3. GENERALITESSUR LA MICROFINANCE
Le présent chapitre traite du concept «
microfinance » de son origine aux conceptions actuelles. Il sera aussi
traité ici, quelques notions inhérentes à la
microfinance.
Asymétries d'information et rationnement du
crédit
Selon Simon H. cité par Maystadt J.-F. (2002),
les individus n`ont pas les capacités cognitives de prévoir
tous les événements éventuels qui pourraient influencer
les résultats de transactions. En outre, même si tout
était prévisible, il serait impossible, fastidieux et
très coûteux de traduire toutes ces éventualités
dans les clauses du contrat liées à la transaction. Par
conséquent dans le cadre des marchés bancaires et
financiers, les contrats de crédit sont forcément
incomplets.
Stiglitz et Weiss (1981), dans l`article de
référence « Credit rationning in Markets With
Imperfect Information », ont démontré que les
problèmes d`asymétrie d`information provoquent
un rationnement de crédit. En effet, à
l`équilibre, c`est-à-dire quand le taux d`intérêt ne
s`ajuste plus, la demande peut encore excéder l`offre.
Au prix en vigueur, les mauvais clients chassent les bons et
les prestataires renoncent à entrer sur le marché. De cette
manière, les institutions de crédit ne disposent pas toujours de
l`information nécessaire pour distinguer les bons
micro-entrepreneurs dont les projets sont sources de croissance. De plus,
Stiglitz et Hoff (1990) cités par Maysdat J.-F. (2002), ajoutent
à cette difficulté de distinguer les « bons » des
« mauvais » emprunteurs, le caractère extrêmement
coûteux pour les intermédiaires financiers de
déterminer l`étendue du risque pour chaque emprunteur.
Dès lors, si l`institution veut améliorer la
qualité de ses informations, elle doit augmenter le taux
d`intérêt étant donné le coût du
supplément d`information. A ce taux plus élevé, les
entrepreneurs avec les projets les plus risqués se présenteront
tandis que des bons emprunteurs risquent de se retirer du marché de peur
de ne pouvoir rembourser. Par conséquent,
le rendement attendu du portefeuille de prêt de la
banque risque de chuter puisqu`il est logiquement une fonction
décroissante du risque.
Dans un premier temps, l`augmentation du taux
d`intérêt devrait mener à une augmentation des
rendements de portefeuille attendus parallèlement à un
accroissement du risque associé à ce portefeuille. Dans un
deuxième temps et au delà d`un point critique, l`effet
d`expulsion des « bons » emprunteurs fait plus que compenser l`impact
direct du taux d`intérêt plus élevé et amène
donc le rendement attendu sur le portefeuille de prêt à baisser.
Autre ment
dit, la banque cherchant à maximiser le rendement
espéré de son portefeuille de prêt, rationne l`octroi de
crédit étant donné son incapacité à limiter
jusqu`à un certain point (taux d`intérêt critique) les
coûts de transaction via une augmentation du taux
d`intérêt.
Ainsi, le manque d`information entre les parties prenantes de
la transaction constitue la base de la discrimination envers certains
emprunteurs. Le manque d`accès au crédit de long terme
des micro-entrepreneurs (généralement pauvres) auprès
des banques classiques, peut s`expliquer par cette présence
d`asymétries d`information entre emprunteur et prêteur.
3.1.1 Sélection adverse
La sélection adverse caractérise des situations
où certaines informations pertinentes sur la situation de l`emprunteur
ne sont pas connues du prêteur. Cette asymétrie de
l`information conduit à une allocation du crédit inefficace et
notamment à des phénomènes de rationnement du
crédit. En effet, la banque ne peut exiger des taux
d`intérêts supérieurs car seuls les mauvais emprunteurs
seraient toujours candidats au prêt. Pour diminuer son risque,
la banque préfère limiter le montant des crédits
octroyés. Ce problème de sélection adverse peut être
réduit si la banque exige des emprunteurs qu`ils lui donnent des
cautions pour garantir le prêt. Cependant, particuliers et petites
entreprises peuvent difficilement fournir des cautions adéquates
à la banque (Sami H. et Delorme A., 2004).
3.1.2 Aléa moral
Selon la définition donnée par Nyssens M.
cité par Maystast J.-F. (2002), l`aléa moral apparaît
lorsqu`une partie prenante de la transaction doit entreprendre une
action alors que l`autre partie ne peut ni observer, ni contrôler, ni
contraindre l`exécution du contrat. L`aléa moral entre un
prêteur et un emprunteur survient en effet après octroi du
crédit.
Le contrôle de l`utilisation des montants
prêtés reste donc primordial et cette fonction a
un coût non négligeable. Stiglitz et hoff (1990)
cités par Maystadt J.-F. (2002), indiquent qu`il
est coûteux d`assurer que les emprunteurs prennent des
décisions qui maximisent leur probabilité
de rembourser. Dès lors, en raison du volume des
prêts demandés, ce risque d`aléa moral mène
les banques traditionnelles à ne pas accorder aux
micro-entrepreneurs. Ainsi le rationnement de crédit lié au
problème d`aléa moral touche davantage les entreprises de petite
taille.
3.1.3 Innovations apportées par la
microfinance
La caution et le rationnement du crédit apparaissent
être des moyens privilégiés par les banques pour lutter
contre la sélection adverse puis l`aléa moral sur le
marché du crédit. Cela conduit à un équilibre avec
rationnement dont les pauvres sont exclus dès lors qu`ils ne
disposent
pas de caution.
Les coopératives de crédit et les IMF peuvent
par leur plus grandes proximité et capacité d`adaptation,
répondre à ce problème d`opportunisme post-contractuel ou
d`aléa moral et réduire celui de sélection adverse.
Ainsi, la microfinance apporte une solution à ces
difficultés (sélection adverse et aléa moral) en
octroyant des crédits individuels (sur base du profil
individuel) et des crédits de groupe (caution solidaire). Dans ce
dernier cas, la mobilisation des liens sociaux et le rôle de
l`homogénéité du groupe y contribuent largement. Dans les
deux cas, généralement l`octroi de crédits
supplémentaires est conditionné au succès du crédit
précédent
|