DE BRETAGNE
|
35
|
Membre fondateur
|
Jacques MATHIEU
|
COOP DE FRANCE OUEST
|
35
|
Membre fondateur
|
Secrétaire général
ABEA : Thierry BESSE
Assistante ABEA : Anne-Marie VALLEE
ANNEXE 2 : Exemplaire de la charte pour un transport
collaboratif en Bretagne
Charte pour un transport collaboratif
Considérant
- le relatif éloignement de la région Ouest
des centres de consommation,
- l'accroissement régulier des coûts de
transport de marchandise,
- le contexte de flux tendu de la logistique des IAA
bretonnes,
- le raccourcissement des délais de commande,
- la diversité croissante des marchandises,
- l'augmentation du rapport volume/poids,
- la complexité de la réglementation,
- les exigences de la traçabilité, ...
ABEA propose à ses adhérents chargeurs et leurs
prestataires transporteurs volontaires, un dispositif de collaboration
inter-entreprise constitué par l'adhésion à une charte de
bonnes pratiques, la participation à des commissions techniques
paritaires pour le partage des gains de productivité, avec l'arbitrage
d'un comité paritaire élu.
A - Objet de la Charte20(*)
C'est l'amélioration des pratiques21(*) par les chargeurs et les
transporteurs signataires de la Charte, dans le but d'obtenir une diminution
des coûts de transport par le partage des gains de productivité
entre chargeurs et prestataires.
B - Fonctionnement de la Charte
Comité d'arbitrage
Un comité d'arbitrage de la charte sera mis en place
par les adhérents, composé à parité de trois
représentants de fabricants IAA et trois représentants de
transporteurs, élus pour un an, dont un président, membre d'ABEA,
élu par ces six membres.
Ce comité traitera de tout litige touchant à la
qualité d'adhérent des sociétés : entrée,
exclusion, adhésion et renouvellement...
Commissions paritaires
Sur la base d'un règlement intérieur22(*), des commissions
thématiques paritaires se mettent en place (par secteur et/ou par type
de transport), afin de construire et suivre les engagements de progrès
et de définir la valeur des gains de productivité.
Durée
Les actions à entreprendre demanderont du temps ; les
adhésions seront donc formalisées chaque année, sur les
mêmes bases de volontariat. Le comite d'arbitrage valide les
adhésions par confirmation écrite au signataire.
C - Principes et éthique
En signant la Charte pour un transport collaboratif ABEA, la
société ou établissement (fabricant IAA ou
transporteur23(*)),
s'engage à collaborer avec les autres signataires pour mettre en place
les conditions et moyens d'un "transport collaboratif", tels que décrit
ci-dessous.
Adhésion
- L'adhésion de la société à la
Charte est volontaire, elle formalise l'engagement de son dirigeant (
représentant légal), seul habilité à signer ;
le ou les représentants de la société dans les commissions
sont aussi nommément désignés.
Elle est conditionnée à :
- la qualité de membre actif ABEA est un préalable
pour les fabricants IAA.
- l'acquittement de la cotisation « Partenaire
ABEA » pour les transporteurs avec paiement à la signature de
la charte, pour assurer les frais de secrétariat (Compte-rendu et suivi
des tableaux de bord des commissions, réunions du comité
d'arbitrage, ... ). Son montant est fixé annuellement par le
comité d'arbitrage paritaire.
Engagement personnel de chaque participant
Préalable :
Les adhérents chargeurs et transporteurs s'engagent
à respecter leurs obligations respectives, contractuelles, ou
réglementaires, d'ordre social, hygiène et
sécurité.
La société signataire s'engage à
- une collaboration active dans la durée,
- la transparence dans les échanges techniques,
- la confidentialité des informations
échangées,
- l'acceptation des arbitrages nécessaires
Obligation est faite aux adhérents d'assister et de
participer régulièrement aux commissions ; le comité
d'arbitrage de la Charte pourra exclure des adhérents ne participant
pas, selon de critères validés en commun.
Au moment de l'adhésion, le signataire s'engage
à partager toutes les informations techniques capables de faire avancer
les projets. Cependant, les informations touchant aux tarifs de transport
eux-mêmes, ainsi qu'à tout élément concurrentiel
autre que le transport ne font pas partie de cet engagement.
Dans tous les cas, les signataires de la Charte s'engagent
à une confidentialité totale sur tout ce qui sera dit dans les
échanges au sein des commissions.
Le comité d'arbitrage pourra exclure tout adhérent
ne respectant pas cet engagement.
