République Démocratique du
Congo
ENSEIGNEMENT SUPERIEUR ET
UNIVERSITAIRE
UNIVERSITE OFFICIELLE DE BUKAVU
U.O.B
FACULTE DES SCIENCES SOCIALES, POLITIQUES ET
ADMINISTRATIVES
DEPARTEMENT DE SOCIOLOGIE
B.P.570 BUKAVU
Les ONG et la transformation des conflits à
Uvira
Par KIKA KITUNGANO Christian
Mémoire présenté et défendu en vue
de l'obtention du diplôme de licence en Sociologie.
Directeur : Professeur KAGANDA
MULUMEODERHWA Philippe
Encadreur : CT HABAMUNGU BASHWIRA
John
Année académique :
2015-2016
DEDICACE
A mon père et ma mère ;
A mes frères et soeurs ;
A mes neveux et nièces ;
A mes cousins et cousines ;
A mes confrères et consoeurs du Journal Le souverain
Libre ;
A mes compagnons de lutte ;
A tous ceux qui ont contribué à la
rédaction de ce travail.
KIKA KITUNGANO Christian
REMERCIEMENTS
Au terme de ce deuxième cycle qui couronne des longues
années d'études universitaires, il sied de reconnaitre les
contributions des uns et des autres pour l'aboutissement de nos études.
C'est pourquoi nous nous faisons le devoir d'adresser nos chaleureux
remerciements à tous ceux qui ont, de près ou de loin, soutenu
nos efforts.
D'abord aux autorités académiques et
facultaires de l'UOB en général et de la faculté des
sciences sociales, politiques et administratives, département de
sociologie en particulier, pour nous avoir doté des connaissances
sociologiques nécessaires pour élaborer ce mémoire.
Plus particulièrement, nous pensons au Dr Professeur
Philippe Kaganda Mulume-oderhwa et au Chef de travaux John Habamungu Bashwira
qui, malgré leurs innombrables tâches, ont accepté de nous
diriger et encadrer dans la rigueur scientifique. Leurs conseils et remarques
ont permis de produire ce travail.
Les mêmes sentiments de gratitude sont exprimés
à nos parents Kitungano et Kizilo Nyamazabo pour le sacrifice consenti
afin de nous hisser au rang de licencié en sociologie.
Nos remerciements les plus particuliers s'adressent à
Mme Solange Lusiku, l'Editrice-Directrice du Journal ``Le Souverain Libre'' et
son époux Dieudonné Boka Boroto pour nous avoir appris à
pêcher.
Que Messieurs Darius Kitoka et François-Xavier
Kasilembo respectivement Directeur de service des informations et
Administrateur financier au Journal Le Souverain Libre trouvent à
travers ces lignes l'expression de notre reconnaissance.
Chapeau bas à notre Oncle maternel Gérard
Kitungano et son épouse Mme Furaha Nshombo pour leurs contributions
financières, morales et spirituelles afin de mettre un terme à
ces études.
L'équipe du Journal Le Souverain Libre mérite,
pour sa part, nos remerciements, nous pensons à Aubert Mukinzi, Egide
Kitumaini, Daniel Sezibera, Keeka David, Ntony, François Cirume, Anne
Mushigo, Pacifique Muliri, Claudine Kitumaini et Yves Kulondwa; c'est
grâce à cette équipe que nous avons pu cultiver en nous
l'esprit de professionnalisme en matière de presse.
C'est avec une grande satisfaction que nous pensons à
Songa Kitungano et son aimable Kika Benda Claudine pour nous avoir
prodigué des conseils pendant nos études universitaires
Nos sincères remerciements s'adressent également
à nos amis de hautes factures, Sylvain-Dominique Akilimali et sa
mignonne épouse Alliance Naomie Nakiliza, Alexis Byaombe et Bitwenge
Noëlla pour leurs multiples appuis.
Nous jetons des fleurs à la famille Jean-Baptiste
Bulambo, Famille Mupenda, Famille Mansaka, Famille Jc Kubinda qui n'ont pas
cessé d'être à côté de nous pendant des
moments heureux et malheureux.
Il serait étonnant de terminer ce travail sans pour
autant remercier l'Assistant Raphaël Miseka Mulolwa pour avoir
prodigué des conseils scientifiques durant la rédaction de ce
travail
Enfin que tous ceux qui, de près ou de loin, montrent
un attachement particulier à notre humble personne, trouvent ici
l'expression de nos sentiments de gratitude.
KIKA KITUNGANO Christian
SIGLES ET ABREVIATIONS
ADEPAE : Action pour le Développement et de paix
endogène
AFDL : Alliance des forces démocratiques pour la
libération du Congo
CCI : Cadre de Concertation Intercommunautaire
CDJP : Commission Diocésaine Justice et Paix
CLM : Comités locaux de médiation
CT : Chef de travaux
Dr : Docteur
ECC : Eglise du Christ au Congo
F : femme
Fréq : Fréquence
H : homme
ONG : Organisation non Gouvernementale
PIP : Paillotte intercommunautaire pour la paix
RCD : Rassemblement Congolais pour la
démocratie
RDC : République Démocratique du Congo
RIO : Réseau d'Innovation Organisationnelle
SFCG : Surch For Common Ground
UOB : Université Officielle de Bukavu
INTRODUCTION
0. Objet, choix et intérêt de l'étude
Ce travail porte sur la transformation des conflits par les
ONG à Uvira. Il cherche ainsi à analyser les stratégies ou
les mécanismes de prévention, de résolution et de gestion
pacifique des conflits à Uvira.
Le choix de ce sujet est le résultat de notre
volonté à contribuer au maintien de la paix en RDC et à
Uvira en particulier. Ce territoire est compté parmi les régions
martyres où les tueries, les pillages et les vols à mains
armées sont faits dans les coins et restent maintenus dans la
mémoire de la population. Les communautés responsables de ces
troubles sociaux engendrent et entretiennent les conflits d'origine tribale. Il
s'agit ensuite de la responsabilisation des actes de vandalisme d'une
communauté à l'égard de l'autre. Ces
éléments nous ont motivé à choisir ce sujet.
L'intérêt de cette étude est triple. Il se
situe tant au niveau personnel, pratique qu'à celui scientifique.
Au plan personnel, ce travail est une
opportunité qui nous est donnée de mettre à la disposition
de la société, nos préoccupations majeures et sensibles
comme mécanismes de maintien de la paix en RDC et de disponibiliser les
stratégies rationnelles pour transformer le conflit à Uvira.
Au plan pratique, ce travail est un guide et
un outil essentiel à capitaliser par les gouvernants, les organisations
confessionnelles, les autres organisations non gouvernementales en
matière de paix, les autorités coutumières et la
populationqui est d'une part, la première bénéficiaire de
la paix, et d'autre part, victime de tous les maux sociaux liés aux
conflits. Il s'agit, de ce fait, d'une étude rationnelle et plausible
sur la transformation des conflits dans ledit milieu.
Sur le plan scientifique, ce travail sera
normalement consulté par les chercheurs qui voudront comprendre les
voies et moyens pour la transformation des conflits en vue d'aboutir à
une paix durable.Il est donc important en tant que sociologue, sur base de nos
recherches, de fournir à d'autres chercheurs les informations sur la
transformation des conflits et mettre à leur service des nouvelles
théories et des mécanismes de transformation des conflits
forgés par les ONG qui travaillent pour la paix à Uvira .
1. Etat de la question
Mignault note que la référence aux travaux
d'autres auteurs aide l'auteur à établir une démarcation
nette entre ses propres idées et les idées des autres
apportées comme preuves, analysées ou
réfutées1(*).
La lecture in extenso des ouvrages des chercheurs
précédents permet de pénétrer leurs pensées,
d'apprécier les difficultés qu'ils rencontrent, les moyens qu'ils
ont utilisés ou les surmonter, de saisir l'originalité de leur
contribution et les lacunes qu'une autre recherche devra combler. Elle permet
en outre d'utiliser les résultats déjà acquis afin que la
recherche à entreprendre soit mieux faite et plus utile2(*).
La preuve de la fouille documentaire montre que la production
scientifique sur la transformation des conflits a déjà retenu
l'attention de bon nombre de chercheurs dans le domaine scientifique. Nous
relevons quelques travaux qui nous ont paru d'un intérêt non moins
capital.
Dans sa réflexion sur les obstacles et les chances du
dialogue dans le contexte de conflit, Masumbuko Ngwasi3(*) soutient que les approches
à caractère politico-judiciaire caractérisées par
la négociation, la médiation ou les conférences de paix
produisant des protocoles d'accords, des arrangements particuliers, des
déclarations de paix, tendent à prendre appui sur ce qui est
factuel, sur les aspects historico-événementiels immédiats
et les aspects psycho-humains de surface. Souvent leurs résolutions et
recommandations restent lettre morte, des voeux pieux.
Dans ses explications, Ngwasi parle du non suivi des
protocoles envisagés par les gouvernants et les organisations en
matière de paix en vue de stabiliser où d'instaurer la paix.
Quant à notre travail, il est nécessaire d'assurer la gestion
pacifique des conflits après dialogue social avec objectif de faire
régner la paix toute entière.
Dans son essai de solution aux conflits de pâturage
entre éleveurs et cultivateurs du groupement de Kakamba dans la
collectivité plaine de la Ruzizi, Kabaya Babolo4(*)examine les différents
facteurs qui sont à la base de rupture d'un type de confiance entre
éleveurs. Il en distingue des causes immédiates. En vrac, il a
retenu l'aridité liée aux conditions climatiques, la diminution
des surfaces cultivables et des pâturages, l'explosion
démographique et la surcharge animale, la compétition entre
activités. Il soutient que les conflits de pâturage sont violents
et aboutissent à des pertes en vies humaines et en bétails.
Kabaya a essayé de mener sa recherche afin de
dégager les causes et les conséquences de conflit de
pâturage tout en proposant les stratégies de solution. Son champ
d'étude est limité aux seules stratégies
politico-judiciaires,pouvant guider ces catégories de personnes à
résoudre le conflit. Les idées émises dans notre travail
en ce qui concerne les mécanismes de résolution des conflits,
sont complexes du fait qu'elles permettent d'étudier les conflits dans
toutes leurs dimensions.
ADAPAE5(*)soutient pour sa part que la procédure qui se
dégage partout est celle de dialogue constructif et
précisément la rencontre des personnes cheminant vers la
vérité et cherchant à procurer le bien commun.
La négociation est menée par des
médiateurs et des facilitateurs. Cette procédure était
conçue dans une logique telle qu'enfin de compte chacune des parties en
conflit s'en sorte gagnante et se remette en confiance. Le partage du repas ou
de la boisson, qui apparait comme un leitmotiv dans la transformation des
conflits identifiés, est un symbole éloquent.
Il ajoute que la finalité de cette justice était
la transformation des conflits et du chao qu'ils peuvent occasionner en
possibilité de rétablir l'ordre et la paix. Ces derniers ainsi
retrouvés devaient se conserver durablement. Ceci était parfois
garanti au-delà de la boisson et du repas de réconciliation par
des gestes profonds au sein de la communauté Bafuliru, Babembe et Bahavu
tels l'octroi d'une fille, le pacte de sang, les mariages mixtes symbole de la
consolidation de la paix.
L'accent pour cet auteur est mis sur la réconciliation,
il ne tente pas d'étudier les causes des conflits or on ne peut pas
transformer le conflit sans pour autant en connaître ses causes
principales. Tandis que pour nous, avant d'étudier le processus de
transformation des conflits il est bien attendu nécessaire de chercher
les racines ou les origines du problème identifié.
Dans son ouvrage « prévenir les conflits
violents, quels moyens d'action ? »
OCDE6(*),
essaie de montrer que la consolidation de la paix et la réconciliation
englobent l'ensemble des mesures à long terme pour soutenir la mise en
place des structures politiques, socio-économiques, culturelles, viables
et capables de traiter les causes fondamentales des conflits ainsi que d'autres
initiatives visant à instaurer les conditions nécessaires
à la paix et à la stabilité durable.
Ces activités visent également à
promouvoir des groupes en conflit avec la société
marginalisée tout en permettant un accès équitable au
processus des décisions politiques, aux réseaux sociaux, aux
ressources économiques et à l'information. Elles peuvent
être mises en oeuvre dans toutes les phases d'un conflit. Cette
organisation continue à affirmer que dans les pays divisés par le
conflit intergroupe, certains éléments de la
société civile peuvent être en mesure de jouer un
rôle important en exerçant une médiation entre les groupes,
en favorisant le dialogue et la réconciliation.
Cependant la violence du conflit sociopolitique
elle-même, peut aussi susciter l'émergence d'institutions et
d'acteurs nouveaux qui se consacrent spécialement à la cause de
la paix. Cette étude propose des stratégies de résolution
des conflits.
Dans son étude sur la contribution de la
société civile à la reconstruction de la paix en
RDC : cas de GADHOP Beni-Lubero, KalungeroLusenge
Yolande7(*), tente
une certaine compréhension des concepts comme société
civile, association membre, ses actions en termes des rapports des
séminaires, de mémorandum, des messages, des dénonciations
et des recommandations sur la démocratie et la paix.
Il fait une analyse de la politique économique et
sociale d'une part, la démocratie et la paix, des relations entre les
facteurs essentiels des droits humains et de la paix, d'autre part. La question
de la nationalité et la protection des minorités banyarwanda en
RDC est étroitement associée à la problématique de
la sécurité des frontières des pays agresseurs pour
justifier la guerre en rapport avec leurs pays d'origine, sur la
problématique de la double nationalité et de la
citoyenneté transfrontalière.
Ce travail décrit le problème lié
à l'identité ou à la nationalité comme base
d'instabilité ou d'insécurité source des
répercussions sur la vie humaine. Il parle ensuite des problèmes
migratoires qui créent en RDC la mésentente entre les Congolais
et les Rwandais qui ont acquis la nationalité congolaise. L'auteur n'a
pas proposé des solutions à mettre à la disposition des
ONG et de la population, des méthodes nécessaires pour
transformer les conflits et d'éloigner davantage la population.
Alain Njangu et alii8(*)notent que les conflits remontent
dans la nuit de temps des anciens royaumes et que ces conflits
élevés étaient soit internes, soit externes. Les conflits
internes avaient comme origine la conquête du pouvoir par des guerres de
succession ou de sécession, les conflits à l'externe se
manifestaient par des conquêtes ou d'hégémonies au cours
desquels les princes, pour des raisons d'espace vital ou politique, voulaient
étendre des terres d'autres royaumes.
Ces auteurs décrivent l'évolution des conflits
dans les sociétés traditionnelles. Il s'agit à ce niveau
de conflits liés au pouvoir coutumier. Cependant, ils n'ont pas
suggéré les mécanismes pour mettre un terme aux conflits
mais plutôt à décrire le fait tel qu'il est.
Hans et alii avancent que les conflits
ethniques n'ont pas encore entravé des solutions. Ils se manifestent le
manque de confiance, les suspicions, les haines, les tensions, les tueries, les
manipulations, l'extrémisme intra et intercommunautaire, le non
réalisme, la peur, le muselage de la presse et de liberté
d'expression, les limites des mouvements de circulation. Ils poursuivent que
l'un des grands obstacles aux tensions de paix est la persistance de la guerre,
la présence des armées étrangères et bandes
armées au Sud-Kivu. D'où l'insécurité, à tel
enseigne que les activités de paix se déroulent à grande
partie dans les villes car certains coins de la province sont inaccessibles.
Ces initiatives de paix sont coordonnées et il naît, de ce fait,
une vision divergente et diversifiée9(*)
Les démarches de cette étude se limitent
à décrire le conflit dans ses aspects ethniques et ses
différentes manifestations, elle ne cherche pas non plus la solution au
problème des conflits ni des mécanismes pouvant amener le conflit
vers la phase de sa transformation. Pour cet auteur, ce sont des groupes
armés locaux qui sont à la base des conflits dans un milieu ou
dans une société.
Pacifique Mwami10(*)constate que le conflit se
manifeste ici lorsque l'occident, par convoitise de nos richesses naturelles,
utilise d'autres pays africains et voisins à la RDC ou Sud-Kivu en
amplifiant les guerres dans les pays afin de continuer à gonfler leur
économie. Il constate également que les dirigeants se bousculent
entre eux pour des intérêts égoïstes et que cette
situation va jusqu'à créer les conflits au niveau des
dirigés. Ce qui conduit à l'existence de deux camps selon que
certains soutiennent et d'autres ne soutiennent pas ceux ou celui qui exerce le
pouvoir.
Pacifique estime que le conflit en Afrique est entretenu par
l'occident à cause des diversités des ressources que regorgent
les pays africains. Il cherche à étudier l'exploitation des
dirigeants africains par leurs homologues occidentaux. Pour lui, les conflits
naissent lorsque les dirigeants n'interviennent pas aux besoins de la
population de leurs pays respectifs. Cet auteur se limite juste à
expliquer le conflit en recherchant ses causes en dehors de l'Afrique pendant
qu'il existe aussi des causes internes au conflit en Afrique même.
Augustin Awak'ayom11(*) quant à lui, constate
que la base des conflits devrait être une base de la culture de la paix
à condition qu'il y ait articulation correcte des différentes
identités qui se partagent l'espace social.
Il affirme que les dirigeants de nos sociétés
doivent poursuivre le bien de leurs populations par des actions intelligemment
menées aux niveaux respectifs, où elles doivent être
organisées pour être efficaces. Pour lui, la paix doit être
le résultat des efforts conjugués dans la résolution des
conflits. Il n'a pas relevé néanmoins les stratégies ni
les causes et conséquences des conflits dans une société
qui cherche à se développer. Car sans cela, l'on ne peut
prétendre à un climat de paix dans une zone en conflit.
Toussaint KafarhireMurhula12(*) dit qu'il existe un
désaccord abyssal entre les nations ou ethnies et les citoyens, sur les
valeurs fondamentales de la collectivité. La définition d'une
société de liberté, d'un pouvoir consenti et
partagé, d'un droit perçu comme naturel. Il ajoute que la plupart
des analyses au sujet de la guerre en RDC limitent sa cause aux enjeux
économiques, les raisons politiques sont non moins négligeables
et mériteraient considération et analyse adéquate.
Il s'agit d'une erreur d'élever au même niveau
parfois en confondant les causes d'ordre politique et ses conséquences
d'ordre économique. Et cela crée un déséquilibre
qui ne va pas sans soulever la question non résolue de la
nationalité réclamée par les Banyamulenge.
Cet auteur essaie d'analyser le conflit lié à
l'identité c'est-à-dire à la nationalité
recherchée par les Banyamulenge. Pour lui, pour qu'il y ait la paix, il
faut l'instauration de climat calme entre les individus et les
communautés. En allant plus loin, l'on constate que l'auteur fonde la
base de la paix dans l'attribution au peuple banyamulenge de la
nationalité congolaise. Pour lui, cette nationalité doit
être effective, elle ne doit pas cibler une certaine
catégorie d'individus. Or, la nationalité est attribuée au
Banyamulenge mais jusque-là, la paix n'est pas instaurée. Le
chercheur devrait chercher les vraies causes qui sont à la base de la
guerre de Banyamulenge et en proposer des stratégies de
transformation.
Selon NgomaBinda13(*), pour voir la paix durable
s'instaurer et voir les efforts sérieux de coopération
s'amorcer, le dialogue doit continuer, nécessairement sous un climat
nouveau, serein, loin de toute pression des armes, des tensions, des suspicions
mutuelles. Chaque partie a l'obligation civique ou morale de comprendre qu'il
est indispensable de doter d'un esprit pragmatique, de savoir réaliser
les compromis sur tous les points de divergence, de cultiver la rencontre des
soeurs, le dialogue sincère.
Pour Binda, il n'y a que le dialogue qui est la meilleure voie
pour arriver à la paix, sans cela, il n'y a pas d'autres chemins qui
peuvent conduire à la paix. Nous estimons de notre côté
qu'il s'agit de plusieurs moyens nécessaires aux acteurs
d'espérer à la paix durable. La négociation sociale dans
tout processus de transformation des conflits nécessite le respect
strict des normes établies par la société. Le dialogue
n'est pas le seul moyen d'aboutir à la paix sociale.
Pour Philippe de Leerner14(*), les vrais experts en conflit,
les véritables gestionnaires, sont ceux et celles qui les vivent ou qui
en sont victimes. Il note qu'un conflit est avant tout une situation
privilégiée d'apprentissage à tous les niveaux, sur
soi-même ou sur sa situation ou celle de ses pairs, sur le monde qui nous
entoure, ses logiques, ses rouages, ses acteurs et ses stratégies. Pour
lui, il faut positiver le conflit, il veut dire par là que, gérer
un conflit ne signifie pas nécessairement le résoudre, mais en
retirer un maximum davantage et des leçons pour un maximum d'acteurs
concernés.
Les études de Philippe se limitent à donner aux
acteurs, les stratégies pour arriver à la paix sans pour autant
mettre l'accent sur les causes lointaines et proches des conflits alors que ces
éléments constituent les moteurs pour transformer les conflits. A
ce titre, il est difficile de résoudre un conflit dont on ne connait pas
l'origine et la cause.
Tous ces travaux abordent les conflits dans différentes
dimensions, ils essaient de situer les acteurs, les modes de résolution,
les conséquences et les causes des conflits dans leur contexte global.
Ils énumèrent les manifestations des confits dans leur
caractère violent mais dégagent rarement les solutions pour que
la paix soit établie.
Quant à ce qui concerne notre travail portant sur les
ONG et la transformation des conflits à Uvira, nous étudions les
mécanismes rationnels de transformation des conflits par les ONG faisant
partie de notre cible. Il s'agit des mesures pour prévenir,
résoudre et gérer pacifiquement des conflits et de poursuivre
l'évolution de la paix établie. Nous relevons en outre des
attitudes, à adopter par les acteurs directs et indirects pendant la
résolution des conflits et ce, après avoir identifié les
causes proches et lointaines des conflits.C'est une étude critique
appuyée par des outils épistémologiques en vue de
vérifier les stratégies mises en jeux par la CDJP/Uvira,
l'ADEPAEdans le contexte interne et externe de la cité d'Uvira.
2. Problématique
La problématique est l'art de poser des
problèmes dans un domaine précis de la connaissance que certaines
données soient perçues et cela à travers des concepts et
des mesures qui sont le fruit des problèmes antérieurs
résolus15(*).
Toute connaissance scientifique est fondamentalement une
démarche. C'est pourquoi en tant que scientifique, nous insistons sur
l'esprit de créativité qui demeure un moyen et une aptitude
matérielle par lequel l'homme se réalise comme un producteur d'un
environnement utilitaire. Il s'agit également des réponses
appliquées immédiatement à la situation concrète
des questions sociales apportées par la recherche scientifique.
Il arrive également que les premières
réponses obtenues servent de prélude à la relance du
processus de questionnement car si à un moment donné, nous sommes
en mesure de formuler une question c'est probablement parce que nous avons
constaté précédemment un problème.
Dès lors, un problème peut se définir
comme un écart constaté entre une situation de départ
insatisfaisante et une situation d'arrivée désirable16(*). La formulation des
problèmes est donc une étape essentielle de la recherche
scientifique.
En effet, les conflits ont eu lieu tout au long de l'histoire
et font partie intégrante de l'humanité. Des conflits arrivent
à tous les niveaux que ce soit au niveau du ménage, de la
communauté ou du pays17(*).
