§ 4. Pouvoir politique
L'expression pouvoir étant utilisée à la
fois dans le langage scientifique et dans le langage courant, une clarification
de ses multiples dimensions sémantiques s'impose avant de cerner ce qui
fait la spécificité du pouvoir politique par rapport aux autres
formes de pouvoir. Trois approches du concept seront exploitées :
institutionnaliste, substantialiste et interactionniste.
4.1. Approche institutionnelle du pouvoir
Dans une perspective institutionnaliste, le pouvoir se
définit par rapport aux types de collectivités ou de groupes dans
lesquels il s'exerce. Dans ce cas, est pouvoir politique d'abord celui qui
s'exerce dans la société globale (Etat, Cité antique,
Communautés primitives, Chefferies, Royaumes et Empires africains,
pré étatiques et précoloniaux), par opposition au pouvoir
qui s'exerce dans les collectivités et groupes particuliers (tribus,
clans, associations, administrations, entreprises).31
Considéré sous l'angle institutionnaliste, le
pouvoir politique correspond au pouvoir exercé par les autorités
d'une société globale qui dispose seule du caractère
souverain, toutes les autres collectivités et organisations et leurs
pouvoirs lui étant subordonnés.
31 ALCAUD D. et ali, dictionnaire de sciences
politique et sociale, Paris, Sirey, 2004.
-' 20 -'
4.2 Approche substantialiste du pouvoir
Dans une perspective substantialiste ou instrumentaliste le
pouvoir politique est considéré comme une chose, une sorte de
capital détenu par un individu (monarque) ou par une classe sociale. On
parlera par exemple du pouvoir politique de la bourgeoisie, des Ngbandi, des
Songye, des balubas, des tutsis...
Au même titre que les biens de production ou de la
monnaie, il permet de se procurer des bénéfices matériels
ou autres. Il est aussi susceptible d'accumulation ou de dilapidation, comme on
le voit bien dans les expressions « acquérir du pouvoir, perdre du
pouvoir, avoir du pouvoir ».32
4.3. Approche interactionniste
Dans cette perspective, le pouvoir politique est la relation
entre deux ou plusieurs acteurs, individuels ou collectifs. A a du pouvoir sur
B dans la mesure où B opère une action X qu'il n'aurait pas
effectuée sans la relation avec A et qui revêt un caractère
d'une injonction lorsqu'une menace est brandie en cas de refus
d'obtempérer : privation d'un bien, d'une liberté, d'un avantage
acquis...33
|