D - Objectifs opérationnels de la Charte pour un
transport collaboratif IAA
Les adhérents recherchent entre eux et avec leurs
transporteurs toutes les solutions techniques permettant d'améliorer la
productivité des transports ; cette productivité doit
déboucher sur des gains facilement mesurables, induisant
significativement la réduction des coûts, et permettant ainsi la
réduction des tarifs des transports dans ce contexte d'engagement
réciproque.
Les transporteurs bénéficiaires partagent ces
gains avec les adhérents chargeurs engagés comme acteurs
effectifs dans la solution concernée ; cette rétrocession se fait
sur la base de remises.
Les signataires s'engagent à traiter prioritairement
des sujets concrets, d'application rapide et réaliste ; la
visibilité des gains pour les transporteurs comme pour les chargeurs
doit primer avant tout.
Chaque transporteur signataire s'engage à calculer les
gains des solutions retenues et mises en oeuvre, et à les partager selon
des grilles de remise agréées par tous et contrôlées
par le comité d'arbitrage de la Charte.
Périmètres
La Charte pour transport collaboratif" concernera
différents métiers du transport, réunis par similitude ;
elle concernera les procédures d'avant transport, de pendant transport
et d'après transport
Métiers concernés
Sans être exclusive, la liste des métiers
proposée est la suivante :
· citernes et intra-régional
· messagerie frigo
· le complet
· les déchets
· le maritime
Annexe 3 : Composition des groupes de
travail
Hervé PITARD (GROUPE CECAB) : Président du
Groupe de Travail ayant participé à la diffusion de la
méthodologie de prévision de transport.
Thierry BESSE (ABEA) : Secrétaire
Général de l'ABEA, assurant le suivi du Groupes de Travail
· Formation action à la prévision de
transport (toutes les entreprises ayant participé à une
réunion n'ont pas suivi l'ensemble de la formation)
o Patrick AULARD GLON OVOTEAM
o Karine CATTOIRE LOBODIS
o Pierre CHAMARET HALIEUTIS
o Hervé CORBIN CREPERIE JARNOUX
o Sébastien DAMOUR COMABOKO
o Bertrand JAFFRES STEF TFE
o Jean-Jacques JAMBON SAVEOL
o François LEBLOND CCI de Rennes
o Thierry LE DEROFF STALAVEN
o Gilbert LE GLUHER ELQUIN
o Jean-Luc LE RHUN CORRE
o Didier MELLAZA CCI56
o Robert NOURY ROLLAND
o Michel OLLIVIER BONDUELLE TRAITEUR
o Danielle PILVEN SAVEL
o Jean Luc TANGUY GROUPE EVEN
o Philippe VAN BELLEGHEM GUYADER
ANNEXE 4: L'application du lissage exponentiel pour la
prévision de transport
PREVISION DE 2005 SUE LA BASE DE 2003, 2004 (Méthode
lissage exponentiel avec variation saisonnière)
|
Année
|
Mois
|
|
Xt
|
moy mobile 1
|
MOY Mobile 2
|
moyenne mobile lissée
|
coef saisonnier
|
coef normalisé
|
Xt desaisonnalisé
|
1
|
janvier
|
-35
|
112,62
|
|
|
|
|
0,87
|
129,43
|
|
fevrier
|
-34
|
105,72
|
|
|
|
|
0,84
|
125,86
|
|
mars
|
-33
|
123,13
|
|
|
|
|
1,05
|
117,47
|
|
avril
|
-32
|
140,75
|
|
|
|
|
0,98
|
143,52
|
|
mai
|
-31
|
143,93
|
|
|
|
|
1,19
|
120,62
|
|
juin
|
-30
|
192,14
|
|
|
|
|
1,32
|
145,39
|
|
juillet
|
-29
|
151,25
|
138,71
|
139,89
|
139,30
|
1,09
|
1,04
|
145,04
|
|
aout
|
-28
|
163,93
|
139,89
|
140,93
|
140,41
|
1,17
|
1,07
|
152,85
|
|
septembre
|
-27
|
137,37
|
140,93
|
142,88
|
141,90
|
0,97
|
0,94
|
145,94
|
|
octobre
|
-26
|
136,51
|
142,88
|
144,24
|
143,56
|
0,95
|
0,90
|
151,98
|
|
novembre
