5. ETUDEDE CASSUR LE MICROCREDITDANSLE MARAICHAGEA
KINSHASA: PRESENTATION ET INTERPRETATION DESRESULTATS DE L'ENQUETE
Jusqu`ici nous avons présenté la situation
générale de la microfinance en RDC, nous avons estimé
qu`il serait intéressant d`aborder un cas concret d`expérience de
microfinance. Pour ce faire nous avons choisi d`étudier le cas des
maraîchers du site de N`djili/CECOMAF
à Kinshasa, question mettre en évidence des
particularités qui doivent être prises en compte, notamment en
agriculture. Cette étude de cas complète donc l`analyse
plus globale de la situation au niveau du pays.
L`enquête que nous avons menée a concerné
70 maraîchers ayant bénéficié d`au moins une fois
d`un microcrédit. Les modalités de tirage de l`échantillon
ont été présentées dans la partie
méthodologie de l`introduction. Le but ici est d`essayer de comprendre
la situation du microcrédit telle que vécue par les
maraîchers sur ce site et surtout déceler les implications
éventuelles de ce nouveau mode de finance dans le comportement financier
des bénéficiaires. Dans le même ordre d`idée,
l`appréciation des bénéficiaires de ce système de
financement de leurs activités nous intéresse au plus haut point
pour une amélioration de ces interventions.
Nous présentons dans un premier temps le lieu
d`étude qui est la ville de Kinshasa et plus particulièrement le
site maraîcher de N`djili/CECOMAF. Dans une deuxième temps, il
sera question des résultats de l`enquête que nous avons
menée auprès de ces maraîchers
bénéficiaires de microcrédit.
Milieu d'étude : la ville Kinshasa
5.1.1. Situation géographique
La ville de Kinshasa se situe entre 4 et 5 degrés latitude
sud et entre 15 et 16 degrés longitude Est.
Bornée au sud par la province du Bas-Congo, cette ville
fait limite d`une part avec la
République du Congo-Brazzaville à l`Ouest et au
Nord-ouest et d`autre part avec la province
du Bandundu à l`Est et au Nord-Est.
5.1.2. Population
La province urbaine de Kinshasa compterait actuellement 6,14
millions d`habitants. Concentrée sur 600 kilomètres
carrés sur les 9.965 que représentent cette ville, ladite
population se retrouve inégalement répartie. Les trois communes
de Maluku, N`sele et Mont- Ngafula qui s`étendent sur 92% de
l`espace urbain n`en comptent que 2% (Ndongo et al,
1999).
La même source rapporte que la population de Kinshasa se
compose à majorité de des
jeunes ce qui constitue aussi un atout pour une
contribution au développement (80% des kinois ont moins de 35 ans).
Deux facteurs sont à la base de cette importante population kinoise :
le taux net d`accroissement naturel et le mouvement migratoire renforcé
ces derniers
par l`afflux des populations déplacées de
guerre.
Son évolution de 1990 à 2000 est donnée par
le tableau suivant :
Tableau 4. Evolution de la population de Kinshasa de 1990
à 2000 (en millions)
Année
|
Population
|
Année
|
Population
|
1990
|
3,88
|
1996
|
5,1
|
1991
|
4,03
|
1997
|
5,34
|
1992
|
4,25
|
1998
|
5,59
|
1993
|
4,47
|
1999
|
5,86
|
1994
|
4,65
|
2000
|
6,14
|
1995
|
4,87
|
|
|
Source : - Ngondo et al : Perspectives démographiques du
Zaïre 1994-1999, CEDAS, Kinshasa, 1992, pp. 31-32.
- SNSA, annuaire des statistiques agricoles, novembre 2000,
inédit.
5.1.3. Subdivision administrative de la ville de
Kinshasa
Kinshasa compte 24 communes. Six d`entre elles sont dites
urbano-rurales, à savoir : Maluku, N`sele, Kimbanseke, Masina, Kisenso
et Mont-Ngafula.
Les vingt-quatre communes enregistrent dans leur ensemble trois
cent quarante-trois quartiers.
5.1.4. Situation économique de Kinshasa
L`économie de la ville de Kinshasa présente
deux formes : l`économie formelle et informelle. Nous
présenterons très brièvement ci-dessous chacune de ces
formes.