Depuis plusieurs décennies, l'Afrique est
déchirée par les guerres ouvertes ou larvées allant
jusqu'à la déliquescence de l'Etat et à l'émergence
des seigneurs des guerres dont les actions sont absurdes, suicidaires, sans
principes, sans programme en dehors de toute logique et encore moins
révolutionnaire18(*).
La prévention, la résolution et la gestion
pacifique des conflits est une gamme de processus visant à
atténuer ou à éliminer les sources des conflits. Selon le
contexte, les différentes couches de la population ont joué
différents rôles et souvent complémentaires. Elles ont
obtenu des résultats impressionnants en ce qui concerne la
transformation des conflits. Dans un système social composé des
individus intériorisant des modèles culturels,
l'intégration peut désigner le degré de consensus entre
ses membres, d'où le conflit doit être comme dysfonctionnel mais
également comme un facteur d'intégration.
La transformation des conflits dans les régions
déchirées par toute catégorie des conflits demande des
moyens non négligeables qui sont fondés sur la capacité
financière et morale des acteurs.Nous nous sommes rendus compte de la
situation que parcourent les ONG dans le territoire d'Uvira.
Les projets des initiatives de développement
encouragent des contacts constructifs entre individus et organisation
communautaire dans les régions particulièrement exposées
aux conflits afin d'abattre des barrières sociales anciennes et de
créer un contexte favorable à la consolidation de la paix.
Par ailleurs, on remarque la présence des diverses
communautés locales qui se rangent derrière leurs leaders
politiques ou militaires en vue de défendre leur cause et d'être
sécurisées. Cette situation a pour conséquence la
généralisation de l'insécurité, la
prolifération des armes et munitions de guerre par les membres de
certaines communautés locales soucieuses de se protéger ou de
revendiquer les droits divers19(*).
Le tissu social de la province du Sud-Kivu et d'Uvira en
particulier est profondément déchiré. Il est urgent et
impérieux de trouver tous les mécanismes susceptibles de
contribuer de manière à restaurer l'harmonie au sein de la
population après avoir transformé le conflit en vue d'une paix
durable et du bien-être social.
La paix dans le territoire reste incertaine suite à la
présence des groupes armés qui sèment
l'insécurité dans toute l'étendue. Des vols et violences
sexuelles commis par les bandits à mains armées, les tueries, les
conflits identitaires, conflits fonciers et conflits liés au pouvoir y
sont également dentifiés.
Les communautés locales évoluent dans un
contexte de conflits et de violence depuis plusieurs décennies,
marqués par des sentiments d'intolérance, de
préjugé et de soupçon dont les massacres et le
développement des milices à caractère tribal ont
été des facteurs aggravants.
Depuis l'arrivée des refugiés en RDC, le conflit
a relevé des vives tensions entre les communautés locales et les
étrangers vivants dans le territoire d'Uvira. Il est à noter
qu'à Uvira, on a signalé une série des guerres entre les
troupes rebelles qui ont engendré le conflit, les maladies, la haine
tribale, les tueries et consort, occasionnant l'arrivée massive des ONG
à caractère confessionnel ou non.
Pour pallier à cette situation, les ONG se lancent sur
le terrain en accomplissant certaines tâches. Au regard de ce qui
précède, nous nous posons les questions suivantes :
· Quel est l'état des lieux de la paix à
Uvira ?
· Quelles sont les fonctions jouées par les ONG
dans la transformation des conflits à Uvira
· Que faut-il faire pour améliorer l'intervention
des ONG à Uvira ?
Telles sont les questions qui fondent notre étude et
auxquelles nous tentons de trouver des explications tout au long de cette
dissertation.
3. Hypothèses
Nous savons bien que l'hypothèse est une réponse
provisoire à la problématique, différents auteurs en
donnent une ou deux définitions complémentaires. Pour Marie
Fabienne, Fortes Brune Deshies et Benoit Gautier20(*), une hypothèse est un
énoncé formel qui prédit la ou les relations entendues
entre deux ou plusieurs variables, c'est une réponse plausible au
problème de la recherche.
Selon Lalande et M. Gigue During21(*), l'hypothèse est une
conjecture douteuse mais vraisemblable, par laquelle l'imagination anticipe sur
les connaissances et qui est destinée à être
ultérieurement vérifiée.
Pour Madeleine Grawitz, l'hypothèse est définie
comme étant une proposition des réponses provisoires à des
questions posées qui tend à formuler une relation entre les faits
significatifs22(*).
Il s'agit d'une réponse qui n'est pas actuellement
prouvée sur laquelle on fonde un raisonnement. Cette hypothèse
nous permet de dépasser la dimension descriptive pour atteindre une
dimension explicative et compréhensive.
Nous nous fondons à la définition de Madeleine
pour dégager l'hypothèse de ce travail. Ainsi, voici les
hypothèses qui en découlent :
· La paix dans le territoire d'Uvira est menacée
dans tous les coins. Le conflit est marqué par le sentiment
d'intolérance, de préjugés et des soupçons. Des
tueries sont signalées dans différents groupements dont les
groupes armées proches d'une quelconque communauté seraient
l'auteur.
· Les mécanismes de transformation des conflits
mis en place par ces ONG sont divers et dépendent d'une organisation
à une autre. La négociation, la réconciliation, les
procédures de prévention et de résolution pacifique des
conflits sont des fonctions remplies par l'ADEPAE, la CDJP et le RIO.
· Pour améliorer le travail des ONG, Il est donc
important de doter ces ONG des moyens matériels, financiers et moraux en
vue d'atteindre leurs objectifs visés. En outre, ces ONG doivent se
rallier derrière la politique du gouvernement congolais pour bien
remplir ces tâches mais aussi consulter les chercheurs,
spécialistes en conflit enfin de leur venir en aide.
4. Délimitation de l'étude
Cette étude se focalise sur les ONG et la
transformation des conflits à Uvira.
Il s'agit des ONG oeuvrant particulièrement dans le
domaine des conflits ayant comme objectif l'établissement de la paix. Le
choix de cet espace n'est pas un fait aléatoire, c'est à la suite
de notre longue présence dans cette partie du pays ; une
période pendant laquelle les mouvements de résistance du sud-sud
avaient bénéficié du soutien de leurs communautés
respectives sous la rébellion du RCD. Mais, en même temps que ce
soutien à la fois volontaire et forcé se matérialisait,
ces mouvements armés exposaient les membres de leurs communautés
à des dangers de massacres, de repli identitaire et de manipulation
politicienne22(*).
Cette étude couvre une période de 20 ans
environs, allant de 1996 à 2016, il est question de répertorier
les moments frappant qui caractérisent les retombés des conflits
dans ce territoire.L'année 1996 est la période pendant laquelle
le conflit s'est intensifié à cause de la guerre de l'AFDL
conduite par Laurent désiré Kabila et ses alliés rwandais,
burundais et ougandais et qui, avait occasionné des pertes en vies
humaines et des pillages généralisés.
Au regard de cette situation, les ONG ont fait leurs
interventions en vue de réduire et de mettre fin à des crises
issues de la guerre à l'Est de la RDC et particulièrement en
territoire d'Uvira, province du Sud-Kivu. Il s'agit ensuite des
mécanismes qui ont été mis en jeu pour la transformation
des conflits par les ONG dans le but de parvenir à la consolidation de
la paix dans la région. Par contre l'année 2016, c'est
l'année de la rédaction de ce travail scientifique.
Auregard des matières traitées dans le
présent travail, cette étude s'inscrit dans le prolongement de
deux disciplines à savoir la sociologie des conflits et celle des
organisations. Nous allons ressortir les mécanismes mis en place par les
ONG pour la transformation des conflits à Uvira mais aussi mettre
à la disposition des chercheurs la nature de conflit, ses dangers et ses
fonctions dans le territoire d'Uvira.
5. Difficultés Rencontrées
Une voie qui mène vers une connaissance ne manque pas
des failles. Durant notre recherche, nous nous sommes heurtés à
des multiples difficultés dont voici les plus frappantes :
- Parcourir une longue distance pour atteindre notre lieu
d'étude, ce qui nous a exigé de s'absenter au cours pour aller
circuler dans les bureaux à la recherche des agents à contacter
et des personnes faisant partie de notre échantillon ;
- Le manque d'accès à certains documents et
rapports en vue de bien clarifier le travail notamment les rapports sur les
violences sexuelles perpétrées par les groupes armés
réguliers et irréguliers et même les membres de la
communauté ;
- Certains de nos enquêtés nous demandent de
l'argent pendant la récolte des données relatives à la
rédaction de ce travail, alors que ce travail constitue leur plaidoirie
des actions menées par les ONG.
- En étant dans un pays du tiers monde, nous ne pouvons
énumérer ces difficultés sans pour autant parler des
difficultés d'ordre financier pour bien mener cette recherche.
La méthode fonctionnelle nous a permis de
dégager les fonctions et les dysfonctions des conflits dans le
territoire d'Uvira. Les techniques d'observation directe, l'interview et autres
nous ont vraiment facilité à contourner les difficultés.
Certains proches présents dans ces organisations nous ont aidé
à déceler le fonctionnement du système organisationnel.
Nous avons même partagé avec certains jeunes gens les repas dans
les restaurants de Kidoti dans le but de nous dévoiler des personnes qui
entretiennent des troubles dans le milieu.
6. Subdivision de travail
Hormis l'introduction et la conclusion, ce travail est
subdivisé en trois chapitres repartis en différentes sections. Le
premier chapitre traite du cadre conceptuel, théorique et
méthodologique ; à ce niveau, nous avons tout d'abord
défini de manière détaillée les concepts
clés et opérationnels relatifs à ce travail, ensuite nous
avons procédé à situer notre mode de pensée dans un
prolongement théorique, c'est ainsi que la théorie de
régulation sociale du sociologue Daniel Reynaud est
considérée comme la théorie principale de ce travail. La
dernière section enfin développe le cadre méthodologique,
ici nous avons utilisé la méthode fonctionnelle de R.K. Merton et
les techniques d'échantillonnage, d'observation directe, d'analyse de
contenu, d'interview et de documentaire.
Le deuxième chapitre parle de la nature des conflits
dans le territoire d'Uvira, il s'étend sur trois sections à
savoir: le regard sur les conflits, les fonctions sociales des conflits dans la
vie sociale et le cadre d'analyse de conflit dans un environnement social.
Enfin, le troisième et le dernier chapitre
développe à son tour des stratégies de transformation des
conflits à Uvira, ici nous présentons l'échantillon et les
caractéristiques des enquêtés, les approches
développées par les ONG dans le but de transformer les conflits,
les forces et les faiblesses des ONG et enfin les approches rationnelles de
transformation des conflits à Uvira.
CHAPITRE PREMIER : CADRE THEORIQUE, CONCEPTUEL ET
METHODOLOGIQUE DU TRAVAIL
Ce chapitre développe certaines notions qui servent de
point de départ dans compréhension des faits
étudiés. Il aide d'une manière ou d'une autre à
saisir le sens des concepts clés et opératoires dans le but de
rendre ce travail plus intelligible et clair. Ensuite, il circonscrit le
contour théorique de l'étude tout en définissant la voie
ou la démarche méthodologique pour la compréhension de
l'étude.
I. CADRE CONCEPTUEL
Sous cette section nous
définissons les concepts d'ONG, de paix, de transformation, de conflit,
de négociation et de médiation.
1.
ONG
Il s'agit d'un sigle signifiant Organisation Non
Gouvernementale.
Selon Henri Mintzberg23(*), une organisation non gouvernementale est une
association des personnes caractérisées par six critères
ci-après :
- Caractère apolitique et objectif ;
- Caractère humanitaire ;
- Disponibilité des ressources ;
- Propre dimension permettant la participation de la
population à la gestion ;
- La tenue d'une comptabilité ;
- Absence de but lucratif.
Une ONG est une association des personnes qui se groupent
librement dans le but de résoudre le problème de misère
qu'une population parcourt24(*). Pour sa part, Alain Birou25(*) dit que le terme ONG nous
vient du système des nations-unies et à l'origine, son sens est
plus large que celui d'organisation privée de développement.
Selon l'organisme international, la catégorie des ONG peut aussi
comprendre des organisations, des services à but lucratif, des
fondations, des services pédagogiques, des Eglises ou des
hôpitaux.
Cette appellation a été acceptée par
l'ensemble de la communauté internationale pour désigner plus
particulièrement les associations sans but lucratif impliquées
dans le développement international à l'aide des programmes vers
l'étranger ou d'actions locales liées au problème de
développement.
A ce titre, nous avons établi les principaux
critères qui doivent être mis en considération pour
définir une ONG, il S'agit des critères suivants :
- Origine privée de sa création ;
- Le but non lucratif de son action ;
- L'indépendance financière ;
- L'indépendance politique ;
- La notion d'intérêt publique ;
- L'action humanitaire.
Dans le cadre de cette étude, nous retenonsla
définition qui considère l'ONG comme une personne morale qui,
bien que n'étant pas un gouvernement, intervient dans le champ national
et international en vue de résoudre le problème qui sévit
au sein de la communauté c'est-à-dire tout ce qui est confiant,
intime, vivant exclusivement ensemble26(*).
Alors pour mieux saisir le concept ONG, il convient de prendre
en compte l'origine de sa création, sa typologie, son mode de
fonctionnement et sa politique d'action.
a. Naissance des ONG
Selon Claude Gueneau27(*), il s'agit d'un courant de solidarité du Nord
avec le tiers monde et des mouvements des militants politiques de lutte
anticoloniale.
Delville28(*) quant à lui, dit qu'il s'agit pour la
communauté de traiter directement avec les organisations de base en
évitant par le bas les structures politiques.
Le monde est de plus en plus divisé en deux dont une
partie est en guerre et l'autre en paix. La crise entoure surtout les pays
touchés par la guerre ; cette crise est manifestée par le
choc, la dette, la longue dépendance, la faim, le
déséquilibre économique, l'instabilité politique,
l'insécurité dans les milieux ruraux que dans les milieux urbains
qui ne peuvent trouver d'autres solutions qu'au niveau mondial.
Remarquons cependant que cela relève de la
volonté de certains citoyens d'être des acteurs de la
solidarité internationale. Ainsi à côté de la
solidarité Etat à Etat, se développent des
solidarités non gouvernementales gérées par les ONG.
Elles se multiplient rapidement dans les pays
sous-développés et même dans les pays en voie de
développement. On essaie de véhiculer les idées selon
lesquelles c'est la voie la plus facile pour atteindre la phase du
développement. La réalité nous montre après notre
observation que les pays taxés sous-développés ou du tiers
monde ne peuvent jamais se développer avec les ONG ou avec les actions
de celles-ci mais plutôt avec la présence de cultures capables de
les révolutionner.
Pour Michel Foucault29(*), les ONG se désignent un devoir de la
citoyenneté internationale de toujours faire vouloir aux yeux et aux
vues des gouvernements, les malheurs des hommes. Ces malheurs ne doivent jamais
être une lettre muette de la politique.
La vie des africains ou des congolais est trop
différente de celle des européens. Au Congo, on admet des choses
inadmissibles. Il n'est pas acceptable pour un européen, même si
des difficultés passagères (comme le chômage) ne soient pas
résolues dans un pays, d'admettre que le fonctionnement des circuits
d'entraide internationale ne permette pas de réaliser
l'adéquation entre la misère et la faim d'un côté,
les excédents de l'opulence de l'autre. C'est l'équilibre
général des relations entre les hommes et en définitive la
paix, qui en sont la cause30(*).
Dans le cadre de cette étude, nous définissons
une ONG comme une association des personnes qui se regroupent dans le but de
promouvoir la paix sociale dans une ou plusieurs communautés, de
sensibiliser la population sur la cohabitation pacifique et de disponibiliser
les stratégies de transformation, une fois le conflit se
déclenche.
b. Typologie des ONG
On distingue les ONG du Nord des ONG du Sud. Selon cette
typologie, les premières reçoivent des dons publics et les
subventions de l'Etat et les secondes en sont financées. Les ONG qui
sont étudiées dans ce travail sont des ONG du Sud. Par ailleurs,
nous distinguons deux types d'ONG à savoir :
- Les ONG caritatives
- Et les ONG de développement
1. Les ONG caritatives
Elles s'occupent de l'assistance matérielle, morale et
parfois financière. Ces ONG peuvent être internationales ;
qui agissent en cas d'urgence et peuvent revêtir le caractère
confessionnel ou non.
2. Les ONG de développement
Elles s'occupent des causes de la misère et cherchent
à amener la population à se prendre en charge.
c. Mode de financement et politique d'action
1. Mode de financement
Le mode de financement des projets de développement
constitue déjà un obstacle au développement
socio-économique du milieu. Basinga31(*) a retenu du protocole d'accord respectif des ONG ces
mots : « voulez-vous de l'argent pour votre développement
et celui de vos milieux de vie ? D'accord mais en voici les conditions
d'accessibilité et de faisabilité : rapport narratif et
financier à jour, et respectant nos indicateurs de vérification
stricte.
Fernand Vincent 32(*) souligne qu'il faudrait financer autrement les
associations et ONG du tiers monde à travers les quatre étapes
d'une autonomie financière qu'il propose comme suit :
- Mettre en valeur et mobiliser les ressources existantes
localement ;
- Développer les capacités économiques
rentables ;
- Mieux gérer l'aide ;
- Capitaliser les ONG.
2. Politique d'action
Vers les années 1997, les ONG ont vu le jour en RDC
surtout celles orientées dans les domaines des enfants suite à la
guerre de l'AFDL. Généralement, les formules des ONG ont pour
objectif d'entrainer les sociétés dans un programme
d'éducation. Peu à peu, cette guerre va engendrer des conflits
ayant la source dans les conflits armés, lesquels nous comptons
développer dans une section de deuxième chapitre.
2.
Transformation
Il nous semble difficile à ce niveau de donner le sens
du concept transformation. Plusieurs dictionnaires spécialisés
n'ont pas, à ce titre, essayé de donner la définition de
ce terme. Nous disons avec Mumbu33(*) que ce concept peut signifier plusieurs choses
à la fois selon l'usage et le contexte dans lesquels il est
utilisé. Il signifie donc donner à une personne ou à une
chose une forme que celle qu'elle avait précédemment, par
extension, il désigne l'amélioration.
Pour ce qui nous concerne, la transformation signifie dans
cette étude, faire quitter le conflit dans l'état de violence
à un état de non-violence en vue de consolider la paix à
travers la négociation.
3.
Conflit
En guise d'opérationnaliser ce concept, il convient
tout d'abord d'en donner une série des définitions retenues dans
le cadre de cette étude.
Selon Mushi Mugumo34(*), ce terme est souvent utilisé dans la vie
quotidienne pour signifier l'absence d'accord et d'harmonie entre deux
personnes, deux unités, deux ou plusieurs entités locales.
Yves Alpeet ses compagnons35(*) estiment que le conflit est une opposition entre
individus ou groupes sociaux et des valeurs ou des intérêts
cherchant à instaurer un rapport des forces en leur faveur.
Christian Marsan36(*) définit le conflit comme les manifestations
d'antagonismes ouverts entre deux acteurs (individuels ou collectifs) aux
intérêts momentanément incompatibles quant à la
possession ou la gestion des biens rares matériels ou symboliques.
Il peut en outre être compris comme une relation
antagoniste entre deux ou plusieurs unités d'action dont l'une, au
moins, tend à dominer le champ social de leurs rapports. L'existence
d'un conflit suppose en effet deux conditions apparemment opposées,
d'une part des acteurs ou plus généralement des unités
d'action délimitées par des frontières et qui ne peuvent
donc être des forces purement abstraites. D'autre part, une
interdépendance de ces unités qui constituent les
éléments d'un système37(*).
Pour Reinhard38(*), le conflit est un choc, il peut aussi avoir une
signification positive ; dans ce cas, il peut prendre le sens de crise,
chance, croissance..., car il est inhérent à la nature
humaine.
Pour nous, ce terme conflit désigne un choc, une
lutte, une tension, un désaccord ou une mésentente entre deux ou
plusieurs individus ou communautés ayant des intérêts
à sauvegarder pour son épanouissement. C'est-à-dire
lorsqu'un individu ou une communauté confisque les intérêts
d'autrui, il se crée des tensions entre les deux parties.
La langue chinoise ou japonaise souligne par ailleurs
l'ambivalence du mot conflit : les caractères qui composent ce mot
signifient à la fois « danger » et
« opportunité » exprimant nettement la
dualité, que le conflit peut être destructeur ou constructif selon
la manière dont il est géré39(*). Cette affirmation met en
évidence une capacité à maîtriser, à
contrôler et à orienter positivement le conflit.
Le conflit est au centre des rapports entre personnes et
entre communautés ou entre collectivités humaines. Il a pour
fonction de construire entre elles des relations de justice.
La relation entre les individus dans la société
est constituée de leurs personnalités. Chacun a besoin de
l'autre. Le premier contact avec un individu est souvent conflictuel, il est
alors une relation d'adversité, de tension, d'affrontement. C'est
à travers des conflits qu'on se fait reconnaître. Il convient de
dire que le conflit a plusieurs visages et apparait sous diverses formes. C'est
dans ce contexte que Reinhard parle du conflit positif et de conflit
négatif40(*). Dans
le territoire d'Uvira, les communautés se reconnaissent à travers
différentes réactions affichées face à un conflit.
Dans la plaine par exemple, les Barundi et les Banyamulenge
savent que lorsque leurs vaches détruisent les champs cultivés
par le Bafuliru, c'est la tension qui se déclenche. Chacune des
communautés sait déjà la réaction de l'attitude de
l'autre face à la menace de ce genre.
Il est positif quand il est mobilisateur d'autres
énergies et quand il est vu comme quelque chose qu'il faut
résoudre ensemble. Il peut amener une exploration de valeurs, de
sentiments. Pendant la phase de la négociation entre deux
communautés du territoire qui aboutit à des protocoles d'accords
suite à un compromis ou un consensus entre membres des
communautés, dans ce cas, on parle du conflit positif dans le territoire
d`Uvira.
Il est négatif et destructeur quand il consume toutes
nos énergies et quand on n'arrive pas à travailler, à
dormir, quand le protagoniste est vu comme un adversaire à abattre. La
situation conflictuelle à Uvira permet la constatation d'une opposition
entre personnes ou entités c'est-à-dire entre partie en conflit.
En d'autres termes, lorsque un conflit qui oppose
régulièrement les membres de communauté Barundi et
à celles de Communauté Bafuliru qui se solde souvent pour ne pas
dire toujours par un désaccord entre membre, on parle aussi du conflit
négatif
4.
Paix
Selon MonktarLakehal41(*), la paix ou l'état de paix des
idéologies politiques est passée progressivement de celui
« d'absence de guerre » sans d'autres intérêts
à celui d'une période de construction d'un ensemble des liens
étroits entre un nombre croissant du peuple à travers une
série des faits et d'événements entre autres :
généralisation de droit de l'homme, promotion de la
démocratie, ouverture des marchés nationaux à la
concurrence internationale, multiplication des accords multinationaux,
signatures des pactes d'amitié et de non agression, développement
d'institutions internationales de la prévention et d'arbitrage des
conflits.
La paix désigne l'état de concorde, d'accord
entre les citoyens, les groupes sociaux, l'absence de lutte sociale, des
troubles sociaux, entente. C'est l'état d'un groupe de personnes qui ne
sont pas en querelles, en conflit. Etat de tranquillité, de repos chez
quelqu'un42(*). Elle
signifie aussi la concorde, la tranquillité intérieure dans les
Etats, les sociétés, les familles. Elle implique la
tranquillité de l'âme et de la conscience43(*).