|
-25
|
106,42
|
144,24
|
144,54
|
144,39
|
0,74
|
0,78
|
135,59
|
|
decembre
|
-24
|
150,73
|
144,54
|
143,97
|
144,26
|
1,04
|
1,05
|
143,52
|
2
|
janvier
|
-23
|
126,84
|
143,97
|
142,72
|
143,35
|
0,88
|
0,87
|
145,78
|
|
février
|
-22
|
118,13
|
142,72
|
140,12
|
141,42
|
0,84
|
0,84
|
140,63
|
|
mars
|
-21
|
146,53
|
140,12
|
138,99
|
139,55
|
1,05
|
1,05
|
139,80
|
|
avril
|
-20
|
157,07
|
138,99
|
137,04
|
138,01
|
1,14
|
0,98
|
160,16
|
|
mai
|
-19
|
147,6
|
137,04
|
137,43
|
137,23
|
1,08
|
1,19
|
123,70
|
|
juin
|
-18
|
185,29
|
137,43
|
136,73
|
137,08
|
1,35
|
1,32
|
140,21
|
|
juillet
|
-17
|
136,25
|
136,73
|
135,82
|
136,27
|
1,00
|
1,04
|
130,66
|
|
août
|
-16
|
132,64
|
135,82
|
135,57
|
135,70
|
0,98
|
1,07
|
123,67
|
|
septembre
|
-15
|
123,9
|
135,57
|
135,41
|
135,49
|
0,91
|
0,94
|
131,63
|
|
octobre
|
-14
|
113,02
|
135,41
|
131,95
|
133,68
|
0,85
|
0,90
|
125,83
|
|
novembre
|
-13
|
111,14
|
131,95
|
135,01
|
133,48
|
0,83
|
0,78
|
141,61
|
|
décembre
|
-12
|
142,31
|
135,01
|
134,63
|
134,82
|
1,06
|
1,05
|
135,51
|
|
janvier
|
-11
|
115,92
|
134,63
|
136,42
|
135,52
|
0,86
|
0,87
|
133,23
|
|
février
|
-10
|
115,21
|
136,42
|
136,37
|
136,39
|
0,84
|
0,84
|
137,15
|
|
mars
|
-9
|
144,53
|
136,37
|
139,88
|
138,13
|
1,05
|
1,05
|
137,89
|
|
avril
|
-8
|
115,53
|
139,88
|
140,74
|
140,31
|
0,82
|
0,98
|
117,80
|
|
mai
|
-7
|
184,37
|
140,74
|
140,54
|
140,64
|
1,31
|
1,19
|
154,51
|
|
juin
|
-6
|
180,72
|
140,54
|
139,36
|
139,95
|
1,29
|
1,32
|
136,75
|
|
juillet
|
-5
|
157,7
|
139,36
|
|
|
|
1,04
|
151,23
|
|
août
|
-4
|
132,09
|
|
|
|
|
1,07
|
123,16
|
|
septembre
|
-3
|
166,04
|
|
|
|
|
0,94
|
176,40
|
|
octobre
|
-2
|
123,3
|
|
|
|
|
0,90
|
137,28
|
|
novembre
|
-1
|
108,72
|
|
|
|
|
0,78
|
138,52
|
|
décembre
|
0
|
128,23
|
|
|
|
|
1,05
|
122,10
|
Le calcul des coefficients saisonnier
Le calcul de la prévision
Mois
|
mois
|
trend
|
|
coef saisonnier
|
prévison 2005
|
janvier
|
1
|
0,07
|
136,61
|
0,8701
|
118,865
|
fevrier
|
2
|
0,14
|
136,68
|
0,84001
|
114,813
|
mars
|
3
|
0,21
|
136,75
|
1,04818
|
143,34
|
avril
|
4
|
0,28
|
136,82
|
0,98073
|
134,186
|
mai
|
5
|
0,35
|
136,89
|
1,19326
|
163,348
|
juin
|
6
|
0,42
|
136,96
|
1,32152
|
181
|
juillet
|
7
|
0,49
|
137,03
|
1,04281
|
142,901
|
août
|
8
|
0,56
|
137,1
|
1,0725
|
147,044
|
septembre
|
9
|
0,64
|
137,18
|
0,94126
|
129,118
|
octobre
|
10
|
0,71
|
137,25
|
0,89819
|
123,273
|
novembre
|
11
|
0,78
|
137,32
|
0,78484
|
107,772
|
décembre
|
12
|
0,85
|
137,39
|
1,05022
|
144,286
|
|
coef sais
|
coef normalisé
|
Janvier
|
0,8701
|
0,86695
|
Fevrier
|
0,84
|
0,83696
|
Mars
|
1,0482
|
1,04438
|
Avril
|
0,9807
|
0,97718
|
Mai
|
1,1933
|
1,18894
|
Juin
|
1,3215
|
1,31673
|
Juillet
|
1,0428
|
1,03903
|
Aout
|
1,0725
|
1,06861
|
Septembre
|
0,9413
|
0,93785
|
Octobre
|
0,8982
|
0,89494
|
Novembre
|
0,7848
|
0,782
|
Decembre
|
1,0502
|
1,04641
|
|
12,044
|
12
|
|
2005
|
prévison 2005
|
Fiabilité
|
JANVIER
|
115,92
|
118,4041031
|
97,90%
|
FEVRIER
|
115,21
|
111,845548
|
97,08%
|
MARS
|
144,53
|
140,6744477
|
97,33%
|
AVRIL
|
115,53
|
152,5687523
|
75,72%
|
MAI
|
184,37
|
144,2750033
|
78,25%
|
JUIN
|
180,72
|
181,4299933
|
99,61%
|
JUILLET
|
157,7
|
145,8239949
|
92,47%
|
AOÛT
|
132,09
|
156,8954387
|
84,19%
|
SEPTEMBRE
|
166,04
|
130,1717616
|
78,40%
