Analyse AFOM (SWOT) du secteur de la microfinance en
RDC
AFOM est un acronyme signifiant Atouts, Faiblesses,
Opportunités, Menaces. En anglais, SWOT est un acronyme signifiant
Strengths, Weaknesses, Opportunities, Threats. C`est une technique d`analyse
aujourd`hui très répandue et appliquée à plusieurs
types d`organismes, des institutions aux entreprises. Elle est
généralement utilisée en gestion et marketing comme
outils d`audit et d`étude de l`environnement de l`entreprise. Dans
le cadre de ce travail, nous l`avons utilisée pour faire l`analyse du
secteur de la microfinance en RDC.
L`analyse AFOM (SWOT) permet de mettre en évidence les
atouts et les faiblesses du secteur étudié et d`identifier les
opportunités et les menaces présentes à
l`extérieur, dans le contexte où l`on opère. Il est
important d`avoir la conscience que les atouts et les faiblesses sont des
éléments foncièrement placés sous le contrôle
de l`organisme (à quelques limites près), tandis que ceux qui
sont relatifs à l`extérieur sont des phénomènes
dont on peut éventuellement profiter ou vis à vis desquels il
faut prendre des précautions. Ils ne peuvent pas, sinon dans une moindre
mesure, être modifiés par l`organisme à laquelle l`analyse
AFOM (SWOT) se réfère (culturap, 2005).
Tableau 3. Analyse SWOT de la microfinance en RDC
1. Les forces
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2. Les faiblesses
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· Une dynamique locale importante, qui s`appuie sur
une longue tradition coopérative malgré les crises
récentes
· Une volonté politique affirmée de soutenir
le secteur de la microfinance et de mettre fin aux pratiques qui entravent sa
croissance
· - La mise en place d`une sous-direction de la
microfinance au sein de la
Banque Centrale, traduisant la priorité
accordée au secteur par les autorités publiques.
· Une ébauche de cadre légal et
réglementaire propice à l`éclosion d`institutions
diverses. Les dispositions incluses dans l`Instruction relative aux
institutions de microfinance constituent un cadre assez flexible et
non-restrictif
· La présence d`intervenants
expérimentés et promoteurs de pratiques saines, tels que FINCA,
l`ACDI et le CAPAF (à travers le CEFORMAD)
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· L`absence de données chiffrées et de
statistiques fiables sur les conditions de vie
de la population congolaise et sur l`offre de services financiers
à travers le pays:
Cette absence de renseignements limite la capacité des
intervenants à identifier les besoins, repèrer les zones
d`expansion, et développer des produits adaptés.
· Le manque de confiance dans le secteur financier de la
part des populations: Ce manque de confiance rend difficile les tentatives
d`établir de nouvelles structures et
de mobiliser l`épargne auprès des populations.
· Les difficultés du secteur bancaire
classique. La couverture territoriale des banques commerciales
étant extrêmement réduite. la conséquence en
est une réduction de l`offre.
· La faiblesse des capacités. Cette
faiblesse, qui se situe à tous les niveaux (institutions de
microfinance, autorités publiques, bailleurs), empêche la
professionnalisation du secteur et ainsi la pérennisation de
l`offre de services financiers.
· Les séquelles de la guerre. La destruction des
infrastructures a un impact négatif sur les capacités de
recensement et d`identification des besoins, la transmission de l`information,
et la diffusion des soutiens techniques et/ou financiers
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Microfinance en République Démocratique du
Congo 33
3. Les opportunités
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4. Les menaces
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· Une stabilisation politique et économique,
offrant des conditions générales propices au
développement du secteur.
· La reconnaissance de la microfinance comme un
secteur prioritaire. Les autorités publiques semblent vouloir
promouvoir la microfinance comme secteur
prioritaire en l`inscrivant dans le cadre du DSRP final.
· Une demande inépuisable. De par la taille
de sa population et son potentiel économique, la RDC
présente un marché potentiel énorme pour les
structures intermédiaires qui voudront s`implanter et démarrer
leurs activités.
· Le cadre légal et réglementaire, qui
dans sa forme actuelle, et étant donné l`état du secteur,
constitue une force, devra être complété dans un souci de
favoriser le développement du secteur
· Le regain d`intérêt de la part de la
communauté internationale, marqué, entre autre, par les projets
exploratoires de IPC pour la création d`une banque
spécialisée.
· Une ébauche de concertation entre les
différents acteurs autour de l`idee de l`Observatoire et du DSRP. Ces
discussions marquent un effort de coordination
et de développement d`une vision commune pour le
développement du secteur et posent ainsi les bases, si elles sont
soutenues, d`initiatives plus ambitieuses à
terme.
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· Le manque de ressources financières pour
répondre à l`immensité de la demande. La demande de
produits financiers de la part des populations, et de dons
et crédits de la part des opérateurs, excède
largement l`offre actuelle de la part des
bailleurs et autorités publiques, qui doivent
remédier à de nombreuses autres priorités.
