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Les ONG et la transformation des conflits dans le territoire d'Uvira.


par Christian KIKA KITUNGANO
Université Officielle de Bukavu, UOB - Licence en sociologie 2016
  

Disponible en mode multipage

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    République Démocratique du Congo

    ENSEIGNEMENT SUPERIEUR ET UNIVERSITAIRE

    UNIVERSITE OFFICIELLE DE BUKAVU

    U.O.B

    FACULTE DES SCIENCES SOCIALES, POLITIQUES ET ADMINISTRATIVES

    DEPARTEMENT DE SOCIOLOGIE

    B.P.570 BUKAVU

    Les ONG et la transformation des conflits à Uvira

    Par KIKA KITUNGANO Christian

    Mémoire présenté et défendu en vue de l'obtention du diplôme de licence en Sociologie.

    Directeur : Professeur KAGANDA

    MULUMEODERHWA Philippe

    Encadreur : CT HABAMUNGU BASHWIRA John

    Année académique : 2015-2016

    DEDICACE

    A mon père et ma mère ;

    A mes frères et soeurs ;

    A mes neveux et nièces ;

    A mes cousins et cousines ;

    A mes confrères et consoeurs du Journal Le souverain Libre ;

    A mes compagnons de lutte ;

    A tous ceux qui ont contribué à la rédaction de ce travail.

    KIKA KITUNGANO Christian

    REMERCIEMENTS

    Au terme de ce deuxième cycle qui couronne des longues années d'études universitaires, il sied de reconnaitre les contributions des uns et des autres pour l'aboutissement de nos études. C'est pourquoi nous nous faisons le devoir d'adresser nos chaleureux remerciements à tous ceux qui ont, de près ou de loin, soutenu nos efforts.

    D'abord aux autorités académiques et facultaires de l'UOB en général et de la faculté des sciences sociales, politiques et administratives, département de sociologie en particulier, pour nous avoir doté des connaissances sociologiques nécessaires pour élaborer ce mémoire.

    Plus particulièrement, nous pensons au Dr Professeur Philippe Kaganda Mulume-oderhwa et au Chef de travaux John Habamungu Bashwira qui, malgré leurs innombrables tâches, ont accepté de nous diriger et encadrer dans la rigueur scientifique. Leurs conseils et remarques ont permis de produire ce travail.

    Les mêmes sentiments de gratitude sont exprimés à nos parents Kitungano et Kizilo Nyamazabo pour le sacrifice consenti afin de nous hisser au rang de licencié en sociologie.

    Nos remerciements les plus particuliers s'adressent à Mme Solange Lusiku, l'Editrice-Directrice du Journal ``Le Souverain Libre'' et son époux Dieudonné Boka Boroto pour nous avoir appris à pêcher.

    Que Messieurs Darius Kitoka et François-Xavier Kasilembo respectivement Directeur de service des informations et Administrateur financier au Journal Le Souverain Libre trouvent à travers ces lignes l'expression de notre reconnaissance.

    Chapeau bas à notre Oncle maternel Gérard Kitungano et son épouse Mme Furaha Nshombo pour leurs contributions financières, morales et spirituelles afin de mettre un terme à ces études.

    L'équipe du Journal Le Souverain Libre mérite, pour sa part, nos remerciements, nous pensons à Aubert Mukinzi, Egide Kitumaini, Daniel Sezibera, Keeka David, Ntony, François Cirume, Anne Mushigo, Pacifique Muliri, Claudine Kitumaini et Yves Kulondwa; c'est grâce à cette équipe que nous avons pu cultiver en nous l'esprit de professionnalisme en matière de presse.

    C'est avec une grande satisfaction que nous pensons à Songa Kitungano et son aimable Kika Benda Claudine pour nous avoir prodigué des conseils pendant nos études universitaires

    Nos sincères remerciements s'adressent également à nos amis de hautes factures, Sylvain-Dominique Akilimali et sa mignonne épouse Alliance Naomie Nakiliza, Alexis Byaombe et Bitwenge Noëlla pour leurs multiples appuis.

    Nous jetons des fleurs à la famille Jean-Baptiste Bulambo, Famille Mupenda, Famille Mansaka, Famille Jc Kubinda qui n'ont pas cessé d'être à côté de nous pendant des moments heureux et malheureux.

    Il serait étonnant de terminer ce travail sans pour autant remercier l'Assistant Raphaël Miseka Mulolwa pour avoir prodigué des conseils scientifiques durant la rédaction de ce travail

    Enfin que tous ceux qui, de près ou de loin, montrent un attachement particulier à notre humble personne, trouvent ici l'expression de nos sentiments de gratitude.

    KIKA KITUNGANO Christian

    SIGLES ET ABREVIATIONS

    ADEPAE : Action pour le Développement et de paix endogène 

    AFDL : Alliance des forces démocratiques pour la libération du Congo

    CCI : Cadre de Concertation Intercommunautaire

    CDJP : Commission Diocésaine Justice et Paix

    CLM : Comités locaux de médiation

    CT : Chef de travaux

    Dr : Docteur

    ECC : Eglise du Christ au Congo

    F : femme

    Fréq : Fréquence

    H : homme

    ONG : Organisation non Gouvernementale

    PIP : Paillotte intercommunautaire pour la paix

    RCD : Rassemblement Congolais pour la démocratie

    RDC : République Démocratique du Congo

    RIO : Réseau d'Innovation Organisationnelle

    SFCG : Surch For Common Ground

    UOB : Université Officielle de Bukavu

    INTRODUCTION

    0. Objet, choix et intérêt de l'étude

    Ce travail porte sur la transformation des conflits par les ONG à Uvira. Il cherche ainsi à analyser les stratégies ou les mécanismes de prévention, de résolution et de gestion pacifique des conflits à Uvira.

    Le choix de ce sujet est le résultat de notre volonté à contribuer au maintien de la paix en RDC et à Uvira en particulier. Ce territoire est compté parmi les régions martyres où les tueries, les pillages et les vols à mains armées sont faits dans les coins et restent maintenus dans la mémoire de la population. Les communautés responsables de ces troubles sociaux engendrent et entretiennent les conflits d'origine tribale. Il s'agit ensuite de la responsabilisation des actes de vandalisme d'une communauté à l'égard de l'autre. Ces éléments nous ont motivé à choisir ce sujet.

    L'intérêt de cette étude est triple. Il se situe tant au niveau personnel, pratique qu'à celui scientifique.

    Au plan personnel, ce travail est une opportunité qui nous est donnée de mettre à la disposition de la société, nos préoccupations majeures et sensibles comme mécanismes de maintien de la paix en RDC et de disponibiliser les stratégies rationnelles pour transformer le conflit à Uvira.

    Au plan pratique, ce travail est un guide et un outil essentiel à capitaliser par les gouvernants, les organisations confessionnelles, les autres organisations non gouvernementales en matière de paix, les autorités coutumières et la populationqui est d'une part, la première bénéficiaire de la paix, et d'autre part, victime de tous les maux sociaux liés aux conflits. Il s'agit, de ce fait, d'une étude rationnelle et plausible sur la transformation des conflits dans ledit milieu.

    Sur le plan scientifique, ce travail sera normalement consulté par les chercheurs qui voudront comprendre les voies et moyens pour la transformation des conflits en vue d'aboutir à une paix durable.Il est donc important en tant que sociologue, sur base de nos recherches, de fournir à d'autres chercheurs les informations sur la transformation des conflits et mettre à leur service des nouvelles théories et des mécanismes de transformation des conflits forgés par les ONG qui travaillent pour la paix à Uvira .

    1. Etat de la question

    Mignault note que la référence aux travaux d'autres auteurs aide l'auteur à établir une démarcation nette entre ses propres idées et les idées des autres apportées comme preuves, analysées ou réfutées1(*).

    La lecture in extenso des ouvrages des chercheurs précédents permet de pénétrer leurs pensées, d'apprécier les difficultés qu'ils rencontrent, les moyens qu'ils ont utilisés ou les surmonter, de saisir l'originalité de leur contribution et les lacunes qu'une autre recherche devra combler. Elle permet en outre d'utiliser les résultats déjà acquis afin que la recherche à entreprendre soit mieux faite et plus utile2(*).

    La preuve de la fouille documentaire montre que la production scientifique sur la transformation des conflits a déjà retenu l'attention de bon nombre de chercheurs dans le domaine scientifique. Nous relevons quelques travaux qui nous ont paru d'un intérêt non moins capital.

    Dans sa réflexion sur les obstacles et les chances du dialogue dans le contexte de conflit, Masumbuko Ngwasi3(*) soutient que les approches à caractère politico-judiciaire caractérisées par la négociation, la médiation ou les conférences de paix produisant des protocoles d'accords, des arrangements particuliers, des déclarations de paix, tendent à prendre appui sur ce qui est factuel, sur les aspects historico-événementiels immédiats et les aspects psycho-humains de surface. Souvent leurs résolutions et recommandations restent lettre morte, des voeux pieux.

    Dans ses explications, Ngwasi parle du non suivi des protocoles envisagés par les gouvernants et les organisations en matière de paix en vue de stabiliser où d'instaurer la paix. Quant à notre travail, il est nécessaire d'assurer la gestion pacifique des conflits après dialogue social avec objectif de faire régner la paix toute entière.

    Dans son essai de solution aux conflits de pâturage entre éleveurs et cultivateurs du groupement de Kakamba dans la collectivité plaine de la Ruzizi, Kabaya Babolo4(*)examine les différents facteurs qui sont à la base de rupture d'un type de confiance entre éleveurs. Il en distingue des causes immédiates. En vrac, il a retenu l'aridité liée aux conditions climatiques, la diminution des surfaces cultivables et des pâturages, l'explosion démographique et la surcharge animale, la compétition entre activités. Il soutient que les conflits de pâturage sont violents et aboutissent à des pertes en vies humaines et en bétails.

    Kabaya a essayé de mener sa recherche afin de dégager les causes et les conséquences de conflit de pâturage tout en proposant les stratégies de solution. Son champ d'étude est limité aux seules stratégies politico-judiciaires,pouvant guider ces catégories de personnes à résoudre le conflit. Les idées émises dans notre travail en ce qui concerne les mécanismes de résolution des conflits, sont complexes du fait qu'elles permettent d'étudier les conflits dans toutes leurs dimensions.

    ADAPAE5(*)soutient pour sa part que la procédure qui se dégage partout est celle de dialogue constructif et précisément la rencontre des personnes cheminant vers la vérité et cherchant à procurer le bien commun.

    La négociation est menée par des médiateurs et des facilitateurs. Cette procédure était conçue dans une logique telle qu'enfin de compte chacune des parties en conflit s'en sorte gagnante et se remette en confiance. Le partage du repas ou de la boisson, qui apparait comme un leitmotiv dans la transformation des conflits identifiés, est un symbole éloquent.

    Il ajoute que la finalité de cette justice était la transformation des conflits et du chao qu'ils peuvent occasionner en possibilité de rétablir l'ordre et la paix. Ces derniers ainsi retrouvés devaient se conserver durablement. Ceci était parfois garanti au-delà de la boisson et du repas de réconciliation par des gestes profonds au sein de la communauté Bafuliru, Babembe et Bahavu tels l'octroi d'une fille, le pacte de sang, les mariages mixtes symbole de la consolidation de la paix.

    L'accent pour cet auteur est mis sur la réconciliation, il ne tente pas d'étudier les causes des conflits or on ne peut pas transformer le conflit sans pour autant en connaître ses causes principales. Tandis que pour nous, avant d'étudier le processus de transformation des conflits il est bien attendu nécessaire de chercher les racines ou les origines du problème identifié.

    Dans son ouvrage « prévenir les conflits violents, quels moyens d'action ? » OCDE6(*), essaie de montrer que la consolidation de la paix et la réconciliation englobent l'ensemble des mesures à long terme pour soutenir la mise en place des structures politiques, socio-économiques, culturelles, viables et capables de traiter les causes fondamentales des conflits ainsi que d'autres initiatives visant à instaurer les conditions nécessaires à la paix et à la stabilité durable.

    Ces activités visent également à promouvoir des groupes en conflit avec la société marginalisée tout en permettant un accès équitable au processus des décisions politiques, aux réseaux sociaux, aux ressources économiques et à l'information. Elles peuvent être mises en oeuvre dans toutes les phases d'un conflit. Cette organisation continue à affirmer que dans les pays divisés par le conflit intergroupe, certains éléments de la société civile peuvent être en mesure de jouer un rôle important en exerçant une médiation entre les groupes, en favorisant le dialogue et la réconciliation.

    Cependant la violence du conflit sociopolitique elle-même, peut aussi susciter l'émergence d'institutions et d'acteurs nouveaux qui se consacrent spécialement à la cause de la paix. Cette étude propose des stratégies de résolution des conflits.

    Dans son étude sur la contribution de la société civile à la reconstruction de la paix en RDC : cas de GADHOP Beni-Lubero, KalungeroLusenge Yolande7(*), tente une certaine compréhension des concepts comme société civile, association membre, ses actions en termes des rapports des séminaires, de mémorandum, des messages, des dénonciations et des recommandations sur la démocratie et la paix.

    Il fait une analyse de la politique économique et sociale d'une part, la démocratie et la paix, des relations entre les facteurs essentiels des droits humains et de la paix, d'autre part. La question de la nationalité et la protection des minorités banyarwanda en RDC est étroitement associée à la problématique de la sécurité des frontières des pays agresseurs pour justifier la guerre en rapport avec leurs pays d'origine, sur la problématique de la double nationalité et de la citoyenneté transfrontalière.

    Ce travail décrit le problème lié à l'identité ou à la nationalité comme base d'instabilité ou d'insécurité source des répercussions sur la vie humaine. Il parle ensuite des problèmes migratoires qui créent en RDC la mésentente entre les Congolais et les Rwandais qui ont acquis la nationalité congolaise. L'auteur n'a pas proposé des solutions à mettre à la disposition des ONG et de la population, des méthodes nécessaires pour transformer les conflits et d'éloigner davantage la population.

    Alain Njangu et alii8(*)notent que les conflits remontent dans la nuit de temps des anciens royaumes et que ces conflits élevés étaient soit internes, soit externes. Les conflits internes avaient comme origine la conquête du pouvoir par des guerres de succession ou de sécession, les conflits à l'externe se manifestaient par des conquêtes ou d'hégémonies au cours desquels les princes, pour des raisons d'espace vital ou politique, voulaient étendre des terres d'autres royaumes.

    Ces auteurs décrivent l'évolution des conflits dans les sociétés traditionnelles. Il s'agit à ce niveau de conflits liés au pouvoir coutumier. Cependant, ils n'ont pas suggéré les mécanismes pour mettre un terme aux conflits mais plutôt à décrire le fait tel qu'il est.

    Hans et alii avancent que les conflits ethniques n'ont pas encore entravé des solutions. Ils se manifestent le manque de confiance, les suspicions, les haines, les tensions, les tueries, les manipulations, l'extrémisme intra et intercommunautaire, le non réalisme, la peur, le muselage de la presse et de liberté d'expression, les limites des mouvements de circulation. Ils poursuivent que l'un des grands obstacles aux tensions de paix est la persistance de la guerre, la présence des armées étrangères et bandes armées au Sud-Kivu. D'où l'insécurité, à tel enseigne que les activités de paix se déroulent à grande partie dans les villes car certains coins de la province sont inaccessibles. Ces initiatives de paix sont coordonnées et il naît, de ce fait, une vision divergente et diversifiée9(*)

    Les démarches de cette étude se limitent à décrire le conflit dans ses aspects ethniques et ses différentes manifestations, elle ne cherche pas non plus la solution au problème des conflits ni des mécanismes pouvant amener le conflit vers la phase de sa transformation. Pour cet auteur, ce sont des groupes armés locaux qui sont à la base des conflits dans un milieu ou dans une société.

    Pacifique Mwami10(*)constate que le conflit se manifeste ici lorsque l'occident, par convoitise de nos richesses naturelles, utilise d'autres pays africains et voisins à la RDC ou Sud-Kivu en amplifiant les guerres dans les pays afin de continuer à gonfler leur économie. Il constate également que les dirigeants se bousculent entre eux pour des intérêts égoïstes et que cette situation va jusqu'à créer les conflits au niveau des dirigés. Ce qui conduit à l'existence de deux camps selon que certains soutiennent et d'autres ne soutiennent pas ceux ou celui qui exerce le pouvoir.

    Pacifique estime que le conflit en Afrique est entretenu par l'occident à cause des diversités des ressources que regorgent les pays africains. Il cherche à étudier l'exploitation des dirigeants africains par leurs homologues occidentaux. Pour lui, les conflits naissent lorsque les dirigeants n'interviennent pas aux besoins de la population de leurs pays respectifs. Cet auteur se limite juste à expliquer le conflit en recherchant ses causes en dehors de l'Afrique pendant qu'il existe aussi des causes internes au conflit en Afrique même.

    Augustin Awak'ayom11(*) quant à lui, constate que la base des conflits devrait être une base de la culture de la paix à condition qu'il y ait articulation correcte des différentes identités qui se partagent l'espace social.

    Il affirme que les dirigeants de nos sociétés doivent poursuivre le bien de leurs populations par des actions intelligemment menées aux niveaux respectifs, où elles doivent être organisées pour être efficaces. Pour lui, la paix doit être le résultat des efforts conjugués dans la résolution des conflits. Il n'a pas relevé néanmoins les stratégies ni les causes et conséquences des conflits dans une société qui cherche à se développer. Car sans cela, l'on ne peut prétendre à un climat de paix dans une zone en conflit.

    Toussaint KafarhireMurhula12(*) dit qu'il existe un désaccord abyssal entre les nations ou ethnies et les citoyens, sur les valeurs fondamentales de la collectivité. La définition d'une société de liberté, d'un pouvoir consenti et partagé, d'un droit perçu comme naturel. Il ajoute que la plupart des analyses au sujet de la guerre en RDC limitent sa cause aux enjeux économiques, les raisons politiques sont non moins négligeables et mériteraient considération et analyse adéquate.

    Il s'agit d'une erreur d'élever au même niveau parfois en confondant les causes d'ordre politique et ses conséquences d'ordre économique. Et cela crée un déséquilibre qui ne va pas sans soulever la question non résolue de la nationalité réclamée par les Banyamulenge.

    Cet auteur essaie d'analyser le conflit lié à l'identité c'est-à-dire à la nationalité recherchée par les Banyamulenge. Pour lui, pour qu'il y ait la paix, il faut l'instauration de climat calme entre les individus et les communautés. En allant plus loin, l'on constate que l'auteur fonde la base de la paix dans l'attribution au peuple banyamulenge de la nationalité congolaise. Pour lui, cette nationalité doit être effective,  elle ne doit pas cibler une certaine catégorie d'individus. Or, la nationalité est attribuée au Banyamulenge mais jusque-là, la paix n'est pas instaurée. Le chercheur devrait chercher les vraies causes qui sont à la base de la guerre de Banyamulenge et en proposer des stratégies de transformation.

    Selon NgomaBinda13(*), pour voir la paix durable s'instaurer et voir les efforts sérieux de coopération s'amorcer, le dialogue doit continuer, nécessairement sous un climat nouveau, serein, loin de toute pression des armes, des tensions, des suspicions mutuelles. Chaque partie a l'obligation civique ou morale de comprendre qu'il est indispensable de doter d'un esprit pragmatique, de savoir réaliser les compromis sur tous les points de divergence, de cultiver la rencontre des soeurs, le dialogue sincère.

    Pour Binda, il n'y a que le dialogue qui est la meilleure voie pour arriver à la paix, sans cela, il n'y a pas d'autres chemins qui peuvent conduire à la paix. Nous estimons de notre côté qu'il s'agit de plusieurs moyens nécessaires aux acteurs d'espérer à la paix durable. La négociation sociale dans tout processus de transformation des conflits nécessite le respect strict des normes établies par la société. Le dialogue n'est pas le seul moyen d'aboutir à la paix sociale.

    Pour Philippe de Leerner14(*), les vrais experts en conflit, les véritables gestionnaires, sont ceux et celles qui les vivent ou qui en sont victimes. Il note qu'un conflit est avant tout une situation privilégiée d'apprentissage à tous les niveaux, sur soi-même ou sur sa situation ou celle de ses pairs, sur le monde qui nous entoure, ses logiques, ses rouages, ses acteurs et ses stratégies. Pour lui, il faut positiver le conflit, il veut dire par là que, gérer un conflit ne signifie pas nécessairement le résoudre, mais en retirer un maximum davantage et des leçons pour un maximum d'acteurs concernés.

    Les études de Philippe se limitent à donner aux acteurs, les stratégies pour arriver à la paix sans pour autant mettre l'accent sur les causes lointaines et proches des conflits alors que ces éléments constituent les moteurs pour transformer les conflits. A ce titre, il est difficile de résoudre un conflit dont on ne connait pas l'origine et la cause.

    Tous ces travaux abordent les conflits dans différentes dimensions, ils essaient de situer les acteurs, les modes de résolution, les conséquences et les causes des conflits dans leur contexte global. Ils énumèrent les manifestations des confits dans leur caractère violent mais dégagent rarement les solutions pour que la paix soit établie.

    Quant à ce qui concerne notre travail portant sur les ONG et la transformation des conflits à Uvira, nous étudions les mécanismes rationnels de transformation des conflits par les ONG faisant partie de notre cible. Il s'agit des mesures pour prévenir, résoudre et gérer pacifiquement des conflits et de poursuivre l'évolution de la paix établie. Nous relevons en outre des attitudes, à adopter par les acteurs directs et indirects pendant la résolution des conflits et ce, après avoir identifié les causes proches et lointaines des conflits.C'est une étude critique appuyée par des outils épistémologiques en vue de vérifier les stratégies mises en jeux par la CDJP/Uvira, l'ADEPAEdans le contexte interne et externe de la cité d'Uvira.

    2. Problématique

    La problématique est l'art de poser des problèmes dans un domaine précis de la connaissance que certaines données soient perçues et cela à travers des concepts et des mesures qui sont le fruit des problèmes antérieurs résolus15(*).

    Toute connaissance scientifique est fondamentalement une démarche. C'est pourquoi en tant que scientifique, nous insistons sur l'esprit de créativité qui demeure un moyen et une aptitude matérielle par lequel l'homme se réalise comme un producteur d'un environnement utilitaire. Il s'agit également des réponses appliquées immédiatement à la situation concrète des questions sociales apportées par la recherche scientifique.

