INTRODUCTION
Le Niger est l'un des pays Ouest Africain soumis à un
climat de type sahélien dont les principales caractéristiques
sont une pluviométrie faible, variable dans le temps et dans l'espace,
des températures élevées et des vents, tendant à
accentuer son aridité (ANADIA, 2014). Il fait partie des pays les plus
vulnérables au monde en raison du contexte lié à son
climat, ses institutions, son économie et son environnement (Banque
mondiale, 2018).
Des nombreux signes attestent que le paysage Nigérien
subit des modifications, parfois irréversibles, accentuées depuis
une trentaine d'années. Les raisons de cette évolution tiennent
à deux facteurs convergents : série de sécheresses qui se
sont succédées au Sahel depuis la fin des années 60
(1973-1974, 1983-1984 et 2004- 2005) et l'accroissement de la population
humaine (PANA, 2006). L'agriculture demeure la principale activité
économique du Niger où elle occupe 86 % de la population.
Essentiellement pluviale, c'est une activité pratiquée de
manière traditionnelle, avant tout destinée à la
consommation familiale et à l'autosuffisance alimentaire nationale
(Hauchard, 2007). Cependant, les systèmes de production alimentaire sont
confrontés à d'immenses difficultés qui sont entre autres
la dégradation continue de terres, les pressions liées à
l'occupation des sols et le changement climatique. Ces contraintes nuisent
à des millions d'agriculteurs des pays en développement, qui
doivent lutter pour nourrir leur famille (Winterbottom et al., 2014 ;
Botoni et Sébastien 2012).
L'amélioration de la production agricole et la
sécurité alimentaire est un des défis majeurs qui
préoccupe les autorités, les producteurs et les scientifiques du
Niger du Burkina Faso et du Sénégal. Ces derniers l'ont
déjà dit : l'insécurité alimentaire n'y est rien
d'autre que le résultat d'une production agricole insuffisante
générée par la pratique de systèmes de culture non
durables par les producteurs (CORAF, 2011). En effet, à l'horizon 2050
la région Ouest Africaine passera de 350 millions à près
de 500 millions en 2050 si ces tendances se confirment. Sans mesures
d'adaptation surtout climatique, les rendements des céréales
baisseront de 10 à 50 % en Afrique soudano sahélienne selon
Botoni et al. (2015) et de 10 à 15% d'ici 2025 selon Jerome
et al. (2013) ; alors que 20% des populations sont déjà
structurellement vulnérables et que les crises alimentaires sont
régulières (CILSS, 2013). On estime qu'en 2100, l'Afrique de
l'Ouest subira les pertes agricoles les plus élevées dans le
monde, entre 2 et 4 % de son PIB.
Les prévisions sur les changements climatiques
convergent toutes vers les mêmes conclusions : une hausse
généralisée des températures, une montée du
niveau des mers, une variabilité
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accrue de la pluviométrie et des
caractéristiques de la saison des pluies et une recrudescence des
phénomènes extrêmes (Botoni et al., 2015). A titre
illustratif, la hausse de la température moyenne entre 1980/99 et
2080/99 pourrait atteindre entre 3 et 4°C sur l'ensemble du continent soit
1,5 fois plus qu'au niveau mondial (OCDE/CSAO, 2008).
Pour se faire, l'agriculture doit relever trois défis
majeurs : « nourrir une population croissante ; contribuer à la
réduction de la pauvreté rurale et urbaine ; et répondre
aux inquiétudes sur la gestion des ressources naturelles tout en
assurant une production suffisante » Il est donc urgent de trouver
les voies menant à une autre forme d'agriculture, plus durable :
c'est-à-dire viable économiquement, acceptable socialement et
n'abusant pas des ressources et respectueuse de l'environnement (Noirard et
al., 2011). A cet effet, plusieurs technologies sont disponibles en zone
sahélienne. La culture sous zaï agricole et l'association culturale
notamment la culture en bande alternées qui englobe rotation et
association entre légumineuse et céréale peuvent
être des pratiques assez prometteuses pour la gestion de l'eau et de la
fertilité des sols. Ces technologies permettent une optimisation des
modalités culturales de céréales et légumineuses,
le choix variétal, la densité de semis et le choix de la
technique culturale restent de ce fait une étape cruciale
(Jérôme et al., 2013 ; Bado, 2002 ; Elodie, 2012) bien
qu'ils peuvent dépendre d'un certain nombre de facteurs comme les
traditions locales (Singh et Ajeigbe, 2000).
C'est pour faire face à ces défis cités
ci-haut que le projet Sahel Bio a travaillé dans 40 villages du
Département de Mayahi à Maradi. Sahel Bio est un cabinet
d'étude créée en 2013 à l'initiative de sept jeunes
diplômés en agronomie et en sciences sociales.
La présente étude a concerné
principalement deux (2) des technologies diffusées. L'objectif global
est de connaitre l'effet de la culture en bande alternée et du zaï
sur l'amélioration de la production du mil et du niébé
dans le Département de Mayahi.
Pour atteindre l'objectif global, les axes de recherche suivants
ont été définis :
y' Déterminer l'apport de la pratique des cultures en
bandes alternées sur le rendement du mil et du niébé ;
y' Evaluer la compétition entre les cultures (mil et
niébé) en association à travers le ratio de
compétitivité ;
y' Evaluer la marge bénéficiaire de la culture
en bande alternée par rapport à la pratique habituelle des
producteurs (association en vrac) avec l'indice d'avantage monétaire par
rapport à la culture en pure ou monoculture ;
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y' Evaluer le rendement induit par la culture sous zaï
agricole par rapport à la pratique traditionnelle des producteurs ;
y' Evaluer la marge bénéficiaire de la pratique
du zaï agricole par rapport à la pratique habituelle des
producteurs
Aussi, cinq (5) hypothèses sont émises, à
savoir :
y' La technique de culture en bande alternée
améliore la productivité agricole ;
y' la compétition du mil face au niébé ou
vice versa est très négligeable en culture en bande
alternée ;
y' la marge bénéficiaire induite par la culture
en bande alternée est doublement supérieure
à celle de la pratique habituelle des producteurs avec
un MAI élevé ; y' Les investissements dans la pratique du
zaï agricole contribuent de façon significative à
l'amélioration de la production agro-pastorale ;
y' Les revenus engendrés par la pratique du zaï
agricole rendent à un seuil acceptable les populations moins
vulnérables aux effets de sécheresse.
Le présente mémoire s'articule autour de deux
(2) chapitres chacun segmenté en différentes parties qui sont
:
y' Une première partie consacrée à une
synthèse bibliographique faisant une revue de la littérature pour
bien cerner les différents concepts de la présente étude ;
y' La méthodologie de l'étude est abordée dans la
deuxième partie du document ; y' La troisième partie est
consacrée aux résultats et discussion.
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