|
OCTOBRE
|
123,3
|
127,9431605
|
96,37%
|
NOVEMBRE
|
108,72
|
99,22629681
|
91,27%
|
DÉCEMBRE
|
128,23
|
140,7554391
|
91,10%
|
Comparaison de ce qu'on aurait prévu en 2005 avec le
réel en 2005
* 1 Les entreprises
adhérentes de l'ABEA
* 2 80% des transporteurs
frigorifiques
* 3 Les chiffres clés de
l'environnement en Bretagne / Édition 2005
* 4 La plupart des clients,
notamment les GMS, exigent pour la préparation de leurs commandes, des
palettes mono-produit, voir des palettes mono-référence, qui
seront gerbées par la suite pour constitués une palette
complète
* 5 Philippe Pierre DORMIER,
Michel FENDER « la logistique globale . Enjeux, principes,
exemples » Editions d'organisation p96
* 6 LAMY TRANSPORT,
Règles spécifiques aux transports sous température
dirigée, 2002.
* 7 Ils ne sont pas
concernés par la réglementation du transport de denrées
périssables, mais, pour des raisons évidentes de conservation,
ils sont, la plupart du temps, acheminés sous température
dirigée.
* 8 Organisations et besoins
logistiques des IAA bretonnes Avril 2004 P 15
* 9 Produit stratégique
dans la mesure où une rupture de ces produits en magasin pourra
engendrer une perte directe du client.
* 10 Source : ACNIELSEN
1999
* 11COHEN et ROUSSEL, Avantage
supply chain, éditions d'organisation septembre 2005
* 12 Jean-Luc Perrot,
Service économie, Chambre régionale d'Agriculture,
« Organisation et besoins logistiques des entreprises
agroalimentaires implantées en Bretagne », Observatoire
Economique des IAA de Bretagne, 2004.
* 13 Ce travail est
réalisé en 6 mois.
* 14 CPFR est un processus
collaboratif mis en place entre les producteurs et distributeurs qui prend en
compte toute la Supply Chain. Il est élaboré en réalisant
un Business Plan commun aux fournisseurs et aux distributeurs et a pour
objectif principal de réduire les ruptures en linéaires en
effectuant des réapprovisionnements automatiques.
* 15 AGPS,
« Dictionnaire de la gestion de la production et des
stocks », (1993)
* 16 Nous voulons dire par
unités de transport, les unités de manutention servant au
transport des produits finis, il existe plusieurs unités concernant le
transport du frais.
* 17 Le roll standard convient à
toute sorte d'activité. Il supporte une charge utile de 500 kg. Il est
équipé d'origine de 2 roulettes fixes et 2 pivotantes. Il
répond aux exigences de tous les secteurs de commerce et d'industrie.
* 18 Entreprise participante au programme
en collaboration avec le transporteur Nexia, le chiffre d'affaire de
l'entreprise s'éleve en 2004 à 163 M d'euros,: son secteur
d'activité est la fabrication des produits laitiers, yaourts, fromages
blancs, Lait pasteurisé...
* 19 Les observations
jugées anormales sont celles qui ne présentent pas un
caractère saisonnier
* 20 La négociation
de tarifs collectifs ne fait pas partie des objectifs de la Charte. La
consolidation des flux physiques éventuelle ne serait qu'une
conséquence à terme du succès de cette charte.
* 21 par exemple les conditions
de préparation, de gestion des informations, d'exécution et de
suivi des transports
* 22 Le règlement
intérieur sera élaboré par les signataires.
* 23 Sont exclus dans cette
première phase de mise en place les distributeurs transporteurs, pour
éviter tout risque de confusion dans les objectifs.
|