    Il arrive également que les premières réponses obtenues servent de prélude à la relance du processus de questionnement car si à un moment donné, nous sommes en mesure de formuler une question c'est probablement parce que nous avons constaté précédemment un problème.

    Dès lors, un problème peut se définir comme un écart constaté entre une situation de départ insatisfaisante et une situation d'arrivée désirable16(*). La formulation des problèmes est donc une étape essentielle de la recherche scientifique.

    En effet, les conflits ont eu lieu tout au long de l'histoire et font partie intégrante de l'humanité. Des conflits arrivent à tous les niveaux que ce soit au niveau du ménage, de la communauté ou du pays17(*).

    Depuis plusieurs décennies, l'Afrique est déchirée par les guerres ouvertes ou larvées allant jusqu'à la déliquescence de l'Etat et à l'émergence des seigneurs des guerres dont les actions sont absurdes, suicidaires, sans principes, sans programme en dehors de toute logique et encore moins révolutionnaire18(*).

    La prévention, la résolution et la gestion pacifique des conflits est une gamme de processus visant à atténuer ou à éliminer les sources des conflits. Selon le contexte, les différentes couches de la population ont joué différents rôles et souvent complémentaires. Elles ont obtenu des résultats impressionnants en ce qui concerne la transformation des conflits. Dans un système social composé des individus intériorisant des modèles culturels, l'intégration peut désigner le degré de consensus entre ses membres, d'où le conflit doit être comme dysfonctionnel mais également comme un facteur d'intégration.

    La transformation des conflits dans les régions déchirées par toute catégorie des conflits demande des moyens non négligeables qui sont fondés sur la capacité financière et morale des acteurs.Nous nous sommes rendus compte de la situation que parcourent les ONG dans le territoire d'Uvira.

    Les projets des initiatives de développement encouragent des contacts constructifs entre individus et organisation communautaire dans les régions particulièrement exposées aux conflits afin d'abattre des barrières sociales anciennes et de créer un contexte favorable à la consolidation de la paix.

    Par ailleurs, on remarque la présence des diverses communautés locales qui se rangent derrière leurs leaders politiques ou militaires en vue de défendre leur cause et d'être sécurisées. Cette situation a pour conséquence la généralisation de l'insécurité, la prolifération des armes et munitions de guerre par les membres de certaines communautés locales soucieuses de se protéger ou de revendiquer les droits divers19(*).

    Le tissu social de la province du Sud-Kivu et d'Uvira en particulier est profondément déchiré. Il est urgent et impérieux de trouver tous les mécanismes susceptibles de contribuer de manière à restaurer l'harmonie au sein de la population après avoir transformé le conflit en vue d'une paix durable et du bien-être social.

    La paix dans le territoire reste incertaine suite à la présence des groupes armés qui sèment l'insécurité dans toute l'étendue. Des vols et violences sexuelles commis par les bandits à mains armées, les tueries, les conflits identitaires, conflits fonciers et conflits liés au pouvoir y sont également dentifiés.

    Les communautés locales évoluent dans un contexte de conflits et de violence depuis plusieurs décennies, marqués par des sentiments d'intolérance, de préjugé et de soupçon dont les massacres et le développement des milices à caractère tribal ont été des facteurs aggravants.

    Depuis l'arrivée des refugiés en RDC, le conflit a relevé des vives tensions entre les communautés locales et les étrangers vivants dans le territoire d'Uvira. Il est à noter qu'à Uvira, on a signalé une série des guerres entre les troupes rebelles qui ont engendré le conflit, les maladies, la haine tribale, les tueries et consort, occasionnant l'arrivée massive des ONG à caractère confessionnel ou non.

    Pour pallier à cette situation, les ONG se lancent sur le terrain en accomplissant certaines tâches. Au regard de ce qui précède, nous nous posons les questions suivantes :

    · Quel est l'état des lieux de la paix à Uvira ?

    · Quelles sont les fonctions jouées par les ONG dans la transformation des conflits à Uvira

    · Que faut-il faire pour améliorer l'intervention des ONG à Uvira ?

    Telles sont les questions qui fondent notre étude et auxquelles nous tentons de trouver des explications tout au long de cette dissertation.

    3. Hypothèses

    Nous savons bien que l'hypothèse est une réponse provisoire à la problématique, différents auteurs en donnent une ou deux définitions complémentaires. Pour Marie Fabienne, Fortes Brune Deshies et Benoit Gautier20(*), une hypothèse est un énoncé formel qui prédit la ou les relations entendues entre deux ou plusieurs variables, c'est une réponse plausible au problème de la recherche.

    Selon Lalande et M. Gigue During21(*), l'hypothèse est une conjecture douteuse mais vraisemblable, par laquelle l'imagination anticipe sur les connaissances et qui est destinée à être ultérieurement vérifiée.

    Pour Madeleine Grawitz, l'hypothèse est définie comme étant une proposition des réponses provisoires à des questions posées qui tend à formuler une relation entre les faits significatifs22(*).

    Il s'agit d'une réponse qui n'est pas actuellement prouvée sur laquelle on fonde un raisonnement. Cette hypothèse nous permet de dépasser la dimension descriptive pour atteindre une dimension explicative et compréhensive.

    Nous nous fondons à la définition de Madeleine pour dégager l'hypothèse de ce travail. Ainsi, voici les hypothèses qui en découlent :

    · La paix dans le territoire d'Uvira est menacée dans tous les coins. Le conflit est marqué par le sentiment d'intolérance, de préjugés et des soupçons. Des tueries sont signalées dans différents groupements dont les groupes armées proches d'une quelconque communauté seraient l'auteur.

    · Les mécanismes de transformation des conflits mis en place par ces ONG sont divers et dépendent d'une organisation à une autre. La négociation, la réconciliation, les procédures de prévention et de résolution pacifique des conflits sont des fonctions remplies par l'ADEPAE, la CDJP et le RIO.

    · Pour améliorer le travail des ONG, Il est donc important de doter ces ONG des moyens matériels, financiers et moraux en vue d'atteindre leurs objectifs visés. En outre, ces ONG doivent se rallier derrière la politique du gouvernement congolais pour bien remplir ces tâches mais aussi consulter les chercheurs, spécialistes en conflit enfin de leur venir en aide.

    4. Délimitation de l'étude

    Cette étude se focalise sur les ONG et la transformation des conflits à Uvira.

    Il s'agit des ONG oeuvrant particulièrement dans le domaine des conflits ayant comme objectif l'établissement de la paix. Le choix de cet espace n'est pas un fait aléatoire, c'est à la suite de notre longue présence dans cette partie du pays ; une période pendant laquelle les mouvements de résistance du sud-sud avaient bénéficié du soutien de leurs communautés respectives sous la rébellion du RCD. Mais, en même temps que ce soutien à la fois volontaire et forcé se matérialisait, ces mouvements armés exposaient les membres de leurs communautés à des dangers de massacres, de repli identitaire et de manipulation politicienne22(*).

    Cette étude couvre une période de 20 ans environs, allant de 1996 à 2016, il est question de répertorier les moments frappant qui caractérisent les retombés des conflits dans ce territoire.L'année 1996 est la période pendant laquelle le conflit s'est intensifié à cause de la guerre de l'AFDL conduite par Laurent désiré Kabila et ses alliés rwandais, burundais et ougandais et qui, avait occasionné des pertes en vies humaines et des pillages généralisés.

    Au regard de cette situation, les ONG ont fait leurs interventions en vue de réduire et de mettre fin à des crises issues de la guerre à l'Est de la RDC et particulièrement en territoire d'Uvira, province du Sud-Kivu. Il s'agit ensuite des mécanismes qui ont été mis en jeu pour la transformation des conflits par les ONG dans le but de parvenir à la consolidation de la paix dans la région. Par contre l'année 2016, c'est l'année de la rédaction de ce travail scientifique.

    Auregard des matières traitées dans le présent travail, cette étude s'inscrit dans le prolongement de deux disciplines à savoir la sociologie des conflits et celle des organisations. Nous allons ressortir les mécanismes mis en place par les ONG pour la transformation des conflits à Uvira mais aussi mettre à la disposition des chercheurs la nature de conflit, ses dangers et ses fonctions dans le territoire d'Uvira.

    5. Difficultés Rencontrées

    Une voie qui mène vers une connaissance ne manque pas des failles. Durant notre recherche, nous nous sommes heurtés à des multiples difficultés dont voici les plus frappantes :

    - Parcourir une longue distance pour atteindre notre lieu d'étude, ce qui nous a exigé de s'absenter au cours pour aller circuler dans les bureaux à la recherche des agents à contacter et des personnes faisant partie de notre échantillon ;

    - Le manque d'accès à certains documents et rapports en vue de bien clarifier le travail notamment les rapports sur les violences sexuelles perpétrées par les groupes armés réguliers et irréguliers et même les membres de la communauté ;

    - Certains de nos enquêtés nous demandent de l'argent pendant la récolte des données relatives à la rédaction de ce travail, alors que ce travail constitue leur plaidoirie des actions menées par les ONG.

    - En étant dans un pays du tiers monde, nous ne pouvons énumérer ces difficultés sans pour autant parler des difficultés d'ordre financier pour bien mener cette recherche.

    La méthode fonctionnelle nous a permis de dégager les fonctions et les dysfonctions des conflits dans le territoire d'Uvira. Les techniques d'observation directe, l'interview et autres nous ont vraiment facilité à contourner les difficultés. Certains proches présents dans ces organisations nous ont aidé à déceler le fonctionnement du système organisationnel. Nous avons même partagé avec certains jeunes gens les repas dans les restaurants de Kidoti dans le but de nous dévoiler des personnes qui entretiennent des troubles dans le milieu.

    6. Subdivision de travail

    Hormis l'introduction et la conclusion, ce travail est subdivisé en trois chapitres repartis en différentes sections. Le premier chapitre traite du cadre conceptuel, théorique et méthodologique ; à ce niveau, nous avons tout d'abord défini de manière détaillée les concepts clés et opérationnels relatifs à ce travail, ensuite nous avons procédé à situer notre mode de pensée dans un prolongement théorique, c'est ainsi que la théorie de régulation sociale du sociologue Daniel Reynaud est considérée comme la théorie principale de ce travail. La dernière section enfin développe le cadre méthodologique, ici nous avons utilisé la méthode fonctionnelle de R.K. Merton et les techniques d'échantillonnage, d'observation directe, d'analyse de contenu, d'interview et de documentaire.

    Le deuxième chapitre parle de la nature des conflits dans le territoire d'Uvira, il s'étend sur trois sections à savoir: le regard sur les conflits, les fonctions sociales des conflits dans la vie sociale et le cadre d'analyse de conflit dans un environnement social.

    Enfin, le troisième et le dernier chapitre développe à son tour des stratégies de transformation des conflits à Uvira, ici nous présentons l'échantillon et les caractéristiques des enquêtés, les approches développées par les ONG dans le but de transformer les conflits, les forces et les faiblesses des ONG et enfin les approches rationnelles de transformation des conflits à Uvira.

    CHAPITRE PREMIER : CADRE THEORIQUE, CONCEPTUEL ET METHODOLOGIQUE DU TRAVAIL

    Ce chapitre développe certaines notions qui servent de point de départ dans compréhension des faits étudiés. Il aide d'une manière ou d'une autre à saisir le sens des concepts clés et opératoires dans le but de rendre ce travail plus intelligible et clair. Ensuite, il circonscrit le contour théorique de l'étude tout en définissant la voie ou la démarche méthodologique pour la compréhension de l'étude.

    I. CADRE CONCEPTUEL

    Sous cette section nous définissons les concepts d'ONG, de paix, de transformation, de conflit, de négociation et de médiation.

    1. ONG

    Il s'agit d'un sigle signifiant Organisation Non Gouvernementale.

    Selon Henri Mintzberg23(*), une organisation non gouvernementale est une association des personnes caractérisées par six critères ci-après :

    - Caractère apolitique et objectif ;

    - Caractère humanitaire ;

    - Disponibilité des ressources ;

    - Propre dimension permettant la participation de la population à la gestion ;

    - La tenue d'une comptabilité ;

    - Absence de but lucratif.

    Une ONG est une association des personnes qui se groupent librement dans le but de résoudre le problème de misère qu'une population parcourt24(*). Pour sa part, Alain Birou25(*) dit que le terme ONG nous vient du système des nations-unies et à l'origine, son sens est plus large que celui d'organisation privée de développement. Selon l'organisme international, la catégorie des ONG peut aussi comprendre des organisations, des services à but lucratif, des fondations, des services pédagogiques, des Eglises ou des hôpitaux.

    Cette appellation a été acceptée par l'ensemble de la communauté internationale pour désigner plus particulièrement les associations sans but lucratif impliquées dans le développement international à l'aide des programmes vers l'étranger ou d'actions locales liées au problème de développement.

    A ce titre, nous avons établi les principaux critères qui doivent être mis en considération pour définir une ONG, il S'agit des critères suivants :

    - Origine privée de sa création ;

    - Le but non lucratif de son action ;

    - L'indépendance financière ;

    - L'indépendance politique ;

    - La notion d'intérêt publique ;

    - L'action humanitaire.

    Dans le cadre de cette étude, nous retenonsla définition qui considère l'ONG comme une personne morale qui, bien que n'étant pas un gouvernement, intervient dans le champ national et international en vue de résoudre le problème qui sévit au sein de la communauté c'est-à-dire tout ce qui est confiant, intime, vivant exclusivement ensemble26(*).

    Alors pour mieux saisir le concept ONG, il convient de prendre en compte l'origine de sa création, sa typologie, son mode de fonctionnement et sa politique d'action.

    a. Naissance des ONG

    Selon Claude Gueneau27(*), il s'agit d'un courant de solidarité du Nord avec le tiers monde et des mouvements des militants politiques de lutte anticoloniale.

    Delville28(*) quant à lui, dit qu'il s'agit pour la communauté de traiter directement avec les organisations de base en évitant par le bas les structures politiques.

    Le monde est de plus en plus divisé en deux dont une partie est en guerre et l'autre en paix. La crise entoure surtout les pays touchés par la guerre ; cette crise est manifestée par le choc, la dette, la longue dépendance, la faim, le déséquilibre économique, l'instabilité politique, l'insécurité dans les milieux ruraux que dans les milieux urbains qui ne peuvent trouver d'autres solutions qu'au niveau mondial.

    Remarquons cependant que cela relève de la volonté de certains citoyens d'être des acteurs de la solidarité internationale. Ainsi à côté de la solidarité Etat à Etat, se développent des solidarités non gouvernementales gérées par les ONG.

    Elles se multiplient rapidement dans les pays sous-développés et même dans les pays en voie de développement. On essaie de véhiculer les idées selon lesquelles c'est la voie la plus facile pour atteindre la phase du développement. La réalité nous montre après notre observation que les pays taxés sous-développés ou du tiers monde ne peuvent jamais se développer avec les ONG ou avec les actions de celles-ci mais plutôt avec la présence de cultures capables de les révolutionner.

    Pour Michel Foucault29(*), les ONG se désignent un devoir de la citoyenneté internationale de toujours faire vouloir aux yeux et aux vues des gouvernements, les malheurs des hommes. Ces malheurs ne doivent jamais être une lettre muette de la politique.

    La vie des africains ou des congolais est trop différente de celle des européens. Au Congo, on admet des choses inadmissibles. Il n'est pas acceptable pour un européen, même si des difficultés passagères (comme le chômage) ne soient pas résolues dans un pays, d'admettre que le fonctionnement des circuits d'entraide internationale ne permette pas de réaliser l'adéquation entre la misère et la faim d'un côté, les excédents de l'opulence de l'autre. C'est l'équilibre général des relations entre les hommes et en définitive la paix, qui en sont la cause30(*).

    Dans le cadre de cette étude, nous définissons une ONG comme une association des personnes qui se regroupent dans le but de promouvoir la paix sociale dans une ou plusieurs communautés, de sensibiliser la population sur la cohabitation pacifique et de disponibiliser les stratégies de transformation, une fois le conflit se déclenche.

    b. Typologie des ONG

    On distingue les ONG du Nord des ONG du Sud. Selon cette typologie, les premières reçoivent des dons publics et les subventions de l'Etat et les secondes en sont financées. Les ONG qui sont étudiées dans ce travail sont des ONG du Sud. Par ailleurs, nous distinguons deux types d'ONG à savoir :

    - Les ONG caritatives

    - Et les ONG de développement

    1. Les ONG caritatives

    Elles s'occupent de l'assistance matérielle, morale et parfois financière. Ces ONG peuvent être internationales ; qui agissent en cas d'urgence et peuvent revêtir le caractère confessionnel ou non.

    2. Les ONG de développement

    Elles s'occupent des causes de la misère et cherchent à amener la population à se prendre en charge.

    c. Mode de financement et politique d'action

    1. Mode de financement

    Le mode de financement des projets de développement constitue déjà un obstacle au développement socio-économique du milieu. Basinga31(*) a retenu du protocole d'accord respectif des ONG ces mots : « voulez-vous de l'argent pour votre développement et celui de vos milieux de vie ? D'accord mais en voici les conditions d'accessibilité et de faisabilité : rapport narratif et financier à jour, et respectant nos indicateurs de vérification stricte.

    Fernand Vincent 32(*) souligne qu'il faudrait financer autrement les associations et ONG du tiers monde à travers les quatre étapes d'une autonomie financière qu'il propose comme suit :

    - Mettre en valeur et mobiliser les ressources existantes localement ;

    - Développer les capacités économiques rentables ;

    - Mieux gérer l'aide ;

    - Capitaliser les ONG.

    2. Politique d'action

    Vers les années 1997, les ONG ont vu le jour en RDC surtout celles orientées dans les domaines des enfants suite à la guerre de l'AFDL. Généralement, les formules des ONG ont pour objectif d'entrainer les sociétés dans un programme d'éducation. Peu à peu, cette guerre va engendrer des conflits ayant la source dans les conflits armés, lesquels nous comptons développer dans une section de deuxième chapitre.

    2. Transformation

    Il nous semble difficile à ce niveau de donner le sens du concept transformation. Plusieurs dictionnaires spécialisés n'ont pas, à ce titre, essayé de donner la définition de ce terme. Nous disons avec Mumbu33(*) que ce concept peut signifier plusieurs choses à la fois selon l'usage et le contexte dans lesquels il est utilisé. Il signifie donc donner à une personne ou à une chose une forme que celle qu'elle avait précédemment, par extension, il désigne l'amélioration.

    Pour ce qui nous concerne, la transformation signifie dans cette étude, faire quitter le conflit dans l'état de violence à un état de non-violence en vue de consolider la paix à travers la négociation.

    3. Conflit

    En guise d'opérationnaliser ce concept, il convient tout d'abord d'en donner une série des définitions retenues dans le cadre de cette étude.

    Selon Mushi Mugumo34(*), ce terme est souvent utilisé dans la vie quotidienne pour signifier l'absence d'accord et d'harmonie entre deux personnes, deux unités, deux ou plusieurs entités locales.

    Yves Alpeet ses compagnons35(*) estiment que le conflit est une opposition entre individus ou groupes sociaux et des valeurs ou des intérêts cherchant à instaurer un rapport des forces en leur faveur.

    Christian Marsan36(*) définit le conflit comme les manifestations d'antagonismes ouverts entre deux acteurs (individuels ou collectifs) aux intérêts momentanément incompatibles quant à la possession ou la gestion des biens rares matériels ou symboliques.

    Il peut en outre être compris comme une relation antagoniste entre deux ou plusieurs unités d'action dont l'une, au moins, tend à dominer le champ social de leurs rapports. L'existence d'un conflit suppose en effet deux conditions apparemment opposées, d'une part des acteurs ou plus généralement des unités d'action délimitées par des frontières et qui ne peuvent donc être des forces purement abstraites. D'autre part, une interdépendance de ces unités qui constituent les éléments d'un système37(*).

    Pour Reinhard38(*), le conflit est un choc, il peut aussi avoir une signification positive ; dans ce cas, il peut prendre le sens de crise, chance, croissance..., car il est inhérent à la nature humaine.

    Pour nous, ce terme conflit désigne un choc, une lutte, une tension, un désaccord ou une mésentente entre deux ou plusieurs individus ou communautés ayant des intérêts à sauvegarder pour son épanouissement. C'est-à-dire lorsqu'un individu ou une communauté confisque les intérêts d'autrui, il se crée des tensions entre les deux parties.

    La langue chinoise ou japonaise souligne par ailleurs l'ambivalence du mot conflit : les caractères qui composent ce mot signifient à la fois « danger » et « opportunité » exprimant nettement la dualité, que le conflit peut être destructeur ou constructif selon la manière dont il est géré39(*). Cette affirmation met en évidence une capacité à maîtriser, à contrôler et à orienter positivement le conflit.

    Le conflit est au centre des rapports entre personnes et entre communautés ou entre collectivités humaines. Il a pour fonction de construire entre elles des relations de justice.

    La relation entre les individus dans la société est constituée de leurs personnalités. Chacun a besoin de l'autre. Le premier contact avec un individu est souvent conflictuel, il est alors une relation d'adversité, de tension, d'affrontement. C'est à travers des conflits qu'on se fait reconnaître. Il convient de dire que le conflit a plusieurs visages et apparait sous diverses formes. C'est dans ce contexte que Reinhard parle du conflit positif et de conflit négatif40(*). Dans le territoire d'Uvira, les communautés se reconnaissent à travers différentes réactions affichées face à un conflit.

    Dans la plaine par exemple, les Barundi et les Banyamulenge savent que lorsque leurs vaches détruisent les champs cultivés par le Bafuliru, c'est la tension qui se déclenche. Chacune des communautés sait déjà la réaction de l'attitude de l'autre face à la menace de ce genre.

    Il est positif quand il est mobilisateur d'autres énergies et quand il est vu comme quelque chose qu'il faut résoudre ensemble. Il peut amener une exploration de valeurs, de sentiments. Pendant la phase de la négociation entre deux communautés du territoire qui aboutit à des protocoles d'accords suite à un compromis ou un consensus entre membres des communautés, dans ce cas, on parle du conflit positif dans le territoire d`Uvira.

    Il est négatif et destructeur quand il consume toutes nos énergies et quand on n'arrive pas à travailler, à dormir, quand le protagoniste est vu comme un adversaire à abattre. La situation conflictuelle à Uvira permet la constatation d'une opposition entre personnes ou entités c'est-à-dire entre partie en conflit.