On doit sans doute s'attaquer à la pauvreté et
promouvoir le développement social et économique pour
espérer construire une véritable paix.
Nous disons avec Ake Patrice44(*), la véritable paix ne consiste pas seulement
dans l'absence de lutte armée mais l'ordre pacifique. Chercher à
définir la paix, c'est se heurter à plusieurs
difficultés.
Nous préférons la définition
proposée par le dictionnaire la rousse ; le vocable
« paix » peut alors être entendu comme l'état
de concorde, d'accord, de tranquillité, de repos entre individus, les
groupes et communautés de vivre ensemble ou en société qui
se développe ou se cultive.
Pour aller loin, Ake Patrice45(*) distingue trois types de paix à
savoir :
- La paix privée ;
- La paix publique ;
- Et la paix internationale.
a. La paix privée, consiste en un
état de calme et de sérénité qui ne vient troubler
aucune passion ; ni intérêt.
b. La paix publique, Consiste en un
état de concorde ou d'harmonie qui règne entre les citoyens d'une
même unité politique ou bien en état de belligérance
entre les Etats. Cette catégorie se subdivise en deux :
- La paix intérieure (s'observe à
l'intérieur d'un Etat) ;
- La paix extérieure (s'observe entre deux
états).
c. La paix internationale, repose sur des
sentiments d'une collectivité de former une communauté en vertu
de laquelle les citoyens acceptent l'obéissance civile et la
répression de la violence d'un individu avec les autres.
Notre travail s'inscrit dans le prolongement de la paix
privée et de la paix publique. Il se base sur un accord, sur des fins
pratiques d'importance comme l'organisation de pouvoir et
d'intérêt général de la collectivité afin de
reconnaitre les principes de l'impératif de la sécurité.
5. Négociation
Pour Bayla Sow46(*), la négociation est un processus sur lequel
deux ou plusieurs parties cherchent à établir un accord sur ce
que chacune entend prendre ou donner.
Le terme négociation s'entend de toute forme de
communication directe ou indirecte en vertu de laquelle les parties qui ont des
intérêts opposés discutent des mesures qu'elles pourraient
prendre ensemble pour gérer et éventuellement résoudre le
différend qui les oppose47(*).
Pour Emma Nathalie48(*), une négociation est une discussion permettant
de parvenir à un accord. Elle peut avoir lieu entre personnes ou entre
institutions. Quant à ce qui concerne notre travail, la
définition donnée par Barreau parait la mieux indiquée.
6. Médiation
J-P Bonafé Schmitt49(*) définit la médiation comme un processus
le plus souvent formel par lequel un tiers neutre tente, à travers la
conduite d'une réunion, de permettre aux parties de confronter leurs
points de vue et de rechercher avec son aide une solution aux litiges qui les
opposent.
La médiation est un processus volontaire et flexible
qui se déroule dans un cadre privé et confidentiel. Une personne
privée neutre et impartiale, le médiateur aide de personnes
impliquées dans un conflit à communiquer à tenter de
résoudre leurs difficultés et à trouver par
elles-mêmes une issue favorable à leur mésentente50(*).
Guillaume51(*) considère la médiation comme un mode de
construction et de gestion de la vie sociale grâce à l'entremise
d'un tiers, neutre, indépendant sans autre pouvoir que l'autorité
lui reconnaît le médiateur qui l'auront choisi ou reconnu
librement. La deuxième définition répond mieux à
notre travail.
7.
Schéma d'analyse du cadre conceptuel
CONFLITS (qui opposent les communautés banyamulenge,
Bafulero, Bavira et Barundi)
CDJP
RIO
ADEPAE
Stratégies de transformation des conflits. (La
négociation, la médiation, l'arbitrage, ....)
Paix (les règles à Suivre permettent à la
population de vivre dans l'harmonie
Légende :
: Interaction
: Relation
Le schéma d'analyse du cadre conceptuel nous
amène à faire une analyse multi variée. Dans ce travail,
notre objectif est d'étudier les mécanismes utilisés par
les ONG pour transformer les conflits à Uvira. La CDJP, le RIO et
l'ADPAE sont des acteurs indirects au conflit ; leurs objectifs consistent
à mettre en place des stratégies appropriées et
adéquates pour transformer les conflits dans le territoire d'Uvira. Les
mécanismes de régulation développés, constituent
pour nous un pont qui relie le conflit à la paix c'est-à-dire ces
stratégies qui servent d'un canal qui quitte l'Etat de conflit vers
l'Etat de paix ou l'Etat de violence vers la non violence. Ce qui fait que le
concept conflit, paix et stratégie de transformation sont en interaction
et en même temps en relation avec les la CDJP, le RIO et l'ADEPAE.
II. CADRE THEORIQUE
Toute théorie est un outil des chercheurs, elle
appartient à l'ordre symbolique c'est-à-dire dans un langage
artificiel, construit pour le besoin de la cause et dans cette mesure, elle
comporte des concepts de type sémantique se référant
à des concepts des phénomènes syntaxiques dont le
rôle de facteurs est d'articuler d'autres concepts52(*).
Pour dépasser ce débat académique, nous
avons nécessairement soumis la pratique scientifique à une
réflexion, qui, à la différence de la philosophie
classique de la connaissance, s'applique non pas à la science faite,
science vraie dont il faudrait établir les conditions de
possibilité et de cohérence ou les titres de
légitimité53(*).
A ce niveau, il est important d'avoir un mode de raisonnement
qui va nous permettre de rendre ce travail intelligible.
Pour être plus précis, notre étude
s'inscrit dans la perspective théorique de
« régulation sociale » de
Jean-Daniel Reynaud54(*),
cette théorie s'intéresse à la construction d'un ordre
social. Elle cherche à reconnaitre l'existence des tensions dans
l'espace social et à appréhender les modalités de
maîtrise de celles-ci afin de permettre le fonctionnement,
l'évolution ou la pérennité des collectifs humains.
Reynaud dans sa théorie vise à montrer comment les acteurs d'un
système social la régulation sociale créent et le font
évoluer en produisant des règles légitimes afin de le
faire fonctionner.
En appliquant cette théorie à notre travail,
elle nous amène à penser que les conflits dans le territoire
d'Uvira constitue une menace qui crée des tensions au sein de la
population.En effet, il est nécessaire pour les ONG à travers
leurs mécanismes d'instaurer les règles sociales au sein de la
population en conflit afin que ce dernier ne se déclenche de nouveau.
Les ONG sont considérées comme des acteurs régulateurs des
conflits en territoire d'Uvira. La population et/ou les parties en conflit sont
là pour mettre en application des règles établies issues
des assises ou de négociation, dialogue et médiation.
Cette théorie de régulation sociale met l'accent
sur trois concepts de base à savoir :
- Les règles ;
- La négociation ;
- Et les conflits.
1.
Les règles
La notion des règles du jeu est centrale pour
désigner le produit de la rencontre des acteurs, puisque ce que
produisent et ce qu'échangent les acteurs ce sont des règles.
Comme l'écrit Reynaud, dans sa préface, agir c'est poser des
règles car les acteurs affirment une prétention aux règles
à leur maintien ou à leur transformation et consubstantielle
à l'action. Les mécanismes des ONG pour la transformation des
conflits à Uvira aboutissent toujours aux règles qui apparaissent
sous diverses formes notamment les accords signés entre parties en
conflits, les déclarations entre parties, lettre ou acte d'engagement
entre protagonistes et cela à travers la médiation des ONG.
La règle est un principe organisateur, elle peut
prendre des formes diverses. Selon Emile Durkheim55(*), les règles sont une
expression de solidarité en vigueur dans une société,
d'où les parties en conflit sont obligées de mettre en pratique
les règles afin d'espérer et/ou de cultiver la solidarité
au sein de la société.
2.
La négociation
Elle est le concept central de la régulation sociale.
Ici nous allons nous baser sur la négociation collective, qui s'inscrit
dans un cadre plus ou moins formalisé, se met en place pour
résoudre un problème partagé par les deux parties et
aboutit à un accord qui est un texte provisoire qui cristallise
l'engagement des protagonistes et prend place dans les accords.
Cette négociation est un échange
réglé qui suppose de se mettre d'accord sur des règles de
telle sorte que l'échange ait lieu. La CDJP, ADEPAE, et RIO valorisent
la négociation lors d'un processus de résolution pacifique des
conflits et se clôture par la réconciliation entre les parties en
conflit.
3.
Le conflit
Le conflit est une autre forme d'échange. Il met en
lumière les frictions entre le travail réel et le travail
prescrit. Par rapport à la négociation, le conflit
présente un avantage de révéler un acteur collectif
capable de s'unir pour agir. Il est considéré comme un
perturbateur de l'ordre social établi, dont il convient de transformer
ou d'éliminer à travers la négociation. Il est
nécessairement intéressant pour le médiateur, les
dialogueurs et/ou les négociateurs de transformer le conflit de son
état de violence à un état non violent pour limiter les
dégâts.
A ce titre, plusieurs auteurs ont émis des idées
sur les conflits sociaux.
Selon Ralf Dahrendorf 56(*), le conflit social est considéré comme
une situation de rivalité entre des individus ou des groupes pouvant
être de taille très différente, dont la finalité est
d'obtenir un partage différent des richesses matérielles ou
symboliques en modifiant, au besoin, le rapport de forces entre les
protagonistes de l'action.
Nous avons donc considéré le conflit comme une
menace à l'établissement de l'ordre social ; dans cet ordre
d'idées la vision du sociologue Emile Durkheim57(*) de l'évolution de la
société, interprète en effet le conflit social comme un
phénomène résiduel révélant la
présence de dysfonctionnement dans les rapports sociaux. Cet auteur
considère le conflit comme une conséquence pathologique d'un
affaiblissement ou d'un excès des règles sociales.
En allant plus loin, Georges Simmel58(*) estime que le conflit social
contribue au maintien de la cohésion sociale, dans cette optique il
essaie d'établir que le conflit n'est pas un mal, un dysfonctionnement
qu'il s'agit d'éliminer plus vite bien au contraire, il est un facteur
de socialisation.
III. CADRE METHODOLOGIQUE
La méthodologie est le mode de confrontation des
idées issues à la fois de l'expérience et de l'imagination
aux données concrètes, dérivées de l'observation en
vue de confirmer, de nuancer ou jeter ces idées de
départ59(*). Il
s'agit d'un ensemble d'idées directrices qui orientent l'investigation
scientifique60(*).
A.
Méthode
La méthode est un chemin intellectuel qui nous permet
de relier l'objet d'étude aux objectifs tout en démontrant les
fondements de cette liaison. Elle est une démarche théorique et
appliquée au moyen de laquelle l'esprit se déploie par le biais
des outils de collecte et de sélection pour atteindre un ou des
objectifs qu'on s'assigne au départ de la recherche61(*).
Elle est également définie comme étant la
voie qui vise à expliquer l'existence des éléments de la
réalité en mettant en évidence des fonctions qu'ils
remplissent.
En fait, il s'agit donc de manière paradoxale de rendre
compte de l'existence d'un élément de la réalité
sociale se fondant sur les effets ou sur ses conséquences62(*).
Pour élaborer ce travail, il sied de signaler que nous
nous sommes appuyés sur la méthode fonctionnelle de Robert King
Merton63(*) en
vued'atteindre l'objectif que nous poursuivons.
La raison de recourir à cette méthode consiste
à comprendre les fonctions manifestes et latentes remplies par les ONG
dans le processus de transformation des conflits à Uvira. Certes, une
fonction peut être remplie par des éléments
interchangeables, nous allons ensuite relever les éléments
dysfonctionnels qui empêchent ces ONG de remplir convenablement leurs
tâches. Enfin, une série d'alternatives fonctionnelles sera
dégagée pour défier la nuisance des éléments
dysfonctionnels.
Cette méthode comprend quatre postulats à
savoir :
- Le postulat qui considère la fonction comme une
conséquence qui contribue à l'équilibre du
système ;
- Les fonctions manifestes sont des fonctions voulues et
reconnues par tous les membres du système ;
- Les fonctions latentes sont celles qui ne sont pas
reconnues, ni voulues, ni comprises par tous les membres;
- Les dysfonctions sont considérées comme
étant des éléments perturbateurs de l'ordre
établi.
Ainsi, étant donné que les ONG sont
considérées comme un cadre qui stabilise et équilibre la
société humaine à travers leurs différentes
interventions ou actions ayant pour mission de transformer le conflit.
Nous allons en effet dégager :
- Les fonctions manifestes : Dans ce
travail nous considérons toutes les actions et réalisations
relatives à la transformation des conflits à Uvira ; il
s''agit des activités qui concernent l'organisation des séances
de médiation et réconciliation, les conférences sur la
transformation des conflits, prise en charge des femmes victimes de violence
sexuelle, cartographier les conflits dans le territoire d'Uvira,
sensibilisation de la population sur le pardon, la paix, la gestion pacifique
des conflits et la Justice sociale.
- Les fonctions latentes : Ces ONG
constituent une véritable source de vie, Elles s'enrichissent à
travers l'argent de financement de tel projet et/ou programme, pour d'autres la
protection de leurs intérêts communautaires.
- Les équivalents ou substituts
fonctionnels, étant donné qu'un élément
peut remplir plusieurs fonctions, l'on trouve à ce niveau que ces ONG (
la CDJP, RIO et ADEPAE) interviennent non seulement dans le domaine de
transformation des conflits et d'établissement de la paix mais aussi
elles se fixent plusieurs missions dans d'autres domaines à savoir la
bonne gouvernance, activités socio-économiques, violence
sexuelle, défense et promotion des droits humains, éducation
civique permanente.
Par ailleurs, les dysfonctions s'expliquent par l'insuffisance
de financement ou son irrégularité pouvant amorcer le projet
et/ou le programme de paix ; la présence degroupes armés
dans les hauts plateaux empêcheces ONG de couvrir leurs rayons
d'action ; certains activistes de paix ne sont pas convenablement
exécutés compte tenu de la résistance manifestée
par la population.
B.
Techniques
Les techniques apparaissent comme des outils de recherche mis
en oeuvre en fonction d'une stratégie générale
définie au préalable64(*).
M. Grawitz définit les techniques come des
procédés opératoires rigoureux bien définis,
transmissibles, susceptibles d'être appliqués à nouveau
dans les mêmes conditions adaptées aux genres de problème
et phénomène en cause65(*).
Pour collecter et traiter les données, la technique
documentaire, l'interview, la technique d'observation directe, la technique
d'enquête par questionnaire, la technique d'analyse de contenu et enfin
la technique d'échantillonnage nous ont paru indispensable pour
concrétiser ce travail.
Nous ne pouvons pas ne pas signaler que nous avons
passé le stage professionnel au sein de la CDJP/Uvira ONG oeuvrant dans
le domaine de conflit en vue de se rendre compte de la manière dont
elle procède pour la prévention, la résolution et la
gestion pacifique des conflits. Ceci nous a facilité le contact direct
avec les antagonistes ; c'est ce qui justifie la technique
d'observation directe.
L'interview semi structurée consiste
ici à recueillir l'information dont on a besoin pour la
résolution d'un problème mais elle permet au chercheur de laisser
à l'interviewé une de liberté de répondre aux
questions ouvertes66(*).Cette technique d'interview est rendue possible
moyennant un guide d'interview. Nous avons pour ce faire avec certains agents
de CDJP, de RIO, d'ADEPAE et des habitants du territoire. Cette technique est
un véritable moyen pour récolter les données sur les
conflits qui ont été transformés et ceux encours de
transformation.
Par la technique documentaire, on attend
l'ensemble des opérations qui facilitent la collecte, le stockage, la
recherche et la circulation des documents et de l'information67(*). Cette technique offre
l'avantage d'être un matériau en ce sens que si elle
soulève des interprétations différentes, elle est la
même pour tous et ne change pas.
C'est dans certains documents, rapports des conflits
transformés entre différentes communautés et autres
travaux antérieurs dont les ouvrages, les revues, les mémoires
que nous avons eu à compléter les données de terrain.
La technique d'analyse de contenu68(*) quant à elle, nous a
permis d'analyser les données recueillies suite aux traitements et
examen de fond des données afin d'en tirer la signification. Il
était question d'analyser les données issues du questionnaire en
vue de dégager le résultat.Nous avons, à ce niveau,
sélectionné les données sur la transformation des conflits
par les ONG dans les trois chefferies que compte le territoire d'Uvira ;
à savoir :
- la chefferie de Bavira ;
- la chefferie de Bafuliru ;
- et la chefferie plaine de la Ruzizi.
Il était question de recueillir les avis et opinions de
la population par rapport aux actions de la CDJP, d'ADEPAEet de RIO et ce,
après avoir distribué un certain nombre des questionnaires.
Technique d'enquête par questionnaire,
concrètement elle nous a facilité une lourde tâche.
Grâce à cette technique nous avons constitué un
questionnaire d'enquête à 10 questions que nous avons pris soin de
distribuer à chaque enquêté ciblé.
La technique d'échantillonnage a
permis de prélever sur la population mère du territoire et sur
l'ensemble des ONG oeuvrant dans le domaine des conflits la taille de notre
échantillon. Etant donné que nous ne saurions effectuer nos
enquêtes sur l'ensemble de la population cible. Nous avons utilisé
l'échantillonnage empirique en optant pour une démarche
d'échantillonnage par quotas. Pendant les enquêtes, nous avons
choisi les individus sur base de leur situation géographique par
chefferie et par cité. C'est ainsi que nous avons pris 65
enquêtés dans la chefferie de Bavira, 92 dans la chefferie de
Bafuliru, 35 dans la chefferie plaine de la Ruzizi, 105 dans la cité
d'Uvira, 31 dans la cité de Kagando et 38 dans la cité de Sange
sur un échantillon de 370 enquêtés. En plus de cela nous
avons repartis cet échantillon en deux catégories. D'une part les
responsables d'ONG et les activistes de paix estimés à 50
enquêtés et d'autre part les habitants du territoire
estimés à 320 enquêtes.
IV. BREF APERCU DE LA TRANSFORMATION DES CONFLITS
La transformation des conflits est fondée sur le
consensus entre les divers intervenants, conçue mutuellement, elle place
la responsabilité et l'initiative entre les mains des citoyens locaux.
Pourtant l'Etat conserve un rôle solide et légitime. Plusieurs
résultats de recherche démontrent que la collectivité ne
peut à elle seule trouver ou mettre en oeuvre des solutions sans
l'approbation du gouvernement principal. Elle a également besoin de
traiter avec des intérêts externes considérables et
puissants, tels que les multinationales.
Il y aura toujours des conflits portant sur les ressources que
disposent les individus, et il est peu probable qu'on y trouve une solution
permanente. La gestion de ces conflits inévitables revêt une
importance économique et sociale, mérite donc le soutien des
politiciens, de la population et toute autre personne physique ou morale
désirant de faire amener sa contribution à la construction de la
paix.
Il n'y a pas de solution magique ni de solution technique
rapide, le grand défi pour les acteurs consiste à l'appui des
solutions mutuelles et desresponsabilités conjointes, à
définir ses propres rôles au sein de ce processus.
Il est donc important de mettre en place de
nouveaux mécanismes et des nouvelles institutions pour gérer les
conflits et les résoudre de manière productive dans
l'intérêt à la fois de viabilité à long terme
et de faisabilité économique à court terme. Quand on se
place dans la transformation des conflits, on doit nécessairement se
poser la question de savoir, quels sont les moyens pouvant être mis en
jeu pour transformer le conflit ?
Il est donc évident de partir avec la voie pacifique
pour résoudre le conflit sans pour autant user de la violence. On ne
peut pas transformer les conflits par la violence car la violence enraye le
fonctionnement du conflit et ne lui permet pas de remplir sa fonction
d'établir la justice entre les adversaires69(*).
Il est incontournable de prétendre résoudre un
conflit sans pour autant connaitre les sources ou l'origine de ce conflit,
pour en découvrir, il faut nécessairement passer au
dialogue70(*) à
travers ses étapes à savoir :
1. Découvrir la vérité de l'adversaire et
de le lui dire ;
2. Découvrir et reconnaitre la responsabilité de
chacun des parties en conflit ;
3. Exposer en vérité l'injustice subie et le
dire avec amour et avec respect ;
4. Ecouter l'autre ;
5. Solliciter la collaboration de l'autre et apporter des
propositions constructives.
Ce dialogue rend le conflit fonctionnel.S'il s'agit de ce que
l'un des protagonistes mette en oeuvre des moyens qui font peser sur l'autre
une menace de mort, dans ce cas, le conflit devient dysfonctionnel71(*) ; le conflit, une fois
transformé ne doit pas être abandonné sans pour autant
veiller sur lui.
Nous devons observer le processus de paix par la gestion
pacifique en adoptant un certain nombre d'attitudes proposées par
Jef72(*). Cette
série d'attitudes doit être prise par les acteurs qui sont en
présence du conflit.
Il s'agit entre autres :
1. De l'évitement, il est toujours
nécessaire pour un acteur de chercher partout le moyen possible
d'éviter le conflit.
2. Du sacrifice, le point de vue n'a pas
d'importance, l'on doit accepter la proposition et faire en sorte que le
conflit arrive au bout c'est-à-dire à la régulation car
l'on craint qu'on laisse tomber. De cette façon, les différends
sont escamotés, une certaine harmonie s'établit mais elle est
fragile.
3. De la domination, A ce niveau, on impose
le point de vue peu importe ce qu'on pense sur l'autre. Dans l'utilisation de
pouvoir, l'autorité est nécessaire pour sortir vainqueur et pour
atteindre l'objectif.
4. De la collaboration, il est question ici,
d'accueillir la demande de l'autre et de défendre les
intérêts personnels. Ici on cherche à obtenir une solution
satisfaisante pour les deux parties en conflit.
5. Du compromis, on cherche à obtenir
un compromis. C'est-à-dire de deux côtés, on fait des
concessions.
Un autre élément nécessaire à la
transformation des conflits, c'est la négociation sociale. Cette
négociation possède une série des dimensions73(*) lesquelles nous
citons :
- la dimension distributive
- la dimension intégrative
- et la dimension contributive.
1. Dimension distributive : permet que
la négociation soit profitable pour tous et fait qu'elle soit un jeu
équitable (ce que l'un gagne et l'autre perd).
2. Dimension intégrative : elle
doit intégrer la problématique et la vision du litige des autres
acteurs en opposition (résoudre ensemble le conflit sans gagner le
maximum).
3. Dimension contributive : elle vise
après une médiation à permettre aux parties de s'engager
dans le soutien de l'autre partie.
Conclusion partielle
Ce chapitre a porté sur la définition des
concepts clés et opératoires du travail en premier lieu ; il
a circonscrit le cadre théorique sous tendu par travail, notamment la
théorie de régulation sociale de Jean-Daniel Reynaud sociologue
français. Pour ce faire, quelques théories sur le conflit ont
été élucidées et expliquées en vue de faire
comprendre le fait. La dernière section s'est attardée sur le
cadre méthodologique et un aperçu de transformation des
conflits.
La transformation des conflits est considérée
comme un élément essentiel dans la stabilité de la
société. L'équilibre du système social doit
être cherché et pour y aboutir, il est donc probable d'appliquer
différentes théories qui peuvent être nécessaires
à la pratique de la réalité. Il est bien de définir
les concepts clés et opératoires, mais l'essentiel reste aussi de
savoir la nature des conflits à transformer. Ce qui constitue le point
important à aborder dans le second chapitre.