· Les pratiques de certains bailleurs de fonds,
en contradiction avec certains principes fondamentaux. Ces pratiques
(fixation d`un taux d`intérêt subventionné
sélection des clients à la place des opérateurs)
renforcent également les problèmes de non remboursement et la
culture de dépendance des populations visées
· L`affaiblissement des concertations dus à
l`ambition excessive du projet de l`Observatoire Étant donné
l`état embryonnaire du secteur, les capacités limitées de
chacun, et les rivalités naissantes entre certains acteurs. les termes
de référence de l`Observatoire sont trop ambitieux et ainsi
risquent de ne pas être réalisés, entraînant
alors un découragement de la part des participants et une
désaffection pour les efforts de coordination.
· Le cadre légal et réglementaire, qui
peut constituer, selon la direction qu`il prend, soit une opportunité
soit un risque. En effet, une fiscalisation trop lourde, qui provoque
des distorsions où décourage l`innovation, freinera le
développement du secteur. De même, la persistance
d`incohérences entre divers textes légaux et
réglementaires.
· Les soubresauts politiques et le risque de reprise des
hostilités sont susceptibles
de retarder, sinon interrompre, les efforts de
renforcement des capacités et de pérennisation de l`offre de
services financiers.
· La rivalité et la tension entre différents
acteurs, due en partie à une volonté de préserver des
avantages acquis ou de gagner la faveur des autorités ou des
bailleurs.
Les conflits d`intérêt nés d`une
concentration excessive des rôles dans différentes structures dont
les fonctions et responsabilités ne sont pas suffisamment
distingués.
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Source : l`auteur, sur base des éléments du Rapport
principal sur l`Analyse des opportunités d`investissement pour le
Développement du secteur de la microfinance en R. D.
Congo, (USM/FENU et PNUD), Novembre 2003.
Cette analyse permet ainsi de dégager les grands
chantiers d`intervention, sur lesquels les divers intervenants
devraient agir afin de promouvoir un développement
équilibré du secteur, adapté aux besoins et au
contexte locaux, et orienté, à terme, vers
l`intégration de la microfinance dans le paysage financier du pays,
permettant ainsi au secteur de pleinement contribuer au redressement du
pays.
Il parait ainsi impérieux de définir une
politique nationale pour la microfinance. L`élaboration d`un
document de politique nationale constitue une première étape dans
la mise en place d`un cadre global de soutien au développement
des institutions de microfinance. L`élaboration du DSRP ainsi que le
projet de loi sur la microfinance sont des initiatives qui vont dans la bonne
direction. L`élaboration de cette politique, un peu comme la DSRP, devra
se faire
sur la base d`une approche participative, incluant donc
les institutions de microfinance et associations d`encadrement, le
gouvernement, la Banque Centrale, et les bailleurs de fonds.
Comme l`indique le constat précédent, les
institutions de microfinance manquent de moyens humains et financiers et
souffrent d`un très faible niveau de capacités pour
répondre de façon adéquate à la demande de la
population congolaise. Ainsi le besoin en formation est important
à tous les niveaux. Un apport important de ressources financières
n`aura qu`un impact minimal si les différents acteurs du secteur
ne possèdent pas les capacités nécessaires
correspondant à leurs rôles.
Cette formation devra être de manière
à faire profiter les expériences des IMF performantes
(comme FINCA RDC) aux autres par des démonstrations. Ces
séances de formation doivent aussi viser les clients potentiels. Cette
approche permettra au delà de l`impact auprès des clients
concernés, l`émergence d`institutions crédibles et
pérennes. Ce qui permettra à terme de restaurer la confiance
de la population congolaise dans le secteur financier et
d`accélérer l`entrée dans le secteur de nouveaux acteurs
et de nouveaux bailleurs, favorisant ainsi une compétition dont
bénéficiera la population congolaise.
En outre, vu le rôle qu`elle est appelée à
jouer, la Banque Centrale a besoin d`un Soutien pour que sa contribution
(encadrement, supervision et réglementation) soit effective à
l`essor de
la microfinance en RDC. L`existence au sein de la Banque
Centrale d`une Sous-Direction pour la microfinance constitue un atout
extrêmement positif et marque la reconnaissance, de la part des
autorités publiques, de l`importance du secteur.
Ce rôle d`autorité de tutelle ne peut toutefois se
faire sans une connaissance au préalable
des réalités du terrain, d`où la
nécessité d`un recensement des institutions de microfinance.
Cette connaissance permettra ensuite d`élaborer un cadre légal et
réglementaire entièrement adapté aux conditions de la
microfinance en RDC et reflétant les réalités sur le
terrain.
Comme l`indique l`état des lieux, les besoins du secteur
sont nombreux et divers et les priorités doivent être
définies. Il s`agit donc ici de procéder par étape, poser
certaines fondations
qui permettront ensuite de lancer d`autres initiatives.
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