Section2 : L'impact des CL sur le développement
local
Il est généralement admis que la
pérennité découlant logiquement de la pertinence des
conventions locales a besoin nécessairement de
présenter trois caractéristiques fondamentales que sont la
légitimité, la légalité mais aussi la
durabilité. C'est dernier élément postule que les
populations locales puissent profiter des retombées aussi
bien économiques, écologique que sociales afin de
garantir la durabilité des règles négociées
de gestion. Ses retombées sont généralement
perceptibles d'une part sur le plan socio- économique (par1)
et d'autre part sur le plan politico écologique (par2).
Paragraphe1 : Sur le plan socio-économique
L'impact des conventions locales est d'abord social. En
effet, dans les collectivités locales où les
conventions locales ont été mises en place
(Mbadakhoune, Ndour Ndour), une transformation notable
du comportement des populations a été notée. Lors
du processus d'élaboration, les populations sont indexées
comme étant les uniques responsables de la dégradation de
leurs ressources naturelles et environnementales.
Conséquemment, elles s'aperçoivent de leur utilisation
inconsciente des ressources renouvelables et ainsi se sentent imbues de
la mission collective de rectifier ces erreurs à travers la
convention locale. Les premiers initiateurs des conventions ont
été considérés comme des marginaux66,
mais aujourd'hui, ils sont traités en rois.
En outre, la convention locale renforce les
mécanismes locaux de gestion des ressources naturelles existants
et traditionnels. Elle consolide par
la même occasion les connaissances locales et
renforce les liens sociaux. Ceci permet de mettre en valeur la
cohésion sociale et engendrer des moyens efficaces et
endogènes de règlement des conflits. Du fait de la mobilisation
du capital social dans la mise en oeuvre des conventions et la prise
en compte
66 Cissé. Gorgui ; op.cit.
51
des règles traditionnelles de surcroît ; la
cohésion sociale se trouve renforcée
à travers la revalorisation du savoir local.
Sur le plan économique, les conventions locales
de par leur originalité arrivent à trouver l'équilibre
difficile entre recherche de retombées économiques et
sauvegarde des ressources naturelles. Ces retombées économiques
sont aussi bien bénéfiques pour les populations locales
que les collectivités locales. Une meilleure gestion des
ressources naturelles se traduit par une diversification des revenus
comme la cueillette des produits
de la forêt, artisanat, petites entreprises, ayant comme
corollaire d'engendrer des avantages économiques notables. Par
exemple, les produits de cueillette vendus au marché hebdomadaire
de Toubatoul au Sénégal ont rapporté 21 millions de
Fcfa à la communauté locale67. Ainsi, avec le
développement de la cueillette, de la riziculture, du marécage
et de la commercialisation, l'exploitation des ressources engendre une
rentrée impressionnante de devises dans l'économie
rurale. Une application effective des sanctions prévues dans
la convention locale entraîne des rentrées de fonds à
travers les amendes, confiscations et transactions. Durant son unique
année d'exercice
2003 l'agent des eaux et forêts de
Ndoffane affirme avoir prononcé une quinzaine d'amendes dont le
plancher est de 25 000 et le plafond de 50 000 F CFA.
Les retombées ont aussi pour conséquence
de renflouer les caisses des collectivités locales à
travers le paiement de la taxe rurale ainsi que les amendes
des eaux et forêts. Ceci permet aux collectivités
bénéficiaires de combler leur déficit budgétaire
et de répondre ainsi à l'exercice des compétences
transférées et subséquemment sur le
développement local. Selon Mr. Bâ coordonnateur national du
programme Agriculture-Gestion des ressources naturelles « dans
certains villages où l'on a jamais pensé s'acquitter de la
taxe rurale, les populations ont fini de respecter cet
engagement en faisant face à leurs obligations de citoyens
à part entière 68». Véritable
faiblesse pour la gestion des collectivités locales, les
retombées financières des conventions raniment le civisme
local et tendent vers
67 Bulletin des zones arides : peuples, politiques,
programme ; n°46 mars 2004, page 12.
68 Quotidien le Soleil « le boum de la vente
des produits forestiers fait le bonheur des populations »
publié le lundi 8
novembre 2004.
52
l'instauration d'une société civile locale. Il
est sans nul doute certain, qu'une bonne gestion des ressources à
travers les conventions locales contribuerait à
la réduction de la pauvreté très accrue dans
le milieu rural et au développement local durable.
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