CHAPITRE DEUXIEME : NATURE
DES CONFLITS
1. Regard sur les conflits à Uvira
Cette section est consacrée à une brève
description des conflits armés dans ce territoire.Ce genre de conflit a
occasionné divers maux dans le territoire, les autres catégories
des conflits dans cette contrée y trouventleur origine. Nous allons
à ce titre dégager la relation population locale et groupes
armés ; le contexte politique des conflits dans le territoire
d'Uvira ; les alliances société civile, groupes armés
et pouvoir public et enfin le rôle des communautés locales dans le
conflit.
A. La relation population et groupes
armés
Généralement les conflits dans la province du
Sud-Kivu sont analysés comme étant d'origine essentiellement
tribale ou ethnique. Il ya lieu de se poser la question de savoir si, la simple
référence identitaire peut attiser des conflits. Il se
dégage des enjeux financiers au profit d'acteurs isolés qui,
derrière des questions identitaires, instrumentalisent un groupe pour
des intérêts personnels, en lui faisant profiter d'une partie du
pouvoir, pérennisant celui-ci ou occultant le vrai problème.
Au regard de développement positif intervenu dans le
processus de paix congolais, l'idéologie ethnique qui est la lutte des
groupes armés en 1998 pourrait suranner à ce jour. Si l'objectif
originel était le départ des armées
étrangères, le Kivu devrait recouvrer sa quiétude.
Curieusement, le départ des troupes rwandaises a été suivi
d'une escalade de l'insécurité dans les provinces de l'Est. A ces
jours, l'activisme de ces groupes armés est justifié par les
seules raisons économiques. Les chefs de guerre ont mis en place, avec
le concours de certains citoyens véreux, un réseau
constitué des voleurs opérant impunément dans la
cité d'Uvira, le partage du butin étant assuré par les
Chefs.
Il ressort des informations de terrain que certains acteurs de
la société civile entretiennent des rapports ambigus avec les
groupes armés. Au lieu d'exploiter positivement ces relations, ils
jouent les rôles de courroie de transmission entre les seigneurs de
guerre et les familles de victimes enlevées et détenues dans les
bivouacs situés dans les hauts plateaux et dans la plaine de la
Ruzizi74(*).Etant
donné que la présente analyse se penche sur les relations entre
les communautés locales et groupes armés, la question qui se pose
est celle de savoir l'alliance entre société civile, groupes
armés et pouvoir public.
B. Alliance société civile, groupes
armées et pouvoir public
Pendant la résistance armée, les populations et
la société civile locale s'étaient rangées
derrière des groupes d'autodéfense dans le but de barrer la route
aux rebelles, sans nécessairement avoir une idée claire de ce
à quoi elles aspiraient.
L'appartenance à une organisation de la
société civile était une garantie pour passer à une
barrière maï-maï sans être inquiété dans
un contexte local où les contacts des maï-maï avec Kinshasa
avaient pour relais des membres de la société civile locale.
Déjà, en mai 1999, des comitésd'efforts de guerres furent
créés partout dans la plaine de la Ruzizi par des
maï-maï locaux de Zabuloni . Ces comités
généralement structurés autour des chefs des villages
étaient chargés de la collecte des vivres et des fonds
auprès des paysans75(*).
Entre 1996 et 2003, la mobilisation des populations civiles se
fut en termes de sensibilisation et dénonciation des méfaits des
forces d'occupation. Elle se solda par des recrutements massifs des jeunes dans
les groupes armés locaux avec trop souvent le consentement de leurs
parents. Dans la pleine de la Ruzizi ; Basimike76(*) rapporte que denombreux jeunes
avaient été enrôlés dans les groupes armés
notamment le maï-maï, fin 1999, à l'issue de ces
sensibilisations. Pour leur approvisionnement en minutions, les
maï-maï Bafuliru collaboraient avec les femmes qui acceptent de loger
les balles dans des bidons d'eau, qu'elles faisaient passer d'un point à
l'autre, feignant de revenir à la rivière77(*). Tout en s'exposant à
des graves dangers et en jouant les rôles de messagères, elles
s'occupèrent de la garde des fétiches.
Si au cours des hostilités, la résistance
menée par des maï-maï bénéficiait d'un soutien
des communautés locales contribuant énormément au maintien
de ces groupes armés locaux, des instructeurs du gouvernement
contribuèrent à la structuration et à l'approvisionnement
en armes et en munitions des groupes armés locaux et apportèrent
des contributions financières78(*).
La compréhension de cette dynamique
société civile, groupes armés et gouvernement ou pouvoir
public est importante du fait que ces trois parties qui partagent les
mêmes objectifs de combattre les forces ennemies, pendant la
résistance armée, les unes à l'intermédiaire des
autres se trouvent aujourd'hui fragilisées et prises au piège de
leurs propres manoeuvres.
Cela nous ramène à étudier les
communautés locales présentement impliquées dans les
conflits qui déchirent le territoire d'Uvira c'est-à-dire leurs
rôles dans les conflits. A l'aide des mécanismes de transformation
des conflits, nous tenterons dans ce travail de trouver les solutions à
ce problème.
C. Les communautés locales impliquées
dans le conflit
Le territoire d'Uvira est peuplé d'une mosaïque
des communautés déchirées par les conflits autour des
questions foncières, de nationalité et d'exercice de droits
politiques. Localement, les acteurs primaires des conflits sont les
banyamulenge, les Barundi, les Bavira et les Bafuliru, de nombreuses autres
communautés telles que les Bashi, les Balega les Babembe et les Banyidu
vivent dans la zone et développent des stratégies alternatives
par rapport à ces conflits, en nouant notamment des alliances avec les
grands ensembles démographiques en fonction des enjeux et des
intérêts locaux. En même temps, d'autres ressortissants des
provinces éloignées, fonctionnaires de l'Etat, marchands
ambulants entretiennent des relations avec les protagonistes, de près ou
de loin.
Au niveau local, le conflit oppose les quatre groupes
ethniques numériquement importants à savoir les Banyamulenge, les
Bavira, les Barundi et les Bafuliro ; les alliances entre ces groupes et
les autres communautés locales se construisent autour d'un clivage entre
les populations autochtones et celles considérées comme
allochtones, en particulier les Banyamulenge et les Barundi. En même
temps, les ressortissants des autres provinces se rangent facilement
derrière les populations autochtones dans un contexte de
solidarité nationale.
Le soutien des autres communautés du pays voisins
notamment les rwandais et les burundais s'est matérialisé
à travers des apports militaires. Les faibles poids
démographiques de ces groupes ethniques locaux a
énormément pesé dans la prise des décisions
importantes concernant la gestion des entités.
Cependant, force est de constater qu'en temps de paix
relative, ces communautés à moindre proportion se trouvent
victimes d'injustice sociale. Les cas les plus cités par les acteurs
locaux sont l'occupation des postes administratifs. Le cas le plus frappant
est celui de Mwami, un murundi chef de collectivité plaine de la Ruzizi
qui ne sait exercer localement le pouvoir, car contesté par les
Bafuliru. Les groupes marginaux, les banyamulenge et les Barundi se
résignent et s'obligent à respecter les décisions des
grands groupes, paraissant ainsi plus comme victime qu'acteur de cette prise
des décisions.
Ce sentiment de victime et Le désir de
réhabilitation sociale ont pris proportions inquiétantes ces
dernières années au sein des autres communautés. Les
Bavira et les Bafuliru se disputent la gestion de la chose publique et se sont
illustrés en Août 200879(*), par des marches en vue de revendiquer des postes
politiques et administratifs au niveau local et provincial.
Ces relations conflictuelles entre ethnies locales,
basées sur les rapports des forces souvent inégaux ont induit des
nouvelles dynamiques ; il s'agit à ce niveau pour chaque
communauté de se rallier vers son leader militaire, chef d'un groupe
armé en vue de s'auto sécuriser.Cette implication des
communautés dans ces conflits nous ramène à étudier
la dynamique de cohabitation entre communautés dans le territoire
d'Uvira.
D. Dynamique de cohabitation
Avant les guerres, les relations entre les différentes
communautés étaient plus ou moins harmonieuses malgré des
divergences liées aux particularités culturelles. Bien que le
nombre des mariages entre les Banyamulenge et autres communautés ait
été très réduit, la rencontre de deux cultures a,
à certains égards, été un enrichissement mutuel.
La militarisation des rapports sociaux liée à la
permanence des armés ethniques a créé un climat de
suspicion, de méfiance et de globalisation des membres de chaque
communauté. Il est estimé que la présence de certains
groupes armés est basée sur la volonté de porter les
revendications des différentes communautés, cette présence
court-circuite largement la confiance mutuelle des acteurs locaux et instaure
un sentiment d'intolérance et de discrimination. Lors des entretiens
avec les différents groupes, il est ressorti que leur présence
s'explique par le fait qu'ils ne connaissent pas les agendas cachés des
uns et des autres80(*).
Ces frustrations se traduisent par un rejet mutuel et une
discrétion à outrance qui ne facilite pas une ouverture des
membres d'une communauté aux autres. Les acteurs des conflits se
connaissent ainsi peu à fond et développent des sentiments de
victimisation et un esprit de bouc-émissaire.
Dans la cité d'Uvira, une marche organisée le 16
juin 2008 pour la plus grande représentativité des ressortissants
du territoire d'Uvira dans le gouvernement provincial, se transforma en une
marche contre les Banyamulenge81(*).
E. Contexte politique des conflits.
Le conflit n'a pas seulement le contexte social, il a aussi
le contexte politique. C'est depuis la domination allemande puis belge que
beaucoup de rwandais ont été contraints à fuir les
exactions commises par les colons à l'égard de la
population82(*). A
côté de ces immigrés provoqués par les exactions
coloniales et la fièvre de l'indépendance, d'autres immigrations
étaient dues à la famine de 1917-1918 ainsi qu'au recrutement des
travailleurs pour les mines et les plantations au Zaïre83(*).
Pour ceux quise dirigeaient vers Uvira-Fizi, ils se sont
installés sur les collines Mulenge où ils vivaient en harmonie
avec les autochtones. Les Bavira, Bafuliru, les Babembe et autres vivaient en
collaboration à tel enseigne que, pour les études, ces trois
tribus hébergeaient les enfants des Banyamulenge et ces derniers en
signe d'amitié et/ou de compensation donnaient des vaches aux familles
d'accueil de leurs enfants.
Tout a commencé à se dégrader quand les
antagonismes se sont installés entre les ethnies, pour la gestion du
pouvoir :
- les immigrés rwandais ne veulent plus se reconnaitre
comme tels et se considèrent dès lors comme des congolais
à part entière ;
- les burundais veulent eux aussi assumer des
responsabilités politiques tant au niveau local que national, chose mal
perçue par les tribus autochtones du territoire d'accueil et l'opinion
publique en général.
Lors de la première guerre dite de libération
par l'AFDL pour renverser le régime de Mobutu,ils avaient commis
beaucoup d'exactions sur les membres des tribus voisines et de ce fait, les
Babembe, les Bafuliru, les Bavira,... ont vu dans cette guerre une invasion de
leur territoire par les étrangers, désormais le conflitlatent
venait d'atteindre l'étape d'escalade. Ce conflit, qui dure depuis de
longues dates et qui a connu des périodes de violence
d'élargissement nécessite un suivi. Celui-ci permettra d'initier
des grandes rencontres entre les communautés impliquées pour
qu'elles définissent les alternatives à leurs
différends.
2. Les fonctions sociales des
conflits
Le conflit est une interaction qui manifeste ouvertement un
antagonisme dans une relation sociale. Il ne faut pas le confondre avec des
sentiments d'hostilité ou avec des antagonismes latents. Il s'agit d'un
fait social qui s'explique dans la dynamique d'une interaction et ne peut
être ramené à des pulsions ou des tendances hostiles dont
l'étude serait déléguée à la psychologie.
Par-là, Lewis Coser84(*) établit les frontières entre les
groupes au sein d'une même société, il distingue des
systèmes sociaux. Cette idée rejoint Karl Marx et Georges Sorel
lorsqu'ils parlent de la lutte des classes ; pour eux, il n'y a des
classes que si les individus sont unis pour une lutte contre un groupe
extérieur, sans quoi ils sont en compétition les uns avec les
autres.
De manière distincte, voici les fonctions de conflit
dans le territoire d'Uvira.
a. Le conflit affermit les
liens
Dans de nombreuses relations sociales le conflit :
· Accroit parfois la cohésion sociale entre
sous-groupe de communauté d'Uvira en conflit avec l'extérieur, au
point qu'un groupe en conflit avec l'extérieur peut avoir
intérêt à l'apparition d'un ennemi extérieur pour
resserrer les liens entre sous-groupes; c'est-à-dire les Bafuliru sont
souvent en conflit entre eux, chaque membre défend ses
intérêts.
· Etablit au moins une forme des relations entre les
adversaires alors que ceux-ci s'ignoraient auparavant. En présence de
conflit qui les oppose avec les Bafuliru ou les Bavira, les membres de
communauté Banyamulenge ou Barundi s'unissent pour faire face à
l'ennemi commun.
· Suppose un certain degré de consensus entre les
adversaires, au moins sur le fait qu'ils maintiennent une relation
(conflictuelle) qu'il parait y mettre fin. A terme, il est producteur de
consensus sur le comportement à adopter dans une telle relation :
production du droit et des structures institutionnelles pour le faire
appliquer ;
· Conduit ceux qui ont un intérêt commun
à s'allier contre l'ennemi qui les menace ; il établit ainsi
une relation entre les relations. Cela s'observe lorsque telle
communauté accuse une autre, pour être à la base des
problèmes.
b. Le conflit assainit les
relations
Son irruption décharge une relation sociale, des
tensions qui émergent nécessairement entre les participants
à la relation et qui s'étaient accumulés. Il
préserve ainsi le groupe contre la dissolution qu'entrainerait le
retrait de ceux des participants devenus incapables de supporter le
degré de frustration engendrée par une relation entre les
alliés. La transformation des conflits assaini les relations entre
membre. Pendant les conflits les communautés vivaient dans
l'isolement ; mais à l'issus de la négociation, les
communautés cohabitent ensemble. C'est le cas du RCD en 2002. Les
communautés banyamulenge et Barundi se déplaçaient
jusqu'à minuit. Les Bavira, Les Bafuliru et les restes des
communautés ne pouvaient se promenaient au delà de 18h30 minutes.
Ils craignent d'être tuer par les soldats du régime RCD, les
militaires proches de la communauté Banyamulenge. Suite à des
accords et signature des paix, les relations deviennent calmes.
c. Le conflit
équilibre les relations sociales
Les répulsions réciproques maintiennent un
système social en équilibrant les sous-groupes les uns par
rapport aux autres. Le tissu social se voit renforcer, lorsqu'une
société est traversée de par des multiples lignes de front
entre les groupes qui la composent, si celles-ci ne sont pas superposées
mais qu'elles se neutralisent les unes des autres.
Si la balance du pouvoir est connue (chance d'influencer le
comportement d'autrui dans une direction souhaitée), les participants
à une relation sociale chargée d'antagonisme n'entrent pas en
conflit. Paradoxalement, seul le conflit donne une mesure certaine de cette
balance à l'exception du pouvoir financier qui peut être connu
certainement hors d'une épreuve conflictuelle.
d. Le conflit crée
des nouvelles relations sociales
Le conflit est aussi l'occasion de créer des nouvelles
relations. Il a un rôle formateur pour le groupe puisque c'est son
apparition qui va permettre la formation du groupe. Au sein du groupe, les
individus s'investissent dans la sphère publique et se
réfèrent à des valeurs communes qui les unissent en une
entité sociale distincte du reste de la société
vis-à-vis des autres groupes sociaux, le conflit rend nécessaire
l'instauration d'un dialogue avec les adversaires sous différentes
formes. De nouvelles relations sociales peuvent ainsi être
établies lors d'un conflit.
Pour Simmel85(*), les relations réciproques entre les hommes
sont à l'origine de tous les phénomènes sociaux, les
conflits sont porteurs de relations sociales et ne sont pas liés
à une quelconque pathologie sociale. Le conflit peut être une
façon d'apaiser les tensions entre les membres d'un même groupe
mais aussi de rétablir des relations plus structurées entre deux
groupes. Les relations naissent lorsque les communautés protagonistes du
territoire d'Uvira se réunissent autour de la même table pour
régler les différends.
A ce stade, il se crée des nouvelles relations. Les
membres de ces communautés vont escamoter l'esprit de vivre dans la
tension et vont devoir emprunter le chemin de cohabitation pacifique. Pendant
la réconciliation par exemple, les communautés en conflit
décident de faire marier leurs enfants et/ou de partager le repas,
symbole d'alliance.
3. Causes et
conséquences des conflits dans le territoire d'Uvira
1.1. Les causes de
conflits
Les causes des conflits sont diverses et imbriquées. Il
est donc difficile de délimiter clairement et de mesurer exactement
l'influence des différents facteurs. Ceux-ci peuvent aller d'une
situation sociale déstabilisante, se caractérisant par
l'extrême disparité sociale ou des phénomènes
d'exclusion, à l'absence de mécanismes de conciliation pacifique,
des intérêts des divers groupes de la société. Une
compréhension globale et attendue des conditions nécessaires pour
que l'Etat et la société civile puissent coopérer de
manière satisfaisante est indispensable pour comprendre les origines et
la dynamique des conflits violents86(*).
Des capacités locales de résolution de conflit
peuvent déjà être en place. En leur apportant un soutien,
dans la mesure du possible, on peut contribuer à renforcer les
possibilités de paix et de développement. Les théories qui
cherchent à expliquer les causes des conflits et les conditions dans
lesquelles ils éclatent, distinguent en général les
facteurs structurels d'une part et les facteurs accélérant ou
déclenchant de l'autre87(*).
a. Les facteursstructurels
Les conditions structurelles qu'il faut considérer
sur le long terme, sont celles qui créent un climat propice à un
conflit violent, sans pour autant en rendre l'éclatement
inévitable. Il s'agit des facteurs politiques, sociaux et
économiques qui sont imbriqués tels que : la densité
de la population, l'exode rural, le niveau et répartition des richesses
et des chances, l'état de la base de ressources, la structure et la
composition ethnique de la société et les fondements historiques
des relations entre groupes.
Chaque fois, qu'une communauté fouille des exactions
dans leur milieu vers une autre communauté. Elle se trouve d'abord
victime de mépris et d'isolement par d'autres communautés
à l'intérieur de ce territoire.
Certains types d'organisation socio-économique peuvent
porter en eux des germes d'un conflit. C'est ainsi que les
sociétés très stratifiées ou un groupe
politiquement dominant contrôle l'appareil gouvernemental,
l'accès aux richesses, à l'instruction et au statut social sont
souvent extrêmement vulnérables.
Les Barundi qui sont confrontés à l'ère
actuelle au conflit identitaire, au niveau du territoire d'Uvira, ils sont
quasi inexistants dans la gestion des affaires publiques, ils sont taxés
d'étranger par d'autres communautés du territoire. Les Bavira et
les Bafuliru en connivence avec d'autres communautés des territoires
voisins sont imbriqués dans cette lutte. Pour eux le départ de
Barundi vers le Burundi reste une piste de solution au problème.
b. Les facteurs accélérant ou
déclenchant
Les facteurs accélérant ou déclenchant
sont les événements, actions et décisions qui suscitent
l'escalade de la violence. Ces facteurs dépendant essentiellement de
contexte propre à un pays, il n'est pas possible d'en faire une liste
type. Et pour le cas d'Uvira, il s'agit par exemple de l'originalité
d'une identité. Les Bafuliru qui se disent des vrais congolais et que
les Barundi et Banyamulenge sont des étrangers. Chaque communauté
réinvente son histoire récente afin de légitimer sa
présence et son droit de gouverner. Sauvegarde de l'espace
foncière. Ici c'est pire. Les problèmes entre les éleveurs
des vaches (Barundi et Banyamulenge) et les agriculteurs (Fuliru) lorsque les
vaches abiment les produits champêtres des Bafuliru. A ce moment les deux
communautés engagent des hostilités sans merci.
c. La participation politique et gestion de la chose
publique
Le processus de changement profond entraine souvent des
fractures sociales et politiques. L'absence d'opportunité de
participation de la société civile aux processus politiques et
sociaux peut fragiliser les structures traditionnelles
d'autorités ; le changement peut même parfois entrainer une
perte d'identité culturelle et le déracinement ou la
marginalisation des communautés.
Les transitions politiques engendrent aussi des tensions,
surtout lorsque l'équilibre du pouvoir change, au profit de certains
groupes et au détriment d'autres. Des luttes pour le pouvoir peuvent
aussi éclater entre les groupes de participants au processus de
développement mais concurrents, même lorsqu'ils profitent toutes
les prospérités économiques.
La communauté Bafuliru accuse le gouvernement de la RDC
d'être à la base de mésentente qui se produit dans la
politique. Dans l'armée par exemple, beaucoup d'officiers Banyamulenge
possèdent de grades de généraux ; les
communautés Bafuliru, Bavira et les reste estiment que les Banyamulenge
sont privilégiés.
Une autre communauté, les Barundi pour leur part se dit
discriminé. Ils ne participent plus à la gestion du pouvoir
public au niveau national, provincial et territorial. Tout cela, a des
répercussions sur les vécus quotidiens de la population.
En outre, la gestion de groupement pose problème, les
Bafuliru qui contestent régulièrement le pouvoir de Kinyonyi
Ndabagoye III. Ils accusent celui-ci de s'accaparer le pouvoir. Aux pouvoirs,
il ya quatre ans, il est toujours objet de contestation. La paix est possible
lorsque les communautés voisines (Bafuliru et Bavira)
reconnaîtront le pouvoir coutumier de Barundi.
d. Les inégalités
économiques
Une croissance socio-économique
déséquilibrée et une répartition inégale de
ses fruits peuvent aussi contribuer à accroitre les tensions. Elles
peuvent déranger le schéma établi de production et de
distribution des revenus et de la richesse.
Les ressources et les avantages qu'en découlent peuvent
parfois profiter qu'aux groupes qui tiennent en mains l'appareil d'Etat.
C'est ainsi que peuvent se trouver marginalisés les
groupes vulnérables et les régions les moins dynamiques
laissées de côté. Ce phénomène est
particulièrement grave lorsqu'il s'accompagne d'un sentiment croissant
d'injustice, et que les dispositifs institutionnels pour y remédier font
défaut comme c'est souvent le cas parmi les populations urbaines en
forte croissance.
Dans la plaine de la Ruzizi, une chefferie plus exposée
aux conflits entre les communautésBafuliru, Barundi et Banyamulenge.
Les sources sont bien situées au niveau de la gestion
de la terre. Il s'agit ici de rivalité foncière entre le Barundi
et le Bafuliru qui remonte depuis l'époque coloniale. Dans cette
région, la terre est un marqueur clé de l'identité
collective et source de revenu. Des leur arrivée dans la région,
les Barundi se servaient de réserves des classes délaissés
par les Bafuliru. A ces jours, les Barundi sont considérés comme
de sans-abris.
1.2. Les
conséquences des conflits
Les conflits violents font des victimes, mais il est souvent
difficile de savoir exactement le nombre des personnes et des biens qui en sont
victimes.