    En d'autres termes, lorsque un conflit qui oppose régulièrement les membres de communauté Barundi et à celles de Communauté Bafuliru qui se solde souvent pour ne pas dire toujours par un désaccord entre membre, on parle aussi du conflit négatif

    4. Paix

    Selon MonktarLakehal41(*), la paix ou l'état de paix des idéologies politiques est passée progressivement de celui « d'absence de guerre » sans d'autres intérêts à celui d'une période de construction d'un ensemble des liens étroits entre un nombre croissant du peuple à travers une série des faits et d'événements entre autres : généralisation de droit de l'homme, promotion de la démocratie, ouverture des marchés nationaux à la concurrence internationale, multiplication des accords multinationaux, signatures des pactes d'amitié et de non agression, développement d'institutions internationales de la prévention et d'arbitrage des conflits.

    La paix désigne l'état de concorde, d'accord entre les citoyens, les groupes sociaux, l'absence de lutte sociale, des troubles sociaux, entente. C'est l'état d'un groupe de personnes qui ne sont pas en querelles, en conflit. Etat de tranquillité, de repos chez quelqu'un42(*). Elle signifie aussi la concorde, la tranquillité intérieure dans les Etats, les sociétés, les familles. Elle implique la tranquillité de l'âme et de la conscience43(*).

    On doit sans doute s'attaquer à la pauvreté et promouvoir le développement social et économique pour espérer construire une véritable paix.

    Nous disons avec Ake Patrice44(*), la véritable paix ne consiste pas seulement dans l'absence de lutte armée mais l'ordre pacifique. Chercher à définir la paix, c'est se heurter à plusieurs difficultés.

    Nous préférons la définition proposée par le dictionnaire la rousse ; le vocable « paix » peut alors être entendu comme l'état de concorde, d'accord, de tranquillité, de repos entre individus, les groupes et communautés de vivre ensemble ou en société qui se développe ou se cultive.

    Pour aller loin, Ake Patrice45(*) distingue trois types de paix à savoir :

    - La paix privée ;

    - La paix publique ;

    - Et la paix internationale.

    a. La paix privée, consiste en un état de calme et de sérénité qui ne vient troubler aucune passion ; ni intérêt.

    b. La paix publique, Consiste en un état de concorde ou d'harmonie qui règne entre les citoyens d'une même unité politique ou bien en état de belligérance entre les Etats. Cette catégorie se subdivise en deux :

    - La paix intérieure (s'observe à l'intérieur d'un Etat) ;

    - La paix extérieure (s'observe entre deux états).

    c. La paix internationale, repose sur des sentiments d'une collectivité de former une communauté en vertu de laquelle les citoyens acceptent l'obéissance civile et la répression de la violence d'un individu avec les autres.

    Notre travail s'inscrit dans le prolongement de la paix privée et de la paix publique. Il se base sur un accord, sur des fins pratiques d'importance comme l'organisation de pouvoir et d'intérêt général de la collectivité afin de reconnaitre les principes de l'impératif de la sécurité.

    5. Négociation

    Pour Bayla Sow46(*), la négociation est un processus sur lequel deux ou plusieurs parties cherchent à établir un accord sur ce que chacune entend prendre ou donner.

    Le terme négociation s'entend de toute forme de communication directe ou indirecte en vertu de laquelle les parties qui ont des intérêts opposés discutent des mesures qu'elles pourraient prendre ensemble pour gérer et éventuellement résoudre le différend qui les oppose47(*).

    Pour Emma Nathalie48(*), une négociation est une discussion permettant de parvenir à un accord. Elle peut avoir lieu entre personnes ou entre institutions. Quant à ce qui concerne notre travail, la définition donnée par Barreau parait la mieux indiquée.

    6. Médiation

    J-P Bonafé Schmitt49(*) définit la médiation comme un processus le plus souvent formel par lequel un tiers neutre tente, à travers la conduite d'une réunion, de permettre aux parties de confronter leurs points de vue et de rechercher avec son aide une solution aux litiges qui les opposent.

    La médiation est un processus volontaire et flexible qui se déroule dans un cadre privé et confidentiel. Une personne privée neutre et impartiale, le médiateur aide de personnes impliquées dans un conflit à communiquer à tenter de résoudre leurs difficultés et à trouver par elles-mêmes une issue favorable à leur mésentente50(*).

    Guillaume51(*) considère la médiation comme un mode de construction et de gestion de la vie sociale grâce à l'entremise d'un tiers, neutre, indépendant sans autre pouvoir que l'autorité lui reconnaît le médiateur qui l'auront choisi ou reconnu librement. La deuxième définition répond mieux à notre travail.

    7. Schéma d'analyse du cadre conceptuel

    CONFLITS (qui opposent les communautés banyamulenge, Bafulero, Bavira et Barundi)

    CDJP

    RIO

    ADEPAE

    Stratégies de transformation des conflits. (La négociation, la médiation, l'arbitrage, ....)

    Paix (les règles à Suivre permettent à la population de vivre dans l'harmonie

    Légende :

    : Interaction

    : Relation

    Le schéma d'analyse du cadre conceptuel nous amène à faire une analyse multi variée. Dans ce travail, notre objectif est d'étudier les mécanismes utilisés par les ONG pour transformer les conflits à Uvira. La CDJP, le RIO et l'ADPAE sont des acteurs indirects au conflit ; leurs objectifs consistent à mettre en place des stratégies appropriées et adéquates pour transformer les conflits dans le territoire d'Uvira. Les mécanismes de régulation développés, constituent pour nous un pont qui relie le conflit à la paix c'est-à-dire ces stratégies qui servent d'un canal qui quitte l'Etat de conflit vers l'Etat de paix ou l'Etat de violence vers la non violence. Ce qui fait que le concept conflit, paix et stratégie de transformation sont en interaction et en même temps en relation avec les la CDJP, le RIO et l'ADEPAE.

    II. CADRE THEORIQUE

    Toute théorie est un outil des chercheurs, elle appartient à l'ordre symbolique c'est-à-dire dans un langage artificiel, construit pour le besoin de la cause et dans cette mesure, elle comporte des concepts de type sémantique se référant à des concepts des phénomènes syntaxiques dont le rôle de facteurs est d'articuler d'autres concepts52(*).

    Pour dépasser ce débat académique, nous avons nécessairement soumis la pratique scientifique à une réflexion, qui, à la différence de la philosophie classique de la connaissance, s'applique non pas à la science faite, science vraie dont il faudrait établir les conditions de possibilité et de cohérence ou les titres de légitimité53(*).

    A ce niveau, il est important d'avoir un mode de raisonnement qui va nous permettre de rendre ce travail intelligible.

    Pour être plus précis, notre étude s'inscrit dans la perspective théorique de « régulation sociale » de Jean-Daniel Reynaud54(*), cette théorie s'intéresse à la construction d'un ordre social. Elle cherche à reconnaitre l'existence des tensions dans l'espace social et à appréhender les modalités de maîtrise de celles-ci afin de permettre le fonctionnement, l'évolution ou la pérennité des collectifs humains. Reynaud dans sa théorie vise à montrer comment les acteurs d'un système social la régulation sociale créent et le font évoluer en produisant des règles légitimes afin de le faire fonctionner.

    En appliquant cette théorie à notre travail, elle nous amène à penser que les conflits dans le territoire d'Uvira constitue une menace qui crée des tensions au sein de la population.En effet, il est nécessaire pour les ONG à travers leurs mécanismes d'instaurer les règles sociales au sein de la population en conflit afin que ce dernier ne se déclenche de nouveau. Les ONG sont considérées comme des acteurs régulateurs des conflits en territoire d'Uvira. La population et/ou les parties en conflit sont là pour mettre en application des règles établies issues des assises ou de négociation, dialogue et médiation.

    Cette théorie de régulation sociale met l'accent sur trois concepts de base à savoir :

    - Les règles ;

    - La négociation ;

    - Et les conflits.

    1. Les règles

    La notion des règles du jeu est centrale pour désigner le produit de la rencontre des acteurs, puisque ce que produisent et ce qu'échangent les acteurs ce sont des règles. Comme l'écrit Reynaud, dans sa préface, agir c'est poser des règles car les acteurs affirment une prétention aux règles à leur maintien ou à leur transformation et consubstantielle à l'action. Les mécanismes des ONG pour la transformation des conflits à Uvira aboutissent toujours aux règles qui apparaissent sous diverses formes notamment les accords signés entre parties en conflits, les déclarations entre parties, lettre ou acte d'engagement entre protagonistes et cela à travers la médiation des ONG.

    La règle est un principe organisateur, elle peut prendre des formes diverses. Selon Emile Durkheim55(*), les règles sont une expression de solidarité en vigueur dans une société, d'où les parties en conflit sont obligées de mettre en pratique les règles afin d'espérer et/ou de cultiver la solidarité au sein de la société.

    2. La négociation

    Elle est le concept central de la régulation sociale. Ici nous allons nous baser sur la négociation collective, qui s'inscrit dans un cadre plus ou moins formalisé, se met en place pour résoudre un problème partagé par les deux parties et aboutit à un accord qui est un texte provisoire qui cristallise l'engagement des protagonistes et prend place dans les accords.

    Cette négociation est un échange réglé qui suppose de se mettre d'accord sur des règles de telle sorte que l'échange ait lieu. La CDJP, ADEPAE, et RIO valorisent la négociation lors d'un processus de résolution pacifique des conflits et se clôture par la réconciliation entre les parties en conflit.

    3. Le conflit

    Le conflit est une autre forme d'échange. Il met en lumière les frictions entre le travail réel et le travail prescrit. Par rapport à la négociation, le conflit présente un avantage de révéler un acteur collectif capable de s'unir pour agir. Il est considéré comme un perturbateur de l'ordre social établi, dont il convient de transformer ou d'éliminer à travers la négociation. Il est nécessairement intéressant pour le médiateur, les dialogueurs et/ou les négociateurs de transformer le conflit de son état de violence à un état non violent pour limiter les dégâts.

    A ce titre, plusieurs auteurs ont émis des idées sur les conflits sociaux.

    Selon Ralf Dahrendorf 56(*), le conflit social est considéré comme une situation de rivalité entre des individus ou des groupes pouvant être de taille très différente, dont la finalité est d'obtenir un partage différent des richesses matérielles ou symboliques en modifiant, au besoin, le rapport de forces entre les protagonistes de l'action.

    Nous avons donc considéré le conflit comme une menace à l'établissement de l'ordre social ; dans cet ordre d'idées la vision du sociologue Emile Durkheim57(*) de l'évolution de la société, interprète en effet le conflit social comme un phénomène résiduel révélant la présence de dysfonctionnement dans les rapports sociaux. Cet auteur considère le conflit comme une conséquence pathologique d'un affaiblissement ou d'un excès des règles sociales.

    En allant plus loin, Georges Simmel58(*) estime que le conflit social contribue au maintien de la cohésion sociale, dans cette optique il essaie d'établir que le conflit n'est pas un mal, un dysfonctionnement qu'il s'agit d'éliminer plus vite bien au contraire, il est un facteur de socialisation.

    III. CADRE METHODOLOGIQUE

    La méthodologie est le mode de confrontation des idées issues à la fois de l'expérience et de l'imagination aux données concrètes, dérivées de l'observation en vue de confirmer, de nuancer ou jeter ces idées de départ59(*). Il s'agit d'un ensemble d'idées directrices qui orientent l'investigation scientifique60(*).

    A. Méthode

    La méthode est un chemin intellectuel qui nous permet de relier l'objet d'étude aux objectifs tout en démontrant les fondements de cette liaison. Elle est une démarche théorique et appliquée au moyen de laquelle l'esprit se déploie par le biais des outils de collecte et de sélection pour atteindre un ou des objectifs qu'on s'assigne au départ de la recherche61(*).

    Elle est également définie comme étant la voie qui vise à expliquer l'existence des éléments de la réalité en mettant en évidence des fonctions qu'ils remplissent.

    En fait, il s'agit donc de manière paradoxale de rendre compte de l'existence d'un élément de la réalité sociale se fondant sur les effets ou sur ses conséquences62(*).

    Pour élaborer ce travail, il sied de signaler que nous nous sommes appuyés sur la méthode fonctionnelle de Robert King Merton63(*) en vued'atteindre l'objectif que nous poursuivons.

    La raison de recourir à cette méthode consiste à comprendre les fonctions manifestes et latentes remplies par les ONG dans le processus de transformation des conflits à Uvira. Certes, une fonction peut être remplie par des éléments interchangeables, nous allons ensuite relever les éléments dysfonctionnels qui empêchent ces ONG de remplir convenablement leurs tâches. Enfin, une série d'alternatives fonctionnelles sera dégagée pour défier la nuisance des éléments dysfonctionnels.

    Cette méthode comprend quatre postulats à savoir :

    - Le postulat qui considère la fonction comme une conséquence qui contribue à l'équilibre du système ;

    - Les fonctions manifestes sont des fonctions voulues et reconnues par tous les membres du système ;

    - Les fonctions latentes sont celles qui ne sont pas reconnues, ni voulues, ni comprises par tous les membres;

    - Les dysfonctions sont considérées comme étant des éléments perturbateurs de l'ordre établi.

    Ainsi, étant donné que les ONG sont considérées comme un cadre qui stabilise et équilibre la société humaine à travers leurs différentes interventions ou actions ayant pour mission de transformer le conflit.

    Nous allons en effet dégager :

    - Les fonctions manifestes : Dans ce travail nous considérons toutes les actions et réalisations relatives à la transformation des conflits à Uvira ; il s''agit des activités qui concernent l'organisation des séances de médiation et réconciliation, les conférences sur la transformation des conflits, prise en charge des femmes victimes de violence sexuelle, cartographier les conflits dans le territoire d'Uvira, sensibilisation de la population sur le pardon, la paix, la gestion pacifique des conflits et la Justice sociale.

    - Les fonctions latentes : Ces ONG constituent une véritable source de vie, Elles s'enrichissent à travers l'argent de financement de tel projet et/ou programme, pour d'autres la protection de leurs intérêts communautaires.

    - Les équivalents ou substituts fonctionnels, étant donné qu'un élément peut remplir plusieurs fonctions, l'on trouve à ce niveau que ces ONG ( la CDJP, RIO et ADEPAE) interviennent non seulement dans le domaine de transformation des conflits et d'établissement de la paix mais aussi elles se fixent plusieurs missions dans d'autres domaines à savoir la bonne gouvernance, activités socio-économiques, violence sexuelle, défense et promotion des droits humains, éducation civique permanente.

    Par ailleurs, les dysfonctions s'expliquent par l'insuffisance de financement ou son irrégularité pouvant amorcer le projet et/ou le programme de paix ; la présence degroupes armés dans les hauts plateaux empêcheces ONG de couvrir leurs rayons d'action ; certains activistes de paix ne sont pas convenablement exécutés compte tenu de la résistance manifestée par la population.

    B. Techniques

    Les techniques apparaissent comme des outils de recherche mis en oeuvre en fonction d'une stratégie générale définie au préalable64(*).

    M. Grawitz définit les techniques come des procédés opératoires rigoureux bien définis, transmissibles, susceptibles d'être appliqués à nouveau dans les mêmes conditions adaptées aux genres de problème et phénomène en cause65(*).

    Pour collecter et traiter les données, la technique documentaire, l'interview, la technique d'observation directe, la technique d'enquête par questionnaire, la technique d'analyse de contenu et enfin la technique d'échantillonnage nous ont paru indispensable pour concrétiser ce travail.

    Nous ne pouvons pas ne pas signaler que nous avons passé le stage professionnel au sein de la CDJP/Uvira ONG oeuvrant dans le domaine de conflit en vue de se rendre compte de la manière dont elle procède pour la prévention, la résolution et la gestion pacifique des conflits. Ceci nous a facilité le contact direct avec les antagonistes ; c'est ce qui justifie la technique d'observation directe.

    L'interview semi structurée consiste ici à recueillir l'information dont on a besoin pour la résolution d'un problème mais elle permet au chercheur de laisser à l'interviewé une de liberté de répondre aux questions ouvertes66(*).Cette technique d'interview est rendue possible moyennant un guide d'interview. Nous avons pour ce faire avec certains agents de CDJP, de RIO, d'ADEPAE et des habitants du territoire. Cette technique est un véritable moyen pour récolter les données sur les conflits qui ont été transformés et ceux encours de transformation.

    Par la technique documentaire, on attend l'ensemble des opérations qui facilitent la collecte, le stockage, la recherche et la circulation des documents et de l'information67(*). Cette technique offre l'avantage d'être un matériau en ce sens que si elle soulève des interprétations différentes, elle est la même pour tous et ne change pas.

    C'est dans certains documents, rapports des conflits transformés entre différentes communautés et autres travaux antérieurs dont les ouvrages, les revues, les mémoires que nous avons eu à compléter les données de terrain.

    La technique d'analyse de contenu68(*) quant à elle, nous a permis d'analyser les données recueillies suite aux traitements et examen de fond des données afin d'en tirer la signification. Il était question d'analyser les données issues du questionnaire en vue de dégager le résultat.Nous avons, à ce niveau, sélectionné les données sur la transformation des conflits par les ONG dans les trois chefferies que compte le territoire d'Uvira ; à savoir :

    - la chefferie de Bavira ;

    - la chefferie de Bafuliru ;

    - et la chefferie plaine de la Ruzizi.

    Il était question de recueillir les avis et opinions de la population par rapport aux actions de la CDJP, d'ADEPAEet de RIO et ce, après avoir distribué un certain nombre des questionnaires.

    Technique d'enquête par questionnaire, concrètement elle nous a facilité une lourde tâche. Grâce à cette technique nous avons constitué un questionnaire d'enquête à 10 questions que nous avons pris soin de distribuer à chaque enquêté ciblé.

    La technique d'échantillonnage a permis de prélever sur la population mère du territoire et sur l'ensemble des ONG oeuvrant dans le domaine des conflits la taille de notre échantillon. Etant donné que nous ne saurions effectuer nos enquêtes sur l'ensemble de la population cible. Nous avons utilisé l'échantillonnage empirique en optant pour une démarche d'échantillonnage par quotas. Pendant les enquêtes, nous avons choisi les individus sur base de leur situation géographique par chefferie et par cité. C'est ainsi que nous avons pris 65 enquêtés dans la chefferie de Bavira, 92 dans la chefferie de Bafuliru, 35 dans la chefferie plaine de la Ruzizi, 105 dans la cité d'Uvira, 31 dans la cité de Kagando et 38 dans la cité de Sange sur un échantillon de 370 enquêtés. En plus de cela nous avons repartis cet échantillon en deux catégories. D'une part les responsables d'ONG et les activistes de paix estimés à 50 enquêtés et d'autre part les habitants du territoire estimés à 320 enquêtes.

    IV. BREF APERCU DE LA TRANSFORMATION DES CONFLITS

    La transformation des conflits est fondée sur le consensus entre les divers intervenants, conçue mutuellement, elle place la responsabilité et l'initiative entre les mains des citoyens locaux. Pourtant l'Etat conserve un rôle solide et légitime. Plusieurs résultats de recherche démontrent que la collectivité ne peut à elle seule trouver ou mettre en oeuvre des solutions sans l'approbation du gouvernement principal. Elle a également besoin de traiter avec des intérêts externes considérables et puissants, tels que les multinationales.

    Il y aura toujours des conflits portant sur les ressources que disposent les individus, et il est peu probable qu'on y trouve une solution permanente. La gestion de ces conflits inévitables revêt une importance économique et sociale, mérite donc le soutien des politiciens, de la population et toute autre personne physique ou morale désirant de faire amener sa contribution à la construction de la paix.

    Il n'y a pas de solution magique ni de solution technique rapide, le grand défi pour les acteurs consiste à l'appui des solutions mutuelles et desresponsabilités conjointes, à définir ses propres rôles au sein de ce processus.

    Il est donc important de mettre en place de nouveaux mécanismes et des nouvelles institutions pour gérer les conflits et les résoudre de manière productive dans l'intérêt à la fois de viabilité à long terme et de faisabilité économique à court terme. Quand on se place dans la transformation des conflits, on doit nécessairement se poser la question de savoir, quels sont les moyens pouvant être mis en jeu pour transformer le conflit ?

    Il est donc évident de partir avec la voie pacifique pour résoudre le conflit sans pour autant user de la violence. On ne peut pas transformer les conflits par la violence car la violence enraye le fonctionnement du conflit et ne lui permet pas de remplir sa fonction d'établir la justice entre les adversaires69(*).

    Il est incontournable de prétendre résoudre un conflit sans pour autant connaitre les sources ou l'origine de ce conflit, pour en découvrir, il faut nécessairement passer au dialogue70(*) à travers ses étapes à savoir :

    1. Découvrir la vérité de l'adversaire et de le lui dire ;

    2. Découvrir et reconnaitre la responsabilité de chacun des parties en conflit ;

    3. Exposer en vérité l'injustice subie et le dire avec amour et avec respect ;

    4. Ecouter l'autre ;

    5. Solliciter la collaboration de l'autre et apporter des propositions constructives.

    Ce dialogue rend le conflit fonctionnel.S'il s'agit de ce que l'un des protagonistes mette en oeuvre des moyens qui font peser sur l'autre une menace de mort, dans ce cas, le conflit devient dysfonctionnel71(*) ; le conflit, une fois transformé ne doit pas être abandonné sans pour autant veiller sur lui.

    Nous devons observer le processus de paix par la gestion pacifique en adoptant un certain nombre d'attitudes proposées par Jef72(*). Cette série d'attitudes doit être prise par les acteurs qui sont en présence du conflit.

    Il s'agit entre autres :

    1. De l'évitement, il est toujours nécessaire pour un acteur de chercher partout le moyen possible d'éviter le conflit.

    2. Du sacrifice, le point de vue n'a pas d'importance, l'on doit accepter la proposition et faire en sorte que le conflit arrive au bout c'est-à-dire à la régulation car l'on craint qu'on laisse tomber. De cette façon, les différends sont escamotés, une certaine harmonie s'établit mais elle est fragile.

    3. De la domination, A ce niveau, on impose le point de vue peu importe ce qu'on pense sur l'autre. Dans l'utilisation de pouvoir, l'autorité est nécessaire pour sortir vainqueur et pour atteindre l'objectif.

    4. De la collaboration, il est question ici, d'accueillir la demande de l'autre et de défendre les intérêts personnels. Ici on cherche à obtenir une solution satisfaisante pour les deux parties en conflit.

