La coopération multilatérale en faveur du développement rural: l'exemple de la FAO au Burkina Faso( Télécharger le fichier original )par Issa BANCE Ecole Nationale d'Administration et de Magistrature/Burkina Faso - Diplôme de l'ENAM 2006 |
Paragraphe I : La situation socio-économique du Burkina FasoSitué au coeur de la boucle du Niger, mais étroitement relié au Golfe de Guinée par l'intermédiaire du grand bassin de la Volta17(*) dont le bassin supérieur occupe la moitié de son espace géographique, le Burkina Faso est un pays sahélien de 274 200 km2. A l'instar de plusieurs pays africains, le secteur agricole constitue le moteur de son économie. Ce secteur constitue une source importante d'emplois et de revenus et contribue pour 40% au Produit Intérieur Brut (PIB) et 50% aux revenus d'exportation18(*). Les données statistiques indiquent que sa population est estimée à 12,9 millions d'habitants en 2003, avec une estimation en l'an 2015 de plus de 16 millions dont 14 millions en zone rurale19(*). La majorité de la population vit de la culture de la terre dans le cadre de petites exploitations familiales tournées essentiellement vers la production céréalière20(*). Cette activité est cependant pratiquée dans des conditions agroclimatiques et pédologiques difficiles, avec un système traditionnel d'exploitation extensif. Seulement 3,5 millions d'hectares sont cultivés, soit un tiers des terres reconnues comme cultivables et les surfaces irrigables sont estimées à 160 000 hectares21(*). L'agriculture burkinabè est une grande consommatrice de terres22(*). L'essentiel de la production agricole est consommé. Les revenus des agriculteurs proviennent de la vente des surplus de récoltes et des productions associées comme l'arachide, les produits maraîchers, de la pêche ou des activités artisanales. Sur le plan macro-économique, le Burkina Faso a enregistré au cours des dix dernières années des performances assez remarquables. Le taux de croissance réelle au cours de la période 1994-1999 était de 5% en moyenne contre 3% environ pendant la période 1980-199323(*). Malgré la détérioration importante des termes de l'échange entre 1997 et 1999, la moyenne du taux de croissance est maintenue à 5,6%24(*). Au-delà des progrès macro-économiques, la population burkinabè est demeurée extrêmement pauvre. Cet état de fait est confirmé par deux enquêtes organisées par le gouvernement en 1994 et 1998. Sur la base de la valeur courante de la ligne de pauvreté estimée à 72 690 FCFA en 1998 contre 41 099FCFA25(*) en 1994, la proportion des pauvres enregistre une légère hausse (45,3% contre 44,5%)26(*). Pendant que ce phénomène connaît un léger recul en milieu rural, il prend de plus en plus d'ampleur en milieu urbain. Le PIB par habitant, de 220 dollars par an, est plus faible que dans la plupart des pays voisins27(*). L'indicateur du développement humain du Burkina Faso est également l'un des plus faibles du monde28(*). D'importants efforts ont été consentis par le Burkina Faso pour favoriser les services sociaux de base29(*). Toutefois, le pays souffre toujours d'un large déficit social. Ce déficit s'explique surtout par le taux de croissance de la population et la faiblesse de la production du travail, notamment dans le secteur agricole. De plus, le taux de scolarisation, reste un des plus faibles de la sous-région (41% de taux brut de scolarisation en 1998-1999 dont environ 35% de filles)30(*). La situation sanitaire quant à elle, se caractérise par une morbidité et une mortalité très élevées dues aux maladies infectieuses et parasitaires et surtout à l'infection du VIH. La situation en ce qui concerne l'approvisionnement en eau potable s'est incontestablement améliorée. Cependant, cet approvisionnement reste insuffisant pour couvrir l'ensemble des besoins des populations rurales et urbaines. De façon globale, l'état nutritionnel de la population n'est pas satisfaisant. Le niveau de couverture des besoins nutritionnels reste encore bas. Il se situe à 2 300 kcals en 1996 contre 2 500 kcals requis31(*). La femme burkinabè, elle, continue d'être victime de préjugés et reste insuffisamment impliquée dans les activités de la vie publique nationale. Nonobstant son augmentation sensible, la proportion de la pauvreté urbaine reste faible (de 3,8% en 1994 à 6,1 en 1998). La pauvreté demeure encore un phénomène essentiellement rural avec une contribution de 94% en 1998. La profondeur de la pauvreté est restée à 14%. Cela suggère qu'une grande majorité des pauvres est proche de la ligne de pauvreté comme le montre le tableau ci-dessous : Tableau 1 : Indices de pauvreté selon le lieu de résidence en pourcentage.
Source : « Analyse de la pauvreté au Burkina Faso », INSD, 1999, in MEF.- Cadre Stratégique de Lutte contre la pauvreté, 2000, p.11 Cette situation de crise sociale, de pauvreté et de vulnérabilité de la population burkinabè semble justifier la présence des partenaires au développement du Burkina Faso notamment celle de la FAO. * 17 Le grand bassin de la Volta comprend le Nakambé, le Mouhoun, le Nazinon et leurs affluents. * 18 FAO/Burkina Faso. - Aide mémoire pour l'interview de Mme Marie Noëlle KOYARA, représentant de la FAO au Burkina Faso, 11 mai 2005, p.1 * 19 FAO/Burkina Faso, op. cit. * 20 Les principales céréales cultivées au Burkina Faso sont le mil, le sorgho, le maïs, le fonio et le riz. * 21 Georges LACLAVERE (sous le patronage de) .-Atlas du Burkina Faso, Les éditions Jeune Afrique, Paris, 1998, p.43 * 22 En 1996 par exemple, les défrichements annuels ont concerné 50000 hectares. * 23 MEF.- Cadre Stratégique de Lutte contre la Pauvreté, 2000, p.5 * 24 Idem * 25 MEF.- Op. cit. , p.5 * 26 Idem * 27 250 dollars au Mali, 330 au Togo, 380 au Bénin, 390 au Ghana et 700 en Côte d'Ivoire. * 28 IDH= 0,304 en 1997. * 29 Les services de base sont: l'éducation de base, la santé de base y compris la santé de la reproduction, l'eau potable, la nutrition, l'hygiène et l'assainissement. * 30 MEF.- Op. Cit. ,p. 11 * 31 MEF.- Op. Cit. ,p. 11 |
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