Leurs conséquences dans les pays touchés sont
nombreuses et diverses. Les conflits violents tuent de plusieurs
manières : les combats font des victimes parmi les civils et les
militaires, les maladies sont plus fréquentes et la criminalité
violente s'accroit. Les guerres entrainent des migrations résurgence des
hostilités. Les communautés qui se disputent autour
d'intérêt commun ou divergent déchirent le tissu social. Il
est question, dans ce point, de parler nécessairement des
conséquences économiques et des conséquences
sociales88(*).
a. Les conséquences
économiques
Elles se traduisent par une montée du chômage et
une perte de revenu, car les conflits perturbent l'activité
économique ; détruisent l'infrastructure,
génèrent l'incertitude, font augmenter les coûts de
transaction et favorisent la fuite des capitaux.
Les dépenses sociales sont souvent comprimées
afin de permettre une hausse des dépenses militaires. L'économie
subit de changements structurels. Il importe de traiter les conséquences
d'un conflit violent, non seulement pour des raisons humanitaires, mais aussi
pour réduire la probabilité de récurrence des conflits.
Une guerre civile prolongée induit l'inverse du développement. En
voici, un certain nombre des conséquences :
v Déclin économique
L'économie ralentit généralement par
rapport au rythme qu'elle affichait, en temps de paix. Elle se trouve
considérablement réduite par rapport à ce qu'elle aurait
été sans le conflit. Comprendre ce processus de contradiction
économique aide à concevoir de mesures correctives pour
l'après conflit.
Il est aujourd'hui difficile de savoir à quoi repose
l'économie du territoire si on essaie de mettre à coté le
port de Kalundu et le frontière de Kavinvira. Aucun industrie n'est
à signalé, aucune activité champêtre de renom n'est
à pointer du doigt. La sucrerie de Kiliba à son époque
employait un nombre important de la population du territoire se trouve
aujourd'hui par terre. Suite au pillage perpétré par
l'armée rwandaise sous l'égide de l'AFDL.
Pendant ce temps, la population du territoire vit dans le
chômage. Les petites activités exercées servent à la
survie des ménages. Parmi ces activités, nous citons la
pêche pratiqué par les communautés Bavira, Bafuliru et
Babembe pour la plupart ; l'élevage des vaches et des moutons
exercé par les Banyamulenge et les Barundi qui sont de peuple
pasteur ; l'agriculture pratique encore par le Bafuliru et Bavira mais
aussi le reste des communautés du territoire.
v Infrastructure
L'héritage le plus visible d'un conflit est la
destruction de l'infrastructure publique. Cependant, la dégradation de
l'infrastructure à la suite d'un conflit n'est pas uniquement
provoquée par les dégâts directs.
Dès lors qu'il relève son budget militaire,
l'Etat comprime les investissements et les dépenses publiques qui
étaient destinés à l'entretien de l'infrastructure. Les
fonds publics font cruellement défaut. Le territoire d'Uvira se trouve
actuellement dans l'ère du renouveau.
Pendant le règne du RCD, une rébellion soutenue
par le Rwanda pour renverser le régime de Kabila ; des
écoles, des Eglises ont été détruites par la guerre
et pillés. Dans plusieurs endroits occupés par la
rébellion les écoles sont abandonnées.
v Fuite des capitaux
Pendant un conflit, la peur et l'absence d'opportunités
incitent les individus à chercher refuge à l'étranger,
tant pour eux-mêmes que pour leurs actifs. Les mieux placés pour
s'expatrier sont ceux qui disposent des qualifications, ils peuvent plus
facilement financer leur émigration et sont mieux accueillis dans le
pays hôte.
Par conséquent, le pays d'origine perd ses travailleurs
qualifiés ; l'hémorragie des qualifications s'accompagne
d'une fuite des capitaux. Les individus déplacent leurs actifs à
l'étranger, pour les mettre en sécurité et parce que le
retour sur les investissements dans leur pays diminue à mesure que sa
situation économique se dégrade.
Il en résulte une grave pénurie de
compétences, une diaspora importante, un effondrement de
l'investissement privé et une accumulation de richesse privée
à l'étranger. D'après notre enquête, la
majorité des personnes qui possèdent des moyens financiers
épargnent leurs actifs au Burundi pays voisin, le Rwanda et la Tanzanie.
Pendant cette même période, le territoire a perdu
sa main d'oeuvre intellectuel ; les uns se sont dirigés à
Bukavu et territoires voisins pour des raisons de sécurité et
d'autres au Burundi jusqu'à changer même la nationalité.
Cette fuite des capitaux laisse un handicape au développement
économique du territoire.
b. Les conséquences sociales
C'est le point focal de cette section. Ces conséquences
comportent alors :
v Taux de mortalité
Les militaires et les civils périssent dans les
opérations militaires et le nombre total de morts causées par la
guerre englobent les morts des combats et les décès dus à
la recrudescence de la violence unilatérale, des maladies, de la famine,
de la malnutrition et de la criminalité. Le conflit communautaire c'est
pire. La violence conduit à la perte des vies humaines, le massacre de
Katogota lors de la rébellion du RCD occasionné par le conflit
armé, le massacre de Mutarule quant à ce, est occasionné
par le conflit communautaire. Des corps sans vue d'un membre d'une
communauté ramassé dans certains endroits.
v Les conséquences durables
Les conflits continuent d'affecter la vie des individus bien
après la fin des hostilités, non seulement ils tuent, mais aussi
ils provoquent des handicapés qui subsistent après une blessure
ou une maladie. L'une des affectations qui touchent le plus le territoire est
le VIH/SIDA.
Cette maladie peut contracter par des relations non
protégées ou contamination du sang par le virus. Les conflits
conduisent à la propagation rapide de VIH. Les soldats qui risquent
leurs vies à la guerre ne craignent pas cette maladie. Selon toujours
notre enquête, des militaires appartenant à tel ou telle
communauté expose une autre communauté à ce danger. Ils
propagent la maladie. Les cibles sont des femmes qui sont transformées
pour esclaves sexuels.
Les populations civiles sont souvent victimes de droits de
l'homme et notamment de violences sexuelles.En général, les
déplacements de population pendant les conflits fragilisent la
cohésion et les relations sociales, ce qui peut conduire à la
promiscuité. Comme indiqué, les forts taux de prévalence
s'expliquent aussi par la pauvreté, qui semble également creuser
les disparités entre hommes et femmes. Bien que les femmes soient les
plus exposées au risque de contracter le virus. Il semble qu'elles ne
peuvent pas demander à leurs partenaires d'utiliser des
préservatifs.
Avec le développement de groupes armés dans le
territoire d'Uvira, la population est victime de pillage des petits et des
grands bétails. Bien que ces actes aient été posées
par les rebelles, les communautés se responsabilisent le fait. Comme
résultat, la violence se déclenche.
v Déplacement de la population
Après le déclenchement de conflit, on constate
d'un pays à l'autre, d'une région à l'autre, d'un
territoire à l'autre ou d'un village à un autre, le
déplacement massif de la population suite aux exactions de la part des
protagonistes. Les conflits violents ont des conséquences diverses sur
les enfants filles et garçons et sur les femmes.
Le cas le plus récent est celui de Mutarule où
les habitants ont quitté le village pour se refugier à Sange. De
là, ils ont mené une vie pénible malgré quelques
assistance en vivre et non vivre de la part de l'ONG UNCHER. La cité
d'Uvira aujourd'hui fait face à l'exode rural. Certains habitants
d'autres groupements environnants quittent leurs milieux pour se
réfugier dans la cité d'autres se dirigent à Gatumba au
Burundi, pays voisin.
v Les changements structurels
Les activités les plus vulnérables à la
fuite des individus qualifiés et l'augmentation des attitudes
opportunistes sont les fonctions publiques, la justice, la comptabilité
et la médecine.
Par définition, tous les métiers
nécessitent des compétences, mais aussi de
l'honnêteté. Les fonctionnaires effectuent des tâches
difficiles à surveiller. C'est l'une des raisons pour lesquelles les
activités relèvent du secteur public.
L'accroissement des comportements opportunistes est donc
particulièrement dommageable. La fuite des cerveaux et l'augmentation de
l'opportunisme ont pour conséquence une dégradation des
performances dans le secteur public comme dans le secteur privé.
La composition sectorielle de l'économie se modifie
pendant une guerre civile, notamment parce que les activités n'ont pas,
toutes, le même degré de vulnérabilité. Si les
combattants raflent les biens meubles comme les bétails ou volent des
cultures, les ménages ruraux risquent d'opter pour les activités
de subsistance moins vulnérables. Un conflit prolongé est
susceptible d'éloigner l'économie rurale des activités
commerciales.
Etant donné que nous avons suffisamment parlé
des conséquences du conflit armé, la nécessité de
veiller au conflit non armé s'impose. Dans ce cas, nous allons sans
doute parler des effets des conflits sur le lien social et les effets des
conflits sur l'individu.
v Rupture des liens sociaux
Les conflits peuvent au renforcement du lien social. Les
individus se regroupent autour d'une cause commune, définissent leurs
buts et les moyens d'y parvenir, tout en mettant en place des règles qui
permettent de décider comment une lutte, une solidarité
mécanique89(*)se
met en place parce qu'on a une situation où des individus ayant des
conditions d'existence commune et luttant pour le même objectif se
réunissent.
v Les effets des conflits sur l'individu90(*)
Le conflit a aussi un effet direct sur l'individu ; quand
celui-ci décide de s'investir dans un mouvement social, il renforce sa
socialisation en intégrant un groupe et améliore son estime de
lui-même. En effet, il défend ses droits, ce qui lui permet de ne
pas se satisfaire d'une position qu'il perçoit comme dominée.
Mener le conflit lui apporte des compétences, des
connaissances et des nouvelles interactions sociales. C'est en outre un moyen
de modifier son identité sociale et de répondre à ses
besoins de reconnaissance sociale91(*)
La faiblesse qu'on vient de remarquer chez un être
humain se résume dans le fait que les individus sont incapables de ne
pas puiser à ce qu'ils font lorsqu'ils agissent avec autrui dans des
circonstances qu'ils ont l'habitude de pratiquer ou qu'ils parviennent à
identifier de façon correcte92(*)
Evaluer les actions des confessions religieuses dans la
transformation des conflits à travers leurs organisations associatives
dans un contexte de pauvreté, nous pousse d'abord à comprendre
leurs remettes. Philippe Patou93(*) parle des plans de licenciement qui se multiplient,
laissent prévoir un accroissement important du chômage, alors que
la population s'appauvrit, la misère s'étend, détruit des
familles, des femmes et des hommes, réduit à aller se nourrir et
contraint de se priver de tout ; les Eglises restent comme on pouvait le
prévoir désespérément muettes, sourdes et aveugles
aux cris et aux larmes de ceux que le capitalisme, le libéralisme et la
mondialisation mettent à terre et piétinent. Cet auteur se pose
la question de savoir «Quel évêque, quel cardinal
a-t-on entendu protester contre la crise financière, sociale et humaine
en critiquant les effets néfastes du capitalisme, du libéralisme
et de la mondialisation ? » Aucun, bien attendu,
l'Eglise reste l'allié des puissants, des riches et des
parvenus94(*).
Comme l'on vient de voir à travers la réaction
de Patou, nous allons sans doute parler de la notion d'acteur dans les
conflits. Ces acteurs peuvent être caractérisés ou
catégorisés en deux. A ce titre on peut situer des acteurs
directs et des acteurs indirects.
a) Acteurs directs :
Sont ceux qui interviennent de manière directe dans les
conflits ; ils sont considérés comme des protagonistes
c'est-à-dire des parties en conflit. Sont des personnes qui apparaissent
sous plusieurs formes dans les conflits, des personnes étant à
l'origine du conflit ou qui influencent ce dernier. Nous pouvons dans ce cas
citer les individus ou groupe d'individus, les communautés tribales ou
ethniques, les groupes armés, les autorités tant locales,
nationales et internationales. Les communautés banyamulenges, Bafuliru,
Barundi, Bavira et les membres de la diaspora de ces communautés
citées, sont considérés comme des acteurs directs car ils
sont directementimpliquésaux conflits déclenchés entre ces
parties.
b) Acteurs indirects :
Sont des acteurs qui apparaissent dans un conflit avec le
statut de chercher la solution aux problèmes qui les oppose.
Nous pouvons à ce niveau noter le statut d'arbitre
et/ou de médiateur. Etant donné qu'il est difficile
d'énumérer les acteurs des conflits sans pour autant être
en présence de conflit, nous reviendrons sur ce point dans le
troisième chapitre de ce travail. Les acteurs indirects sont des ONG,
des confessions religieuses, le gouvernement congolais et d'autres personnes
qui se fixent l'objectif de mettre fin à la rivalité qui oppose
les communautés du milieu.
c. Des tensions dans la chefferie plaine de la
Ruzizi
Le conflit dans la plaine de la Ruzizi entraine des divergences
qui se font sentir au niveau local où la gestion des localités et
cités reste paralysée.
v La Cité de Sange
dans la tourmente.
Le chef de cité est aussi absent car il n'est pas
accepté par la communauté Bafuliru. Les hommes interrogés
à Sange ont montré que la gestion communautaire est actuellement
faite par les Bafuliru sans prendre en compte les besoins des
communautés Barundi et banyamulenge. Ces derniers, refusent quant
à eux d'être dirigés par un chef mufuliru. Dans ce
contexte, « c'est la loi de la jungle qui est appliqué, les
plus forts résistent ».
Nos enquêtées ont expliqué qu'en cas de
différends, lesmilitaires ou les policiers s'interposent. En cas de
litiges entre voisins, le chef de quartier s'arrange pour réunir les
deux parties, et si le litige persiste, il les réfère à la
police.
Cependant, « les policiers font payer les amendes non
prévues par la législationcongolaise »95(*). La justice est mal rendue et
la corruption est visible à tous les niveaux. De même, certaines
femmes ont noté qu'à cause de l'absence d'autorité, les
gens ont recours aux sages du milieu ou parfois aux unités de la police.
Comme ces personnes ne parviennent généralement pas à
résoudre les problèmes, la gestion communautaire reste faible et
l'instauration d'un leader équitable encore plus importante.
La cité de Sange se trouve dans deux chefferies. La
première est dans la chefferie de Bafuliru et la seconde et dans la
plaine de la Ruzizi. Le conflit est inévitable, chaque chefferie
réclame le monopole de la gestion pouvoir de la cité. Le chef de
cité est désavoué par les deux chefferies. A l'heure
actuelle, c'est la chefferie de Bafuliru qui gère la cité. Ce
pouvoir est contesté par les Barundi et Banyamulenge.
v Le massacre de
Mutarule
Actuellement, suite au massacre de 2014 à Mutarule, les
communautés Bafuliru et Barundi refusent absolument un chef qui
n'appartient pas à leur communauté.Des tensions s'aggravent de
deux côtés. Le conflit entre éleveurs et agriculteurs dans
la Plaine de la Ruzizi a éclaté entre un groupe de jeunes
Bafuliru et une coalition de Banyamulenge et Barundi, propriétaires des
vaches. La communauté Barundi raconte que les Bafuliru auraient
blessé leurs vaches pendant la saison sèche de 2014, ce qui
constitue une provocation extrême. Pour se venger, les Barundi et
Banyamulenge ont tué 37Bafuliru le 6 juin 2014 à Mutarule, dont
des femmes et des enfants, dans une Eglise. Ni la police ni les FARDC (les
forces armées congolaises) ne sont intervenues pour sauver les vies
humaines. Par la suite, la communauté Bafuliru a conclu que les
communautés Barundi et Banyamulenge étaient responsables du
massacre de Mutarule96(*).
Cette attitude affichait par les FARDC démontre combien
de fois le pouvoir en place est incapable de gérer le conflit et en
même temps assurer la sécurité de personnes et de leurs
biens à Mutarule.
Conclusion partielle
Ce second chapitre retrace la nature des
conflits dans son aspect global et spécifique du territoire d'Uvira. Ce
chapitre se subdivise en trois sections, la première s'attèle au
regard sur les conflits. Cette section essaie de dégager les relations
entre la population et les groupes armés, les alliances entre
société civile, groupes armés et le pouvoir public depuis
1999, ces alliances ont créés un attachement entre les trois
parties dans le contexte politique particulier poussant l'implication des
communautés locale dans les conflits.
La deuxième section évoque les fonctions
sociales des conflits. Nous essayons de démontrer l'importance des
conflits sur les communautés du territoire d'Uvira. Ces conflits n'ont
pas seulement les conséquences négatives ; nous avons aussi
soulevé les fonctions positives qui affectent les liens sociaux, il
assainit les relations et aident aux protagonistes de nouer des nouvelles
relations.
La troisième section qui constitue la dernière
s'articule sur les causes et conséquences des conflits dans le
territoire d'Uvira. Nous avons déniché les facteurs innés
comme base de conflits d'une part, et les facteurs déclenchant et
accélérant de l'autre. Quant à ce qui concerne les
conséquences, nous y avons cités les conséquences
économiques et celles sociales. Autre conséquence à titre
particulier est celui des tensions dans la plaine de la Ruzizi. Cette chefferie
apparait à notre sens comme une zone rouge. La cité de Sange se
trouve à la fois dans la plaine de la Ruzizi et dans la
collectivité chefferie de Bafuliru. Il s'observe ici, le conflit de
pouvoir ; la communauté Barundi conteste le pouvoir de Bafuliru et
vice versa. Et enfin, le massacre de Mutarule est perçu comme une
conséquence des tensions entre les communautés locales.
Il est alors impérieux de développer ce à
quoi repose ce travail, en dégageant les stratégies
utilisées par la CDJP, le RIO et l'ADEPAE dans le processus de
transformation des conflits en territoire d'Uvira.
CHAPITRE TROISIEME : LES STRATEGIES DE TRANSFORMATION DES
CONFLITS A UVIRA
Dans ce chapitre, nous présentons les stratégies
forgées par les ONG dans leur processus de transformation des conflits
en territoire d'Uvira. Ce chapitre est constitué de deux sections ;
la première section est consacrée aux caractéristiques de
la population enquêtée et la seconde se focalise sur les
stratégies de transformation des conflits par les ONG à Uvira.
1. Profil des enquêtés
A. Présentation de
l'échantillon
L'enquête est l'un des instruments le plus largement
utilisé par les sociologues. Des études de marché
jusqu'aux recherches purement théoriques en passant par le sondage
d'opinion montrent qu'il ya peu d'investigations psychologiques ou
sociologiques empiriques qui s'appuient particulièrement ou en
totalité sur les informations recueillies par enquête97(*).
Notre étude porte sur les stratégies de CDJP, de
RIO et d'ADEPAE ; ainsi qu'aux habitants du territoire d'Uvira mais plus
particulièrement à ceux appartenant aux communautés
exposées aux conflits parmi lesquelles les communautés Bafuliru,
Banyamulenge, Barundi et Bavira.
Estimé à 1176956 habitants, la population est
nombreuse de telle sorte que, du point de vue économique, temporel et
scientifique, nous ne serions pas à mesure de les atteindre tous.
C'est ainsi que durant notre enquête, nous avons
utilisé l'échantillon par quota qui consiste à appliquer
à chaque sous-groupe de la population un nombre choisi selon la
variable.
Ainsi, la taille de notre échantillon est
constituée de 370 personnes enquêtées. Cet
échantillon nous a permis de confirmer ou nuancer nos hypothèses.
Pour ce faire, nous avons appliqué notre
échantillon à deux catégories d'enquêté
à savoir les agents et responsables des ONG(50
enquêtés) et aux habitants du territoire d'Uvira
(320enquêtés)en majorité les membres des
communautés actives dans le conflit.
Notre étude est limitée dans le temps et dans
l'espace. Il a été question au cours de cette recherche de
couvrir toute l'étendue du territoire d'Uvira, à travers les
zones les plus fortes démographiquement. Toutes les variables ont
été couvertes en vue de faire une étude exhaustive de la
réalité sociale étudiée. A ce titre, il nous est
utile de présenter les caractéristiques des enquêtés
dans cette analyse.
B. Caractéristiques des
enquêtés
Pour rendre ce travail plus concret, nous clarifions les
caractéristiques et catégories des enquêtés mis en
exergue dans ce travail en vue d'affronter les mécanismes mis en place
par les ONG dans la transformation des conflits à Uvira.C'est pourquoi
les variables sexe, âge, Etat matrimonial, religion, tribu, milieu et
niveau d'étude ont retenu notre attention.
Tableau N°I : Répartition de la
population selon l'Age
N°
|
Tranche d'âge
|
Population
|
ONG
|
Total
|
%
|
Fréq
|
%
|
fréq
|
%
|
|
1
|
16-20 ans
|
27
|
8,43
|
0
|
0
|
27
|
7,29
|
2
|
21-25 ans
|
23
|
7,18
|
5
|
10
|
28
|
7,56
|
3
|
26-30 ans
|
22
|
6,87
|
7
|
14
|
29
|
7,83
|
4
|
31-35 ans
|
24
|
7,5
|
5
|
10
|
29
|
7,83
|
5
|
36-40 ans
|
45
|
14,06
|
8
|
16
|
53
|
14,32
|
6
|
41-45 ans
|
59
|
18,43
|
12
|
24
|
71
|
19,18
|
7
|
46-50 ans
|
31
|
9,68
|
5
|
10
|
36
|
9,72
|
8
|
51-55 ans
|
27
|
8,43
|
5
|
10
|
32
|
8,64
|
9
|
55-60 ans
|
28
|
8,75
|
2
|
4
|
30
|
8,10
|
10
|
61-65 ans
|
29
|
9,06
|
1
|
2
|
30
|
8,10
|
11
|
66 et plus
|
5
|
1,56
|
0
|
0
|
5
|
1,35
|
Total
|
320
|
100
|
50
|
100
|
370
|
100
|
Il ressort de ce tableau que, sur 370 habitants
enquêtés, 71 personnes soit 19,18 % se situant dans la tranche
d'âge de 41 à 45 ans représente la classe modale de la
population enquêtée. Cela s'explique par le fait que la plupart
des acteurs dans le conflit se recrutent dans cette tranche d'âge.
Il ressort ensuiteque 53 enquêtés soit 14,32%
sont localisés entre 36 à 40 ans. Ils sont impliqués dans
plusieurs cas de conflit foncier. Cette tranche se trouve confrontée
à plusieurs problèmes d'héritage.
Enfin, 160 Enquêtés soit 43,2% se retrouvent
dans l'intervalle d'âge entre 36 et 50 ans. Il en résulte que pour
intervenir dans la dynamique conflictuelle, il faut avoir une certaine
maturité. En plus, les tranches d'âges qui se trouvent dans cet
intervalle sont toujours des acteurs directs dans les conflits.
Tableau N°II: Répartition des
enquêtés selon la religion.
N°
|
Religion
|
Population
|
ONG
|
Total
|
%
|
Fréq
|
%
|
Fréq
|
%
|
|
|
1
|
Catholique
|
107
|
33,43
|
16
|
32
|
123
|
33,24
|
2
|
Protestante
|
59
|
18,43
|
10
|
20
|
69
|
18,64
|
3
|
Musulmane
|
38
|
11,87
|
5
|
10
|
43
|
11,62
|
4
|
Kimbanguiste
|
39
|
12,18
|
6
|
12
|
45
|
12,16
|
5
|
Autres
|
40
|
12,5
|
6
|
12
|
46
|
12,43
|
6
|
Sans
|
37
|
11,5
|
7
|
14
|
44
|
11,89
|
Total
|
320
|
100
|
50
|
100
|
370
|
100
|
La variable religion nous donne une certaine explication de
l'écart observé entre les fréquences dans ce tableau. Nous
dans ce tableau que les fidèles de l'Eglise catholique sont
estimés à 33,24 % soit 123 enquêtés.Suivis des
fidèles de la religion protestante avecune fréquence de 69
personnes soit 18 % sur l'ensemble des enquêtés. Ces statistiques
dégagent le degré d'implication des uns et des autres tant dans
la transformation des conflits que dans leur entretien au sein des
communautés.