    5. Du compromis, on cherche à obtenir un compromis. C'est-à-dire de deux côtés, on fait des concessions.

    Un autre élément nécessaire à la transformation des conflits, c'est la négociation sociale. Cette négociation possède une série des dimensions73(*) lesquelles nous citons :

    - la dimension distributive

    - la dimension intégrative

    - et la dimension contributive.

    1. Dimension distributive : permet que la négociation soit profitable pour tous et fait qu'elle soit un jeu équitable (ce que l'un gagne et l'autre perd).

    2. Dimension intégrative : elle doit intégrer la problématique et la vision du litige des autres acteurs en opposition (résoudre ensemble le conflit sans gagner le maximum).

    3. Dimension contributive : elle vise après une médiation à permettre aux parties de s'engager dans le soutien de l'autre partie.

    Conclusion partielle

    Ce chapitre a porté sur la définition des concepts clés et opératoires du travail en premier lieu ; il a circonscrit le cadre théorique sous tendu par travail, notamment la théorie de régulation sociale de Jean-Daniel Reynaud sociologue français. Pour ce faire, quelques théories sur le conflit ont été élucidées et expliquées en vue de faire comprendre le fait. La dernière section s'est attardée sur le cadre méthodologique et un aperçu de transformation des conflits.

    La transformation des conflits est considérée comme un élément essentiel dans la stabilité de la société. L'équilibre du système social doit être cherché et pour y aboutir, il est donc probable d'appliquer différentes théories qui peuvent être nécessaires à la pratique de la réalité. Il est bien de définir les concepts clés et opératoires, mais l'essentiel reste aussi de savoir la nature des conflits à transformer. Ce qui constitue le point important à aborder dans le second chapitre.

    CHAPITRE DEUXIEME : NATURE DES CONFLITS

    1. Regard sur les conflits à Uvira

    Cette section est consacrée à une brève description des conflits armés dans ce territoire.Ce genre de conflit a occasionné divers maux dans le territoire, les autres catégories des conflits dans cette contrée y trouventleur origine. Nous allons à ce titre dégager la relation population locale et groupes armés ; le contexte politique des conflits dans le territoire d'Uvira ; les alliances société civile, groupes armés et pouvoir public et enfin le rôle des communautés locales dans le conflit.

    A. La relation population et groupes armés

    Généralement les conflits dans la province du Sud-Kivu sont analysés comme étant d'origine essentiellement tribale ou ethnique. Il ya lieu de se poser la question de savoir si, la simple référence identitaire peut attiser des conflits. Il se dégage des enjeux financiers au profit d'acteurs isolés qui, derrière des questions identitaires, instrumentalisent un groupe pour des intérêts personnels, en lui faisant profiter d'une partie du pouvoir, pérennisant celui-ci ou occultant le vrai problème.

    Au regard de développement positif intervenu dans le processus de paix congolais, l'idéologie ethnique qui est la lutte des groupes armés en 1998 pourrait suranner à ce jour. Si l'objectif originel était le départ des armées étrangères, le Kivu devrait recouvrer sa quiétude. Curieusement, le départ des troupes rwandaises a été suivi d'une escalade de l'insécurité dans les provinces de l'Est. A ces jours, l'activisme de ces groupes armés est justifié par les seules raisons économiques. Les chefs de guerre ont mis en place, avec le concours de certains citoyens véreux, un réseau constitué des voleurs opérant impunément dans la cité d'Uvira, le partage du butin étant assuré par les Chefs.

    Il ressort des informations de terrain que certains acteurs de la société civile entretiennent des rapports ambigus avec les groupes armés. Au lieu d'exploiter positivement ces relations, ils jouent les rôles de courroie de transmission entre les seigneurs de guerre et les familles de victimes enlevées et détenues dans les bivouacs situés dans les hauts plateaux et dans la plaine de la Ruzizi74(*).Etant donné que la présente analyse se penche sur les relations entre les communautés locales et groupes armés, la question qui se pose est celle de savoir l'alliance entre société civile, groupes armés et pouvoir public.

    B. Alliance société civile, groupes armées et pouvoir public

    Pendant la résistance armée, les populations et la société civile locale s'étaient rangées derrière des groupes d'autodéfense dans le but de barrer la route aux rebelles, sans nécessairement avoir une idée claire de ce à quoi elles aspiraient.

    L'appartenance à une organisation de la société civile était une garantie pour passer à une barrière maï-maï sans être inquiété dans un contexte local où les contacts des maï-maï avec Kinshasa avaient pour relais des membres de la société civile locale. Déjà, en mai 1999, des comitésd'efforts de guerres furent créés partout dans la plaine de la Ruzizi par des maï-maï locaux de Zabuloni . Ces comités généralement structurés autour des chefs des villages étaient chargés de la collecte des vivres et des fonds auprès des paysans75(*).

    Entre 1996 et 2003, la mobilisation des populations civiles se fut en termes de sensibilisation et dénonciation des méfaits des forces d'occupation. Elle se solda par des recrutements massifs des jeunes dans les groupes armés locaux avec trop souvent le consentement de leurs parents. Dans la pleine de la Ruzizi ; Basimike76(*) rapporte que denombreux jeunes avaient été enrôlés dans les groupes armés notamment le maï-maï, fin 1999, à l'issue de ces sensibilisations. Pour leur approvisionnement en minutions, les maï-maï Bafuliru collaboraient avec les femmes qui acceptent de loger les balles dans des bidons d'eau, qu'elles faisaient passer d'un point à l'autre, feignant de revenir à la rivière77(*). Tout en s'exposant à des graves dangers et en jouant les rôles de messagères, elles s'occupèrent de la garde des fétiches.

    Si au cours des hostilités, la résistance menée par des maï-maï bénéficiait d'un soutien des communautés locales contribuant énormément au maintien de ces groupes armés locaux, des instructeurs du gouvernement contribuèrent à la structuration et à l'approvisionnement en armes et en munitions des groupes armés locaux et apportèrent des contributions financières78(*).

    La compréhension de cette dynamique société civile, groupes armés et gouvernement ou pouvoir public est importante du fait que ces trois parties qui partagent les mêmes objectifs de combattre les forces ennemies, pendant la résistance armée, les unes à l'intermédiaire des autres se trouvent aujourd'hui fragilisées et prises au piège de leurs propres manoeuvres.

    Cela nous ramène à étudier les communautés locales présentement impliquées dans les conflits qui déchirent le territoire d'Uvira c'est-à-dire leurs rôles dans les conflits. A l'aide des mécanismes de transformation des conflits, nous tenterons dans ce travail de trouver les solutions à ce problème.

    C. Les communautés locales impliquées dans le conflit

    Le territoire d'Uvira est peuplé d'une mosaïque des communautés déchirées par les conflits autour des questions foncières, de nationalité et d'exercice de droits politiques. Localement, les acteurs primaires des conflits sont les banyamulenge, les Barundi, les Bavira et les Bafuliru, de nombreuses autres communautés telles que les Bashi, les Balega les Babembe et les Banyidu vivent dans la zone et développent des stratégies alternatives par rapport à ces conflits, en nouant notamment des alliances avec les grands ensembles démographiques en fonction des enjeux et des intérêts locaux. En même temps, d'autres ressortissants des provinces éloignées, fonctionnaires de l'Etat, marchands ambulants entretiennent des relations avec les protagonistes, de près ou de loin.

    Au niveau local, le conflit oppose les quatre groupes ethniques numériquement importants à savoir les Banyamulenge, les Bavira, les Barundi et les Bafuliro ; les alliances entre ces groupes et les autres communautés locales se construisent autour d'un clivage entre les populations autochtones et celles considérées comme allochtones, en particulier les Banyamulenge et les Barundi. En même temps, les ressortissants des autres provinces se rangent facilement derrière les populations autochtones dans un contexte de solidarité nationale.

    Le soutien des autres communautés du pays voisins notamment les rwandais et les burundais s'est matérialisé à travers des apports militaires. Les faibles poids démographiques de ces groupes ethniques locaux a énormément pesé dans la prise des décisions importantes concernant la gestion des entités.

    Cependant, force est de constater qu'en temps de paix relative, ces communautés à moindre proportion se trouvent victimes d'injustice sociale. Les cas les plus cités par les acteurs locaux sont l'occupation des postes administratifs. Le cas le plus frappant est celui de Mwami, un murundi chef de collectivité plaine de la Ruzizi qui ne sait exercer localement le pouvoir, car contesté par les Bafuliru. Les groupes marginaux, les banyamulenge et les Barundi se résignent et s'obligent à respecter les décisions des grands groupes, paraissant ainsi plus comme victime qu'acteur de cette prise des décisions.

    Ce sentiment de victime et Le désir de réhabilitation sociale ont pris proportions inquiétantes ces dernières années au sein des autres communautés. Les Bavira et les Bafuliru se disputent la gestion de la chose publique et se sont illustrés en Août 200879(*), par des marches en vue de revendiquer des postes politiques et administratifs au niveau local et provincial.

    Ces relations conflictuelles entre ethnies locales, basées sur les rapports des forces souvent inégaux ont induit des nouvelles dynamiques ; il s'agit à ce niveau pour chaque communauté de se rallier vers son leader militaire, chef d'un groupe armé en vue de s'auto sécuriser.Cette implication des communautés dans ces conflits nous ramène à étudier la dynamique de cohabitation entre communautés dans le territoire d'Uvira.

    D. Dynamique de cohabitation

    Avant les guerres, les relations entre les différentes communautés étaient plus ou moins harmonieuses malgré des divergences liées aux particularités culturelles. Bien que le nombre des mariages entre les Banyamulenge et autres communautés ait été très réduit, la rencontre de deux cultures a, à certains égards, été un enrichissement mutuel.

    La militarisation des rapports sociaux liée à la permanence des armés ethniques a créé un climat de suspicion, de méfiance et de globalisation des membres de chaque communauté. Il est estimé que la présence de certains groupes armés est basée sur la volonté de porter les revendications des différentes communautés, cette présence court-circuite largement la confiance mutuelle des acteurs locaux et instaure un sentiment d'intolérance et de discrimination. Lors des entretiens avec les différents groupes, il est ressorti que leur présence s'explique par le fait qu'ils ne connaissent pas les agendas cachés des uns et des autres80(*).

    Ces frustrations se traduisent par un rejet mutuel et une discrétion à outrance qui ne facilite pas une ouverture des membres d'une communauté aux autres. Les acteurs des conflits se connaissent ainsi peu à fond et développent des sentiments de victimisation et un esprit de bouc-émissaire.

    Dans la cité d'Uvira, une marche organisée le 16 juin 2008 pour la plus grande représentativité des ressortissants du territoire d'Uvira dans le gouvernement provincial, se transforma en une marche contre les Banyamulenge81(*).

    E. Contexte politique des conflits.

    Le conflit n'a pas seulement le contexte social, il a aussi le contexte politique. C'est depuis la domination allemande puis belge que beaucoup de rwandais ont été contraints à fuir les exactions commises par les colons à l'égard de la population82(*). A côté de ces immigrés provoqués par les exactions coloniales et la fièvre de l'indépendance, d'autres immigrations étaient dues à la famine de 1917-1918 ainsi qu'au recrutement des travailleurs pour les mines et les plantations au Zaïre83(*).

    Pour ceux quise dirigeaient vers Uvira-Fizi, ils se sont installés sur les collines Mulenge où ils vivaient en harmonie avec les autochtones. Les Bavira, Bafuliru, les Babembe et autres vivaient en collaboration à tel enseigne que, pour les études, ces trois tribus hébergeaient les enfants des Banyamulenge et ces derniers en signe d'amitié et/ou de compensation donnaient des vaches aux familles d'accueil de leurs enfants.

    Tout a commencé à se dégrader quand les antagonismes se sont installés entre les ethnies, pour la gestion du pouvoir :

    - les immigrés rwandais ne veulent plus se reconnaitre comme tels et se considèrent dès lors comme des congolais à part entière ;

    - les burundais veulent eux aussi assumer des responsabilités politiques tant au niveau local que national, chose mal perçue par les tribus autochtones du territoire d'accueil et l'opinion publique en général.

    Lors de la première guerre dite de libération par l'AFDL pour renverser le régime de Mobutu,ils avaient commis beaucoup d'exactions sur les membres des tribus voisines et de ce fait, les Babembe, les Bafuliru, les Bavira,... ont vu dans cette guerre une invasion de leur territoire par les étrangers, désormais le conflitlatent venait d'atteindre l'étape d'escalade. Ce conflit, qui dure depuis de longues dates et qui a connu des périodes de violence d'élargissement nécessite un suivi. Celui-ci permettra d'initier des grandes rencontres entre les communautés impliquées pour qu'elles définissent les alternatives à leurs différends.

    2. Les fonctions sociales des conflits

    Le conflit est une interaction qui manifeste ouvertement un antagonisme dans une relation sociale. Il ne faut pas le confondre avec des sentiments d'hostilité ou avec des antagonismes latents. Il s'agit d'un fait social qui s'explique dans la dynamique d'une interaction et ne peut être ramené à des pulsions ou des tendances hostiles dont l'étude serait déléguée à la psychologie.

    Par-là, Lewis Coser84(*) établit les frontières entre les groupes au sein d'une même société, il distingue des systèmes sociaux. Cette idée rejoint Karl Marx et Georges Sorel lorsqu'ils parlent de la lutte des classes ; pour eux, il n'y a des classes que si les individus sont unis pour une lutte contre un groupe extérieur, sans quoi ils sont en compétition les uns avec les autres.

    De manière distincte, voici les fonctions de conflit dans le territoire d'Uvira.

    a. Le conflit affermit les liens

    Dans de nombreuses relations sociales le conflit :

    · Accroit parfois la cohésion sociale entre sous-groupe de communauté d'Uvira en conflit avec l'extérieur, au point qu'un groupe en conflit avec l'extérieur peut avoir intérêt à l'apparition d'un ennemi extérieur pour resserrer les liens entre sous-groupes; c'est-à-dire les Bafuliru sont souvent en conflit entre eux, chaque membre défend ses intérêts.

    · Etablit au moins une forme des relations entre les adversaires alors que ceux-ci s'ignoraient auparavant. En présence de conflit qui les oppose avec les Bafuliru ou les Bavira, les membres de communauté Banyamulenge ou Barundi s'unissent pour faire face à l'ennemi commun.

    · Suppose un certain degré de consensus entre les adversaires, au moins sur le fait qu'ils maintiennent une relation (conflictuelle) qu'il parait y mettre fin. A terme, il est producteur de consensus sur le comportement à adopter dans une telle relation : production du droit et des structures institutionnelles pour le faire appliquer ;

    · Conduit ceux qui ont un intérêt commun à s'allier contre l'ennemi qui les menace ; il établit ainsi une relation entre les relations. Cela s'observe lorsque telle communauté accuse une autre, pour être à la base des problèmes.

    b. Le conflit assainit les relations

    Son irruption décharge une relation sociale, des tensions qui émergent nécessairement entre les participants à la relation et qui s'étaient accumulés. Il préserve ainsi le groupe contre la dissolution qu'entrainerait le retrait de ceux des participants devenus incapables de supporter le degré de frustration engendrée par une relation entre les alliés. La transformation des conflits assaini les relations entre membre. Pendant les conflits les communautés vivaient dans l'isolement ; mais à l'issus de la négociation, les communautés cohabitent ensemble. C'est le cas du RCD en 2002. Les communautés banyamulenge et Barundi se déplaçaient jusqu'à minuit. Les Bavira, Les Bafuliru et les restes des communautés ne pouvaient se promenaient au delà de 18h30 minutes. Ils craignent d'être tuer par les soldats du régime RCD, les militaires proches de la communauté Banyamulenge. Suite à des accords et signature des paix, les relations deviennent calmes.

    c. Le conflit équilibre les relations sociales

    Les répulsions réciproques maintiennent un système social en équilibrant les sous-groupes les uns par rapport aux autres. Le tissu social se voit renforcer, lorsqu'une société est traversée de par des multiples lignes de front entre les groupes qui la composent, si celles-ci ne sont pas superposées mais qu'elles se neutralisent les unes des autres.

    Si la balance du pouvoir est connue (chance d'influencer le comportement d'autrui dans une direction souhaitée), les participants à une relation sociale chargée d'antagonisme n'entrent pas en conflit. Paradoxalement, seul le conflit donne une mesure certaine de cette balance à l'exception du pouvoir financier qui peut être connu certainement hors d'une épreuve conflictuelle.

    d. Le conflit crée des nouvelles relations sociales

    Le conflit est aussi l'occasion de créer des nouvelles relations. Il a un rôle formateur pour le groupe puisque c'est son apparition qui va permettre la formation du groupe. Au sein du groupe, les individus s'investissent dans la sphère publique et se réfèrent à des valeurs communes qui les unissent en une entité sociale distincte du reste de la société vis-à-vis des autres groupes sociaux, le conflit rend nécessaire l'instauration d'un dialogue avec les adversaires sous différentes formes. De nouvelles relations sociales peuvent ainsi être établies lors d'un conflit.

    Pour Simmel85(*), les relations réciproques entre les hommes sont à l'origine de tous les phénomènes sociaux, les conflits sont porteurs de relations sociales et ne sont pas liés à une quelconque pathologie sociale. Le conflit peut être une façon d'apaiser les tensions entre les membres d'un même groupe mais aussi de rétablir des relations plus structurées entre deux groupes. Les relations naissent lorsque les communautés protagonistes du territoire d'Uvira se réunissent autour de la même table pour régler les différends.

    A ce stade, il se crée des nouvelles relations. Les membres de ces communautés vont escamoter l'esprit de vivre dans la tension et vont devoir emprunter le chemin de cohabitation pacifique. Pendant la réconciliation par exemple, les communautés en conflit décident de faire marier leurs enfants et/ou de partager le repas, symbole d'alliance.

    3. Causes et conséquences des conflits dans le territoire d'Uvira

    1.1. Les causes de conflits

    Les causes des conflits sont diverses et imbriquées. Il est donc difficile de délimiter clairement et de mesurer exactement l'influence des différents facteurs. Ceux-ci peuvent aller d'une situation sociale déstabilisante, se caractérisant par l'extrême disparité sociale ou des phénomènes d'exclusion, à l'absence de mécanismes de conciliation pacifique, des intérêts des divers groupes de la société. Une compréhension globale et attendue des conditions nécessaires pour que l'Etat et la société civile puissent coopérer de manière satisfaisante est indispensable pour comprendre les origines et la dynamique des conflits violents86(*).

    Des capacités locales de résolution de conflit peuvent déjà être en place. En leur apportant un soutien, dans la mesure du possible, on peut contribuer à renforcer les possibilités de paix et de développement. Les théories qui cherchent à expliquer les causes des conflits et les conditions dans lesquelles ils éclatent, distinguent en général les facteurs structurels d'une part et les facteurs accélérant ou déclenchant de l'autre87(*).

    a. Les facteursstructurels

    Les conditions structurelles qu'il faut considérer sur le long terme, sont celles qui créent un climat propice à un conflit violent, sans pour autant en rendre l'éclatement inévitable. Il s'agit des facteurs politiques, sociaux et économiques qui sont imbriqués tels que : la densité de la population, l'exode rural, le niveau et répartition des richesses et des chances, l'état de la base de ressources, la structure et la composition ethnique de la société et les fondements historiques des relations entre groupes.

    Chaque fois, qu'une communauté fouille des exactions dans leur milieu vers une autre communauté. Elle se trouve d'abord victime de mépris et d'isolement par d'autres communautés à l'intérieur de ce territoire.

    Certains types d'organisation socio-économique peuvent porter en eux des germes d'un conflit. C'est ainsi que les sociétés très stratifiées ou un groupe politiquement dominant contrôle l'appareil gouvernemental, l'accès aux richesses, à l'instruction et au statut social sont souvent extrêmement vulnérables.

    Les Barundi qui sont confrontés à l'ère actuelle au conflit identitaire, au niveau du territoire d'Uvira, ils sont quasi inexistants dans la gestion des affaires publiques, ils sont taxés d'étranger par d'autres communautés du territoire. Les Bavira et les Bafuliru en connivence avec d'autres communautés des territoires voisins sont imbriqués dans cette lutte. Pour eux le départ de Barundi vers le Burundi reste une piste de solution au problème.

    b. Les facteurs accélérant ou déclenchant

    Les facteurs accélérant ou déclenchant sont les événements, actions et décisions qui suscitent l'escalade de la violence. Ces facteurs dépendant essentiellement de contexte propre à un pays, il n'est pas possible d'en faire une liste type. Et pour le cas d'Uvira, il s'agit par exemple de l'originalité d'une identité. Les Bafuliru qui se disent des vrais congolais et que les Barundi et Banyamulenge sont des étrangers. Chaque communauté réinvente son histoire récente afin de légitimer sa présence et son droit de gouverner. Sauvegarde de l'espace foncière. Ici c'est pire. Les problèmes entre les éleveurs des vaches (Barundi et Banyamulenge) et les agriculteurs (Fuliru) lorsque les vaches abiment les produits champêtres des Bafuliru. A ce moment les deux communautés engagent des hostilités sans merci.

    c. La participation politique et gestion de la chose publique

    Le processus de changement profond entraine souvent des fractures sociales et politiques. L'absence d'opportunité de participation de la société civile aux processus politiques et sociaux peut fragiliser les structures traditionnelles d'autorités ; le changement peut même parfois entrainer une perte d'identité culturelle et le déracinement ou la marginalisation des communautés.

    Les transitions politiques engendrent aussi des tensions, surtout lorsque l'équilibre du pouvoir change, au profit de certains groupes et au détriment d'autres. Des luttes pour le pouvoir peuvent aussi éclater entre les groupes de participants au processus de développement mais concurrents, même lorsqu'ils profitent toutes les prospérités économiques.

    La communauté Bafuliru accuse le gouvernement de la RDC d'être à la base de mésentente qui se produit dans la politique. Dans l'armée par exemple, beaucoup d'officiers Banyamulenge possèdent de grades de généraux ; les communautés Bafuliru, Bavira et les reste estiment que les Banyamulenge sont privilégiés.

    Une autre communauté, les Barundi pour leur part se dit discriminé. Ils ne participent plus à la gestion du pouvoir public au niveau national, provincial et territorial. Tout cela, a des répercussions sur les vécus quotidiens de la population.

