Microfinance et lutte contre la pauvreté
Depuis plus de dix ans, dans un contexte
généralisé de libéralisation des marchés et
de désengagement de l`Etat, et après des décennies
de développement largement basé sur les
« grands projets » dans lesquels les populations
étaient peu ou pas associées, les bailleurs de fonds, ONG
d`abord, grandes institutions ensuite, opèrent un recentrage sur la
lutte contre la pauvreté et accentuent le développement des
initiatives participatives et de développement à la base. Ainsi
par exemple, le comité d`aide au développement (CAD) de
l`OCDE élabore les
« lignes directrices pour la réduction de la
pauvreté ». Sous l`instigation de la Banque Mondiale, nombre des
pays en développement définissent leurs Document
Stratégique de Réduction de la Pauvreté.
La microfinance s`adapte bien à cet objectif. Le lien
entre microfinance et développement devient donc, la lutte contre la
pauvreté. Les outils de microfinance constituent une des forces dans
cette lutte. Toutefois pour être efficace, cette lutte doit être
durable et la rentabilité des instruments mis en place est une
condition, sine qua non, de leur pérennité. Ces
nécessités de pérennité et de rentabilité
des institutions de microfinance conduisent donc, actuellement, à une
professionnalisation des agents de ce secteur et à la
consolidation des environnements organisationnels, réglementaires et
légaux de celui-ci en vue de renforcer la confiance des clients
et bailleurs envers ces institutions.
Il est toutefois nécessaire d`affirmer que la
microfinance, malgré les espoirs qu`elle a pu donner à travers
ses succès n`est pas adéquate pour toutes les situations de
pauvreté. Ainsi, les recommandations du CGAP ( Consultative Group
to Assist the Poorest oe World Bank) soulignent que les populations qui
vivent dans l`extrême pauvreté, les indigents, les sans logis,
les réfugiés ne devraient pas être
considérés comme des clients de la microfinance. Le risque existe
de les pousser dans une spirale de l`endettement, du surendettement
et de la pauvreté accrue par des crédits qu`ils ne sont
pas en mesure de rembourser. Ainsi, la microfinance
bénéficie le mieux aux populations ou personnes qui ont,
ou qui ont identifié, une activité économique sur
laquelle ils sont en mesure de capitaliser s`ils peuvent disposer de
financements adaptés même s`ils sont petits (Tollenaere, 2002).
Rôles de l'Etat dans la microfinance
Pour Marc Labie (1999), trois éléments
synthétisent les axes à partir desquels un Etat peut investir
afin de constituer un cadre institutionnel aussi favorable que
possible au développement d`institutions financières
spécialisées pour les micro-entreprises, il s`agit de :
l`établissement des textes législatifs, la canalisation de
financements, et la création d`institutions et/ou de mécanismes
« d`encadrement » spécifiques.
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