Tableau N°III : Répartition des
enquêtés selon l'Etat matrimonial
N°
|
Etat
matrimonial
|
Population
|
ONG
|
Total
|
%
|
H
|
F
|
Total
|
%
|
H
|
F
|
Total
|
%
|
1
|
Marié(e)
|
47
|
85
|
132
|
41,25
|
15
|
10
|
25
|
50
|
157
|
42,43
|
2
|
Célibataire
|
25
|
30
|
55
|
17,98
|
3
|
5
|
8
|
16
|
63
|
17,02
|
3
|
Séparation précoce
|
33
|
38
|
71
|
22,18
|
9
|
4
|
13
|
32
|
84
|
22,70
|
4
|
Veuf(Ve)
|
35
|
27
|
62
|
19,37
|
3
|
1
|
4
|
8
|
66
|
17,83
|
|
Total
|
140
|
180
|
320
|
100
|
30
|
20
|
50
|
100
|
370
|
100
|
Ce tableau ci-dessus, révèle que la
majorité des enquêtés sont des mariés et
constituent la population cible de notre échantillon dans
cette variable à en croire 157 personnes sur 370 soit 42,43%
de la totalité des enquêtés.
Ce tableau indique que sur 320 personnes
enquêtés dans notre milieu, excluant les enquêtés
de différentes ONG, 41,25% sont des maries. L'on entend par
marié, toute personne non seulement parce qu'elle n'a pas
célébré son mariage mais plutôt parce qu'elle a
pris l'engagement de cohabiter avec son épouse suite à un
problème qu'on a l'habitude de qualifier « forces
majeures » liés à la pratique sexuelle entre deux
partenaires de sexes opposés.
Au sein des ONG, nous avons remarqué un nombre
important de mariés par rapport aux célibataires. Nous avons
estimé qu'une personne mariée est capable d'aborder le
processus de transformation des conflits par rapport aux
célibataires dont le statut est douteux. Les ONG ont dit que les
personnes mariées sont respectueusespar rapport aux
célibataires dans le processus dudialogue et de négociation. L'on
sait que le mariage est à la fois une cérémonie
civile ou religieuse, un acte symbolique de l' union entre deux sexes
opposés et qui sont soumis à des obligations
réciproques c'est-à-dire reconnaissance des droits
spécifiques98(*).
Enfin, les mariés sont beaucoup plus impliqués dans le cas des
conflits que le Célibataire.
Les séparations précoces suivent en
deuxième position avec une fréquence de 84 personnes soit 22,70%.
Ces couples vivent en séparation, aucune déclaration de divorce
n'est jusque là faite aux instances judiciaires ni à la coutume.
De sa nature, la séparation précoce est conflictuelle raison pour
la quelle sa fréquence est très élevée.
Tableau N° IV : Répartition
des enquêtés selon la tribu
N°
|
Tribu
|
POPULATION
|
ONG
|
Total
|
%
|
Fréq
|
%
|
Fréq
|
%
|
|
|
1
|
Bavira
|
59
|
18,43
|
8
|
16
|
67
|
18,10
|
2
|
Bafuliru
|
60
|
18,75
|
7
|
14
|
67
|
18,10
|
3
|
Barundi
|
53
|
16,56
|
8
|
16
|
61
|
16,48
|
4
|
Banyamulenge
|
54
|
16,47
|
7
|
14
|
61
|
16,48
|
5
|
Babembe
|
23
|
7,28
|
5
|
10
|
28
|
7 ,56
|
6
|
Balega
|
22
|
6,87
|
3
|
6
|
25
|
6,75
|
7
|
Bashi
|
22
|
6,87
|
4
|
8
|
26
|
7,02
|
8
|
Autre
|
27
|
8,43
|
8
|
16
|
35
|
9,45
|
Total
|
320
|
100
|
50
|
100
|
370
|
100
|
Ce tableau montre que nos
enquêtés se recrutent en grande partie dans les tribus
majoritaires du territoire d'Uvira. Ces tribus sont dans l'ordre d'importance
Bafuliru, Bavira, Barundiet les Banyamulenge.
Il ressort de ce tableau que les Bafuliru et Bavira ont chacun
une fréquence 67 enquêtés soit 18,10% personnes
suivies de Banyamulenge et Barundi avec chacune une fréquence de 61
enquêtés soit 16,48%. Ces communautés sont
impliquées dans la majorité des conflits identifiés dans
le territoire.
La proportion élevée de ces 4 tribus par
rapport à d'autres s'explique par le fait que ces quatre
communautés demeurent parfois l'obstacle majeur pour la
restauration de la paix dans le processus de résolution et de
transformation des conflits.
Tableau N° V: Répartition des
enquêtés selon le sexe
N°
|
Sexe
|
Enquêtes
|
|
|
|
|
Population
|
ONG
|
Total
|
%
|
1
|
Masculin
|
140
|
30
|
170
|
45,94
|
2
|
Féminin
|
180
|
20
|
200
|
54,05
|
|
TOTAL
|
320
|
50
|
370
|
100
|
Il est noté dans ce tableau que 320 habitants sont du
territoire d'Uvira. La plupart des habitants enquêtés sont des
personnes dont leurs communautés sont exposées au conflit. Et 50
autres proviennent des organisations. Ils nous ont donné le climat qui
règne dans l'organisation, le fonctionnement des ONG ainsi que leurs
différentes actions. Il est donc observé que 170 personnes soit
45,94% appartiennent au sexe masculin et 200 ou 54, 05% appartiennent au sexe
féminin. Les femmes sont nombreuses par rapport aux hommes pour
multiples raisons à savoir, elles étaient permanentes pendant que
nous étions entrain de mener notre enquête. En plus, elles sont
serviables. Des hommes se sentaient occuper raison pour la quelle nous nous
sommes repliés sur femmes pour compenser l'absence des hommes.
Tableau N°VI : Répartition des
enquêtés selon le niveau d'étude
Niveau d'étude
|
Population
|
ONG
|
Total
|
%
|
H
|
F
|
Tot
|
%
|
H
|
F
|
Tot
|
%
|
Analphabète
|
59
|
14
|
73
|
22,81
|
0
|
0
|
0
|
0
|
73
|
19,72
|
Secondaire
|
79
|
38
|
117
|
36,56
|
0
|
0
|
0
|
0
|
117
|
31,62
|
Primaire
|
27
|
68
|
95
|
29,68
|
5
|
1
|
6
|
12
|
101
|
27,29
|
Universitaire
|
15
|
20
|
35
|
10,93
|
25
|
19
|
44
|
88
|
79
|
21,35
|
Total
|
180
|
140
|
320
|
100
|
30
|
20
|
50
|
100
|
370
|
100
|
Nous lisons dans ce tableau que 117 enquêtés soit
31,62% sur un total de 370 enquêtés sont du niveau secondaire. De
l'autre coté, la majorité des enquêtés travaillant
dans des ONG sont du Niveau universitaire (premier ou deuxième
cycle) ; 44 agents soit 88% ont fréquenté les études
universitaires. Cette dernière est expliquée par le fait que, les
ONG exigent au minimum un diplôme de premier cycle pour être
engagécomme travailleur. Ces organisations ont besoin des personnes qui
possèdent un esprit critique de comprendre, d'expliquer, d'analyser et
de trouver des solutions aux problèmes qui se posent dans le territoire
d'Uvira.
Le taux élevé d'analphabétisme au sein de
la population s'explique par une pauvreté intense qui secoue la
population d'Uvira et ensuite, les habitants n'ont pas le goût de faire
inscrire les jeunes filles à l'école sous prétexte
qu'elles ont l'obligation de garder les enfants et accompagner leurs mamans aux
différents travaux de ménage.
Tableau N° VII: Répartition de la
population selon la chefferie
N°
|
Chefferie et/ou cité
|
Population
|
ONG
|
Total
|
%
|
Fréq
|
%
|
Fréq
|
%
|
1
|
Bavira
|
69
|
21,56
|
0
|
0
|
69
|
18,64
|
2
|
Bafuliru
|
92
|
28,75
|
0
|
0
|
92
|
24,86
|
3
|
Plaine de la Ruzizi
|
35
|
10,93
|
0
|
0
|
35
|
9,55
|
4
|
Cité d'Uvira
|
55
|
17,18
|
50
|
100
|
105
|
28,37
|
5
|
Cité de Kagando
|
31
|
9,68
|
0
|
0
|
31
|
8,37
|
6
|
Cité de Sange
|
38
|
11,87
|
0
|
0
|
38
|
10,27
|
Total
|
320
|
100
|
50
|
100
|
370
|
100
|
Ce tableau indique que 105 personnes soit 28,37% des
enquêtés nous viennent de la cité d'Uvira. Elle est la plus
peuplée par rapport à d'autres chefferies et cités du
territoire. Différentes membres de communautés quittent leurs
milieux pour se réfugier dans cette cité.
La plaine de le Ruzizi est représentée à
l'ordre de 35 personnes soit 9,55 %. Elle est la chefferie la moins
peuplée du territoire. Cette partie du territoire constitue le
véritable champ de conflit dans notre étude. C'est un
véritable bastion des rebelles appuyés par les communautés
locales à savoir le Barundi et le Bafuliru qui se disputent
régulièrement les pâturages et le pouvoir coutumier.
2. Approches organisationnelles de transformation des
conflits
Cette approche fournit à notre étude une
efficacité d'analyse des organisations dans les dynamiques de
pacification et de transformation des conflits en territoire d'Uvira. Elles
nous donnent des procédures utilisées par les ONG (RIO, ADEPAE et
CDJP/Uvira). A ce niveau, il est nécessaire de s'intéresser au
« système d'action concret » de la sociologie des
organisations qui est l'ensemble humain, structuré qui coordonne les
actions des participants par des mécanismes de jeux relativement stables
et qui maintient sa structure par des mécanismes de régulation
qui constituent d'autres jeux99(*).
Nous dégageons dans ce travail deux approches dans le
but de déterminer les mécanismes mis en oeuvre par les ONG
impliquées par notre sujet de recherche. La première approche est
dite curative et la seconde prophylactique.
a. Approche curative des ONG
Les organisations agissent généralement en
réaction aux situations de conflits observables dans leur champ
d'intervention. L'action organisationnelle est au départ une solution
sociale au problème de non-paix qui se pose au sein du territoire
d'Uvira. Le diagnostic est fait par les organisations.
Elles déterminent également les types des
solutions à apporter et leur temporalité pour induire des
changements immédiats dans l'environnement troublé par les
conflits100(*). Ainsi,
pour bien comprendre cette section, nous avons pensé à
l'élaboration d'un tableau qui permet de situer les approches curatives
de chaque organisation étudiée.
Tableau N° VIII: Les approches
curatives
CDJP/Uvira
|
ADEPAE
|
RIO
|
La CDJP utilise des stratégies suivantes :
ü Messe de paix ;
ü Rites traditionnels de réconciliation
(intervient après médiation) ;
ü Activités communes pour la paix (champs
communautaires) ;
ü Elle utilise la négociation, la
médiation, l'arbitrage pour mettre fin aux différends ;
ü Mise en place de structures telles que CLM, PIP, CLGP
pour la transformation des conflits ;
ü Réunir les notables pour ressembler les
communautés ;
ü Monitoring ;
ü Réconciliation des communautés ;
ü Auto pris en charge intercommunautaire ;
ü Rencontre d'échange intercommunautaire ;
ü Partage de repas, symbole de
réconciliation ;
ü Organisation de matches de football pour la
paix ;
ü Lancement de message de paix ;
|
Les mécanismes utilisés par ADEPAE sont
mentionnés ci-dessous :
ü Création du cadre de concertation
intercommunautaire ;
ü Accompagnement des victimes ;
ü Mise en place des initiatives de construction de
paix ;
ü Rapprocher les groupes armés à la
communauté locale ;
ü Rencontre régulière avec les
communautés en conflit ;
ü Organisation de séances de médiation et
de négociation des comités mixtes ;
ü Réunir les notables pour régler les
différends ;
ü L'ADEPAE fait appel à la négociation,
à la médiation et à l'arbitrage pendant la transformation
des conflits à Uvira ;
ü Elle fait participer la population à la
recherche de solution au problème
|
Pour RIO, les stratégies sont les suivantes :
ü Recherche action participative ;
ü Gestion axée sur le résultat
(GAR) ;
ü Accompagnement des initiatives locales (appui
technique, conseil financier, stratégies et moral) ;
ü La capacitation individuelle et institutionnelle par
rapport au renforcement des compétences pour faire face aux
défis ;
ü Valorisation des ressources et de l'expertise locale
sous les quelles les populations prennent conscience de leurs problèmes
et de leurs conflits et mènent jusqu'au bout pour des issues
durables ;
ü Médiation, négociation (dialogues intra
et intercommunautaires, les tables ronde) ;
ü Accompagnement technique, matériel et financier
des structures communautaires ;
ü Identification des manipulations, facteurs des
divisions ;
ü Identité des parties en conflit.
|
Au regard de ce qui procède, ce tableau nous montre une
vue générale des approches curatives empruntées par ces
trois ONG. Il s'observe de similitudes et des dissemblances. Commençons
tout d'abord par les points communs.
D'abord toutes ces organisations interviennent dans le domaine
par le mécanisme de négociation, de l'arbitrage et de
médiation dans leur processus de transformation des conflits.
Ensuite, la majorité des approches de RIO et d'ADEPAE
sont d'ordres de formation. Ces deux organisations oeuvrent ensemble dans
plusieurs projets raison pour laquelle leurs stratégies se ressemblent.
Quant à ce qui concerne les divergences, la CDJP/Uvira
et le RIO sont des structures confessionnelles.
La première appartient à l'Eglise catholique et
la seconde à l'ECC tandis que l'ADEPAE est une structure non
confessionnelle. La structure a mis en place le CLM, le PIP et le CLGP pour le
suivi de l'évolution de conflit tandis que le RIO et l'ADEPAE qui
travaillent ensemble ont mis en place le CCI.
Ce tableau présente d'une manière
détaillée les stratégies curatives utilisées par
les trois ONG énumérées dans ce tableau. Il nous est
maintenant utile de passer aux approches prophylactiques.
b. Approche prophylactique des ONG
Cette approche est le prolongement de la première
approche. C'est un ensemble des procédés mis en place par les
organisations pour empêcher la reproduction ou le développement
des phénomènes conflictuels dans les sociétés
post-conflit. Elle a une finalité idéologique et procède
fondamentalement pour la sensibilisation-conscience par rapport à la
paix collective101(*).Les mécanismes de cette approche soutiennent
de pérenniser les acquis de la réconciliation intercommunautaire
ou intergroupe102(*).
Sous cette section, nous développons les approches
utilisées par ces ONG pour prévenir les conflits dans leurs
rayons d'action. Ce sont en premier lieu des stratégies de
prévention des conflits dans le territoire d'Uvira. Ces
mécanismes sont présentés brièvement dans un
tableau qui rassemble les approches prophylactiques des ONG (CDJP, ADEPAE et
RIO) sous notre étude.
Tableau N° IX: Les approches prophylactiques
des ONG
CDJP/Uvira
|
ADEPAE
|
RIO
|
ü Formation des animateurs paroissiaux, des leaders
sociaux, des autorités politico-administratives, des membres des
communautés ethniques, des responsables des confessions religieuses,
etc. ;
ü Sensibilisation des communautés locales au
respect des droits de l'homme et à la prévention des violences
à la femme ;
ü Animation de l'Emission radiodiffusée
« Haki na amani kwa wote » à la Rtnc/Uvira chaque
vendredi de la semaine ;
ü formation des mamans pour une auto pris en charge des
petits métiers ;
ü Formation des médiateurs
communautaires ;
ü Encadrement des parties en conflit pour une gestion
positive des conflits ;
|
ü Sensibilisation des communautés sur la
transformation des conflits et la cohabitation pacifique ;
ü Renforcement des capacités des structures
d'accompagnement ;
ü Initiation des activités intégratrices
aux victimes ;
ü Education à la paix à travers les
dépliants et atelier d'échange ;
ü Formation des services territoriaux ;
ü Atelier d'échange sur la gestion des
conflits ;
ü Rapprochement des militaires aux civils afin de
prévenir les conflits ;
|
ü Education à la paix à travers des
messages lancés à la radio ou écrit ;
ü Lobbying et plaidoyer au près des
autorités politico-judiciaires ;
ü Organisation d'Atelier pour la paix, de symposium
festival, voyage d'étude et mission des consultances ;
ü Vulgariser les outils institutionnels ;
ü Réhabilitation scolaire ; remettre les
victimes à ses droits éducatifs.
|
Ce tableau nous indique l'ensemble des approches
prophylactiques utilisées par ces ONG. Toutes ces organisations font
recours à la sensibilisation des communautés locales. Elles
procèdent toutes au lancement de message de paix à la radio ou
soit au dépliant.
De l'autre côté, la CDJP et l'ADEPAE font recours
au rapprochement des militaires aux civils afin de les amener à vivre
pacifiquement. Entre la CDJP et RIO se dégagent un point commun, les
paroisses et les diaconies contribuent de leur manière à la
vulgarisation ou la conception des messages de paix et les enseignements
bibliques qui touchent à la paix et ce, sous la supervision de
curé ou de pasteur d'une Eglise.
Le RIO quant à lui se diffère des autres du fait
qu'elle intervient pour la réhabilitation et la construction des
écoles.
3. Justification des stratégies utilisées par
les ONG
Tableau N°XI : La perception de la
population et des ONG sur les stratégies de transformation des conflits
à Uvira
A. ONG
|
N°
|
Libellé
|
Réponses
|
Fréquence
|
Pourcentage
|
1
|
Quelles sont les stratégies envisagées par votre
ONG dans le processus de transformation des conflits à Uvira ?
|
a. La négociation qui réunit les notables des
différentes parties en conflit et organiser le rite traditionnel de
règlement des conflits ;
b. Véhiculer les messages de paix à travers les
radios locales ;
c. Rencontres d'échanges intercommunautaires sur la
cohabitation pacifique ;
d. Organiser les tournois auxquels doit participer toutes les
communautés ;
e. Activité de médiation, négociation,
sensibilisation à la cohabitation pacifique partant de la recherche
action participative
f. Installation des activités de paix et structurale de
transformation des conflits dans chaque milieu à forte
démocratique.
|
18
9
4
6
7
6
|
36
18
8
12
14
12
|
Total
|
50
|
100
|
2
|
Quels sont les rôles joués par votre ONG dans le
processus de transformation des conflits à Uvira ?
|
a. Coordonner toute activité liée à la
paix ;
b. Il s'agit de prévenir, de résoudre et
gérer pacifiquement les conflits ;
c. Sensibilisation sur la cohabitation pacifique à
travers la radio, le notable et les activistes de paix.
|
12
23
15
|
24
46
30
|
Total
|
50
|
100
|
3
|
Quelles sont les catégories des conflits couramment
enregistrés dans le territoire d'Uvira ?
|
a. Les conflits intra ou intercommunautaire, les conflits
intra ou interpersonnels, les conflits coutumiers ; les conflits du
pouvoir, les conflits identitaires, les conflits fonciers, les conflits
migratoires.
|
50
|
100
|
Total
|
50
|
100
|
4
|
Comment identifiez-vous un conflit dans votre milieu?
|
a. Lorsqu'il ya une rupture des communications entre deux
familles, entre deux personnes ou entre deux membres des communautés
différentes ;
b. A travers la manifestation de pillage, de tuerie, de
massacre perpétré contre une famille ou une
communauté ;
c. Rupture de la solidarité entre deux parties et
mésentente entre partie
|
27
16
7
|
54
32
14
|
Total
|
50
|
100
|
5
|
Quelles sont les catégories de personnes
impliquées dans les conflits ?
|
a. Les militaires ayant une appartenance tribale des
communautés : Banyamulenge, Barundi, Bavira et Bafuliru qui sont
plus particulièrement des rebelles et d'autres de l'armée
régulière FARDC ;
b. Les personnes civiles, qui sont principalement les
notables, la diaspora qui finance les conflits, les personnes démunies
parmi lesquelles nous citons les cultivateurs et les éleveurs, le
gouvernement central et provincial et les ONG qui ont une partie prie lors de
la transformation des conflits ;
c. La communauté internationale et certains occidentaux
qui s'apprennent au malheur de la population congolaise
|
14
19
17
|
28
38
34
|
Total
|
50
|
100
|
6
|
Quel est le nombre total des activistes de paix
destinés à oeuvrer pour la cause de la paix ?
|
a. Dans chaque paroisse 25 CLM et 100 dans tous les
territoires
b. Tout cela dépend de la rentabilité du projet
par rapport à la situation financière
|
21
29
|
42
58
|
Total
|
50
|
100
|
B. POPULATION
|
7
|
Quelle est votre perception face aux stratégies
utilisées par ces ONG pour transformer les conflits entre les
communautés à Uvira ?
|
a. Depuis le début des activités des ONG, nous
n'avons constaté aucun changement par rapport à la transformation
des conflits
b. Ces ONG n'ont pas abouti à résoudre
totalement les conflits mais elles essaient de définir les moyens
financiers par des mini projets observés en vue de justifier leur
dépenses
c. Avant l'arrivée des ONG, les conflits étaient
intenses mais dès leurs interventions l'on a constaté des
activités orientées à la construction de la paix dans la
région, bien que cette paix ne soit pas effective,
|
121
112
87
|
42
35
27,1
|
Sous/Total
|
320
|
100
|
12,7
3,7
43
30
31,5
15,3
5,9
|
|
|
|
|
Sous/Total
|
320
|
100
|
8
|
Quels sont les impacts visibles pour la prévention et
résolution des conflits ?
|
a. Le médiateur a tendance à se rallier à
une partie en conflit c'est ce qui engendre la violence entre les
médiateurs ;
b. Lors de la résolution des conflits, aucune partie
ne veut pas en sortir perdant, les protagonistes souhaitent que la relation
gagnant-gagnant caractérise le processus de négociation ;
c. Pillage et massacre se généralise dans les
trois chefferies ;
d. Absence de cohabitation pacifique.
|
56
90
77
97
|
17,5
28,1
25,0
30,3
|
Sous/Total
|
320
|
100
|
9
|
Quelles sont les mesures envisagées par les ONG pour
empêcher le conflit de son état de violence ?
|
a. Sensibiliser toutes les communautés ou toute
personne sur le danger que peut présenter le conflit lors de son
éclatement ;
b. Conception des pièces théâtrales qui
présentent le danger de conflit et l'avantage de la paix dans une
société.
|
209
111
|
65,3
34,6
|
Sous/Total
|
320
|
100
|
10
|
Quelles sont les causes des conflits ?
|
a. L'appropriation d'une surface de terrestre ;
b. La recherche et contestation du pouvoir ;
c. L'attribution de nationalité ;
d. Vol des bétails, la destruction des champs.
|
91
69
54
106
|
28,4
21,5
16,8
33,1
|
Sous/Total
|
57
|
17,81
|
Total
|
320
|
86,48
|
Il
ressort de ce tableau que 18 enquêtés soit 96%
prélevés sur les agents et responsable des ONG estiment que la
négociation qui réunit les notables des différentes
parties en conflits et organisation des rites traditionnels de
règlements des conflits est la meilleure stratégie pour
transformer les conflits.