    En outre, la gestion de groupement pose problème, les Bafuliru qui contestent régulièrement le pouvoir de Kinyonyi Ndabagoye III. Ils accusent celui-ci de s'accaparer le pouvoir. Aux pouvoirs, il ya quatre ans, il est toujours objet de contestation. La paix est possible lorsque les communautés voisines (Bafuliru et Bavira) reconnaîtront le pouvoir coutumier de Barundi.

    d. Les inégalités économiques

    Une croissance socio-économique déséquilibrée et une répartition inégale de ses fruits peuvent aussi contribuer à accroitre les tensions. Elles peuvent déranger le schéma établi de production et de distribution des revenus et de la richesse.

    Les ressources et les avantages qu'en découlent peuvent parfois profiter qu'aux groupes qui tiennent en mains l'appareil d'Etat.

    C'est ainsi que peuvent se trouver marginalisés les groupes vulnérables et les régions les moins dynamiques laissées de côté. Ce phénomène est particulièrement grave lorsqu'il s'accompagne d'un sentiment croissant d'injustice, et que les dispositifs institutionnels pour y remédier font défaut comme c'est souvent le cas parmi les populations urbaines en forte croissance.

    Dans la plaine de la Ruzizi, une chefferie plus exposée aux conflits entre les communautésBafuliru, Barundi et Banyamulenge.

    Les sources sont bien situées au niveau de la gestion de la terre. Il s'agit ici de rivalité foncière entre le Barundi et le Bafuliru qui remonte depuis l'époque coloniale. Dans cette région, la terre est un marqueur clé de l'identité collective et source de revenu. Des leur arrivée dans la région, les Barundi se servaient de réserves des classes délaissés par les Bafuliru. A ces jours, les Barundi sont considérés comme de sans-abris.

    1.2. Les conséquences des conflits

    Les conflits violents font des victimes, mais il est souvent difficile de savoir exactement le nombre des personnes et des biens qui en sont victimes.

    Leurs conséquences dans les pays touchés sont nombreuses et diverses. Les conflits violents tuent de plusieurs manières : les combats font des victimes parmi les civils et les militaires, les maladies sont plus fréquentes et la criminalité violente s'accroit. Les guerres entrainent des migrations résurgence des hostilités. Les communautés qui se disputent autour d'intérêt commun ou divergent déchirent le tissu social. Il est question, dans ce point, de parler nécessairement des conséquences économiques et des conséquences sociales88(*).

    a. Les conséquences économiques

    Elles se traduisent par une montée du chômage et une perte de revenu, car les conflits perturbent l'activité économique ; détruisent l'infrastructure, génèrent l'incertitude, font augmenter les coûts de transaction et favorisent la fuite des capitaux.

    Les dépenses sociales sont souvent comprimées afin de permettre une hausse des dépenses militaires. L'économie subit de changements structurels. Il importe de traiter les conséquences d'un conflit violent, non seulement pour des raisons humanitaires, mais aussi pour réduire la probabilité de récurrence des conflits. Une guerre civile prolongée induit l'inverse du développement. En voici, un certain nombre des conséquences :

    v Déclin économique

    L'économie ralentit généralement par rapport au rythme qu'elle affichait, en temps de paix. Elle se trouve considérablement réduite par rapport à ce qu'elle aurait été sans le conflit. Comprendre ce processus de contradiction économique aide à concevoir de mesures correctives pour l'après conflit.

    Il est aujourd'hui difficile de savoir à quoi repose l'économie du territoire si on essaie de mettre à coté le port de Kalundu et le frontière de Kavinvira. Aucun industrie n'est à signalé, aucune activité champêtre de renom n'est à pointer du doigt. La sucrerie de Kiliba à son époque employait un nombre important de la population du territoire se trouve aujourd'hui par terre. Suite au pillage perpétré par l'armée rwandaise sous l'égide de l'AFDL.

    Pendant ce temps, la population du territoire vit dans le chômage. Les petites activités exercées servent à la survie des ménages. Parmi ces activités, nous citons la pêche pratiqué par les communautés Bavira, Bafuliru et Babembe pour la plupart ; l'élevage des vaches et des moutons exercé par les Banyamulenge et les Barundi qui sont de peuple pasteur ; l'agriculture pratique encore par le Bafuliru et Bavira mais aussi le reste des communautés du territoire.

    v Infrastructure

    L'héritage le plus visible d'un conflit est la destruction de l'infrastructure publique. Cependant, la dégradation de l'infrastructure à la suite d'un conflit n'est pas uniquement provoquée par les dégâts directs.

    Dès lors qu'il relève son budget militaire, l'Etat comprime les investissements et les dépenses publiques qui étaient destinés à l'entretien de l'infrastructure. Les fonds publics font cruellement défaut. Le territoire d'Uvira se trouve actuellement dans l'ère du renouveau.

    Pendant le règne du RCD, une rébellion soutenue par le Rwanda pour renverser le régime de Kabila ; des écoles, des Eglises ont été détruites par la guerre et pillés. Dans plusieurs endroits occupés par la rébellion les écoles sont abandonnées.

    v Fuite des capitaux

    Pendant un conflit, la peur et l'absence d'opportunités incitent les individus à chercher refuge à l'étranger, tant pour eux-mêmes que pour leurs actifs. Les mieux placés pour s'expatrier sont ceux qui disposent des qualifications, ils peuvent plus facilement financer leur émigration et sont mieux accueillis dans le pays hôte.

    Par conséquent, le pays d'origine perd ses travailleurs qualifiés ; l'hémorragie des qualifications s'accompagne d'une fuite des capitaux. Les individus déplacent leurs actifs à l'étranger, pour les mettre en sécurité et parce que le retour sur les investissements dans leur pays diminue à mesure que sa situation économique se dégrade.

    Il en résulte une grave pénurie de compétences, une diaspora importante, un effondrement de l'investissement privé et une accumulation de richesse privée à l'étranger. D'après notre enquête, la majorité des personnes qui possèdent des moyens financiers épargnent leurs actifs au Burundi pays voisin, le Rwanda et la Tanzanie.

    Pendant cette même période, le territoire a perdu sa main d'oeuvre intellectuel ; les uns se sont dirigés à Bukavu et territoires voisins pour des raisons de sécurité et d'autres au Burundi jusqu'à changer même la nationalité. Cette fuite des capitaux laisse un handicape au développement économique du territoire.

    b. Les conséquences sociales

    C'est le point focal de cette section. Ces conséquences comportent alors :

    v Taux de mortalité

    Les militaires et les civils périssent dans les opérations militaires et le nombre total de morts causées par la guerre englobent les morts des combats et les décès dus à la recrudescence de la violence unilatérale, des maladies, de la famine, de la malnutrition et de la criminalité. Le conflit communautaire c'est pire. La violence conduit à la perte des vies humaines, le massacre de Katogota lors de la rébellion du RCD occasionné par le conflit armé, le massacre de Mutarule quant à ce, est occasionné par le conflit communautaire. Des corps sans vue d'un membre d'une communauté ramassé dans certains endroits.

    v Les conséquences durables

    Les conflits continuent d'affecter la vie des individus bien après la fin des hostilités, non seulement ils tuent, mais aussi ils provoquent des handicapés qui subsistent après une blessure ou une maladie. L'une des affectations qui touchent le plus le territoire est le VIH/SIDA.

    Cette maladie peut contracter par des relations non protégées ou contamination du sang par le virus. Les conflits conduisent à la propagation rapide de VIH. Les soldats qui risquent leurs vies à la guerre ne craignent pas cette maladie. Selon toujours notre enquête, des militaires appartenant à tel ou telle communauté expose une autre communauté à ce danger. Ils propagent la maladie. Les cibles sont des femmes qui sont transformées pour esclaves sexuels.

    Les populations civiles sont souvent victimes de droits de l'homme et notamment de violences sexuelles.En général, les déplacements de population pendant les conflits fragilisent la cohésion et les relations sociales, ce qui peut conduire à la promiscuité. Comme indiqué, les forts taux de prévalence s'expliquent aussi par la pauvreté, qui semble également creuser les disparités entre hommes et femmes. Bien que les femmes soient les plus exposées au risque de contracter le virus. Il semble qu'elles ne peuvent pas demander à leurs partenaires d'utiliser des préservatifs.

    Avec le développement de groupes armés dans le territoire d'Uvira, la population est victime de pillage des petits et des grands bétails. Bien que ces actes aient été posées par les rebelles, les communautés se responsabilisent le fait. Comme résultat, la violence se déclenche.

    v Déplacement de la population

    Après le déclenchement de conflit, on constate d'un pays à l'autre, d'une région à l'autre, d'un territoire à l'autre ou d'un village à un autre, le déplacement massif de la population suite aux exactions de la part des protagonistes. Les conflits violents ont des conséquences diverses sur les enfants filles et garçons et sur les femmes.

    Le cas le plus récent est celui de Mutarule où les habitants ont quitté le village pour se refugier à Sange. De là, ils ont mené une vie pénible malgré quelques assistance en vivre et non vivre de la part de l'ONG UNCHER. La cité d'Uvira aujourd'hui fait face à l'exode rural. Certains habitants d'autres groupements environnants quittent leurs milieux pour se réfugier dans la cité d'autres se dirigent à Gatumba au Burundi, pays voisin.

    v Les changements structurels

    Les activités les plus vulnérables à la fuite des individus qualifiés et l'augmentation des attitudes opportunistes sont les fonctions publiques, la justice, la comptabilité et la médecine.

    Par définition, tous les métiers nécessitent des compétences, mais aussi de l'honnêteté. Les fonctionnaires effectuent des tâches difficiles à surveiller. C'est l'une des raisons pour lesquelles les activités relèvent du secteur public.

    L'accroissement des comportements opportunistes est donc particulièrement dommageable. La fuite des cerveaux et l'augmentation de l'opportunisme ont pour conséquence une dégradation des performances dans le secteur public comme dans le secteur privé.

    La composition sectorielle de l'économie se modifie pendant une guerre civile, notamment parce que les activités n'ont pas, toutes, le même degré de vulnérabilité. Si les combattants raflent les biens meubles comme les bétails ou volent des cultures, les ménages ruraux risquent d'opter pour les activités de subsistance moins vulnérables. Un conflit prolongé est susceptible d'éloigner l'économie rurale des activités commerciales.

    Etant donné que nous avons suffisamment parlé des conséquences du conflit armé, la nécessité de veiller au conflit non armé s'impose. Dans ce cas, nous allons sans doute parler des effets des conflits sur le lien social et les effets des conflits sur l'individu.

    v Rupture des liens sociaux

    Les conflits peuvent au renforcement du lien social. Les individus se regroupent autour d'une cause commune, définissent leurs buts et les moyens d'y parvenir, tout en mettant en place des règles qui permettent de décider comment une lutte, une solidarité mécanique89(*)se met en place parce qu'on a une situation où des individus ayant des conditions d'existence commune et luttant pour le même objectif se réunissent.

    v Les effets des conflits sur l'individu90(*)

    Le conflit a aussi un effet direct sur l'individu ; quand celui-ci décide de s'investir dans un mouvement social, il renforce sa socialisation en intégrant un groupe et améliore son estime de lui-même. En effet, il défend ses droits, ce qui lui permet de ne pas se satisfaire d'une position qu'il perçoit comme dominée.

    Mener le conflit lui apporte des compétences, des connaissances et des nouvelles interactions sociales. C'est en outre un moyen de modifier son identité sociale et de répondre à ses besoins de reconnaissance sociale91(*)

    La faiblesse qu'on vient de remarquer chez un être humain se résume dans le fait que les individus sont incapables de ne pas puiser à ce qu'ils font lorsqu'ils agissent avec autrui dans des circonstances qu'ils ont l'habitude de pratiquer ou qu'ils parviennent à identifier de façon correcte92(*)

    Evaluer les actions des confessions religieuses dans la transformation des conflits à travers leurs organisations associatives dans un contexte de pauvreté, nous pousse d'abord à comprendre leurs remettes. Philippe Patou93(*) parle des plans de licenciement qui se multiplient, laissent prévoir un accroissement important du chômage, alors que la population s'appauvrit, la misère s'étend, détruit des familles, des femmes et des hommes, réduit à aller se nourrir et contraint de se priver de tout ; les Eglises restent comme on pouvait le prévoir désespérément muettes, sourdes et aveugles aux cris et aux larmes de ceux que le capitalisme, le libéralisme et la mondialisation mettent à terre et piétinent. Cet auteur se pose la question de savoir «Quel évêque, quel cardinal a-t-on entendu protester contre la crise financière, sociale et humaine en critiquant les effets néfastes du capitalisme, du libéralisme et de la mondialisation ? » Aucun, bien attendu, l'Eglise reste l'allié des puissants, des riches et des parvenus94(*).

    Comme l'on vient de voir à travers la réaction de Patou, nous allons sans doute parler de la notion d'acteur dans les conflits. Ces acteurs peuvent être caractérisés ou catégorisés en deux. A ce titre on peut situer des acteurs directs et des acteurs indirects.

    a) Acteurs directs :

    Sont ceux qui interviennent de manière directe dans les conflits ; ils sont considérés comme des protagonistes c'est-à-dire des parties en conflit. Sont des personnes qui apparaissent sous plusieurs formes dans les conflits, des personnes étant à l'origine du conflit ou qui influencent ce dernier. Nous pouvons dans ce cas citer les individus ou groupe d'individus, les communautés tribales ou ethniques, les groupes armés, les autorités tant locales, nationales et internationales. Les communautés banyamulenges, Bafuliru, Barundi, Bavira et les membres de la diaspora de ces communautés citées, sont considérés comme des acteurs directs car ils sont directementimpliquésaux conflits déclenchés entre ces parties.

    b) Acteurs indirects :

    Sont des acteurs qui apparaissent dans un conflit avec le statut de chercher la solution aux problèmes qui les oppose.

    Nous pouvons à ce niveau noter le statut d'arbitre et/ou de médiateur. Etant donné qu'il est difficile d'énumérer les acteurs des conflits sans pour autant être en présence de conflit, nous reviendrons sur ce point dans le troisième chapitre de ce travail. Les acteurs indirects sont des ONG, des confessions religieuses, le gouvernement congolais et d'autres personnes qui se fixent l'objectif de mettre fin à la rivalité qui oppose les communautés du milieu.

    c. Des tensions dans la chefferie plaine de la Ruzizi

    Le conflit dans la plaine de la Ruzizi entraine des divergences qui se font sentir au niveau local où la gestion des localités et cités reste paralysée.

    v La Cité de Sange dans la tourmente.

    Le chef de cité est aussi absent car il n'est pas accepté par la communauté Bafuliru. Les hommes interrogés à Sange ont montré que la gestion communautaire est actuellement faite par les Bafuliru sans prendre en compte les besoins des communautés Barundi et banyamulenge. Ces derniers, refusent quant à eux d'être dirigés par un chef mufuliru. Dans ce contexte, « c'est la loi de la jungle qui est appliqué, les plus forts résistent ».

    Nos enquêtées ont expliqué qu'en cas de différends, lesmilitaires ou les policiers s'interposent. En cas de litiges entre voisins, le chef de quartier s'arrange pour réunir les deux parties, et si le litige persiste, il les réfère à la police.

    Cependant, « les policiers font payer les amendes non prévues par la législationcongolaise »95(*). La justice est mal rendue et la corruption est visible à tous les niveaux. De même, certaines femmes ont noté qu'à cause de l'absence d'autorité, les gens ont recours aux sages du milieu ou parfois aux unités de la police. Comme ces personnes ne parviennent généralement pas à résoudre les problèmes, la gestion communautaire reste faible et l'instauration d'un leader équitable encore plus importante.

    La cité de Sange se trouve dans deux chefferies. La première est dans la chefferie de Bafuliru et la seconde et dans la plaine de la Ruzizi. Le conflit est inévitable, chaque chefferie réclame le monopole de la gestion pouvoir de la cité. Le chef de cité est désavoué par les deux chefferies. A l'heure actuelle, c'est la chefferie de Bafuliru qui gère la cité. Ce pouvoir est contesté par les Barundi et Banyamulenge.

    v Le massacre de Mutarule

    Actuellement, suite au massacre de 2014 à Mutarule, les communautés Bafuliru et Barundi refusent absolument un chef qui n'appartient pas à leur communauté.Des tensions s'aggravent de deux côtés. Le conflit entre éleveurs et agriculteurs dans la Plaine de la Ruzizi a éclaté entre un groupe de jeunes Bafuliru et une coalition de Banyamulenge et Barundi, propriétaires des vaches. La communauté Barundi raconte que les Bafuliru auraient blessé leurs vaches pendant la saison sèche de 2014, ce qui constitue une provocation extrême. Pour se venger, les Barundi et Banyamulenge ont tué 37Bafuliru le 6 juin 2014 à Mutarule, dont des femmes et des enfants, dans une Eglise. Ni la police ni les FARDC (les forces armées congolaises) ne sont intervenues pour sauver les vies humaines. Par la suite, la communauté Bafuliru a conclu que les communautés Barundi et Banyamulenge étaient responsables du massacre de Mutarule96(*).

    Cette attitude affichait par les FARDC démontre combien de fois le pouvoir en place est incapable de gérer le conflit et en même temps assurer la sécurité de personnes et de leurs biens à Mutarule.

    Conclusion partielle

    Ce second chapitre retrace la nature des conflits dans son aspect global et spécifique du territoire d'Uvira. Ce chapitre se subdivise en trois sections, la première s'attèle au regard sur les conflits. Cette section essaie de dégager les relations entre la population et les groupes armés, les alliances entre société civile, groupes armés et le pouvoir public depuis 1999, ces alliances ont créés un attachement entre les trois parties dans le contexte politique particulier poussant l'implication des communautés locale dans les conflits.

    La deuxième section évoque les fonctions sociales des conflits. Nous essayons de démontrer l'importance des conflits sur les communautés du territoire d'Uvira. Ces conflits n'ont pas seulement les conséquences négatives ; nous avons aussi soulevé les fonctions positives qui affectent les liens sociaux, il assainit les relations et aident aux protagonistes de nouer des nouvelles relations.

    La troisième section qui constitue la dernière s'articule sur les causes et conséquences des conflits dans le territoire d'Uvira. Nous avons déniché les facteurs innés comme base de conflits d'une part, et les facteurs déclenchant et accélérant de l'autre. Quant à ce qui concerne les conséquences, nous y avons cités les conséquences économiques et celles sociales. Autre conséquence à titre particulier est celui des tensions dans la plaine de la Ruzizi. Cette chefferie apparait à notre sens comme une zone rouge. La cité de Sange se trouve à la fois dans la plaine de la Ruzizi et dans la collectivité chefferie de Bafuliru. Il s'observe ici, le conflit de pouvoir ; la communauté Barundi conteste le pouvoir de Bafuliru et vice versa. Et enfin, le massacre de Mutarule est perçu comme une conséquence des tensions entre les communautés locales.

    Il est alors impérieux de développer ce à quoi repose ce travail, en dégageant les stratégies utilisées par la CDJP, le RIO et l'ADEPAE dans le processus de transformation des conflits en territoire d'Uvira.

    CHAPITRE TROISIEME : LES STRATEGIES DE TRANSFORMATION DES CONFLITS A UVIRA

    Dans ce chapitre, nous présentons les stratégies forgées par les ONG dans leur processus de transformation des conflits en territoire d'Uvira. Ce chapitre est constitué de deux sections ; la première section est consacrée aux caractéristiques de la population enquêtée et la seconde se focalise sur les stratégies de transformation des conflits par les ONG à Uvira.

    1. Profil des enquêtés

    A. Présentation de l'échantillon

    L'enquête est l'un des instruments le plus largement utilisé par les sociologues. Des études de marché jusqu'aux recherches purement théoriques en passant par le sondage d'opinion montrent qu'il ya peu d'investigations psychologiques ou sociologiques empiriques qui s'appuient particulièrement ou en totalité sur les informations recueillies par enquête97(*).

    Notre étude porte sur les stratégies de CDJP, de RIO et d'ADEPAE ; ainsi qu'aux habitants du territoire d'Uvira mais plus particulièrement à ceux appartenant aux communautés exposées aux conflits parmi lesquelles les communautés Bafuliru, Banyamulenge, Barundi et Bavira.

    Estimé à 1176956 habitants, la population est nombreuse de telle sorte que, du point de vue économique, temporel et scientifique, nous ne serions pas à mesure de les atteindre tous.

    C'est ainsi que durant notre enquête, nous avons utilisé l'échantillon par quota qui consiste à appliquer à chaque sous-groupe de la population un nombre choisi selon la variable.

    Ainsi, la taille de notre échantillon est constituée de 370 personnes enquêtées. Cet échantillon nous a permis de confirmer ou nuancer nos hypothèses.

    Pour ce faire, nous avons appliqué notre échantillon à deux catégories d'enquêté à savoir les agents et responsables des ONG(50 enquêtés) et aux habitants du territoire d'Uvira (320enquêtés)en majorité les membres des communautés actives dans le conflit.

    Notre étude est limitée dans le temps et dans l'espace. Il a été question au cours de cette recherche de couvrir toute l'étendue du territoire d'Uvira, à travers les zones les plus fortes démographiquement. Toutes les variables ont été couvertes en vue de faire une étude exhaustive de la réalité sociale étudiée. A ce titre, il nous est utile de présenter les caractéristiques des enquêtés dans cette analyse.

    B. Caractéristiques des enquêtés

    Pour rendre ce travail plus concret, nous clarifions les caractéristiques et catégories des enquêtés mis en exergue dans ce travail en vue d'affronter les mécanismes mis en place par les ONG dans la transformation des conflits à Uvira.C'est pourquoi les variables sexe, âge, Etat matrimonial, religion, tribu, milieu et niveau d'étude ont retenu notre attention.

    Tableau N°I : Répartition de la population selon l'Age

    Tranche d'âge

    Population

    ONG

    Total

    %

    Fréq

    %

    fréq

    %

     

    1

    16-20 ans

    27

    8,43

    0

    0

    27

    7,29

    2

    21-25 ans

    23

    7,18

    5

    10

    28

    7,56

    3

    26-30 ans

    22

    6,87

    7

    14

    29

    7,83

    4

    31-35 ans

    24

    7,5

    5

    10

    29

    7,83

    5

    36-40 ans

    45

    14,06

    8

    16

    53

    14,32

    6

    41-45 ans

    59

    18,43

    12

    24

    71

    19,18

    7

    46-50 ans

    31

    9,68

    5

    10

    36

    9,72

    8

    51-55 ans

    27

    8,43

    5

    10

    32

    8,64

    9

    55-60 ans

    28

    8,75

    2

    4

    30

    8,10

    10

    61-65 ans

    29

    9,06

    1

    2

    30

    8,10

    11

    66 et plus

    5

    1,56

    0

    0

    5

    1,35

    Total

    320

    100

    50

    100

    370

    100

    Il ressort de ce tableau que, sur 370 habitants enquêtés, 71 personnes soit 19,18 % se situant dans la tranche d'âge de 41 à 45 ans représente la classe modale de la population enquêtée. Cela s'explique par le fait que la plupart des acteurs dans le conflit se recrutent dans cette tranche d'âge.