5.1.4.1 . Economie formelle de Kinshasa
D`une façon générale, les
différents secteurs (primaire, secondaire et tertiaire) de
l`économie formelle de Kinshasa connaissent pas mal de
difficultés.
Relativement au secteur primaire, l`on constate d`une part que
l`agriculture formelle
de Kinshasa se caractérise par sa faible exploitation des
étendues de terre non habitées, soit
15% seulement, et par sa faible capacité de production des
ressources alimentaires requises pour la consommation locale.
Les causes en sont nombreuses, notamment l`infertilité du
sol, le manque d`eau et de capitaux, l`accès difficile aux intrants
agricoles et vétérinaires du fait de leur coût prohibitif
et
de l`absence des structures appropriées pour la
commercialisation des produits agricoles. A
en croire PNUD/UNOPS (1998), le taux de mise en valeur des terres
dépasse rarement 10%
de la superficie concédée.
Pour sa part, l`industrie formelle de Kinshasa
représente, tant en volume qu`en valeur, près de 60% de la
production manufacturière et plus de la moitié de l`industrie
chimique du pays. Fonctionnant déjà depuis plus de 20 ans en
dessous de 45% de sa capacité installée, cette industrie,
à l`exception des brasseries, n`a cessé de voir sa
production baisser. Les causes en sont notamment la carence des
pièces de rechange, le retard technologique, la
moindre qualité et le coût de production
élevé, les difficultés d`approvisionnement et le faible
pouvoir d`achat des revenus ménagers.
Quant au secteur tertiaire de l`économie formelle de cette
ville, les faits suivants le caractérisent présentement :
· Importante expansion du commerce de demi-gros et de
détail ;
· Régression du tourisme due à son
inorganisation et à l`insécurité dans le pays ;
· Existence d`une politique restrictive de crédit au
niveau des institutions bancaires;
· La disparition sinon le recul substantiel de la fonction
d`intermédiation financière
(collecte de l`épargne et octroi des prêts) des
institutions financières et bancaires;
· Recul de l`hôtellerie pour cause de baisse
généralisée des revenus dans le pays, des
réquisitions de l`Etat et de son insolvabilité et de la crise du
tourisme.
De cet état de choses s`en est suivi, entre autres
choses, un taux de chômage accru. Déjà en 1995, MARYSSE
indiquait que 5% seulement de la population active de Kinshasa occupait un
emploi dans le secteur formel et que le revenu de la population
urbaine, officiellement rapporté, aurait tombé à 35% de
son revenu de 1968.
5.1.4.2 . Economie informelle de Kinshasa
Le réflexe de survie qui se
généralise dans une population davantage affamée et
placée dans l`insécurité alimentaire prolongée
serait à la base de l`expansion de cette économie
informelle kinoise en général et de son secteur tertiaire
(commerce et service) en particulier.
Les activités économiques exercées
à Kinshasa, aussi bien par les femmes que les hommes, en
économie informelle, interagissent entre elles et s`organisent
spontanément pour former une machinerie économique et sociale
forte, souple et très résistante aux vicissitudes
de l`économie moderne (l`inflation voire
l`hyper-inflation). L`économie populaire informelle
de Kinshasa est une économie de pauvreté, de
survie. Cependant, pour la plupart des Kinois, elle est la source ultime de
l`emploi et des revenus.
Caractérisée par la petitesse de leur taille,
leur faible productivité, leur instabilité et le caractère
rudimentaire des équipements, les activités qui alimentent
l`économie informelle de Kinshasa couvrent divers secteurs. Le secteur
primaire comprend l`agriculture, l`élevage, la pêche, la
pisciculture, la chasse, l`horticulture et l`exploitation des carrières
(sable, moellons
et concassés). L`artisanat industriel
intéresse notamment le secteur alimentaire, textile, de confection, de
bois, chimique, de cuir, de métaux, de peinture, de construction
mécanique, de bâtiment, de pharmacie, de savons et
cosmétiques, d`outillages et de fabrication de machines
et d`emballages. Le secteur tertiaire, lui, réunit divers
petits métiers exercés entre autres par
les cireurs, les transporteurs, les professionnels de
communications, les cambistes, les garagistes, les commissionnaires,
les publicistes, les réparateurs de radios et postes
téléviseurs, etc. (PNUD/UNOPS, 1998). L`activité
maraîchère traitée dans cette étude,
relève
de l`agriculture de cette économie informelle.
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