23 personnes soit 46% des
enquêtés sur 50 prélevés estiment que,
prévenir, résoudre et gérer pacifiquement les conflits
constitue le rôle très important à assumer par les
Organisations dans leur processus de transformation des conflits.
S'agissant des questions
adressées à la deuxième catégorie
d'enquêté (habitants du territoire), 121 enquêtés
soit 37,8% disent que les ONG n'ont pas apporté un changement
souhaité malgré quelques actions réalisées dans le
territoire. 87 enquêtés soit 27,1 % reconnaissent les actions des
ONG et leur changement dans la transformation des conflits bien que cette paix
n'est pas effective.
Pour empêcher les conflits
de son Etat de violence, les ONG recourent à la sensibilisation des
communautés ou toute personne désireuse d'apporter sa
contribution au problème de non-paix. 209 enquêtés soit
65,3% l'ont approuvée contre 111 personnes soit 34,6% qui ont
estimé que les pièces théâtrales constituent aussi
une stratégie pour transformer les conflits
3. Les forces et faiblesses
des ONG
Le but final des organisations sociales est d'assurer, en
commun, à tous les membres un maximum de possibilité,
d'épanouissement et la réalisation des objectifs fixés.
Car une organisation est une unité sociale poursuivant des objectifs
spécifiques mais une fois créée, elle se forge
d'elle-même d'autres objectifs qui deviennent plus importants que les
objectifs de son maître.
Pour échapper aux difficultés qui pourraient
naître des discordances éventuelles entre les aspects divers du
bien-être, l'analyse à la quelle, il a été
procédé jusqu'à présent a porté sur les ONG
considérées comme un système ayant des fonctions à
remplir à travers ses ressources. On pourrait, certes, étudier
les défis des ONG lors de l'exécution de leurs tâches en
vue de les décaler.
Nous nous préoccupons à ce niveau
d'apprécier négativement et positivement les actions des ONG
à Uvira. En ce qui concerne les forces, nous nous proposons
d'énumérer toutes les réalisations de ces ONG. Les
faiblesses sont des limites affichées par les ONG pendant l'exercice de
leur mission de transformation des conflits. Pour mieux appréhender ces
actions, un tableau synthétique nous permettra de visualiser ces actions
reparties dans trois rubriques. Une pour la CDJP/Uvira, l'autre pour le RIO et
la dernière pour l'ADEPAE.
Tableau N° XII: forces et faiblesses des
ONG
ONG
|
FORCES
|
FAIBLESSES
|
CDJP/Uvira
|
La CDJP/Uvira a eu les mérites d'aider la population
d'Uvira à réaliser certaines actions à savoir :
ü Exécution du projet de rétablissement de
la paix par le rapprochement et la participation citoyenne en territoire
d'Uvira en 2006-2007 ;
ü Plaidoyer contre les violences sur toutes leurs formes
en 2003 ; il s'agit d'un nombre de plus ou moins 150 filles et femmes
à travers le territoire ;
ü Sensibilisation des communautés locales au
respect de droit de l'enfant et à la prévention aux violences
faites à la femme de 2004-2005. Il s'agissait ici de diffuser les
communiqués à travers les Eglises afin de les inciter à
cette sensibilisation ;
ü Monitoring sur la réinsertion des
rapatriés dans les zones de retour en 2006 au sein de la population
d'accueil ;
ü Sensibilisation des rapatriés et des
communautés d'accueil sur la réintégration sociale, les
droits et devoirs des rapatriés en 2006 ;
ü Assistance psychosociale, juridique et médicale
des femmes et filles victimes qui sont assistées ;
ü La CDJP assiste les victimes par des conseils tout en
les montrant qu'elles sont aussi des filles et des femmes comme les
autres ;
ü Elle assure la prise en charge des femmes et enfants
issus de violences sexuelles pendant deux ans ;
ü Elle prend en charge les soins médicaux des
enfants et leurs mamans.
ü Elle accompagne les victimes afin de punir les
coupables ;
ü Organisation de la population pour la gouvernance
participative depuis 2007, ici la CDJP montre le bien-fondé de
l'État tout en démontrant les rôles de citoyen dans la
bonne gouvernance et cela à travers la sensibilisation ;
ü Dans le cadre des conflits intra ou intercommunautaire,
la CDJP a résolu le conflit entre Bashi et les pygmées à
Kamanyola en 2007. Un conflit lié à la discrimination. Jusqu'ici
ce conflit n'est plus signalé ;
ü À Luvungi, le conflit lié aux parcelles
entre la communauté Fuliru a été résolu en 2006;
ü A Bwegera où le conflit de pouvoir opposé
le notable et Mr Byamungu qui conduisait un groupe des habitants à
contester le pouvoir de notable et d'amener les habitants à la
révolte dans le groupement de Kakamba en 2006;
ü Résolution d'un conflit intra personnel à
Luvungi entre les frères catholiques de la paroisse sainte famille et le
Dr Mulimbalimba, médecin à l'hôpital général
de référence d'Uvira qui ne voulait pas que le tuyau de la
canalisation d'eau puisse traverser dans sa concession à Luvungi en
2008;
ü À Uvira centre, la CDJP a résolu le
conflit qui opposait les ex-combattants aux autres communautés se
trouvant à Kala et à Rutemba vers l'an 2009.
|
La CDJP/Uvira présente plusieurs limites dans
l'exécution de ses tâches :
ü D'abord cette structure ne couvre pas l'étendue
du territoire d'Uvira alors qu'elle a la mission de couvrir le
territoire ;
ü L'appartenance à une confession religieuse est
au départ une faiblesse, car cette attitude l`empêche de
matérialiser ses objectifs ;
ü Le niveau d'étude très bas des membres de
CLM, qui ne s'appuient qu'à la petite formation
irrégulière ;
ü La négligence de recherche action participative
pendant le processus de transformation des conflits ;
ü Intervention dans plusieurs domaines, celle-ci
l'amène à oublier d'autres secteur ;
ü Absence de collaboration entre les agents de la
CDJP ;
ü La mésentente caractérisent le personnel
de l'organisation ;
ü Difficulté de gestion des fonds octroyés
par les bailleurs de fonds ;
ü La négligence de relation entre les
communautés locales et les groupes armés actifs dans la
région ;
ü Plus grand nombre des fidèles catholiques dans
les sous structures de la CDJP (CPJP, CLGP, CLM, PIP etc.) ;
ü Les conditions de travail sont difficiles ;
ü L'existence des groupes informels dans
l'organisation ;
ü Incapable d'engager des discussions ouvertes avec les
communautés après une série de troubles observés
dans la région suite aux cas de pillage ou des massacres signalés
dans telle communautés ;
ü Incapacité de dégager une justice
distributive lorsque son Eglise est partie prenante au conflit.
|
RIO
|
Le RIO a exécuté plusieurs actions dans le
territoire d'Uvira, mais beaucoup sont bien plus dans les grands-lacs. Sa
vision est de faire des grands-lacs une région stable, paisible et
juste. Elle se fixe pour mission de devenir un centre de
référence pour la promotion de la paix qui accompagne les
communautés locales.
Pour le cas d'Uvira, voici quelques actions :
ü Organisation de symposium international pour la paix
réunissant les acteurs de la société civile du Rwanda, du
Burundi et de la RDC ;
ü Séminaire/atelier sur les outils
d'éducation à la paix ;
ü Faire exposition et formation sur les outils
d'éducation à la paix ;
ü Reconstruction de la cohésion sociale, programme
de renforcement des compétences et des stratégies d'actions des
artisans de paix dans les pays des grands lacs africains ;
ü Programme de renforcement des compétences en
éducation à la paix ;
ü La promotion des services de l'Eglise du christ au
Congo au développement et à la culture de la paix ;
ü Programme de réhabilitation d'un réseau
scolaire.
|
Le RIO affiche des faiblesses suivantes dans
l'exécution de ses tâches :
ü Appartenance aux Eglises protestantes ;
ü Le fait d'aborder un champ trop vaste, amène
cette organisation à ne pas atteindre ses objectifs. Ils se basent sur
des formations des activistes de paix sans tenir compte de leur appartenance
tribale ;
ü Insuffisance des résultats. Des chercheurs
engagés pour la sortie de crise sont incapable de traduire les ouvrages
dans les langues locales afin de permettre l'accessibilité à tous
les membres de la communauté ;
ü Les interventions de RIO se limitent dans le milieu
à forte densité démographique ;
ü Incapacité d'engager des discussions ouvertes
avec les communautés après une série de troubles
observés dans la région suite aux cas de pillage ou des massacres
signalés dans telle ou telle communauté ;
ü Incapacité de dégager une justice
distributive lorsque son Eglise est partie prenante au conflit.
ü La majorité des activistes de paix sont des
jeunes alors que ceux-ci sont marginalisés dans nos
sociétés. Les coutumes les traitent des
inexpérimentés dans les problèmes sociaux.
|
ADEPAE
|
Cette organisation travaille avec l'appui de Life Pease
&Institute. En ce qui concerne les réalisations, l'ADEPAE a mis en
place les cadres de concertation intercommunautaire (CCI). Ces CCI sont au
nombre de 4. Ils sont installés à Bukavu, chef lieu de la
Province, à Baraka et en Minembwe en territoire de Fizi et à
Uvira ;
ADEPAE organise des réunions de CCI, ces derniers
deviennent des cadres viables de référence des communautés
pour la gestion des conflits locaux, dotés des compétences
techniques de négociation et ou médiation. C'est ce cadre de
concertation que l'ADEPAE dote le statut de résoudre le problème
lié au conflit.
Formation des milliers des femmes sur la gestion des conflits
dans le milieu ;
De 2010-2016 : elle a organisé 102 rencontres de
médiation et négociation réunissant au total 264
participants dont 108 femmes. Ils ont identifié 555 conflits dont 286
résolus.
|
Ses faiblesses sont :
ü La présence massive de deux communautés
dans l'organisation (babembe et banyamulenge) ;
ü La grande partie des réalisations est
orientée dans le territoire de Fizi;
ü L'insuffisance des résultats dans le compte de
la transformation de conflit dans le territoire ;
ü L'incapacité de gérer les conflits dans
son rayon d'action ;
ü La persistance des conflits dans son rayon
d'action .
|
Ce tableau nous indique les forces et les faiblesses de CDJP,
de RIO et d'ADEPAE dans la transformation des conflits à Uvira. Il
ressort de ce tableau que toutes ces organisations ont le mérite
d'oeuvrer pour la transformation des conflits à Uvira. Grâce
à la sensibilisation qu'elles mènent chacun selon ses
démarches, il y a une diminution observée de violence sur
certains cas des conflits identifiés. Elles ont toutes oeuvré
pour la cause de la paix à Uvira. Ce tableau nous montre que la
sensibilisation et la tenue des ateliers de formation renferment en grande
partie les forces d'ADEPAE. La CDJP elle, est permanente avec le CLM, le PIP et
le CLGP.
La persistance des conflits dans le rayon d'action de ce trois
ONG demeure une grande faiblesse. On signale également au sein de la
CDJP, l'existence de plusieurs groupes qui gèrent l'organisation
à savoir la CDJP sous la bénédiction soit des bailleurs
des fonds soit de l'Eglise. Une absence de collaboration entre certains agents
de la CDJP ce qui a un impact négatif sur les objectifs assignés.
4. Stratégies rationnelles de transformation des
conflits
Cette section renferme l'essentiel de ce travail, d'une
manière globale, nous mettons sur pied des outils nécessaires sur
la transformation des conflits à Uvira en particulier et partout dans le
monde où la société est exposée aux conflits du
pouvoir, foncier, coutumier et tout genre de conflit qui secoue la
société en tenant compte de sa nature.
Lorsqu'on est en face d'une situation conflictuelle
à Uvira, l'acteur doit savoir ou encore ne doit pas ignorer que le
conflit fait partie de la nature humaine. C'est un principe dans la vie humaine
et la paix en est une exception. Présentons tout d'abord les
stratégies favorables à la transformation des conflits dans le
territoire d'Uvira.
Tout acteur qui veut transformer le conflit communautaire dans
le territoire d'Uvira doit recourir à la négociation. Cette
négociation a deux étapes à respecter:
? Etape d'identification
? Etape de transformation
5. Etape d'identification
Il s'agit ici d'une étape intelligente pour la
transformation des conflits, les experts des ONG doivent être à
mesure de comprendre l'environnement dans lequel se trouvent les conflits. Pour
bien maitriser son environnement d'étude, l'organisation doit faire un
recours aux anthropologues et sociologues qui ont la maitrise parfaite du
milieu. Cette étape est caractérisée par quatre
démarches essentielles :
? Flair le conflit dans la communauté :
un des éléments majeurs de l'identification des
conflits. Pour matérialiser cette démarche, le spécialiste
à la matière doit être proche des individus se trouvant
dans une communauté. La maitrise de celle-ci peut même contraindre
la manifestation de conflit. On doit veiller au comportement externe de tous
les membres de la communauté.
Pour y arriver la collaboration avec le chef de cellule de
localité est obligatoire. Mais aussi il faut se rassurer du niveau
d'étude de ce dernier. Cette étape doit être conclue par
l'organisation des séances de capacitation de transformation des
conflits axés sur l'identification des problèmes dans le
territoire d'Uvira.
? Identification des acteurs :
identifier les acteurs c'est chercher les parties prenantes aux
conflits. L'on doit arriver à savoir qui fait quoi c'est-à-dire
identifier les acteurs directs et indirects et leurs rôles dans ce
conflit.
Est appelé acteur direct, un membre d'une
communauté x connu par tous les autres comme tête d'affiche ;
un acteur indirect peut être désigné comme un individu, une
communauté ou groupe des communautés ou encore une organisation
qui influence indirectement l'acteur direct à déclencher ou
continuer à persister sur l'opposition. Acteur direct donc appelé
acteur manifeste et acteur indirect est dit acteur latent.
Pendant cette démarche, nous devons savoir situer la
nationalité, la tribu, le statut et les rôles des acteurs.
? Créer un lien avec les acteurs
manifestes : c'est une obligation de le faire. Les ONG tissent de
relation étroite avec les deux protagonistes séparément.
L'Objectif, c'est de chercher à découvrir les choses
cachées.
? Constater les dégâts : nous
devons ici savoir si le conflit qui secoue présente des manifestations
visibles ou non visibles. Pour les ONG, il faut d'abord identifier les
dégâts commis par l'un ou l'autre.
? Rechercher les causes de conflit : une
démarche essentielle pour mettre terme au conflit. Les ONG doivent
chercher les racines des conflits c'est-à-dire les causes lointaines et
les causes récentes des conflits. Il est aussi question de se demander
si c'est la première fois entre le deux protagonistes de se retrouver
pour un tel problème.
Si les deux protagonistes se sont retrouvés pour la
première fois, les ONG doivent maintenant se pencher à chercher
les causes d'abord. Si le deux parties se sont retrouvés
précédemment ; dans ce cas, on revient alors pour examiner
qui est gagnant et le perdant dans l'affaire. Cela vous permettant
d'étudier le mode de transformation à procéder.
6. Etape de transformation
La phase d'identification est terminée. Celle-ci est
une cure au problème conflit en territoire d'Uvira qui oppose les
communautés, les individus ou toute autre couche de la
société. Toutes les différentes catégories de
conflit doivent être soumises à la transformation. Il s'agit
là d'une résolution des conflits déjà
déclenchés.
a. La connaissance de
fait
Les protagonistes sont tous réunis autour de la table
accompagnés de leurs témoins. Le responsable de l'ONG ou son
délégué explique les raisons de rassemblement. Demande
à chaque participant, en commençant par les protagonistes de
communiquer les attentes et les craintes de cette assise. Ensuite, une
série des questions doivent être prises en compte par l'acteur
social :
· Pourquoi transformer le conflit :
les ONG doivent se fixer des objectifs pour la transformation des
conflits. Ces objectifs ne doivent pas plaire les bailleurs des fonds qui
soutiennent les projets mais plutôt tenir compte de l'ampleur du
problème de non paix dans le milieu.
· Comment le transformer : il faut
procéder par les étapes envisagées. Celle de
l'identification et de transformation des conflits.
· Où transformer le conflit :
la question de lieu est importante dans la transformation des
conflits. Les protagonistes doivent être d'accord sur le lieu où
se déroulera la négociation.
b. Déroulement de
négociation
Une étape importante pour le bon déroulement du
processus. La connaissance des relations doivent être envisagée.
L'Acteur social pousse par tous les moyens les protagonistes à se
respecter, à éviter des propos injuriés à l'endroit
de son adversaire, à adopter une attitude responsable.
Au départ, nous proposons de suivre les relations
suivantes dans chaque chefferie. Pendant la négociation, les
protagonistes sont en phase de trois relations qui suivent :
? La relation gagnant-gagnant : Toute
organisation qui intervient dans le domaine de transformation des conflits
à Uvira doit mettre beaucoup plus l'accent sur cette relation. Elle
suppose que chaque protagoniste puisse sortir gagnant dans un problème
qui les oppose. C'est une relation idéale dans le territoire d'Uvira.
Pendant la transformation des conflits, les ONG doivent amener les parties
à adopter cette relation. Dans la chefferie de Bavira, plus
particulièrement dans la cité d'Uvira, les enquêtés
ont préféré cette relation car permettent à la
population de vivre dans l'harmonie.
? La relation gagnant-perdant :
cetterelation stipule que l'un gagne et l'autre perd.c'est la
deuxième relation qui caractérise les protagonistes. Celui-ci
n'est pas souhaité par les habitants de la Cité d'Uvira pour
régler leurs différends ; par contre, dans la chefferie
plaine de la Ruzizi et la chefferie de Bafuliru, les enquêtés ont
exprimé leur souhait sur la relation gagnant-perdant. Mais surtout
lorsqu'il s'agit des conflits qui opposent deux communautés ou deux
personnes de deux communautés différentes. La conséquence
de cette relation, est que le conflit ne se termine pas mais il revient
toujours avec son aspect de violence.
? Et la relation perdant-perdant : cette
relation suppose que toutes les parties aux conflits en sortent perdantes. Dans
le territoire d'Uvira toutes les parties ne veulent pas perdre. Cette relation
est imposée par une autorité qui, après avoir
constaté le problème, estime que la privation de l'objet de
crise entre les deux protagonistes est la meilleure solution, on le fait.
L'acteur social doit savoir que la négociation est une
étape importante dans un processus de transformation. La maîtrise
de ces relations amènera l'acteur social à atteindre ses
résultats. Elle permet au protagoniste de s'exprimer.
c. Du mode de
transformation
Le processus de transformation est une phase délicate
dans cette partie. La qualité, la personnalité de
l'intermédiaire et/ou des personnes qui gèrent le débat de
transformation doivent convaincre les protagonistes. Pour transformer le
conflit, on doit faire recours à :
· La négociation : faire négocier les
protagonistes sur les causes de leur différends ;
· Médiation : il sera question de
désigner une personne compétente et qui a les notions
fondamentales sur la résolution des conflits. Le médiateur ne
doit pas être d'une des communautés en conflit.
· L'arbitrage : interposer une personne neutre,
capable d'apporter la solution aux problèmes ;
· Le dialogue, l'une des stratégies importantes
qui aide aux protagonistes de savoir les attentes de son partenaire.
Toutes ces démarches ne doivent pas être
entreprises au même moment. De préférence, l'acteur doit
mettre son accent sur la négociation. Il doit amener les protagonistes
à négocier sur différents points de vue. A l'issue de
cette négociation, des règles doivent être établies
pour faire régner l'ordre.
d. Les normes
Pendant la négociation, chaque partie est tenue de
respecter les engagements et prendre en considération des
recommandations. De tout cela naissent des règles qui doivent
être appliquées par toutes les parties. Elles permettent aux
parties en conflit de mettre terme aux différends.
7. La présentation
schématique de la négociation
Préparation de la négociation
Déroulement de la négociation
Compromis
Les règles (normes)
Concession
Phase finale de la négociation
Consensus
Echec de la négociation
Désaccord
Ce schéma nous indique une vue globale de la
négociation de conflit dans le territoire d'Uvira. La négociation
doit impérativement commencer par la préparation puis le
déroulement pour finir par le point de chute qui est la phase finale.
Cette dernière aboutit aux quatre éléments à savoir
le compromis, la concession, le consensus et le désaccord. Les trois
premiers aboutissent aux protocoles d'accords qui sont les normes et le dernier
constitue donc un échec de la négociation. A ce moment là,
on fait recours à l'arbitrage ou à la médiation.
CONCLUSION PARTIELLE
Ce troisième chapitre qui est d'ailleurs le dernier,
était subdivisé en cinq sections.
La première parle de profil des enquêtés,
celui-ci présente l'échantillon par quotas que nous avons
utilisé dans notre travail. Nous avons ciblé une taille
d'échantillon de 370 individus dont 50 tirés des ONG et 320 dans
les trois chefferies du territoire d'Uvira.Plusieurs variables parmi les
quelles la tribu, le sexe, la religion, le sexe,... ont été mises
en exergue.
La seconde section a parlé des approches
organisationnelles de transformation des conflits. A ce niveau, nous avons
soulevé deux approches, la première se veut curative et la
seconde prophylactique.
La justification des stratégies des ONG a fait l'objet
de la troisième section. Les forces et faiblesses des ONGconstituent la
quatrième section. Nous avons présenté d'une
manière détaillée les points forts et les points faibles
des ONG intervenant dans la transformation des conflits à Uvira. Et
enfin les stratégies rationnelles constituent la dernière section
de notre travail. Ces stratégies sont présentées en deux
étapes. La première étape est celle d'identification et la
dernière est l'étape de transformation.
CONCLUSION GENERALE
Les conflits sociaux entrainent un changement social dans la
mesure où ils peuvent affecter la structure sociale et économique
ou écologique par la modification des structures sociales. Les conflits
sociaux dans le territoire d'Uvira amènent les communautés
à adopter l'indifférence à la violence ouverte et
créent des nouveaux rapports sociaux entre les membres de ces
communautés. Ces conflits modifient la structure sociale dans la mesure
où selon la forme et le plan où il se trouve, ils entrainent soit
le renvoie, la révocation, soit la mort de membre antagonistes.
Au terme de ce travail sur « les ONG et
la transformation des conflits à Uvira », notre
souci était de comprendre et expliquer les stratégies mises en
jeu par la CDJP/Uvira, par RIO et par l'ADEPAE pour la transformation des
conflits. Le but était d'étudier les stratégies de ces ONG
en territoire d'Uvira pour la transformation pacifique des conflits.
Trois grands moments à part l'introduction et la
conclusion ont caractérisé notre parcours de recherche, quant
à la subdivision de travail. Dans le premier moment, nous nous sommes
appuyés à expliquer le cadre conceptuel, théorique et
méthodologique ; la réflexion a été surtout
orientée vers la compréhension et l'explication des concepts
clés et opératoires à savoir l'ONG, la transformation, la
paix, le conflit, la négociation et la médiation ensuite l'on est
passé à l'utilisation de la théorie de régulation
sociale qui se base sur trois concepts à savoir le conflit, les
règles et la négociation.