    Il ressort ensuiteque 53 enquêtés soit 14,32% sont localisés entre 36 à 40 ans. Ils sont impliqués dans plusieurs cas de conflit foncier. Cette tranche se trouve confrontée à plusieurs problèmes d'héritage.

    Enfin, 160 Enquêtés soit 43,2% se retrouvent dans l'intervalle d'âge entre 36 et 50 ans. Il en résulte que pour intervenir dans la dynamique conflictuelle, il faut avoir une certaine maturité. En plus, les tranches d'âges qui se trouvent dans cet intervalle sont toujours des acteurs directs dans les conflits.

    Tableau N°II: Répartition des enquêtés selon la religion.

    Religion

    Population

    ONG

    Total

    %

    Fréq

    %

    Fréq

    %

     
     

    1

    Catholique

    107

    33,43

    16

    32

    123

    33,24

    2

    Protestante

    59

    18,43

    10

    20

    69

    18,64

    3

    Musulmane

    38

    11,87

    5

    10

    43

    11,62

    4

    Kimbanguiste

    39

    12,18

    6

    12

    45

    12,16

    5

    Autres

    40

    12,5

    6

    12

    46

    12,43

    6

    Sans

    37

    11,5

    7

    14

    44

    11,89

    Total

    320

    100

    50

    100

    370

    100

    La variable religion nous donne une certaine explication de l'écart observé entre les fréquences dans ce tableau. Nous dans ce tableau que les fidèles de l'Eglise catholique sont estimés à 33,24 % soit 123 enquêtés.Suivis des fidèles de la religion protestante avecune fréquence de 69 personnes soit 18 % sur l'ensemble des enquêtés. Ces statistiques dégagent le degré d'implication des uns et des autres tant dans la transformation des conflits que dans leur entretien au sein des communautés.

    Tableau N°III : Répartition des enquêtés selon l'Etat matrimonial

    Etat

    matrimonial

    Population

    ONG

    Total

    %

    H

    F

    Total

    %

    H

    F

    Total

    %

    1

    Marié(e)

    47

    85

    132

    41,25

    15

    10

    25

    50

    157

    42,43

    2

    Célibataire

    25

    30

    55

    17,98

    3

    5

    8

    16

    63

    17,02

    3

    Séparation précoce

    33

    38

    71

    22,18

    9

    4

    13

    32

    84

    22,70

    4

    Veuf(Ve)

    35

    27

    62

    19,37

    3

    1

    4

    8

    66

    17,83

     

    Total

    140

    180

    320

    100

    30

    20

    50

    100

    370

    100

    Ce tableau ci-dessus, révèle que la majorité des enquêtés sont des mariés et constituent la population cible de notre échantillon dans cette variable à en croire 157 personnes sur 370 soit 42,43% de la totalité des enquêtés.

    Ce tableau indique que sur 320 personnes enquêtés dans notre milieu, excluant les enquêtés de différentes ONG, 41,25% sont des maries. L'on entend par marié, toute personne non seulement parce qu'elle n'a pas célébré son mariage mais plutôt parce qu'elle a pris l'engagement de cohabiter avec son épouse suite à un problème qu'on a l'habitude de qualifier « forces majeures  » liés à la pratique sexuelle entre deux partenaires de sexes opposés.

    Au sein des ONG, nous avons remarqué un nombre important de mariés par rapport aux célibataires. Nous avons estimé qu'une personne mariée est capable d'aborder le processus de transformation des conflits par rapport aux célibataires dont le statut est douteux. Les ONG ont dit que les personnes mariées sont respectueusespar rapport aux célibataires dans le processus dudialogue et de négociation. L'on sait que le mariage est à la fois une cérémonie civile ou religieuse, un acte symbolique de l' union entre deux sexes opposés et qui sont soumis à des obligations réciproques c'est-à-dire reconnaissance des droits spécifiques98(*). Enfin, les mariés sont beaucoup plus impliqués dans le cas des conflits que le Célibataire.

    Les séparations précoces suivent en deuxième position avec une fréquence de 84 personnes soit 22,70%. Ces couples vivent en séparation, aucune déclaration de divorce n'est jusque là faite aux instances judiciaires ni à la coutume. De sa nature, la séparation précoce est conflictuelle raison pour la quelle sa fréquence est très élevée.

    Tableau N° IV : Répartition des enquêtés selon la tribu

    Tribu

    POPULATION

    ONG

    Total

    %

    Fréq

    %

    Fréq

    %

     
     

    1

    Bavira

    59

    18,43

    8

    16

    67

    18,10

    2

    Bafuliru

    60

    18,75

    7

    14

    67

    18,10

    3

    Barundi

    53

    16,56

    8

    16

    61

    16,48

    4

    Banyamulenge

    54

    16,47

    7

    14

    61

    16,48

    5

    Babembe

    23

    7,28

    5

    10

    28

    7 ,56

    6

    Balega

    22

    6,87

    3

    6

    25

    6,75

    7

    Bashi

    22

    6,87

    4

    8

    26

    7,02

    8

    Autre

    27

    8,43

    8

    16

    35

    9,45

    Total

    320

    100

    50

    100

    370

    100

    Ce tableau montre que nos enquêtés se recrutent en grande partie dans les tribus majoritaires du territoire d'Uvira. Ces tribus sont dans l'ordre d'importance Bafuliru, Bavira, Barundiet les Banyamulenge.

    Il ressort de ce tableau que les Bafuliru et Bavira ont chacun une fréquence 67 enquêtés soit 18,10%  personnes suivies de Banyamulenge et Barundi avec chacune une fréquence de 61 enquêtés soit 16,48%. Ces communautés sont impliquées dans la majorité des conflits identifiés dans le territoire.

    La proportion élevée de ces 4 tribus par rapport à d'autres s'explique par le fait que ces quatre communautés demeurent parfois l'obstacle majeur pour la restauration de la paix dans le processus de résolution et de transformation des conflits.

    Tableau N° V: Répartition des enquêtés selon le sexe

    Sexe

    Enquêtes

     
     
     
     

    Population

    ONG

    Total

    %

    1

    Masculin

    140

    30

    170

    45,94

    2

    Féminin

    180

    20

    200

    54,05

     

    TOTAL

    320

    50

    370

    100

    Il est noté dans ce tableau que 320 habitants sont du territoire d'Uvira. La plupart des habitants enquêtés sont des personnes dont leurs communautés sont exposées au conflit. Et 50 autres proviennent des organisations. Ils nous ont donné le climat qui règne dans l'organisation, le fonctionnement des ONG ainsi que leurs différentes actions. Il est donc observé que 170 personnes soit 45,94% appartiennent au sexe masculin et 200 ou 54, 05% appartiennent au sexe féminin. Les femmes sont nombreuses par rapport aux hommes pour multiples raisons à savoir, elles étaient permanentes pendant que nous étions entrain de mener notre enquête. En plus, elles sont serviables. Des hommes se sentaient occuper raison pour la quelle nous nous sommes repliés sur femmes pour compenser l'absence des hommes.

    Tableau N°VI : Répartition des enquêtés selon le niveau d'étude

    Niveau d'étude

    Population

    ONG

    Total

    %

    H

    F

    Tot

    %

    H

    F

    Tot

    %

    Analphabète

    59

    14

    73

    22,81

    0

    0

    0

    0

    73

    19,72

    Secondaire

    79

    38

    117

    36,56

    0

    0

    0

    0

    117

    31,62

    Primaire

    27

    68

    95

    29,68

    5

    1

    6

    12

    101

    27,29

    Universitaire

    15

    20

    35

    10,93

    25

    19

    44

    88

    79

    21,35

    Total

    180

    140

    320

    100

    30

    20

    50

    100

    370

    100

    Nous lisons dans ce tableau que 117 enquêtés soit 31,62% sur un total de 370 enquêtés sont du niveau secondaire. De l'autre coté, la majorité des enquêtés travaillant dans des ONG sont du Niveau universitaire (premier ou deuxième cycle) ; 44 agents soit 88% ont fréquenté les études universitaires. Cette dernière est expliquée par le fait que, les ONG exigent au minimum un diplôme de premier cycle pour être engagécomme travailleur. Ces organisations ont besoin des personnes qui possèdent un esprit critique de comprendre, d'expliquer, d'analyser et de trouver des solutions aux problèmes qui se posent dans le territoire d'Uvira.

    Le taux élevé d'analphabétisme au sein de la population s'explique par une pauvreté intense qui secoue la population d'Uvira et ensuite, les habitants n'ont pas le goût de faire inscrire les jeunes filles à l'école sous prétexte qu'elles ont l'obligation de garder les enfants et accompagner leurs mamans aux différents travaux de ménage.

    Tableau N° VII: Répartition de la population selon la chefferie

    Chefferie et/ou cité

    Population

    ONG

    Total

    %

    Fréq

    %

    Fréq

    %

    1

    Bavira

    69

    21,56

    0

    0

    69

    18,64

    2

    Bafuliru

    92

    28,75

    0

    0

    92

    24,86

    3

    Plaine de la Ruzizi

    35

    10,93

    0

    0

    35

    9,55

    4

    Cité d'Uvira

    55

    17,18

    50

    100

    105

    28,37

    5

    Cité de Kagando

    31

    9,68

    0

    0

    31

    8,37

    6

    Cité de Sange

    38

    11,87

    0

    0

    38

    10,27

    Total

    320

    100

    50

    100

    370

    100

    Ce tableau indique que 105 personnes soit 28,37% des enquêtés nous viennent de la cité d'Uvira. Elle est la plus peuplée par rapport à d'autres chefferies et cités du territoire. Différentes membres de communautés quittent leurs milieux pour se réfugier dans cette cité.

    La plaine de le Ruzizi est représentée à l'ordre de 35 personnes soit 9,55 %. Elle est la chefferie la moins peuplée du territoire. Cette partie du territoire constitue le véritable champ de conflit dans notre étude. C'est un véritable bastion des rebelles appuyés par les communautés locales à savoir le Barundi et le Bafuliru qui se disputent régulièrement les pâturages et le pouvoir coutumier.

    2. Approches organisationnelles de transformation des conflits

    Cette approche fournit à notre étude une efficacité d'analyse des organisations dans les dynamiques de pacification et de transformation des conflits en territoire d'Uvira. Elles nous donnent des procédures utilisées par les ONG (RIO, ADEPAE et CDJP/Uvira). A ce niveau, il est nécessaire de s'intéresser au « système d'action concret » de la sociologie des organisations qui est l'ensemble humain, structuré qui coordonne les actions des participants par des mécanismes de jeux relativement stables et qui maintient sa structure par des mécanismes de régulation qui constituent d'autres jeux99(*).

    Nous dégageons dans ce travail deux approches dans le but de déterminer les mécanismes mis en oeuvre par les ONG impliquées par notre sujet de recherche. La première approche est dite curative et la seconde prophylactique.

    a. Approche curative des ONG

    Les organisations agissent généralement en réaction aux situations de conflits observables dans leur champ d'intervention. L'action organisationnelle est au départ une solution sociale au problème de non-paix qui se pose au sein du territoire d'Uvira. Le diagnostic est fait par les organisations.

    Elles déterminent également les types des solutions à apporter et leur temporalité pour induire des changements immédiats dans l'environnement troublé par les conflits100(*). Ainsi, pour bien comprendre cette section, nous avons pensé à l'élaboration d'un tableau qui permet de situer les approches curatives de chaque organisation étudiée.

    Tableau N° VIII: Les approches curatives

    CDJP/Uvira

    ADEPAE

    RIO

    La CDJP utilise des stratégies suivantes :

    ü Messe de paix ;

    ü Rites traditionnels de réconciliation (intervient après médiation) ;

    ü Activités communes pour la paix (champs communautaires) ;

    ü Elle utilise la négociation, la médiation, l'arbitrage pour mettre fin aux différends ;

    ü Mise en place de structures telles que CLM, PIP, CLGP pour la transformation des conflits ;

    ü Réunir les notables pour ressembler les communautés ;

    ü Monitoring ;

    ü Réconciliation des communautés ;

    ü Auto pris en charge intercommunautaire ;

    ü Rencontre d'échange intercommunautaire ;

    ü Partage de repas, symbole de réconciliation ;

    ü Organisation de matches de football pour la paix ;

    ü Lancement de message de paix ;

    Les mécanismes utilisés par ADEPAE sont mentionnés ci-dessous :

    ü Création du cadre de concertation intercommunautaire ;

    ü Accompagnement des victimes ;

    ü Mise en place des initiatives de construction de paix ;

    ü Rapprocher les groupes armés à la communauté locale ;

    ü Rencontre régulière avec les communautés en conflit ;

    ü Organisation de séances de médiation et de négociation des comités mixtes ;

    ü Réunir les notables pour régler les différends ;

    ü L'ADEPAE fait appel à la négociation, à la médiation et à l'arbitrage pendant la transformation des conflits à Uvira ;

    ü Elle fait participer la population à la recherche de solution au problème

    Pour RIO, les stratégies sont les suivantes :

    ü Recherche action participative ;

    ü Gestion axée sur le résultat (GAR) ;

    ü Accompagnement des initiatives locales (appui technique, conseil financier, stratégies et moral) ;

    ü La capacitation individuelle et institutionnelle par rapport au renforcement des compétences pour faire face aux défis ;

    ü Valorisation des ressources et de l'expertise locale sous les quelles les populations prennent conscience de leurs problèmes et de leurs conflits et mènent jusqu'au bout pour des issues durables ;

    ü Médiation, négociation (dialogues intra et intercommunautaires, les tables ronde) ;

    ü Accompagnement technique, matériel et financier des structures communautaires ;

    ü Identification des manipulations, facteurs des divisions ;

    ü Identité des parties en conflit.

    Au regard de ce qui procède, ce tableau nous montre une vue générale des approches curatives empruntées par ces trois ONG. Il s'observe de similitudes et des dissemblances. Commençons tout d'abord par les points communs.

    D'abord toutes ces organisations interviennent dans le domaine par le mécanisme de négociation, de l'arbitrage et de médiation dans leur processus de transformation des conflits.

    Ensuite, la majorité des approches de RIO et d'ADEPAE sont d'ordres de formation. Ces deux organisations oeuvrent ensemble dans plusieurs projets raison pour laquelle leurs stratégies se ressemblent.

    Quant à ce qui concerne les divergences, la CDJP/Uvira et le RIO sont des structures confessionnelles.

    La première appartient à l'Eglise catholique et la seconde à l'ECC tandis que l'ADEPAE est une structure non confessionnelle. La structure a mis en place le CLM, le PIP et le CLGP pour le suivi de l'évolution de conflit tandis que le RIO et l'ADEPAE qui travaillent ensemble ont mis en place le CCI.

    Ce tableau présente d'une manière détaillée les stratégies curatives utilisées par les trois ONG énumérées dans ce tableau. Il nous est maintenant utile de passer aux approches prophylactiques.

    b. Approche prophylactique des ONG

    Cette approche est le prolongement de la première approche. C'est un ensemble des procédés mis en place par les organisations pour empêcher la reproduction ou le développement des phénomènes conflictuels dans les sociétés post-conflit. Elle a une finalité idéologique et procède fondamentalement pour la sensibilisation-conscience par rapport à la paix collective101(*).Les mécanismes de cette approche soutiennent de pérenniser les acquis de la réconciliation intercommunautaire ou intergroupe102(*).

    Sous cette section, nous développons les approches utilisées par ces ONG pour prévenir les conflits dans leurs rayons d'action. Ce sont en premier lieu des stratégies de prévention des conflits dans le territoire d'Uvira. Ces mécanismes sont présentés brièvement dans un tableau qui rassemble les approches prophylactiques des ONG (CDJP, ADEPAE et RIO) sous notre étude.

    Tableau N° IX: Les approches prophylactiques des ONG

    CDJP/Uvira

    ADEPAE

    RIO

    ü Formation des animateurs paroissiaux, des leaders sociaux, des autorités politico-administratives, des membres des communautés ethniques, des responsables des confessions religieuses, etc. ;

    ü Sensibilisation des communautés locales au respect des droits de l'homme et à la prévention des violences à la femme ;

    ü Animation de l'Emission radiodiffusée « Haki na amani kwa wote » à la Rtnc/Uvira chaque vendredi de la semaine ;

    ü formation des mamans pour une auto pris en charge des petits métiers ;

    ü Formation des médiateurs communautaires ;

    ü Encadrement des parties en conflit pour une gestion positive des conflits ;

    ü Sensibilisation des communautés sur la transformation des conflits et la cohabitation pacifique ;

    ü Renforcement des capacités des structures d'accompagnement ;

    ü Initiation des activités intégratrices aux victimes ;

    ü Education à la paix à travers les dépliants et atelier d'échange ;

    ü Formation des services territoriaux ;

    ü Atelier d'échange sur la gestion des conflits ;

    ü Rapprochement des militaires aux civils afin de prévenir les conflits ;

    ü Education à la paix à travers des messages lancés à la radio ou écrit ;

    ü Lobbying et plaidoyer au près des autorités politico-judiciaires ;

    ü Organisation d'Atelier pour la paix, de symposium festival, voyage d'étude et mission des consultances ;

    ü Vulgariser les outils institutionnels ;

    ü Réhabilitation scolaire ; remettre les victimes à ses droits éducatifs.

    Ce tableau nous indique l'ensemble des approches prophylactiques utilisées par ces ONG. Toutes ces organisations font recours à la sensibilisation des communautés locales. Elles procèdent toutes au lancement de message de paix à la radio ou soit au dépliant.

    De l'autre côté, la CDJP et l'ADEPAE font recours au rapprochement des militaires aux civils afin de les amener à vivre pacifiquement. Entre la CDJP et RIO se dégagent un point commun, les paroisses et les diaconies contribuent de leur manière à la vulgarisation ou la conception des messages de paix et les enseignements bibliques qui touchent à la paix et ce, sous la supervision de curé ou de pasteur d'une Eglise.

    Le RIO quant à lui se diffère des autres du fait qu'elle intervient pour la réhabilitation et la construction des écoles.

    3. Justification des stratégies utilisées par les ONG

    Tableau N°XI : La perception de la population et des ONG sur les stratégies de transformation des conflits à Uvira

    A. ONG

    Libellé

    Réponses

    Fréquence

    Pourcentage

    1

    Quelles sont les stratégies envisagées par votre ONG dans le processus de transformation des conflits à Uvira ?

    a. La négociation qui réunit les notables des différentes parties en conflit et organiser le rite traditionnel de règlement des conflits ;

    b. Véhiculer les messages de paix à travers les radios locales ;

    c. Rencontres d'échanges intercommunautaires sur la cohabitation pacifique ;

    d. Organiser les tournois auxquels doit participer toutes les communautés ;

    e. Activité de médiation, négociation, sensibilisation à la cohabitation pacifique partant de la recherche action participative

    f. Installation des activités de paix et structurale de transformation des conflits dans chaque milieu à forte démocratique.

    18

    9

    4

    6

    7

    6

    36

    18

    8

    12

    14

    12

    Total

    50

    100

    2

    Quels sont les rôles joués par votre ONG dans le processus de transformation des conflits à Uvira ?

    a. Coordonner toute activité liée à la paix ;

    b. Il s'agit de prévenir, de résoudre et gérer pacifiquement les conflits ;

    c. Sensibilisation sur la cohabitation pacifique à travers la radio, le notable et les activistes de paix.

    12

    23

    15

    24

    46

    30

    Total

    50

    100

    3

    Quelles sont les catégories des conflits couramment enregistrés dans le territoire d'Uvira ?

    a. Les conflits intra ou intercommunautaire, les conflits intra ou interpersonnels, les conflits coutumiers ; les conflits du pouvoir, les conflits identitaires, les conflits fonciers, les conflits migratoires.

    50

    100

    Total

    50

    100

    4

    Comment identifiez-vous un conflit dans votre milieu?

    a. Lorsqu'il ya une rupture des communications entre deux familles, entre deux personnes ou entre deux membres des communautés différentes ;

    b. A travers la manifestation de pillage, de tuerie, de massacre perpétré contre une famille ou une communauté ;

    c. Rupture de la solidarité entre deux parties et mésentente entre partie

    27

    16

    7

    54

    32

    14

    Total

    50

    100

    5

    Quelles sont les catégories de personnes impliquées dans les conflits ?

    a. Les militaires ayant une appartenance tribale des communautés : Banyamulenge, Barundi, Bavira et Bafuliru qui sont plus particulièrement des rebelles et d'autres de l'armée régulière FARDC ;

    b. Les personnes civiles, qui sont principalement les notables, la diaspora qui finance les conflits, les personnes démunies parmi lesquelles nous citons les cultivateurs et les éleveurs, le gouvernement central et provincial et les ONG qui ont une partie prie lors de la transformation des conflits ;

    c. La communauté internationale et certains occidentaux qui s'apprennent au malheur de la population congolaise

    14

    19

    17

    28

    38

    34

    Total

    50

    100

    6

    Quel est le nombre total des activistes de paix destinés à oeuvrer pour la cause de la paix ?

    a. Dans chaque paroisse 25 CLM et 100 dans tous les territoires

    b. Tout cela dépend de la rentabilité du projet par rapport à la situation financière

    21

    29

    42

    58

    Total

    50

    100

    B. POPULATION

    7

    Quelle est votre perception face aux stratégies utilisées par ces ONG pour transformer les conflits entre les communautés à Uvira ?

    a. Depuis le début des activités des ONG, nous n'avons constaté aucun changement par rapport à la transformation des conflits

    b. Ces ONG n'ont pas abouti à résoudre totalement les conflits mais elles essaient de définir les moyens financiers par des mini projets observés en vue de justifier leur dépenses

    c. Avant l'arrivée des ONG, les conflits étaient intenses mais dès leurs interventions l'on a constaté des activités orientées à la construction de la paix dans la région, bien que cette paix ne soit pas effective,

    121

    112

    87

    42

    35

    27,1

    Sous/Total

    320

    100

    12,7

    3,7

    43

    30

    31,5

    15,3

    5,9

     
     
     
     

    Sous/Total

    320

    100

    8

    Quels sont les impacts visibles pour la prévention et résolution des conflits ?

    a. Le médiateur a tendance à se rallier à une partie en conflit c'est ce qui engendre la violence entre les médiateurs ;

    b. Lors de la résolution des conflits, aucune partie ne veut pas en sortir perdant, les protagonistes souhaitent que la relation gagnant-gagnant caractérise le processus de négociation ;

    c. Pillage et massacre se généralise dans les trois chefferies ;

    d. Absence de cohabitation pacifique.

    56

    90

    77

    97

    17,5

    28,1

    25,0

    30,3

    Sous/Total

    320

    100

    9

    Quelles sont les mesures envisagées par les ONG pour empêcher le conflit de son état de violence ?

    a. Sensibiliser toutes les communautés ou toute personne sur le danger que peut présenter le conflit lors de son éclatement ;

    b. Conception des pièces théâtrales qui présentent le danger de conflit et l'avantage de la paix dans une société.

    209

    111

    65,3

    34,6

    Sous/Total

    320

    100

    10

    Quelles sont les causes des conflits ?

    a. L'appropriation d'une surface de terrestre ;

    b. La recherche et contestation du pouvoir ;

    c. L'attribution de nationalité ;

    d. Vol des bétails, la destruction des champs.

    91

    69

    54

    106

    28,4

    21,5

    16,8

    33,1

    Sous/Total

    57

    17,81

    Total

    320

    86,48

    Il ressort de ce tableau que 18 enquêtés soit 96% prélevés sur les agents et responsable des ONG estiment que la négociation qui réunit les notables des différentes parties en conflits et organisation des rites traditionnels de règlements des conflits est la meilleure stratégie pour transformer les conflits.

    23 personnes soit 46% des enquêtés sur 50 prélevés estiment que, prévenir, résoudre et gérer pacifiquement les conflits constitue le rôle très important à assumer par les Organisations dans leur processus de transformation des conflits.

    S'agissant des questions adressées à la deuxième catégorie d'enquêté (habitants du territoire), 121 enquêtés soit 37,8% disent que les ONG n'ont pas apporté un changement souhaité malgré quelques actions réalisées dans le territoire. 87 enquêtés soit 27,1 % reconnaissent les actions des ONG et leur changement dans la transformation des conflits bien que cette paix n'est pas effective.

    Pour empêcher les conflits de son Etat de violence, les ONG recourent à la sensibilisation des communautés ou toute personne désireuse d'apporter sa contribution au problème de non-paix. 209 enquêtés soit 65,3% l'ont approuvée contre 111 personnes soit 34,6% qui ont estimé que les pièces théâtrales constituent aussi une stratégie pour transformer les conflits

    3. Les forces et faiblesses des ONG

    Le but final des organisations sociales est d'assurer, en commun, à tous les membres un maximum de possibilité, d'épanouissement et la réalisation des objectifs fixés. Car une organisation est une unité sociale poursuivant des objectifs spécifiques mais une fois créée, elle se forge d'elle-même d'autres objectifs qui deviennent plus importants que les objectifs de son maître.

    Pour échapper aux difficultés qui pourraient naître des discordances éventuelles entre les aspects divers du bien-être, l'analyse à la quelle, il a été procédé jusqu'à présent a porté sur les ONG considérées comme un système ayant des fonctions à remplir à travers ses ressources. On pourrait, certes, étudier les défis des ONG lors de l'exécution de leurs tâches en vue de les décaler.

    Nous nous préoccupons à ce niveau d'apprécier négativement et positivement les actions des ONG à Uvira. En ce qui concerne les forces, nous nous proposons d'énumérer toutes les réalisations de ces ONG. Les faiblesses sont des limites affichées par les ONG pendant l'exercice de leur mission de transformation des conflits. Pour mieux appréhender ces actions, un tableau synthétique nous permettra de visualiser ces actions reparties dans trois rubriques. Une pour la CDJP/Uvira, l'autre pour le RIO et la dernière pour l'ADEPAE.

    Tableau N° XII: forces et faiblesses des ONG

    ONG

    FORCES

    FAIBLESSES

    CDJP/Uvira

    La CDJP/Uvira a eu les mérites d'aider la population d'Uvira à réaliser certaines actions à savoir :

    ü Exécution du projet de rétablissement de la paix par le rapprochement et la participation citoyenne en territoire d'Uvira en 2006-2007 ;

    ü Plaidoyer contre les violences sur toutes leurs formes en 2003 ; il s'agit d'un nombre de plus ou moins 150 filles et femmes à travers le territoire ;

    ü Sensibilisation des communautés locales au respect de droit de l'enfant et à la prévention aux violences faites à la femme de 2004-2005. Il s'agissait ici de diffuser les communiqués à travers les Eglises afin de les inciter à cette sensibilisation ;

    ü Monitoring sur la réinsertion des rapatriés dans les zones de retour en 2006 au sein de la population d'accueil ;

    ü Sensibilisation des rapatriés et des communautés d'accueil sur la réintégration sociale, les droits et devoirs des rapatriés en 2006 ;

    ü Assistance psychosociale, juridique et médicale des femmes et filles victimes qui sont assistées ;

    ü La CDJP assiste les victimes par des conseils tout en les montrant qu'elles sont aussi des filles et des femmes comme les autres ;

    ü Elle assure la prise en charge des femmes et enfants issus de violences sexuelles pendant deux ans ;

    ü Elle prend en charge les soins médicaux des enfants et leurs mamans.

    ü Elle accompagne les victimes afin de punir les coupables ;

    ü Organisation de la population pour la gouvernance participative depuis 2007, ici la CDJP montre le bien-fondé de l'État tout en démontrant les rôles de citoyen dans la bonne gouvernance et cela à travers la sensibilisation ;

    ü Dans le cadre des conflits intra ou intercommunautaire, la CDJP a résolu le conflit entre Bashi et les pygmées à Kamanyola en 2007. Un conflit lié à la discrimination. Jusqu'ici ce conflit n'est plus signalé ;

    ü À Luvungi, le conflit lié aux parcelles entre la communauté Fuliru a été résolu en 2006;

    ü A Bwegera où le conflit de pouvoir opposé le notable et Mr Byamungu qui conduisait un groupe des habitants à contester le pouvoir de notable et d'amener les habitants à la révolte dans le groupement de Kakamba en 2006;

    ü Résolution d'un conflit intra personnel à Luvungi entre les frères catholiques de la paroisse sainte famille et le Dr Mulimbalimba, médecin à l'hôpital général de référence d'Uvira qui ne voulait pas que le tuyau de la canalisation d'eau puisse traverser dans sa concession à Luvungi en 2008;

    ü À Uvira centre, la CDJP a résolu le conflit qui opposait les ex-combattants aux autres communautés se trouvant à Kala et à Rutemba vers l'an 2009.

    La CDJP/Uvira présente plusieurs limites dans l'exécution de ses tâches :

    ü D'abord cette structure ne couvre pas l'étendue du territoire d'Uvira alors qu'elle a la mission de couvrir le territoire ;

    ü L'appartenance à une confession religieuse est au départ une faiblesse, car cette attitude l`empêche de matérialiser ses objectifs ;

    ü Le niveau d'étude très bas des membres de CLM, qui ne s'appuient qu'à la petite formation irrégulière ;

    ü La négligence de recherche action participative pendant le processus de transformation des conflits ;

    ü Intervention dans plusieurs domaines, celle-ci l'amène à oublier d'autres secteur ;

    ü Absence de collaboration entre les agents de la CDJP ;

    ü La mésentente caractérisent le personnel de l'organisation ;

    ü Difficulté de gestion des fonds octroyés par les bailleurs de fonds ;

    ü La négligence de relation entre les communautés locales et les groupes armés actifs dans la région ;

    ü Plus grand nombre des fidèles catholiques dans les sous structures de la CDJP (CPJP, CLGP, CLM, PIP etc.) ;

    ü Les conditions de travail sont difficiles ;

    ü L'existence des groupes informels dans l'organisation ;

    ü Incapable d'engager des discussions ouvertes avec les communautés après une série de troubles observés dans la région suite aux cas de pillage ou des massacres signalés dans telle communautés ;

    ü Incapacité de dégager une justice distributive lorsque son Eglise est partie prenante au conflit.

    RIO

    Le RIO a exécuté plusieurs actions dans le territoire d'Uvira, mais beaucoup sont bien plus dans les grands-lacs. Sa vision est de faire des grands-lacs une région stable, paisible et juste. Elle se fixe pour mission de devenir un centre de référence pour la promotion de la paix qui accompagne les communautés locales.

    Pour le cas d'Uvira, voici quelques actions :

    ü Organisation de symposium international pour la paix réunissant les acteurs de la société civile du Rwanda, du Burundi et de la RDC ;

    ü Séminaire/atelier sur les outils d'éducation à la paix ;

    ü Faire exposition et formation sur les outils d'éducation à la paix ;

    ü Reconstruction de la cohésion sociale, programme de renforcement des compétences et des stratégies d'actions des artisans de paix dans les pays des grands lacs africains ;

    ü Programme de renforcement des compétences en éducation à la paix ;

    ü La promotion des services de l'Eglise du christ au Congo au développement et à la culture de la paix ;

    ü Programme de réhabilitation d'un réseau scolaire.

    Le RIO affiche des faiblesses suivantes dans l'exécution de ses tâches :

    ü Appartenance aux Eglises protestantes ;

    ü Le fait d'aborder un champ trop vaste, amène cette organisation à ne pas atteindre ses objectifs. Ils se basent sur des formations des activistes de paix sans tenir compte de leur appartenance tribale ;

    ü Insuffisance des résultats. Des chercheurs engagés pour la sortie de crise sont incapable de traduire les ouvrages dans les langues locales afin de permettre l'accessibilité à tous les membres de la communauté ;

    ü Les interventions de RIO se limitent dans le milieu à forte densité démographique ;

    ü Incapacité d'engager des discussions ouvertes avec les communautés après une série de troubles observés dans la région suite aux cas de pillage ou des massacres signalés dans telle ou telle communauté ;

    ü Incapacité de dégager une justice distributive lorsque son Eglise est partie prenante au conflit.

    ü La majorité des activistes de paix sont des jeunes alors que ceux-ci sont marginalisés dans nos sociétés. Les coutumes les traitent des inexpérimentés dans les problèmes sociaux.

    ADEPAE

    Cette organisation travaille avec l'appui de Life Pease &Institute. En ce qui concerne les réalisations, l'ADEPAE a mis en place les cadres de concertation intercommunautaire (CCI). Ces CCI sont au nombre de 4. Ils sont installés à Bukavu, chef lieu de la Province, à Baraka et en Minembwe en territoire de Fizi et à Uvira ;

    ADEPAE organise des réunions de CCI, ces derniers deviennent des cadres viables de référence des communautés pour la gestion des conflits locaux, dotés des compétences techniques de négociation et ou médiation. C'est ce cadre de concertation que l'ADEPAE dote le statut de résoudre le problème lié au conflit.

    Formation des milliers des femmes sur la gestion des conflits dans le milieu ;

    De 2010-2016 : elle a organisé 102 rencontres de médiation et négociation réunissant au total 264 participants dont 108 femmes. Ils ont identifié 555 conflits dont 286 résolus.

    Ses faiblesses sont :

    ü La présence massive de deux communautés dans l'organisation (babembe et banyamulenge) ;

    ü La grande partie des réalisations est orientée  dans le territoire de Fizi;

    ü L'insuffisance des résultats dans le compte de la transformation de conflit dans le territoire ;

    ü L'incapacité de gérer les conflits dans son rayon d'action ;

    ü La persistance des conflits dans son rayon d'action .

    Ce tableau nous indique les forces et les faiblesses de CDJP, de RIO et d'ADEPAE dans la transformation des conflits à Uvira. Il ressort de ce tableau que toutes ces organisations ont le mérite d'oeuvrer pour la transformation des conflits à Uvira. Grâce à la sensibilisation qu'elles mènent chacun selon ses démarches, il y a une diminution observée de violence sur certains cas des conflits identifiés. Elles ont toutes oeuvré pour la cause de la paix à Uvira. Ce tableau nous montre que la sensibilisation et la tenue des ateliers de formation renferment en grande partie les forces d'ADEPAE. La CDJP elle, est permanente avec le CLM, le PIP et le CLGP.

    La persistance des conflits dans le rayon d'action de ce trois ONG demeure une grande faiblesse. On signale également au sein de la CDJP, l'existence de plusieurs groupes qui gèrent l'organisation à savoir la CDJP sous la bénédiction soit des bailleurs des fonds soit de l'Eglise. Une absence de collaboration entre certains agents de la CDJP ce qui a un impact négatif sur les objectifs assignés.

    4. Stratégies rationnelles de transformation des conflits

    Cette section renferme l'essentiel de ce travail, d'une manière globale, nous mettons sur pied des outils nécessaires sur la transformation des conflits à Uvira en particulier et partout dans le monde où la société est exposée aux conflits du pouvoir, foncier, coutumier et tout genre de conflit qui secoue la société en tenant compte de sa nature.

    Lorsqu'on est en face d'une situation conflictuelle à Uvira, l'acteur doit savoir ou encore ne doit pas ignorer que le conflit fait partie de la nature humaine. C'est un principe dans la vie humaine et la paix en est une exception. Présentons tout d'abord les stratégies favorables à la transformation des conflits dans le territoire d'Uvira.

    Tout acteur qui veut transformer le conflit communautaire dans le territoire d'Uvira doit recourir à la négociation. Cette négociation a deux étapes à respecter:

    ? Etape d'identification

    ? Etape de transformation

    5. Etape d'identification

    Il s'agit ici d'une étape intelligente pour la transformation des conflits, les experts des ONG doivent être à mesure de comprendre l'environnement dans lequel se trouvent les conflits. Pour bien maitriser son environnement d'étude, l'organisation doit faire un recours aux anthropologues et sociologues qui ont la maitrise parfaite du milieu. Cette étape est caractérisée par quatre démarches essentielles :

    ? Flair le conflit dans la communauté : un des éléments majeurs de l'identification des conflits. Pour matérialiser cette démarche, le spécialiste à la matière doit être proche des individus se trouvant dans une communauté. La maitrise de celle-ci peut même contraindre la manifestation de conflit. On doit veiller au comportement externe de tous les membres de la communauté.

    Pour y arriver la collaboration avec le chef de cellule de localité est obligatoire. Mais aussi il faut se rassurer du niveau d'étude de ce dernier. Cette étape doit être conclue par l'organisation des séances de capacitation de transformation des conflits axés sur l'identification des problèmes dans le territoire d'Uvira.

    ? Identification des acteurs : identifier les acteurs c'est chercher les parties prenantes aux conflits. L'on doit arriver à savoir qui fait quoi c'est-à-dire identifier les acteurs directs et indirects et leurs rôles dans ce conflit.

    Est appelé acteur direct, un membre d'une communauté x connu par tous les autres comme tête d'affiche ; un acteur indirect peut être désigné comme un individu, une communauté ou groupe des communautés ou encore une organisation qui influence indirectement l'acteur direct à déclencher ou continuer à persister sur l'opposition. Acteur direct donc appelé acteur manifeste et acteur indirect est dit acteur latent. Pendant cette démarche, nous devons savoir situer la nationalité, la tribu, le statut et les rôles des acteurs.

    ? Créer un lien avec les acteurs manifestes : c'est une obligation de le faire. Les ONG tissent de relation étroite avec les deux protagonistes séparément. L'Objectif, c'est de chercher à découvrir les choses cachées.

    ? Constater les dégâts : nous devons ici savoir si le conflit qui secoue présente des manifestations visibles ou non visibles. Pour les ONG, il faut d'abord identifier les dégâts commis par l'un ou l'autre.

    ? Rechercher les causes de conflit : une démarche essentielle pour mettre terme au conflit. Les ONG doivent chercher les racines des conflits c'est-à-dire les causes lointaines et les causes récentes des conflits. Il est aussi question de se demander si c'est la première fois entre le deux protagonistes de se retrouver pour un tel problème.

    Si les deux protagonistes se sont retrouvés pour la première fois, les ONG doivent maintenant se pencher à chercher les causes d'abord. Si le deux parties se sont retrouvés précédemment ; dans ce cas, on revient alors pour examiner qui est gagnant et le perdant dans l'affaire. Cela vous permettant d'étudier le mode de transformation à procéder.

    6. Etape de transformation

    La phase d'identification est terminée. Celle-ci est une cure au problème conflit en territoire d'Uvira qui oppose les communautés, les individus ou toute autre couche de la société. Toutes les différentes catégories de conflit doivent être soumises à la transformation. Il s'agit là d'une résolution des conflits déjà déclenchés.

    a. La connaissance de fait

    Les protagonistes sont tous réunis autour de la table accompagnés de leurs témoins. Le responsable de l'ONG ou son délégué explique les raisons de rassemblement. Demande à chaque participant, en commençant par les protagonistes de communiquer les attentes et les craintes de cette assise. Ensuite, une série des questions doivent être prises en compte par l'acteur social :

    · Pourquoi transformer le conflit : les ONG doivent se fixer des objectifs pour la transformation des conflits. Ces objectifs ne doivent pas plaire les bailleurs des fonds qui soutiennent les projets mais plutôt tenir compte de l'ampleur du problème de non paix dans le milieu.

    · Comment le transformer : il faut procéder par les étapes envisagées. Celle de l'identification et de transformation des conflits.

    · Où transformer le conflit : la question de lieu est importante dans la transformation des conflits. Les protagonistes doivent être d'accord sur le lieu où se déroulera la négociation.

    b. Déroulement de négociation

    Une étape importante pour le bon déroulement du processus. La connaissance des relations doivent être envisagée. L'Acteur social pousse par tous les moyens les protagonistes à se respecter, à éviter des propos injuriés à l'endroit de son adversaire, à adopter une attitude responsable.

    Au départ, nous proposons de suivre les relations suivantes dans chaque chefferie. Pendant la négociation, les protagonistes sont en phase de trois relations qui suivent :

    ? La relation gagnant-gagnant : Toute organisation qui intervient dans le domaine de transformation des conflits à Uvira doit mettre beaucoup plus l'accent sur cette relation. Elle suppose que chaque protagoniste puisse sortir gagnant dans un problème qui les oppose. C'est une relation idéale dans le territoire d'Uvira. Pendant la transformation des conflits, les ONG doivent amener les parties à adopter cette relation. Dans la chefferie de Bavira, plus particulièrement dans la cité d'Uvira, les enquêtés ont préféré cette relation car permettent à la population de vivre dans l'harmonie.

    ? La relation gagnant-perdant : cetterelation stipule que l'un gagne et l'autre perd.c'est la deuxième relation qui caractérise les protagonistes. Celui-ci n'est pas souhaité par les habitants de la Cité d'Uvira pour régler leurs différends ; par contre, dans la chefferie plaine de la Ruzizi et la chefferie de Bafuliru, les enquêtés ont exprimé leur souhait sur la relation gagnant-perdant. Mais surtout lorsqu'il s'agit des conflits qui opposent deux communautés ou deux personnes de deux communautés différentes. La conséquence de cette relation, est que le conflit ne se termine pas mais il revient toujours avec son aspect de violence.

    ? Et la relation perdant-perdant : cette relation suppose que toutes les parties aux conflits en sortent perdantes. Dans le territoire d'Uvira toutes les parties ne veulent pas perdre. Cette relation est imposée par une autorité qui, après avoir constaté le problème, estime que la privation de l'objet de crise entre les deux protagonistes est la meilleure solution, on le fait.

    L'acteur social doit savoir que la négociation est une étape importante dans un processus de transformation. La maîtrise de ces relations amènera l'acteur social à atteindre ses résultats. Elle permet au protagoniste de s'exprimer.

    c. Du mode de transformation

    Le processus de transformation est une phase délicate dans cette partie. La qualité, la personnalité de l'intermédiaire et/ou des personnes qui gèrent le débat de transformation doivent convaincre les protagonistes. Pour transformer le conflit, on doit faire recours à :

    · La négociation : faire négocier les protagonistes sur les causes de leur différends ;

    · Médiation : il sera question de désigner une personne compétente et qui a les notions fondamentales sur la résolution des conflits. Le médiateur ne doit pas être d'une des communautés en conflit.

    · L'arbitrage : interposer une personne neutre, capable d'apporter la solution aux problèmes ;

    · Le dialogue, l'une des stratégies importantes qui aide aux protagonistes de savoir les attentes de son partenaire.

    Toutes ces démarches ne doivent pas être entreprises au même moment. De préférence, l'acteur doit mettre son accent sur la négociation. Il doit amener les protagonistes à négocier sur différents points de vue. A l'issue de cette négociation, des règles doivent être établies pour faire régner l'ordre.

    d. Les normes

    Pendant la négociation, chaque partie est tenue de respecter les engagements et prendre en considération des recommandations. De tout cela naissent des règles qui doivent être appliquées par toutes les parties. Elles permettent aux parties en conflit de mettre terme aux différends.

    7. La présentation schématique de la négociation

    Préparation de la négociation

    Déroulement de la négociation

    Compromis

    Les règles (normes)

    Concession

    Phase finale de la négociation

    Consensus

    Echec de la négociation

    Désaccord

    Ce schéma nous indique une vue globale de la négociation de conflit dans le territoire d'Uvira. La négociation doit impérativement commencer par la préparation puis le déroulement pour finir par le point de chute qui est la phase finale. Cette dernière aboutit aux quatre éléments à savoir le compromis, la concession, le consensus et le désaccord. Les trois premiers aboutissent aux protocoles d'accords qui sont les normes et le dernier constitue donc un échec de la négociation. A ce moment là, on fait recours à l'arbitrage ou à la médiation.

    CONCLUSION PARTIELLE

    Ce troisième chapitre qui est d'ailleurs le dernier, était subdivisé en cinq sections.

    La première parle de profil des enquêtés, celui-ci présente l'échantillon par quotas que nous avons utilisé dans notre travail. Nous avons ciblé une taille d'échantillon de 370 individus dont 50 tirés des ONG et 320 dans les trois chefferies du territoire d'Uvira.Plusieurs variables parmi les quelles la tribu, le sexe, la religion, le sexe,... ont été mises en exergue.

    La seconde section a parlé des approches organisationnelles de transformation des conflits. A ce niveau, nous avons soulevé deux approches, la première se veut curative et la seconde prophylactique.