Nous avons utilisé la méthode fonctionnelle de
Robert King Merton dans le but d'établir de l'ordre et équilibre
dans le territoire. Les fonctions et les dysfonctions des ONG ont
été étudiées. Cette méthode est
appuyée par les techniques d'interview semi structuré,
d'observation participante,d'enquête par questionnaire, d'analyse de
contenu, d'échantillonnage et de documentaire.
Le second moment consiste dans l'explication de la nature du
conflit, à ce niveau nous avons fait comprendre la dimension sociale,
fonctionnelle et économique du conflit à Uvira. Nous avons aussi
tenté d'expliquer les causes profondes et les conséquences du
conflit dans tous les secteurs de la vie sociale mais aussi la notion d'acteurs
dans les conflits.
Le dernier moment de ce travail a porté sur les
stratégies de transformation des conflits à Uvira, à ce
niveau, nous nous sommes mis à déterminer le profil de nos
enquêtés, celui-ci nous a amené à présenter
notre échantillon. Nous avons fait recours à
l'échantillonnage par quotas. Notre taille d'échantillon est 370
dont 50 personnes sont extraites des ONG et 320 individus extraits des trois
chefferies du territoire et trois cités du territoire. Outre ces
caractéristiques des enquêtés, nous avons
dégagé les approches organisationnelles de la CDJP, de RIO et
d'ADEPAE dont les curatives et celles prophylactiques.
Les forces et faiblesses des ONG sont intervenues avant de
boucler ce travail par des stratégies rationnelles de transformation des
conflits à Uvira. Ces stratégies s'opèrent en deux phases.
La première phase est l'étape d'identification des conflits et la
seconde étape est celle de la transformation. Les ONG qui oeuvrent dans
le domaine de transformation des conflits en territoire d'Uvira sont tenues de
procéder par ces deux étapes pour transformer les conflits.
A L'issu de nos investigations et interprétations des
données, nous avons aboutis à des résultats
suivants :
ü 71 soit 19,18% des personnes dont l'âge varie
entre 41 à 45 sont exposés dans les conflits, ils apparaissent
chaque fois avec le statut d'acteur soit manifeste soit latent.
ü Dans le territoire d'Uvira, les fidèles
catholiques sont impliqués dans différents conflits qui opposent
soit les individus ou soit les communautés ;
ü Les mariés sont impliqués dans des
conflits à Uvira par rapport au célibataires,
ü Les communautés Barundi, Banyamulenge, Bavira et
Bafuliru sont impliquées à 70 % dans tous les genres des conflits
qui déclenchent dans le milieu.
ü Les femmes du territoire d'Uvira estiment que les ONG
n'ont pas vraiment oeuvré en bon père de famille pour les
problèmes des conflits dans leurs milieux
ü Les stratégies de transformations sont mal
choisies par ces ONG. Ils ne tiennent pas compte des critères important
à savoir le niveau d'étude des agents de paix.
ü Certains projets des ONG exigent des bailleurs des
fonds de montant exorbitant, une fois le montant libéré, les
travailleurs se livrent au combat. Le montant alloué au personnel
devient trop supérieur à celui chargé de
matérialiser le projet de transformation des conflits ;
ü Certaines réalisations ne sont pas visibles sur
les terrains mais les ONG brandissent des justificatifs pour faire semblant que
le projet a été réalisés ;
ü Il ressort des données récoltées,
que les ONG oeuvrent dans les villages et centre à forte
démographique. Leurs actions sont inexistantes dans les villages moins
concentré par la population.
ü L'insécurité perpétrée par
les groupes armés empêche les ONG de travailler dans la
sécurité et le calme ;
ü Le gouvernement de la RDC n'est pas impliqué aux
conflits communautaires ;
ü Les ONG cherchent par tous les moyens à imposer
la paix entre protagoniste ;
ü La négociation est une stratégie
nécessaire pour la transformation de conflit à Uvira celle-ci
doit respecter deux étapes, la première est une étape de
l'identification et la seconde est celle de la transformation. A l'issue de ces
négociations les participants doivent aboutir sur des règles
à respecter.
|
Ce travail est donc une contribution à la pacification
de la RDC. Il sied de le noter qu'il n'a pas la prétention d'être
parfait c'est pourquoi nous demandons aux lecteurs non seulement leur
collaboration mais aussi leur indulgence et critique constructive pour le
parfaire.
Etant donné qu'une série de mesures
alternatives vient d'être mise à jour par le sociologue, nous
recommandons donc à toute ONG oeuvrant à Uvira dans le domaine de
transformation des conflits de faire en sorte que cet outil soit applicable
tout en respectant les paramètres afin de faire face au problème
de non paix que connaisse le territoire et l'Est de la République
démocratique du Congo.
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· DURKHEIM E., « Les règles de la
méthode sociologique » in les classiques des sciences
sociales, Chicoutini, Québec, 2001
· Fédération interreligieuse internationale
pour la paix mondiale, culture de la paix. Un engagement personnel, familial,
national et international, colloque ténu à Kigali du 26 au 27
Décembre 2000
· HANS et Alii, Rapport de consultation d'elementiata
sur des initiatives de paix au Sud-Kivu, 2001
· MUSHI MUGUMO, « Développement
inégal des conflits » in paix et résolution
pacifique des conflits durant la transition démocratique au
Zaïre, CRONGD, Kinshasa, 1996
· MWAYILA TSHIYEMBE, « L'Afrique face à
l'Etat multinationale » in le monde diplomatique, septembre
2000
· RASSEKH C., « Paix et unité de
vue Bahaï, » in pensée Bahaï, N°96,
2002
· SFCG, Analyse de Conflit « Hauts Plateaux de Mwenga -
Plaine de la Ruzizi », octobre 2014
· SFCG, étude sur le conflit en plaine da
la Ruzizi, 2015.
3. DICTIONNAIRES ET
ENCYCLOPEDIES
· ALPES Y., et Alii, Lexique de sociologie,
Paris, Dalloz, 2005
· BARREAU C., Glossaire du règlement des conflits,
Toronto, 1997
· BIROU A., Vocabulaire pratique des sciences
sociales, 2e éd, Paris, les ouvrières, 1966
· FERREOLE G., Dictionnaire de sociologie,
3ème édition, Paris, Armand Colin, 2004
· Grand dictionnaire encyclopédique la rousse, T3,
1982
· Grand dictionnaire encyclopédique la rousse, T7,
1984
· LAKEHAL M., Dictionnaire des relations
internationales, éd. Ellipse marketing, Paris, Rue Brague, 2006
· MESURE S et SADIVAN P., Le dictionnaire des sciences
économiques et humaines, 1ère éd, Paris,
quadrige, PUF, 2006
4. THESES, MEMOIRES ET
TFC
· BEN MRAD F., Sociologie des pratiques de
médiation : Entre principes et compétences,
Thèse de doctorat en sociologie, Université de Metz, 2003
· KABAYA BABOLO JP., Essai de solution aux conflits
de pâturage entre éleveurs et cultivateurs du groupement de
Kakamba dans la collectivité plaine de la Ruzizi, TFC UNIC/ISGEA,
Bukavu, 1995
· KAGANDA MULUMEODERHWA P., Mouvement
Maï-maï et participation politique au Sud-Kivu. Contribution à
la critique de sociologie de la paix en société
post-conflit, thèse doctorale, UOB, 2012-2013
· KALUNGERO LUSENGE Y., contribution de la
société civile à la reconstruction de la paix en
RDC : cas du GADHOP, Beni-Lubero, TFC, UCG BUTEMBO, 2001
· MANDZOUNGOU NTOUMBA., Mis en exergue de la
négociation au sein d'une ONG congolaise : cas de SUECO,
Mémoire de Master, Institut Supérieur de management de Dakar,
2008
· MWAMI P, Rôles des ONG dans la
résolution des conflits au Sud-Kivu, TFC, 2000-2001
· MISEKA MULOLWA R, les ONG et la lutte contre la
maltraitance des enfants à Bukavu, UOB, 2013-20014
5. SITES WEB
·
www.akepatrice.wordpress.com , le 25 Novembre 2015
·
WWW.interventionéconomique.com , consulté le 14
février 2016
· WWW.melchior.com
consulté le 14 février 2016
· www.afdb.org consulté le
mardi 15 Avril 2016
· www.kartable;fr/ recherche
terminale consulté le 15 Avril 2016
·
www.actrav-cours-itcil.org consulté le 10 Juin 2016
· www.imaq.org consulté le
3 Août 2016
6. COURS
· BIRINGANINE NKUNZI, la politique agricole en RDC, une
exploitation à partir du Sud-Kivu, mémoire, UOB, BUKAVU
· KAGANDA MULUME-ODERHWA, cours d'initiation à
la recherche scientifique, UOB, G1 sociologie, Bukavu, inédit
· MUMBU MUKUNDA P, cours de théorie de la
communication sociale, G3 sociologie, UOB, 2008-2009, inédit
TABLE DES MATIERES
0.INTRODUC
1
1. Objet, choix et
intérêt de l'étude
1
2. Etat de la question
1
3. Problématique
7
4. Hypothèses
9
5. Délimitation de
l'étude
10
6. Difficultés
Rencontrées
10
7. Subdivision de
travail
11
CHAPITRE PREMIER : CADRE THEORIQUE,
CONCEPTUEL ET METHODOLOGIQUE DU TRAVAIL
12
I. CADRE
CONCEPTUEL
12
1. ONG
12
2. Transformation
15
3. Conflit
15
4. Paix
17
5. Négociation
18
6. Médiation
18
7. Schéma d'analyse
du cadre conceptuel
19
II. CADRE
THEORIQUE
20
1. Les règles
20
2. La
négociation
21
3. Le conflit
21
III. CADRE
METHODOLOGIQUE
22
A. Méthode
22
B. Techniques
23
IV. BREF APERCU DE
LA TRANSFORMATION DES CONFLITS
25
Conclusion partielle
27
CHAPITRE DEUXIEME : NATURE DES
CONFLITS
28
1. Regard sur les
conflits à Uvira
28
A. La relation population
et groupes armés
28
B. Alliance
société civile, groupes armées et pouvoir public
28
C. Les communautés
locales impliquées dans le conflit
29
D. Dynamique de
cohabitation
30
E. Contexte politique des
conflits.
31
2. Les fonctions
sociales des conflits
32
a. Le conflit affermit les
liens
32
b. Le conflit assainit les relations
32
c. Le conflit équilibre
33
d. Le conflit crée des nouvelles
relations sociales
33
3. Causes et
conséquences des conflits dans le territoire d'Uvira
34
3.1. Les causes de
conflits
34
3.2. Les
conséquences des conflits
36
Conclusion partielle
42
CHAPITRE TROISIEME : LES STRATEGIES DE
TRANSFORMATION DES CONFLITS A UVIRA
43
1. Profil des
enquêtés
43
A. Présentation de
l'échantillon
43
B. Caractéristiques
des enquêtés
43
2. Approches
organisationnelles de transformation des conflits
48
a. Approche curative des
ONG
49
b. Approche prophylactique
des ONG
50
3. Justification
des stratégies utilisées par les ONG
52
4. Les forces et
faiblesses des ONG
56
5. Stratégie
rationnelles de transformation des conflits
59
1. Etape
d'identification
60
2. Etape de
transformation
61
3. La présentation
schématique de la négociation
63
conclusion partielle
64
CONCLUSION GENERALE
65
BIBLIOGRAPHIE
68
1. Ouvrages
68
2. Articles et Revues
69
3. Dictionnaires et
encyclopédies
69
4. Thèses,
Mémoires et Tfc
70
5. Sites Web
70
6. Cours
70
Tables de matières
73
* 1M. MIGNAULT, Cité
par MASIALA MASOLO et GOMANDAMBA, Rédaction et présentation
d'un travail scientifique, Goma, éd. Enfant et paix, ULPGL, 1993,
p.45
* 2 BOULANGER et BALEY QUIER
cité par MULUMBATI NGASHA, Manuel de sociologie
générale, éd. Africa, 2007, p.40
* 3 MASUMBUKO NGWASI, les
interactions humaines dans un contexte de conflit. Réflexion sur les
obstacles et les chances du dialogue dans un contexte, CAREP, ULPGL, Goma,
1996, pp.78-79.
* 4 JP KABAYA BABOLO,
Essai de solution aux conflits de pâturage entre éleveurs et
cultivateurs du groupement de Kakamba dans la collectivité plaine de la
Ruzizi, TFC UNIC/ISGEA, Bukavu, 1995, pp.10-15
* 5ADEPAE, Mode traditionnel
de transformation des conflits dans les communautés tribales au Sud-Kivu
(cas de Babembe, Bahavu et Bafuliru, éd. CERUKI, Bukavu, 2006,
pp.144-145
* 6OCDE, Prévenir
les conflits violents : quels moyens d'action ?, CEDEX, 2001,
pp. 95-125
* 7Y. KALUNGERO LUSENGE,
contribution de la société civile à la reconstruction de
la paix en RDC : cas du GADHOP, Beni-Lubero, TFC, UCG BUTEMBO, 2001,
inédit
* 8A.NJANGU et alii, les
conflits au Sud-Kivu des anciens royaumes à 1996, les rôles de la
femme, édition de l'AFCEF, Bukavu, 2000, pp.47-56
* 9HANS et Alii, Rapport
de consultation d'elementiata sur des initiatives de paix au Sud-Kivu,
2001, inédit
* 10 P. MWAMI,
Rôles des ONG dans la résolution des conflits au
Sud-Kivu, TFC, 2000-2001, p.34
* 11A. AWAK'AYOM,
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N°372, Février 2003, pp.93-136
* 12T. KAFARIRE MURHULA,
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par MWAYILA TSHIYEMBE, « l'Afrique face à l'Etat
multinationale » in le monde diplomatique, septembre 2000,
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* 13FEDERATION
INTERRELIGIEUSE INTERNATIONALE POUR LA PAIX MONDIALE, culture de la paix. Un
engagement personnel, familial, national et international, colloque ténu
à Kigali du 26 au 27 Décembre 2000, pp.33-43
* (14) P. DE LEERNER,
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1995, pp.10-27
* 15 J.BOULAINE,
Pédagogie appliquée, Barcelone, Milan, 1980, p.1
* 16 G. MAGE, F.PERTY,
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sociales, 3e éd., Bruxelles, Deboeck, 2011, pp.12-13
* (17t) NORVEGIAN CHURCH
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* (18 ) A.P.CART,
« introduction, imagination et souplesse ou de l'affirmation de
l'Afrique au travail » in partenaire en Afrique, quelles
coopérations pour quel développement ?, Berne,
N°5, mai 2005, pp.5-10
* 19ADEPAE &
RIO ; les dynamiques des conflits intercommunautaires dans le
territoire d'Uvira et de Fizi ; enjeux locaux autour de la persistance des
groupes armés, rapport inédit, Draft N°2,
Février 2009, pp. 8-10
* 20M. FABIENNE et Alii,
cité par KAGANDA MULUME-ODERHWA, cours d'initiation à la
recherche scientifique, UOB, G1 sociologie, Bukavu, 207-2008,
inédit, p. 11
* 21 LALANDE et M. GUIGE
cité par A. ALBARELLO, Apprendre à chercher, l'acteur social
et la recherche scientifique, 2éd. Bruxelles, de Boeck, 2003, p.75
* 22 ADEPAE et RIO,
op.cit., p.23
* 23 H.MINTZBERG,
structure et dynamique des organisations, Paris, PUF, 1982, p.106
* 24 RICHARD EPICUM,
Zaïre-Afrique, Paris, Colin, 1975, p.81
* 25 A.BIROU.,
vocabulaire pratique des sciences sociales, 2e éd,
Paris, les ouvrières, 1966, p .98
* 26 JP DURAND ET R.
WEIL, sociologie contemporaine, 2e éd., vigot, 1999,
p.25
* 27
www.Akepetrice.com
consulté le 13 Mars 2016
* 28 Idem
* 29M.FOUCAULT, cité
par LIAUZU, op.cit, p.57
* 30 M. BAROI, la
force de l'amour, éd. Odile Jacob, 1987, p.7
* 31 L. BASINGA cité
par MISEKA MULOLWA Raphael,les ONG et les enfants victimes de la maltraitance
à Bukavu, UOB, 2013-2014, p.17, inédit
* 32 V.FERNAND, Financer
autrement les associations et ONG du tiers monde, Genève,
éd. RED, 1994, p.56
* 33 P. MUMBU MUKUNDA,
cours de théorie de la communication sociale, G3 sociologie, UOB,
2008-2009, inédit
* 34MUSHI MUGUMO,
« développement inégal des conflits » in
paix et résolution pacifique des conflits durant la transition
démocratique au Zaïre, CRONGD, Kinshasa, 1996, p.1
* 35 Y. ALPES, et Alii,
lexique de sociologie, Paris, Dalloz, 2005, p.38
* 36 Dictionnaire de
sociologie cité par C.MARSAN, Gérer les conflits, Paris,
Dunod, 2OO5, p.15
* 37 Grand dictionnaire
encyclopédique la rousse, T3, 1982, p. 2506
* 38 J. REINHARD VOB,
Apprendre la non-violence de la Bible, manuel de formation de la CDJP en
RDC, Médias Pol, Kinshasa, 2011, p.15
* 39 Ibidem
* 40 idem
* 41 M. LAKEHAL,
dictionnaire des relations internationales, éd. Ellipses
marketing, Paris, Rue Brague, 2006, p.176
* 42 Grand dictionnaire
encyclopédique la rousse, T7, 1984, p.1740
* 43
C.RASSEKH, « paix et unité de vue
Bahaï, » in pensée Bahaï, N°96,
p.11
* 44AKE PATRICE, Qu'est- ce
que la paix ? In
www.akepatrice.wordpress.com
, le 25 Novembre 2015
* 45 ibidem
* 46
www.actrav-courses-itcil.org
consulté le 10 Juin 2016
* 47 C. BARREAU, Glossaire
du règlement des différends, Toronto, 1992, p.7
* 48 E.NATHALIE MANDZOUNGOU
NTOUMRA, Mis en exergue de la négociation au sein d'une ONG
congolaise : cas de SUECO, Institut supérieur de management de
Dakar, Mémoire de Master, 2008, P.68
* 49 J-P BONAFE cité par
Ben MRAD FATHI, sociologie des pratiques de médiation : entre
principes et compétences. Thèse de doctorat en sociologie,
université de Metz, 2003, p.68
* 50
www.imaq.org consulté le 3
Août 2016
* 51 A. GUILLAUME,
Surmonter le conflit : les racines philosophiques de la
médiation in
www.imaq.org
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* 52P. BRUYNE, J. HERMAN et
M. DE SCHOUTHEETE, Dynamique de la recherche en sciences sociales,
Paris, PUF, 1er éd., 1974, p.104
* 53
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* 54 DE TERSAAC GILBERT. ,
« Régulation sociale et déficit de
régulation » in de Teersaac, Gilbert et et alii., la
théorie de régulation sociale de Jean-Daniel Reynaud, la
Découverte, 2003, p.15
* 55 E. DURKHEIM,
« les règles de la méthode sociologique » in
les classiques des sciences sociales, Chicoutini, Québec, 2001,
p.46
* 56
WWW.melchior.com consulté
le 14 février 2016
* 57 Ibidem
* 58Idem
* 59 B. GAUTHIER cité
par F. DEPELTEAU, la démarche d'une recherche en sciences
humaines, Paris, 2009, p.47
* 60 J.HERMAN, le langage
de la sociologie, 3e éd., que sais-je, Paris, PUF, 1994,
p.5
* 61 M. NDAY WA MANDE,
Memento des méthodes de recherche en sciences sociales et
humaines, CRESA, collection livre, Lubumbashi, Décembre 2006, p.3
* 62 J. COENE-HUTHER, le
fonctionnalisme en sociologie et après, Bruxelles, EUB, 1984, p.7
* 63M. NDAY WA MANDE, op.cit,
p.4
* 64M. MASOLO et alii,
Rédaction et présentation d'un travail scientifique, guide du
chercheur en sciences humaines, Goma, ULPGL, p.27
* 65M. GRAWITZ cité par
M. Masolo et alii, op.cit., p.30
* 66 MASIALA MASOLO et Alii,
op.cit., p.28
* 67 Ibidem
* 68 LECUYER cité par
BIRINGANINE NKUNZI, la politique agricole en RDC, une exploitation à
partir du Sud-Kivu, mémoire, UOB, BUKAVU, p.7
* 69REINHARD J.VOB,
0p.cit, p.17
* 70 JEF VLEUGLES M.,
Non-violence et gestion constructive des conflits, réseau de
pax christi Grands lacs, 2004, p.38
* 71 JEF VLEUGLES,
op.cit., p.38
* 72 Ibidem
* 73 Idem
* 74LDGL, Interaction des
groupes armés dans le territoire d'Uvira et de Fizi au Sud-Kivu en
RDC, Kigali, 2003, p.8
* 75 ADEPAE, op. cit,
p.45
* 76 BASIMIKE cité par
ADEPAE, idem, p.40
* 77Ibidem.
* 78 Idem
* 79 ADEPAE, 0p.cit,
p.49
* 80ADEPAE, Op.cit,
p.60
* 81 Ibidem
* 82Entretien avec le Mwami
Kinyonyi Ndabagoye III chef de collectivité chefferie plaine de la
Ruzizi à Luberizi, 12 Novembre 2015
* 83 A. BIRHAKAHEKA.,
« Historique de migration des peuples des grands lacs
africains », in bâtissons la paix dans les pays des grands
lacs. Séminaire de formation pour les artisans de paix, 2008, p.11
* 84LEWIS COSER, Les
fonctions sociales de conflit, Toronto, Mac Milan, 1956, p.76
* 85 G. SIMMEL cité par
M. MONTOUSSE et G. RENOUARD, op.cit., p.38
* 86 LE WIS COSER, idem,
p.34
* 87Ibidem.
* 88
www.afdb.org consulté le mardi
15 Avril 2016
* 89E.DURKHEIM cité par
M.MONTOUSSE et G.RENOUARD, in 100 fiches pour comprendre la
sociologie, 3e éd, Bréal, 2006, p.33
* 90 CHRISTINE MARSAN,
Gérer les conflits, Dunod, Paris, 2005, p.5
* 91
www.kartable;fr/ recherche
terminale consulté le 15 Avril 2014
* 92 S. MESURE et P. SADIVAN,
Le dictionnaire des sciences économiques et humaines,
1er éd, Paris, quadrige, PUF, 2006, p.188
* 93 P. PATOU, la
misère, analyse sociologique, philosophique et politique,
Paris, l'Harmattan, 2010, p.76
* 94 P. PATOU, idem, p.78
* 95 Rapport Surch for Common
Ground, étude sur le conflit en plaine da la Ruzizi, 2015, p.10
inédit
* 96Analyse de Conflit «
Hauts Plateaux de Mwenga - Plaine de la Ruzizi », SFCG, octobre 2014, p.
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* (97 ) R. GHIGLIONE ET B.
MATALON, Les enquêtes sociologiques, Paris, Arman Colin, Juillet
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* 98 GILLES FERREOLE,
Dictionnaire de sociologie, 3ème édition,
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* 99M. CROZIER et ERHARD
FIRBERG cité par KAGANDA MULUMEODERHWA P., Mouvement
Maï-Maï et participation politique au Sud-Kivu. Contribution à
la critique de sociologie de la paix en société
post-conflit, thèse doctorale, UOB, 2012-2013, p.64
* 100KAGANDA MULUMEODERHWA
P., Op.cit. p.368
* 101KAGANDA
MULUMEODERHWA ; idem ; p.369
* 102 Idem ; p.370