    La justification des stratégies des ONG a fait l'objet de la troisième section. Les forces et faiblesses des ONGconstituent la quatrième section. Nous avons présenté d'une manière détaillée les points forts et les points faibles des ONG intervenant dans la transformation des conflits à Uvira. Et enfin les stratégies rationnelles constituent la dernière section de notre travail. Ces stratégies sont présentées en deux étapes. La première étape est celle d'identification et la dernière est l'étape de transformation.

    CONCLUSION GENERALE

    Les conflits sociaux entrainent un changement social dans la mesure où ils peuvent affecter la structure sociale et économique ou écologique par la modification des structures sociales. Les conflits sociaux dans le territoire d'Uvira amènent les communautés à adopter l'indifférence à la violence ouverte et créent des nouveaux rapports sociaux entre les membres de ces communautés. Ces conflits modifient la structure sociale dans la mesure où selon la forme et le plan où il se trouve, ils entrainent soit le renvoie, la révocation, soit la mort de membre antagonistes.

    Au terme de ce travail sur « les ONG et la transformation des conflits à Uvira », notre souci était de comprendre et expliquer les stratégies mises en jeu par la CDJP/Uvira, par RIO et par l'ADEPAE pour la transformation des conflits. Le but était d'étudier les stratégies de ces ONG en territoire d'Uvira pour la transformation pacifique des conflits.

    Trois grands moments à part l'introduction et la conclusion ont caractérisé notre parcours de recherche, quant à la subdivision de travail. Dans le premier moment, nous nous sommes appuyés à expliquer le cadre conceptuel, théorique et méthodologique ; la réflexion a été surtout orientée vers la compréhension et l'explication des concepts clés et opératoires à savoir l'ONG, la transformation, la paix, le conflit, la négociation et la médiation ensuite l'on est passé à l'utilisation de la théorie de régulation sociale qui se base sur trois concepts à savoir le conflit, les règles et la négociation.

    Nous avons utilisé la méthode fonctionnelle de Robert King Merton dans le but d'établir de l'ordre et équilibre dans le territoire. Les fonctions et les dysfonctions des ONG ont été étudiées. Cette méthode est appuyée par les techniques d'interview semi structuré, d'observation participante,d'enquête par questionnaire, d'analyse de contenu, d'échantillonnage et de documentaire.

    Le second moment consiste dans l'explication de la nature du conflit, à ce niveau nous avons fait comprendre la dimension sociale, fonctionnelle et économique du conflit à Uvira. Nous avons aussi tenté d'expliquer les causes profondes et les conséquences du conflit dans tous les secteurs de la vie sociale mais aussi la notion d'acteurs dans les conflits.

    Le dernier moment de ce travail a porté sur les stratégies de transformation des conflits à Uvira, à ce niveau, nous nous sommes mis à déterminer le profil de nos enquêtés, celui-ci nous a amené à présenter notre échantillon. Nous avons fait recours à l'échantillonnage par quotas. Notre taille d'échantillon est 370 dont 50 personnes sont extraites des ONG et 320 individus extraits des trois chefferies du territoire et trois cités du territoire. Outre ces caractéristiques des enquêtés, nous avons dégagé les approches organisationnelles de la CDJP, de RIO et d'ADEPAE dont les curatives et celles prophylactiques.

    Les forces et faiblesses des ONG sont intervenues avant de boucler ce travail par des stratégies rationnelles de transformation des conflits à Uvira. Ces stratégies s'opèrent en deux phases. La première phase est l'étape d'identification des conflits et la seconde étape est celle de la transformation. Les ONG qui oeuvrent dans le domaine de transformation des conflits en territoire d'Uvira sont tenues de procéder par ces deux étapes pour transformer les conflits.

    A L'issu de nos investigations et interprétations des données, nous avons aboutis à des résultats suivants :

    ü 71 soit 19,18% des personnes dont l'âge varie entre 41 à 45 sont exposés dans les conflits, ils apparaissent chaque fois avec le statut d'acteur soit manifeste soit latent.

    ü Dans le territoire d'Uvira, les fidèles catholiques sont impliqués dans différents conflits qui opposent soit les individus ou soit les communautés ;

    ü Les mariés sont impliqués dans des conflits à Uvira par rapport au célibataires,

    ü Les communautés Barundi, Banyamulenge, Bavira et Bafuliru sont impliquées à 70 % dans tous les genres des conflits qui déclenchent dans le milieu.

    ü Les femmes du territoire d'Uvira estiment que les ONG n'ont pas vraiment oeuvré en bon père de famille pour les problèmes des conflits dans leurs milieux

    ü Les stratégies de transformations sont mal choisies par ces ONG. Ils ne tiennent pas compte des critères important à savoir le niveau d'étude des agents de paix.

    ü Certains projets des ONG exigent des bailleurs des fonds de montant exorbitant, une fois le montant libéré, les travailleurs se livrent au combat. Le montant alloué au personnel devient trop supérieur à celui chargé de matérialiser le projet de transformation des conflits ;

    ü Certaines réalisations ne sont pas visibles sur les terrains mais les ONG brandissent des justificatifs pour faire semblant que le projet a été réalisés ;

    ü Il ressort des données récoltées, que les ONG oeuvrent dans les villages et centre à forte démographique. Leurs actions sont inexistantes dans les villages moins concentré par la population.

    ü L'insécurité perpétrée par les groupes armés empêche les ONG de travailler dans la sécurité et le calme ;

    ü Le gouvernement de la RDC n'est pas impliqué aux conflits communautaires ;

    ü Les ONG cherchent par tous les moyens à imposer la paix entre protagoniste ;

    ü La négociation est une stratégie nécessaire pour la transformation de conflit à Uvira celle-ci doit respecter deux étapes, la première est une étape de l'identification et la seconde est celle de la transformation. A l'issue de ces négociations les participants doivent aboutir sur des règles à respecter.

    Ce travail est donc une contribution à la pacification de la RDC. Il sied de le noter qu'il n'a pas la prétention d'être parfait c'est pourquoi nous demandons aux lecteurs non seulement leur collaboration mais aussi leur indulgence et critique constructive pour le parfaire.

    Etant donné qu'une série de mesures alternatives vient d'être mise à jour par le sociologue, nous recommandons donc à toute ONG oeuvrant à Uvira dans le domaine de transformation des conflits de faire en sorte que cet outil soit applicable tout en respectant les paramètres afin de faire face au problème de non paix que connaisse le territoire et l'Est de la République démocratique du Congo.

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    3. DICTIONNAIRES ET ENCYCLOPEDIES

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    · BARREAU C., Glossaire du règlement des conflits, Toronto, 1997

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    4. THESES, MEMOIRES ET TFC

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    · KAGANDA MULUMEODERHWA P.,  Mouvement Maï-maï et participation politique au Sud-Kivu. Contribution à la critique de sociologie de la paix en société post-conflit, thèse doctorale, UOB, 2012-2013 

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    6. COURS

    · BIRINGANINE NKUNZI, la politique agricole en RDC, une exploitation à partir du Sud-Kivu, mémoire, UOB, BUKAVU

    · KAGANDA MULUME-ODERHWA, cours d'initiation à la recherche scientifique, UOB, G1 sociologie, Bukavu, inédit

    · MUMBU MUKUNDA P, cours de théorie de la communication sociale, G3 sociologie, UOB, 2008-2009, inédit

    TABLE DES MATIERES

    0.INTRODUC 1

    1. Objet, choix et intérêt de l'étude 1

    2. Etat de la question 1

    3. Problématique 7

    4. Hypothèses 9

    5. Délimitation de l'étude 10

    6. Difficultés Rencontrées 10

    7. Subdivision de travail 11

    CHAPITRE PREMIER : CADRE THEORIQUE, CONCEPTUEL ET METHODOLOGIQUE DU TRAVAIL 12

    I. CADRE CONCEPTUEL 12

    1. ONG 12

    2. Transformation 15

    3. Conflit 15

    4. Paix 17

    5. Négociation 18

    6. Médiation 18

    7. Schéma d'analyse du cadre conceptuel 19

    II. CADRE THEORIQUE 20

    1. Les règles 20

    2. La négociation 21

    3. Le conflit 21

    III. CADRE METHODOLOGIQUE 22

    A. Méthode 22

    B. Techniques 23

    IV. BREF APERCU DE LA TRANSFORMATION DES CONFLITS 25

    Conclusion partielle 27

    CHAPITRE DEUXIEME : NATURE DES CONFLITS 28

    1. Regard sur les conflits à Uvira 28

    A. La relation population et groupes armés 28

    B. Alliance société civile, groupes armées et pouvoir public 28

    C. Les communautés locales impliquées dans le conflit 29

    D. Dynamique de cohabitation 30

    E. Contexte politique des conflits. 31

    2. Les fonctions sociales des conflits 32

    a. Le conflit affermit les liens 32

    b. Le conflit assainit les relations 32

    c. Le conflit équilibre 33

    d. Le conflit crée des nouvelles relations sociales 33

    3. Causes et conséquences des conflits dans le territoire d'Uvira 34

    3.1. Les causes de conflits 34

    3.2. Les conséquences des conflits 36

    Conclusion partielle 42

    CHAPITRE TROISIEME : LES STRATEGIES DE TRANSFORMATION DES CONFLITS A UVIRA 43

    1. Profil des enquêtés 43

    A. Présentation de l'échantillon 43

    B. Caractéristiques des enquêtés 43

    2. Approches organisationnelles de transformation des conflits 48

    a. Approche curative des ONG 49

    b. Approche prophylactique des ONG 50

    3. Justification des stratégies utilisées par les ONG 52

    4. Les forces et faiblesses des ONG 56

    5. Stratégie rationnelles de transformation des conflits 59

    1. Etape d'identification 60

    2. Etape de transformation 61

    3. La présentation schématique de la négociation 63

    conclusion partielle 64

    CONCLUSION GENERALE 65

    BIBLIOGRAPHIE 68

    1. Ouvrages 68

    2. Articles et Revues 69

    3. Dictionnaires et encyclopédies 69

    4. Thèses, Mémoires et Tfc 70

    5. Sites Web 70

    6. Cours 70

    Tables de matières 73

    * 1M. MIGNAULT, Cité par MASIALA MASOLO et GOMANDAMBA, Rédaction et présentation d'un travail scientifique, Goma, éd. Enfant et paix, ULPGL, 1993, p.45

    * 2 BOULANGER et BALEY QUIER cité par MULUMBATI NGASHA, Manuel de sociologie générale, éd. Africa, 2007, p.40

    * 3 MASUMBUKO NGWASI, les interactions humaines dans un contexte de conflit. Réflexion sur les obstacles et les chances du dialogue dans un contexte, CAREP, ULPGL, Goma, 1996, pp.78-79.

    * 4 JP KABAYA BABOLO, Essai de solution aux conflits de pâturage entre éleveurs et cultivateurs du groupement de Kakamba dans la collectivité plaine de la Ruzizi, TFC UNIC/ISGEA, Bukavu, 1995, pp.10-15

    * 5ADEPAE, Mode traditionnel de transformation des conflits dans les communautés tribales au Sud-Kivu (cas de Babembe, Bahavu et Bafuliru, éd. CERUKI, Bukavu, 2006, pp.144-145

    * 6OCDE, Prévenir les conflits violents : quels moyens d'action ?, CEDEX, 2001, pp. 95-125

    * 7Y. KALUNGERO LUSENGE, contribution de la société civile à la reconstruction de la paix en RDC : cas du GADHOP, Beni-Lubero, TFC, UCG BUTEMBO, 2001, inédit

    * 8A.NJANGU et alii, les conflits au Sud-Kivu des anciens royaumes à 1996, les rôles de la femme, édition de l'AFCEF, Bukavu, 2000, pp.47-56

    * 9HANS et Alii, Rapport de consultation d'elementiata sur des initiatives de paix au Sud-Kivu, 2001, inédit

    * 10 P. MWAMI, Rôles des ONG dans la résolution des conflits au Sud-Kivu, TFC, 2000-2001, p.34

    * 11A. AWAK'AYOM, « conscience nationale et identités ethniques. Contribution à une culture de la paix », in Congo-Afrique, N°372, Février 2003, pp.93-136

    * 12T. KAFARIRE MURHULA, l'autre visage du conflit dans la crise des grands-lacs, Nairobi, cité par MWAYILA TSHIYEMBE, « l'Afrique face à l'Etat multinationale » in le monde diplomatique, septembre 2000, pp.23-25

    * 13FEDERATION INTERRELIGIEUSE INTERNATIONALE POUR LA PAIX MONDIALE, culture de la paix. Un engagement personnel, familial, national et international, colloque ténu à Kigali du 26 au 27 Décembre 2000, pp.33-43

    * (14) P. DE LEERNER, Conflits et dynamiques populaires de changement, édition de LENDA, 1995, pp.10-27

    * 15 J.BOULAINE, Pédagogie appliquée, Barcelone, Milan, 1980, p.1

    * 16 G. MAGE, F.PERTY, Guide de l'élaboration d'un projet de recherche en sciences sociales, 3e éd., Bruxelles, Deboeck, 2011, pp.12-13

    * (17t) NORVEGIAN CHURCH AID, le rôle de la femme dans la résolution des conflits, Kigali, 2009, p.13

    * (18 ) A.P.CART, « introduction, imagination et souplesse ou de l'affirmation de l'Afrique au travail » in partenaire en Afrique, quelles coopérations pour quel développement ?, Berne, N°5, mai 2005, pp.5-10

    * 19ADEPAE & RIO ; les dynamiques des conflits intercommunautaires dans le territoire d'Uvira et de Fizi ; enjeux locaux autour de la persistance des groupes armés, rapport inédit, Draft N°2, Février 2009, pp. 8-10

    * 20M. FABIENNE et Alii, cité par KAGANDA MULUME-ODERHWA, cours d'initiation à la recherche scientifique, UOB, G1 sociologie, Bukavu, 207-2008, inédit, p. 11

    * 21 LALANDE et M. GUIGE cité par A. ALBARELLO, Apprendre à chercher, l'acteur social et la recherche scientifique, 2éd. Bruxelles, de Boeck, 2003, p.75

    * 22 ADEPAE et RIO, op.cit., p.23

    * 23 H.MINTZBERG, structure et dynamique des organisations, Paris, PUF, 1982, p.106

    * 24 RICHARD EPICUM, Zaïre-Afrique, Paris, Colin, 1975, p.81

    * 25 A.BIROU., vocabulaire pratique des sciences sociales, 2e éd, Paris, les ouvrières, 1966, p .98

    * 26 JP DURAND ET R. WEIL, sociologie contemporaine, 2e éd., vigot, 1999, p.25

    * 27 www.Akepetrice.com consulté le 13 Mars 2016

    * 28 Idem

    * 29M.FOUCAULT, cité par LIAUZU, op.cit, p.57

    * 30 M. BAROI, la force de l'amour, éd. Odile Jacob, 1987, p.7

    * 31 L. BASINGA cité par MISEKA MULOLWA Raphael,les ONG et les enfants victimes de la maltraitance à Bukavu, UOB, 2013-2014, p.17, inédit

    * 32 V.FERNAND, Financer autrement les associations et ONG du tiers monde, Genève, éd. RED, 1994, p.56

    * 33 P. MUMBU MUKUNDA, cours de théorie de la communication sociale, G3 sociologie, UOB, 2008-2009, inédit

    * 34MUSHI MUGUMO, « développement inégal des conflits » in paix et résolution pacifique des conflits durant la transition démocratique au Zaïre, CRONGD, Kinshasa, 1996, p.1

    * 35 Y. ALPES, et Alii, lexique de sociologie, Paris, Dalloz, 2005, p.38

    * 36 Dictionnaire de sociologie cité par C.MARSAN, Gérer les conflits, Paris, Dunod, 2OO5, p.15

    * 37 Grand dictionnaire encyclopédique la rousse, T3, 1982, p. 2506

    * 38 J. REINHARD VOB, Apprendre la non-violence de la Bible, manuel de formation de la CDJP en RDC, Médias Pol, Kinshasa, 2011, p.15

    * 39 Ibidem

    * 40 idem

    * 41 M. LAKEHAL, dictionnaire des relations internationales, éd. Ellipses marketing, Paris, Rue Brague, 2006, p.176

    * 42 Grand dictionnaire encyclopédique la rousse, T7, 1984, p.1740

    * 43 C.RASSEKH, « paix et unité de vue Bahaï, » in pensée Bahaï, N°96, p.11

    * 44AKE PATRICE, Qu'est- ce que la paix ? In www.akepatrice.wordpress.com , le 25 Novembre 2015

    * 45 ibidem

    * 46 www.actrav-courses-itcil.org consulté le 10 Juin 2016

    * 47 C. BARREAU, Glossaire du règlement des différends, Toronto, 1992, p.7

    * 48 E.NATHALIE MANDZOUNGOU NTOUMRA, Mis en exergue de la négociation au sein d'une ONG congolaise : cas de SUECO, Institut supérieur de management de Dakar, Mémoire de Master, 2008, P.68

    * 49 J-P BONAFE cité par Ben MRAD FATHI, sociologie des pratiques de médiation : entre principes et compétences. Thèse de doctorat en sociologie, université de Metz, 2003, p.68

    * 50 www.imaq.org consulté le 3 Août 2016

    * 51 A. GUILLAUME, Surmonter le conflit : les racines philosophiques de la médiation in www.imaq.org consulté le 3 Août 2016

    * 52P. BRUYNE, J. HERMAN et M. DE SCHOUTHEETE, Dynamique de la recherche en sciences sociales, Paris, PUF, 1er éd., 1974, p.104

    * 53 WWW.interventionéconomique.com , consulté le 14 février 2016.

    * 54 DE TERSAAC GILBERT. , « Régulation sociale et déficit de régulation » in de Teersaac, Gilbert et et alii., la théorie de régulation sociale de Jean-Daniel Reynaud, la Découverte, 2003, p.15

    * 55 E. DURKHEIM, « les règles de la méthode sociologique » in les classiques des sciences sociales, Chicoutini, Québec, 2001, p.46

    * 56 WWW.melchior.com consulté le 14 février 2016

    * 57 Ibidem

    * 58Idem

    * 59 B. GAUTHIER cité par F. DEPELTEAU, la démarche d'une recherche en sciences humaines, Paris, 2009, p.47

    * 60 J.HERMAN, le langage de la sociologie, 3e éd., que sais-je, Paris, PUF, 1994, p.5

    * 61 M. NDAY WA MANDE, Memento des méthodes de recherche en sciences sociales et humaines, CRESA, collection livre, Lubumbashi, Décembre 2006, p.3

    * 62 J. COENE-HUTHER, le fonctionnalisme en sociologie et après, Bruxelles, EUB, 1984, p.7

    * 63M. NDAY WA MANDE, op.cit, p.4

    * 64M. MASOLO et alii, Rédaction et présentation d'un travail scientifique, guide du chercheur en sciences humaines, Goma, ULPGL, p.27

    * 65M. GRAWITZ cité par M. Masolo et alii, op.cit., p.30

    * 66 MASIALA MASOLO et Alii, op.cit., p.28

    * 67 Ibidem

    * 68 LECUYER cité par BIRINGANINE NKUNZI, la politique agricole en RDC, une exploitation à partir du Sud-Kivu, mémoire, UOB, BUKAVU, p.7

    * 69REINHARD J.VOB, 0p.cit, p.17

    * 70 JEF VLEUGLES M., Non-violence et gestion constructive des conflits, réseau de pax christi Grands lacs, 2004, p.38

    * 71 JEF VLEUGLES, op.cit., p.38

    * 72 Ibidem

    * 73 Idem

    * 74LDGL, Interaction des groupes armés dans le territoire d'Uvira et de Fizi au Sud-Kivu en RDC, Kigali, 2003, p.8

    * 75 ADEPAE, op. cit, p.45

    * 76 BASIMIKE cité par ADEPAE, idem, p.40

    * 77Ibidem.

    * 78 Idem

    * 79 ADEPAE, 0p.cit, p.49

    * 80ADEPAE, Op.cit, p.60

    * 81 Ibidem

    * 82Entretien avec le Mwami Kinyonyi Ndabagoye III chef de collectivité chefferie plaine de la Ruzizi à Luberizi, 12 Novembre 2015

    * 83 A. BIRHAKAHEKA.,  « Historique de migration des peuples des grands lacs africains », in bâtissons la paix dans les pays des grands lacs. Séminaire de formation pour les artisans de paix, 2008, p.11

    * 84LEWIS COSER, Les fonctions sociales de conflit, Toronto, Mac Milan, 1956, p.76

    * 85 G. SIMMEL cité par M. MONTOUSSE et G. RENOUARD, op.cit., p.38

    * 86 LE WIS COSER, idem, p.34

    * 87Ibidem.

    * 88 www.afdb.org consulté le mardi 15 Avril 2016

    * 89E.DURKHEIM cité par M.MONTOUSSE et G.RENOUARD, in 100 fiches pour comprendre la sociologie, 3e éd, Bréal, 2006, p.33

    * 90 CHRISTINE MARSAN, Gérer les conflits, Dunod, Paris, 2005, p.5

    * 91 www.kartable;fr/ recherche terminale consulté le 15 Avril 2014

    * 92 S. MESURE et P. SADIVAN, Le dictionnaire des sciences économiques et humaines, 1er éd, Paris, quadrige, PUF, 2006, p.188

    * 93 P. PATOU, la misère, analyse sociologique, philosophique et politique, Paris, l'Harmattan, 2010, p.76

    * 94 P. PATOU, idem, p.78

    * 95 Rapport Surch for Common Ground, étude sur le conflit en plaine da la Ruzizi, 2015, p.10 inédit

    * 96Analyse de Conflit « Hauts Plateaux de Mwenga - Plaine de la Ruzizi », SFCG, octobre 2014, p. 22.

    * (97 ) R. GHIGLIONE ET B. MATALON, Les enquêtes sociologiques, Paris, Arman Colin, Juillet 2004, p.29

    * 98 GILLES FERREOLE, Dictionnaire de sociologie, 3ème édition, Paris, Armand Colin, 2004, p.100

    * 99M. CROZIER et ERHARD FIRBERG cité par KAGANDA MULUMEODERHWA P.,  Mouvement Maï-Maï et participation politique au Sud-Kivu. Contribution à la critique de sociologie de la paix en société post-conflit, thèse doctorale, UOB, 2012-2013, p.64 

    * 100KAGANDA MULUMEODERHWA P., Op.cit. p.368

    * 101KAGANDA MULUMEODERHWA ; idem ; p.369

    * 102 Idem ; p.370






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